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lundi, 04 décembre 2023

Et si j'achetais une maison à Goa ? – Part 6

Sur l’île de Chorao, une vieille bâtisse entourée de manguiers était en vente à un prix raisonnable. Mais la banque mit trop de temps à nous donner le prêt.

Dans la foulée, nous avons continué à regarder dans ce coin de Goa. Je me suis enthousiasmée pour un grand terrain avec un manguier en plein milieu. A réception des plans, j’ai réalisé que ma notion des distances était catastrophique et que la zone allouée ne représentait qu’un tiers du terrain, et tout en longueur.

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Nous avons alors délaissé cette île, après un nombre incalculable de traversées de ferry. Trop éloigné de tout, trop susceptible d’être bientôt recouvert par les eaux. Et nous avons redirigé notre énergie vers le sud, plus près des belles plages. Je me suis emballée pour un terrain près d’une rizière. Mais une hypothèque vieille de soixante ans nous a refroidis, d’autant que le testament du prêtre préteur ne mentionnait pas qu’elle ait été acquittée.

Un terrain encore plus sympa nous fit alors de l’œil. Un peu grand pour nous mais que diable ! Mais ce projet fut torpillé par la présence du générateur d’un hôtel cinq étoiles dont le ronron était clairement audible. goa,maison,maisonportugaise,portohouse,heritage,acheter,immobilier,appartement

Nous partîmes alors à la recherche d’un appartement avec vue. Cela nous éviterait les emmerdements pour faire construire – qui s’annonçaient énormes, vu combien il est déjà difficile de trouver un emplacement. Et puis cela nous assurerait de la compagnie pour notre fils. Enfin, cela nous permettrait de rentabiliser immédiatement, soit en y habitant soit en louant. Deux appartements mitoyens avec vue à 360° et une ventilation incroyable nous séduisirent – pas besoin d’un jardin quand on voit les rizières et la forêt de partout ! Mais nous n’étions pas prêts à payer plus que 25% du prix du marché…

Un autre appartement aurait pu faire l’affaire, avec une vague vue sur la mer. Refait à neuf, il n’envoyait pas du s rêve mais c’était un bon deal. Sauf que la copropriété n’était pas gérée, la piscine et autres parties communes laissées à l’abandon.

Trouver un appartement qui n’ait pas été construit pour des vacances, avec de petites pièces, de petites salles de bain, une petite cuisine et plus de deux ou trois chambres, se révéla compliqué. goa,maison,maisonportugaise,portohouse,heritage,acheter,immobilier,appartement

Je découvris ensuite un autre coin de Goa, entre forêt et montagne. Un coin de paradis, « untouched » comme ils disent. Où tu peux avoir un grand terrain pour pas très cher si tu es ouvert à l’idée d’avoir des léopards pour colocataires. Emballée j’étais ! Et puis je me suis demandée d’où venait ce besoin de posséder ? Ne pouvais-je pas juste venir ici de temps en temps ? Louer une chambre d’hôtel, même chère, serait bien plus simple. Je donnai quand même la mission à notre agent immobilier, qui nous trouva six mille mètres carrés tellement beaux qu’on aurait pu passer outre le sanglier énervé qui nous reçut. Le prix au mètre carré était abordable, mais ça revenait cher pour tout le terrain, qui était en plus indivisible. Et puis comment s’occuper de tant de végétation ? Une mousson et c’est Indiana Jones dans cette région tropicale… 

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J’abandonnai alors l’idée d’acheter un bien immobilier à Goa… Sur ce, un des nombreux agents avec lesquels j’étais désormais en contact nous proposa une maison d’architecte avec vue sur rizière et à cinq minutes à pied de la mer. Je la visitai seule pendant que mon fils et son amie s’ébattaient dans la petite piscine. Ce fut la première maison visitée à me faire fondre, un peu petite mais avec de très beaux parquets en bois récupérés de vieilles baraques du sud. Mais comme tous les acheteurs potentiels depuis deux ans qu’elle était en vente, nous ne n’étions pas prêts à payer un prix largement déconnant. goa,maison,maisonportugaise,portohouse,heritage,acheter,immobilier,appartementChacun sa définition d'une vue sympa...

Deux semaines plus tard, je tentai le coup avec une nouvelle annonce sur la marketplace de Facebook et nous visitâmes une belle ruine, sur un terrain de taille respectable, proche de la mer. Avant que nous puissions récupérer les papiers et faire une offre, le propriétaire se mit à faire des siennes, arguant qu’un autre acheteur était soudainement sur le coup. Il n’était pas question que nous nous battions.

