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mardi, 30 juin 2020

Le mois sans fin - Le Covid vu par une Française en Inde - 30.06

  • Nombre de cas en France : 164 260 (29 813 morts)
    • Jour de déconfinement : 50
  • Nombre de cas en Inde : 568 315 (16 917 morts) 
    • Jour de déconfinement national : 30

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Source https://www.worldometers.info/coronavirus/country/india/

Je ne regarde plus les chiffres, je n’écoute plus les discours de Modi, je ne comprends plus quelles sont les règles désormais. Je flotte…

Même si le nombre de malades explosent, le Gouvernement veut contrôler les statistiques. On ne teste plus que les cas critiques, et les médecins n’ont plus le droit de tester un patient avant d’opérer.

Une collègue m’a informée vendredi dernier qu’on attendait le pic de l’épidémie en Inde en… novembre (source). J’ai hésité entre faire une syncope, ou me mettre à pleurer. Et puis une fois le choc passé, la vie a recommencé comme avant. La vérité c’est que personne ne sait rien – ou pas grand-monde et pas grand-chose.

Le choc suivant m’a été assené par le directeur de la maternelle de mon fils. Les écoles resteront fermées jusqu’au 31 juillet (alors que les grandes vacances se terminent cette semaine), il est à peu près sûr que les classes ouvriront par étapes : lycée, collège, école primaire et maternelle, pas avant octobre pour les petites sections ! Il se trompe peut-être…

Les vols internationaux commerciaux sont encore arrêtés. Les étrangers (hors OCI) peuvent quitter l’Inde, mais leurs visas seront ensuite annulés, les vols non garantis etc.

Il y a toujours un couvre-feu, de 22 heures à 5 heures, sans que personne ne sache bien à quoi cela serve, à part se moquer du Gouvernement, cette mesure impliquant que le virus se déplace essentiellement la nuit…

Il n’y a plus de place dans les hôpitaux, en tout cas à Delhi. En même temps, rappelons que l’Inde est encore un pays pauvre et qu’elle a au moins un gigantesque réseau d’établissements publics pour soigner les plus pauvres (quand ils ont de la place et un peu de matériel) et des soins sans doute pas optimums mais au moins, ceux qui arrivent jusqu’à l’hôpital, ne sont pas jetés dehors. Corona ou pas corona, l’Inde ne peut pas vraiment faire face à une épidémie de cette ampleur : L’Inde aurait 739 024 lits d’hôpitaux dans des établissements publics – soit 0,6 lits pour 1 000 personnes. Les lits de réanimation représenteraient 5% du nombre total de lits, soit moins de 40 000. La France a 3 lits en soins intensifs pour 1 000 habitants : 253 364 lits d’hôpitaux publics et 5 000 de réa. Je te laisse faire les maths et je nous laisse trembler (3 fois plus de lits d’hôpitaux, 8 fois plus de lits de réa, 20 fois plus d’habitants).

La vie a plus ou moins repris son cours, plus personne ne se plaint depuis que les maids ont repris le boulot et qu’Amazon a repris du service.

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Certaines villes sont encore en confinement, certaines zones sont encore scellées (containment). Globalement, pour ceux qui ont le luxe de pouvoir sortir ou rester chez eux, il y a les samourais qui se considèrent invincibles et ceux qui se barricadent chez eux. Cela fait un peu plus de 3 mois que toute vie sociale a été annihilée et que chaque famille vit en autarcie les uns avec les autres. Avec la chaleur, il y a des câbles qui pètent et je ne te parle pas que de l’électricité ! On essaye d’avoir une routine, de continuer à bien manger, on bénit les rares voisins qui autorisent les enfants à jouer ensemble, on essaye de travailler et on avance dans ce mois sans fin…

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lundi, 22 juin 2020

Le mystère des noms de famille indiens

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La plupart des Indiens ont un nom de famille, comme Kapoor ou Kumar. Les prénoms quant à eux ont quasiment tous une signification et la première lettre est souvent choisie par l’astrologue.

Que signifient les noms de famille indiens ?

