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jeudi, 28 février 2008

Creusé dans la roche...

Photos : voir juste à droite.

Ce week-end, je me suis décidée à aller voir le « joyau » du Maharashtra : les grottes (ou plutôt les temples creusés dans la roche) d’Ellora et Ajanta (classées au patrimoine de l’Unesco). Bon, c’était énorme, et le truc bien c’est que même si on voit des photos, la réalité surpasse de beaucoup ce qu’on peut imaginer… Donc il faut y aller !

Mais attention, il faut le mériter… ça n’a donc pas été de tout repos : départ à 6h du mat’ samedi, 5-6 heures de bus jusqu’à Aurangabad. Hop on saute dans un bus direction Ajanta. Hop on saute dans un autre bus pour aller voir les grottes (à 4 kms de l’entrée du site). Et hop hop hop, 2 heures de marches (d’escaliers quoi) pour voir les grottes. Et hop, re-bus, re-bus, dîner et dodo…

Dimanche matin, lever à 7h30 (nous n’en perdrons pas une miette, même si mon ami Bing est malade – oups le vilain biryani au poulet…). Nous passons la journée à visiter la région en rickshaw : les grottes d’Ellora, Khultabad : le tombeau d’Aurangzeb (qui a donné son nom à Aurangabad), le fort Daulatabad (Deogiri Fort) (mais il fait trop chaud pour visiter), Panchakki : le moulin à eau, et pour finir en beauté, le « Taj Mahal du pauvre » : Bibi Ka Maqbara. J’étais une carpette en rentrant dimanche soir à Pune, mais j’en avais pris plein la vue et m’étais bien marrée avec Bing…

Alors c’est hyper touristique, avec le côté chiant des vendeurs à la sauvette qui nous harcèlent MAIS, et c’est assez surprenant, on ne se marche pas du tout les uns sur les autres pendant les visites. Et puis quand on demande le prix de la course aux rickshaws, ceux-ci répondent souvent (pas toujours évidemment !) : « comme tu veux » !! La plupart propose en effet un tour à la journée et se met les clients dans la poche comme ça. Nous en avons croisé trois super sympas…

Voilà la fiche de route. Petit conseil : commencer par Ajanta, les grottes étant plus anciennes, elles sont moins impressionnantes qu’Ellora même si elles valent carrément le déplacement. A Ellora, possibilité de commencer par la dernière grotte : ça va contre l’ordre chronologique, mais on est moins fatigué qu’à la fin… Gros conseil : allez-y en TONGUES !

Ajanta (106 km / 2h30 de route depuis Aurangabad) - Particularité : peintures.

29 grottes bouddhistes qui datent de 200 ans avant J.C. à 500 après. Creusées dans du basalte dur en partant du plafond et en descendant jusqu'au plancher, une technique utilisée de façon générale en Inde.

Découvertes par les Anglais lors d’une partie de chasse en 1819.

Ajantâ était un centre monastique et universitaire. Les grottes se classent en deux catégories, celles qui servaient de refuge aux moines durant la saison des pluies, la première apparue, et celles qui servaient plutôt de salles de réunion et de prière.

Ellora (30 km d’Aurangabad) - Immanquables : les grottes 16 (temple de Kailâsanâtha) et 32 (grotte jaïn).

34 grottes : architecture troglodytique datant du 5ème au 13ème siècle après J.C. :

La coexistence de ces structures démontre la tolérance religieuse dont l'Inde a toujours fait preuve.

Le temple de Kailâsanâtha (725-755) est le joyau du site, un édifice en forme de temple, complètement excavé de la falaise. Il a été creusé dans un seul roc et couvre une zone qui fait deux fois le Parthénon d’Athènes. La construction de ce temple montre les capacités du génie humain : 200 000 tonnes de roches ont été retirées, et ça a duré pendant 100 ans.

Bibi Ka Maqbara

Construit par le Prince Azam Shah, fils de l’Empereur Aurangzeb, à la fin du 17ème siècle, et dédié à sa môman. Bibi Ka Maqbara signifie littéralement “Tomb of the Lady” mais est advantage appelé le “Taj Mahal du pauvre” parce qu’il a été construit pour faire concurrence au Taj Mahal.

Il est essentiellement fait de grès et les murs sont plâtrés (c’est moins onéreux que le marbre).

Coût : Total : 1,800 roupies (40 ).

AR Pune-Aurangabad en bus : 340 roupies (non AC) / AR Aurangabad-Ajanta en bus : 130 roupies / Nuit : 500 roupies / Visites : 250+250+100 = 600 roupies / Rickshaw pour la région d’Aurangabad (la journée) : 200 roupies.

mercredi, 27 février 2008

Et vive, vive, vive les gros nichons, des paires de seins comme des ballons...

Non vraiment, ils sont exceptionnels... On se marre trop ici. Mais au-delà du folklore "tripotage de nichons et de pénis", je crois que c'est pour être féconds que les Indiens touchent ces parties de leurs idoles. Au fond c'est pas bête. Je me sui lâchée aussi, sur le lingam de Shiva (représentation phallocrate phallique (phallocrate = domination sociale, culturelle et symbolique exercée par les hommes sur les femmes...) du Dieu). On verra ce que ça donne!