Il nous sembla alors pertinent de regarder davantage dans le nord, là où nous vivions pour le moment, et vraisemblablement pour quelques temps. Et il reste de beaux villages un peu préservés, même si loin de la mer et des belles plages du sud. Une superbe maison à un prix abordable nous tenta – nous tente encore – mais son accès est sinueux, pas d’enfants vivent dans ce petit complexe de six habitations, et nous ne savons pas quelle est la distance à l’école que notre fils devra rejoindre dans un an.

Bref, nous restons en location !

À suivre (ou pas)…

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Une annonce sur la marketplace de Facebook au milieu des annonces immobilières...

lundi, 18 septembre 2023

Et si j'achetais une maison à Goa ? – Part 5

Sur internet, je tombais alors sur un agent immobilier qui semblait avoir des options abordables dans le nord de l’État. Il m’envoya quatre localisations sur whatsapp et sans même l’avoir rencontré, nous visitâmes quelques terrains. Mais sans aide, nous ne pouvions pas voir les délimitations et tout ressemble à de la jungle. Mon Indien préféré me demanda de n’interagir qu’avec des gens « connus ». Il faut dire que n’importe qui s’improvise agent aujourd’hui et souvent ils ne se déplacent pas avec les clients, ou bien les font payer pour ça. Pire encore, ils prennent 2% de commission, soit le double du reste de l’Inde, et certains ne font pas voir les papiers sans un acompte. Nous avons visité des terrains sur les scooters derrière de gros moustachus, dans des BMW avec des minettes en talons aiguille, avec nombre d’agents qui n’ont que quelques propriétés dans leur escarcelle et tous le même discours sur la démence des prix (et un certain ralentissement des deals depuis quelques mois), l’invasion étrangère sur le marché et la vitesse à laquelle les choses changent. La grande constance, c’est que les agents ne rappellent quasiment jamais, c’est à l’acheteur de les harceler.

Sur ce, une agente immobilière, sur Facebook, proposa à la vente une maison portugaise récemment retapée dans le sud-sud. Le village était pittoresque, figé dans le temps et la maison très belle depuis l’extérieur. Mais l’intérieur me déçut : la seule salle de bain qui tienne la route (et à l’époque la seule dans la maison) est à côté d’une grande cuisine (comme le faisait les colons portugais), les chambres plutôt petites et des portes-fenêtres partout empêchant de mettre des meubles. Surtout, les travaux avaient moins de deux mois et déjà des infiltrations étaient visibles ici et là, et les araignées avaient envahi les tuiles – or le plafond, dans les maisons portugaises, est très haut et difficile à atteindre. Ça sentait le vieux, l’humidité, et aucune des fenêtres n’avait vue sur le (petit) jardin. J’en arrivai alors à la conclusion que ces vieilles bâtisses au charme incroyable représentent trop d’efforts d’entretien pour quelqu’un d’aussi peu connecté à la réalité que moi-même. En fait, toute maison individuelle, ancienne ou récente, me semble tout sauf une sinécure : l’accès à l’eau et à l’électricité n’a rien de gagné, et puis il y a le jardin, avec une nature qui reprend ses droits très rapidement, etc.

Pourquoi ne pas regarder du côté des appartements alors ? En tout cas un de ceux qui offrent des vues incroyables sur les rizières, la forêt, une rivière ou la mer ? C’est plus facile à gérer, à louer et, hormis dans les quelques villes, la nature nous entoure tellement que la verdure continue de sauter aux yeux sans que les serpents s’invitent à l’intérieur. Et puis surtout, cela offre de la compagnie à notre fils. Nous en avons trouvé un pas mal du tout mais… la copropriété était en litige et les parties communes (dont la piscine) à l’abandon. Ça calme. Un autre nous a séduit avec une vue à 360°C sur les rizières et une ventilation exceptionnelle mais le prix était deux fois celui du marché, la résidence microscopique et il manquait des places de parking.

Pour l’instant, nous attendons de trouver la perle rare et que les prix baissent – beaucoup parlent d’une bulle post-Covid qui devrait exploser, mais j’en doute, les prix ont plus que doublé depuis 2020 et augmentent constamment même s’il semblerait que ça commence à se calmer.

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À suivre…

Acheter un bien immobilier à Goa

lundi, 11 septembre 2023

Et si j'achetais une maison à Goa ? – Part 4

Après avoir décidé d’acheter un terrain plutôt qu’une maison, nous nous tournâmes vers le sud, plus joli et plus abordable que le nord. Dans le sud, on peut trouver des terrains à 16,000 Rs le mètre carré (diviser par 100 pour l’équivalent €), voire moins, tandis que dans le nord, on est plutôt à minimum de 26,000 Rs, et à une moyenne de 100,000 Rs dans certains endroits comme Assagao où les prix sont particulièrement vertigineux depuis que le village a été pris d’assaut par les Delhiites, lui valant le surnom de « Little Delhi »).