Ces noms indiquent en premier lieu la religion. Par exemple, Jain est un nom jain, Tata parsi, Khan musulman. Singh est un nom sikh – et c’est le nom de famille de la majorité des Sikhs mâles (mais pas tous), tandis que les femmes ont le nom de famille Kaur (le lion et la princesse) – mais il y a aussi des Hindous qui portent ce nom de famille. Comment faire simple quand on peut faire compliqué ?!

Ensuite, ils sont souvent liés à une région. Par exemple, les Patel sont majoritairement du Gujarat, les Anand du Punjab, les Banerjee et Chatterjee du West Bengal, les Jha dans le nord de l’Inde.

Enfin, ils indiquent parfois la caste/profession. Comme les Bhatt qui constituent un sous-groupe d’orfèvres punjabis, les Bedi un clan de la communauté Khatri, les Deshpande des brahmanes du Maharashtra, les Joshi des brahmanes astrologues à l’origine.

Il arrive que des Indiens abandonnent leur nom de famille lié à la caste et adoptent leur middle name (deuxième prénom) comme nom de famille, dans leur lutte contre la ségrégation liée au castéisme. M'enfin, d'après mon Indien préféré, au moment de se marier, ils se rappellent tout à fait leur caste.

Enfin, autre petite subtilité : Un nom avec le suffixe -walla signifie vaguement « le métier que pratiquaient les ancêtres ». Par exemple, le chaiwalla est celui qui prépare le thé masala, le balloonwalla fait des ballons et j’ai un ami qui s’appelle Ginwalla – j’ai longtemps cru que c’était une blague…

Les marques de respect en Inde

Il existe divers titres honorifiques Ces titres se présentent généralement sous la forme de préfixes, suffixes ou remplacements. Quelques exemples incluent Guru (enseignant ou expert), Baba (une marque de respect envers les ascètes hindous et sikhs mais peut aussi signifier père), Raj (roi ou royauté), Sri (peut signifier monsieur quand il est suivi du prénom+nom de famille (e.g. Sri Ravi Shankar) ou utilisé comme titre de vénération pour les divinités) et Sahab (même signification que Sri mais il suit le nom de famille). Les suffixes -bhai (frère) et -ben (sœur) sont souvent ajoutés aux prénoms gujaratis (ex. Sanjaybhai) comme marque de respect.

Il est courant d’ajouter le suffixe honorifique non genré -ji à un prénom, un nom de famille ou même une chose, en signe de respect (ex. Madhavi-ji, sir-ji, nahi-ji (pour dire non)), pratique du Nord de l’Inde.

La structure du nom indien

La règle est plus ou moins la suivante :

  • Hindous : prénom [+ middle name] + nom de famille. En se mariant, la femme prend le nom de famille de son mari.
  • Hindous du Gujarat : prénom + prénom du père + nom de famille. La femme prend le nom de famille de son mari et change son middle name avec le prénom de son mari.
  • Hindous d’Inde du Sud : une règle est la suivante, mais il y en a probablement plein d’autres : Initiale (du nom du village) + Initiale (du prénom du père) + Prénom (+ nom de caste) – d’où souvent des noms avec plusieurs initiales ou des noms à rallonge. Voir ci-dessous pour plus de détails.

Le middle name est important pour aider à différencier un Raj Kumar d’un autre – parce qu’ils sont plusieurs milliers en Inde, pour ne citer qu’un exemple.

Quand une femme se marie, elle adopte le nom de famille de son mari et perd le sien – quand ils n’ont pas déjà le même, ce qui arrive souvent vu que les castes sont endogames. Si elle se marie hors de sa caste, la question peut être problématique, elle peut par exemple refuser d’adopter un nom de famille de caste inférieure.

Les Indiens du Sud : quand mon nom est Personne

Et puis il y a l’Inde du Sud, surtout le Tamil Nadu et le Kerala. S’il existe des noms de famille, comme les Iyer (des Hindous brahmanes du Tamil Nadu) et les Nair/Nayar « protecteurs de la terre » au Kerala. Il y a aussi les Pillai, Iyengar, Chettiar, Menon etc. Mais dans la réalité, c’est le bazar car de nombreux Indiens du Sud n’ont tout simplement pas de nom de famille.

