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mercredi, 28 avril 2021

J11 de symptomes, retour à la normale - Le Covid vu par une Française en Inde 28.04

  • Nombre de cas en France : 5 534 313 (103 603 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 18 213 192 (202 503 morts) 

La nounou a repris du poil de la bête – son pouls est redescendu à 100 ce soir – et m’a soulagée de toutes les tâches ménagères aujourd’hui.

Mon Indien préféré lui aussi va mieux et commence à réintégrer la cellule familiale. D’ailleurs, ce soir, il reprend ses quartiers dans notre lit, au grand dam de notre fils qui n’est pas hyper content de retrouver son lit. Mais pas hyper fâché non plus, puisque ça veut dire que les choses redeviennent normales. D’ailleurs, mon Indien préféré prend progressivement la relève avec Petit Samourai.

Du coup, moi, je dors à en faire exploser le matelas. D’ailleurs j’y retourne là… Bonne nuit !

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vendredi, 23 avril 2021

J6 de symptomes, on tient bon - Le Covid vu par une Française en Inde 23.04

  • Nombre de cas en France : 5 408 606 (102 164 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 16 555 849 (188 984 morts) 

Je m’organise. Une voisine de la résidence a proposé sur notre groupe whatsapp de cuisiner pour les familles en galère – je ne la connais pas, mais je ne me le suis pas fait dire deux fois. Elle propose même de faire deux repas par jour et je n’ai pas l’impression qu’elle veuille me faire payer. Qu’elle soit bénie !

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La nounou continue de tousser. Dans la soirée, elle m’a dit « Mam, I am elargy ». Mon cœur a sauté dans ma poitrine, mais bon sang qu’est-ce que c’est ? Faut aller à l’hôpital ?? Une allergie… J’ai tout de suite pensé à une respiration coupée etc. mais mon Indien préféré est descendu de son perchoir pour lui prendre la température et l’oxygène et tout va bien. Elle a de fait quelques plaques sur les bras. Et elle a reçu ses médicaments dans la foulée. Je ne pense pas qu’elle se soit jamais fait dorloter comme ça.

Mon Petit Samourai m’avait promis de s’occuper tout seul. Il a tenu 10 minutes et puis finalement il préfère me suivre partout. Encore pire que quand il était bébé. J’imagine que c’est le stress, alors que je n’en fais pas des tonnes. Sauf quand il envoie sa voiture télécommandée dans la piscine, ou explose le sac du déjeuner qui se déverse en partie sur le sol, ni même quand il s’assoit sur notre nouveau robot aspirateur après avoir fait faire un tour à ses peluches… Je respire… (Le soir, il me prépare aussi une grenadine, et coupe parfois les légumes, et ça me touche comme c'est pas permis. Comme quand il attend que je sois coincée sur les toilettes pour venir me dire qu'il m'aime...)

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Et surtout, l’état de mon Indien préféré est stable. Je ne peux rien demander de plus. Paraît que les prochains jours seront critiques, nous serons le 7ème jour demain. Je respirerai ensuite.

Hier soir, avant de me coucher, j’ai pris une grande leçon : « Ne va jamais sur les médias sociaux avant de dormir – même si c’est le seul moment de la journée que tu as pour le faire. » L’horreur de la situation, avec des médecins malades qui ne trouvent pas de lit dans leur propre hôpital, des gens sur des brancards qui meurent dans la rue, les gros titres « le système s’effondre », le nombre de morts covid déclarées versus le nombre de crémations etc. Pas une bonne idée avant de dormir. Heureusement j’étais terrassée de fatigue.

À chaque jour suffit sa peine, aujourd’hui ça a été. Merci encore de tous vos messages de soutien, ça me touche et m’aide beaucoup !

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jeudi, 04 février 2021

La fascinante histoire du thé indien - 4/5

Le thé et les castes. Les musulmans de l’Inde ont toujours eu une forte tradition de manger au restaurant ou d’acheter de la nourriture chez des cuisiniers de bazar, mais les hindous de haute caste préféraient traditionnellement manger à la maison. C’est que chaque caste a ses restrictions et habitudes alimentaires et elles risquent d’être enfreintes en mangeant à l’extérieur ; ce qui peut avoir pour conséquence d’être rejeté par d’autres membres de sa caste. En général, les femmes sont beaucoup moins prêtes à abandonner les restrictions de caste que les hommes. Pour elles, qui ne sortent traditionnellement que peu de chez elles, et encore moins du village, enfreindre une règle de caste signifie la perte probable de parents et d’amis. En revanche, les hommes ont beaucoup à gagner d’échanges sociaux libres avec leurs collègues.

Peut-être ceci explique qu’encore aujourd’hui, beaucoup d’Indiens recherchent au restaurant la « ghar ka khana » (c’est l’oxymore indienne par excellence : on veut manger dehors la même chose qu’à la maison). On voit des restaurants avec l’enseigne « pure veg » qui signifient qu’ils n’offrent que de la nourriture végétarienne (on notera au passage l’emploi de l’adjectif « pur », on revient toujours aux histoires de pureté castéistes) ; on m’a dit une fois qu’ils étaient seulement tenus par des brahmanes mais je ne trouve rien qui corrobore cette affirmation. Dernier exemple, les employés de bureau de Bombay peuvent se faire livrer un déjeuner fait maison sur leur lieu de travail. Ce service est censé avoir été lancé par un Anglais au 19ème siècle qui s’est arrangé pour que son porteur apporte le déjeuner à son bureau. 5 000 dabba wallahs livrent ainsi (en train, en vélo et à pied) quelques 100 000 déjeuners chaque jour (voir l’excellent film The Lunch Box sur le sujet).

Le thé aurait alors émergé comme un fédérateur, même si le mot est un peu fort. L’étal ou l’échoppe de thé se serait alors peu à peu développé comme « terrain neutre » du village où des Indiens de différentes religions et des hindous de différentes castes pouvaient se retrouver. Ils offraient aux hommes un espace séparé et compartimenté où ils pouvaient former des amitiés et des alliances intercommunautaires et intercommunautaires sans nécessairement affecter leur position traditionnelle dans le village. Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le thé en tant que denrée alimentaire étrangère, se situe en dehors des classifications ayurvédiques et n’est donc classifié comme ni pur ni impur. Cette neutralité du thé facilite le partage en toute impunité avec les membres d’une caste normalement rejetée comme partenaire de consommation ou de boisson. Ensuite, le thé en Inde est souvent servi dans de petites tasses en terre cuite qui sont écrasées sur le sol une fois qu’elles ont été utilisées. Cela garantit que personne ne puisse être pollué en buvant dans un récipient rendu impur par la salive d’une autre personne.

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Fin

Sources : Curry, A tale of cooks and conquerors de Lizzie Collingham, 2005 ; Feasts and Fasts – A History of Food in India de Colleen Taylor Sen, 2015 ; Eating India de Chitrita Banerji, 2007