Un agent immobilier très sympathique nous trouva deux terrains correspondant en partie à nos envies : environ 1000 mètres carrés (pour être sûrs de ne pas être envahis dans un futur plus ou moins proches), un puits et quelques arbres (les locaux n’aiment pas trop les arbres et la pelouse, qui abritent toute sorte de faune malvenue). Nous fîmes valider les papiers du premier par un avocat – une étape nécessaire à Goa car beaucoup de Goanais sont partis vivre à l’étranger et n’ont pas légué leurs propriétés correctement, ce qui donne lieu à de nombreux litiges, et de nombreuses propriétés à l’abandon. Selon un recensement de 2014, une maison sur cinq à Goa serait inoccupée ; selon un autre de 2011, il y aurait 125 000 maisons abandonnées. Il y a peu d’offre car de nombreux terrains / bâtiments n’ont pas de « clear papers » ou même « crystal clear papers », beaucoup de triche (certains n’hésitant pas à vendre des terrains qui ne leur appartiennent pas), et peu de conversion des terres agricoles en terres résidentielles, ce qui n’est peut-être pas plus mal quand on voit ce que la construction consomme d’eau pour des lieux où les gens ne comptent même pas vraiment habiter…

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S’ils émigrent depuis le 16ème siècle, les Goanais ont commencé à partir travailler dans les pays du Golfe dans les années 1970, en quête de pétro-dollars. Et puis vers l’Occident – dans ce cas-là, la migration est souvent permanente ; et même encore aujourd’hui, le « retour au pays » reste un mythe (Brenda Coutinho, 2018). Il y avait au début du millénaire environ 80 000 Portugais d’origine indienne (ou en tout cas possédant la carte OCI, anciennement PIO, qui a été délivrée à 6 millions de personnes en tout) ; 90% d’entre eux auraient atterri au Portugal depuis les anciennes colonies lusitaniennes d’Afrique et ils sont surtout d’origine goanaise et gujarati. Tout Indien né dans un territoire anciennement colonie du Portugal (Goa, Daman, Diu, Dadra, Nagar Haveli) peut demander la nationalité portugaise s’il est né avant le 19/12/1961, ou si ses parents, grands-parents y sont nés avant cette année-là. En 2021, 2 835 Goanais auraient changé de nationalité, et 1 265 en 2022 – sachant que la population locale est estimée à 1,5 millions d’habitants, plus de la moitié n’étant pas d’origine goanaise. 25% sont catholiques, 66% hindous, 8% musulmans. Hors agriculture et surtout tourisme, les jobs ne courent pas encore les rues de Goa et beaucoup sont allés tenter leur chance ailleurs, et ne sont pas revenus. Laissant de nombreux terrains à l’abandon.

Pour revenir à mon histoire, l’avocate trouva une hypothèque vieille de soixante ans, les propriétaires d’alors ayant emprunté de l’argent à un prêtre. Il nous fallut alors chercher ce qui était arrivé à cette hypothèque – selon la loi, elle s’annule automatiquement au bout de trente ans SAUF si quelqu’un trouve des papiers et peut prouver qu’il n’avait pas connaissance de l’hypothèque, les trente ans se mettant à courir à partir du moment de la découverte. Nous trouvâmes alors le testament du prêtre, le fîmes traduire du portugais à l’anglais. Il mentionnait la liste de tous ses biens, ce qu’il donnait à chacun et précisait que si les membres de sa famille avaient besoin de fonds pour s’occuper de lui dans ses vieux jours, ils pouvaient s’adresser aux gens qui avaient des dettes auprès de lui, dont le propriétaire de notre terrain. Mais rien n’indiquait clairement le sort de ce sol.

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Le deuxième terrain était encore mieux, à dix minutes à pied de la plage et l’annonce précisait qu’on y entendait le « son des vagues ». Je trouvais ça un peu bizarre mais il est vrai qu’un son ressemblant à un bercement se faisait entendre. Le temps que l’avocate regarde les papiers, je montrai l’endroit à une ou deux personnes, histoire d’avoir une autre opinion. Cette histoire de « son des vagues » me travaillait, la mer étant quand même un peu éloignée et puis ça n’avait pas le mouvement des rouleaux. En marchant jusqu’à la mer, j’identifiai alors la source du bruit, beaucoup moins romantique que le ressac : le générateur d’un hôtel cinq étoiles. J’en aurais pleuré…

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À suivre…

Acheter un bien immobilier à Goa