Prenons un exemple. Radhika s’appelle Radhika et rien d’autre, elle n’a que son prénom. Sur son acte de naissance et sur ses certificats scolaires, elle est M Radhika – le M étant l’initiale du prénom de son père Murugesan. (Elle pourrait d'ailleurs s'appeler Radhika M.) Elle est docteur et ses patients indiens l’appellent Dr Radhika. Et puis elle se marie à un certain Rajkumar et devient Radhika Rajkumar administrativement. Mais pas question qu’on l’appelle Dr Rajkumar. Au pire, elle préfèrerait prendre le nom de sa caste ou de son lieu d’origine.

Dans la famille kéralaise de mon Indien préféré, les oncles ne portent pas le même nom de famille (certains n'ont pas le nom de la caste) et les initiales se baladent différemment suivant les noms. Va comprendre...

L’Inde et les États-Unis acceptent de laisser le nom de famille vide dans le passeport. Les Européens ont plus de mal avec le concept. Dans tous les cas, les administrations du monde entier n’aiment pas trop une case vide dans le nom et ça pose souvent problème pour un Indien hors d’Inde de ne pas avoir de nom de famille.

Quand une étrangère épouse un Indien, quel nom de famille ?

Maintenant en tant qu’étrangère qui épouse un Indien, que faire, quel nom prendre ? Si tu épouses un Sikh qui s’appelle Singh, choisiras-tu Singh (comme c’est la coutume en général en Occident) ou Kaur (comme c’est la coutume chez les Sikhs mais avoir un nom complètement différent de celui de votre mari soulèvera certainement des questions) ?

Et si tu épouses un Tamoul qui s’appelle R. Sanjay, décideras-tu d’ajouter comme nom d’épouse Sanjay ou R. ou Raj (forme longue de R.) ? Perso, je conseillerais de ne pas ajouter de nom d’épouse sur le passeport parce que le « ép. » dans Joséphine Henry ép. Sanjay, les Indiens ils comprennent pas ce que c’est et c’est le bazar complet dans les papiers administratifs comme l’OCI. (Les ressortissantes de nationalité française n’ont pas le droit d’abandonner leur nom de jeune fille après le mariage. Il est possible de faire une procédure de changement de nom mais c’est procédurier.)

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vendredi, 19 juin 2020

Même pas peur - Le Covid vu par une Française en Inde - 19.06

  • Nombre de cas en France : 158 641 (29 603 morts)
    • Jour de déconfinement : 39
  • Nombre de cas en Inde : 366 946 (12 237 morts) 
    • Jour de déconfinement national : 19

Alors que l’épidémie bat son plein, les Indiens semblent renaître à la vie, et c’est socialement intéressant de voir comment ils réagissent :

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Pendant le confinement, il n’y avait que très peu de cas et de risque mais les gens paniquaient. Maintenant que nous sommes – en grande partie – déconfinés, alors que les hôpitaux sont pleins, c’est la fête du slip (à part peut-être 0,1% qui flippent encore et font leur stock de bonbonnes d’oxygène).

Un collègue m’a demandé hier l’autorisation pour faire voyager une nouvelle recrue de Mumbai à Hyderabad pour 3 jours, juste parce que s’il y a des vols et pas de quarantaine, ça veut dire que tout va bien. De même, un couple americano-indien s’est empressé de sauter dans un avion pour aller dans leur famille au Kerala et ont amené avec eux le virus aux parents âgés.

Les Indiens, on leur a dit il y a 3 semaines, qu’il allait falloir apprendre à vivre avec le Corona, et aussitôt dit, aussitôt fait. Alors qu’avant ils chiaient des briques rien qu’à l’idée de l’attraper – parce qu’ils ont tous entendu le cas de untel ou untelle qui en est décédé alors qu’il ou elle n’était pas dans la catégorie à risque – en l’espace de quelques jours, c’est comme si ça n’avait pas existé. On met notre masque à trois francs six sous et tout ira bien ! Et pourquoi pas ?

Dans notre résidence de 150 maisons occupées, le deuxième cas vient d’être déclaré. Nos voisins espagnols se font la belle le temps que la vague passe. Et moi j’attends la pluie !

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