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On notera la différence de couleur... Un fait exprès??!

 

mardi, 26 février 2008

Toi l'expat qui sans façon...

Aujourd'hui: des extraits de Fous de l'Inde de Régis Airault. Pour voir si les gens qui vivent en Inde s'y reconnaissent. En prime, la photo d'une "simple scène" qui m'émeut beaucoup.

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 Ces impressions contradictoires, ces sentiments opposés qui cohabitent à la minute et vous « remuent les émotions », c’est ça l’Inde. Voir sortir de la boue, dans le pire des bidonvilles, un homme vêtu de blanc, d’un blanc immaculé, là où en cinq minutes on serait noir de la tête aux pieds, c’est ça l’Inde : la pureté qui pousse sur l’abject. La vie, la mort juxtaposées. On est soudain envahi par des émotions intenses qui nous submergent, nous inondent : de simples scènes de la vie rurale, une démarche, une gestuelle, une femme qui remet son sari ou qui embrasse son enfant. Ce moment-mouvement est empreint d’éternité et semble venir de la nuit des temps. Car en Inde, comme dit Malraux, « tout geste est rituel et toute parole incantatoire ». La minute d’après, cependant, on peut basculer dans l’horreur, l’insupportable, l’insoutenable. C’est la même chose au niveau relationnel. On passe d’un état de grâce (tout le monde est gentil, attentionné, tranquille) à des énervements incroyables pour rien (par exemple, à l’hôtel, un verre d’eau que l’on attend pendant des heures).

                Cette hypersensibilité est accentuée par les problèmes physiologiques dus à la chaleur, comme la déshydratation ou la perte de sels minéraux. Il suffisait parfois que je prescrive des sels minéraux indiens (Electral) à des patients pour que leur anxiété, leur fébrilité tombe d’un coup. Il ne faut pas négliger le rôle d’une alimentation chaotique. […] Sans oublier les problèmes classiques intestinaux, auxquels peuvent s’ajouter d’autres pathologies tropicales. « Les intestins, ça vous travaille aussi la tronche », me disait une patiente qui craquait.

                Par ailleurs, même si on est confronté à des choses très fortes, on reste la plupart du temps à la surface, car on n’a pas les clés de cette culture : et même la langue ne nous « parle » pas. On peut y mettre ainsi toutes nos projections. C’est comme si l’on contemplait un tableau et que soudain on se faisait happer, on basculait dans le réel de cette représentation. Certains passent au travers du miroir et s’immergent dans cette réalité indienne. Cela ne les laisse pas indifférents, bien au contraire, et peut déclencher angoisse et culpabilité.

Cette place « à côté » a le mérite d’exister. On ne demande pas au nouveau venu de se plier à un mode de vie, un idéal ou une idéologie, mais de s’organiser dans son propre groupe afin de pouvoir fonctionner dans ce pays qui accepte tout le monde, toutes les idées – tous les concepts peuvent y batifoler – et à toutes les religions. L’Inde est un territoire à la fois poreux et totalement étanche. L’intégration y est impossible : tout ce qu’on peut faire, c’est se juxtaposer. Pourtant, tout semble fuir, s’interpénétrer, jusqu’aux idées, jusqu’à l’intime. Dans les contacts avec les Indiens, on se sent deviné, testé, palpé intérieurement et la seule façon d’obtenir le respect de l’autre consiste à faire le calme au plus profond de soi. Cette absence de limites, cette non-résistance de l’Inde à l’envahisseur explique que le nouveau venu soit dissout, assimilé.

                La majeure partie [des expatriés] rejette le pays en bloc. Ceux qui ont fait le choix d’être là présentent eux aussi des moments dépressifs qui semblent être inévitables après quelques années passées dans ce pays « qui vous ronge l’âme et vous suce la moelle des reins […] et après une « lune de miel » la force vous manque vite […] cela ne dure que tant qu’agit l’énergie apportée d’Europe […] l’Européen est en quelque sorte arraché à son être […] Tôt ou tard, chacun reçoit le coup fatal : les uns boivent, les autres fument de l’opium, d’autres ne pensent qu’à donner des coups et deviennent des brutes ; de toute façon chacun contracte sa folie. On a la nostalgie de l’Europe […] mais on sait qu’en Europe on est oublié, inconnu. C’est ainsi que l’on reste ». [Stefan Zweig, Amok, 1998] […]

                Face à la foule, à la densité, à la surpopulation des villes, et sur certaines routes, c’est un fantasme fréquent – l’Inde, répétons-le, est un pays où les Occidentaux s’énervent facilement – que de vouloir « en écraser quelques-uns ». […]

                Les « délires » des résidents sont beaucoup plus modestes, avec au premier plan une surestimation d’eux-mêmes et un sentiment d’ennui. « L’ennui, ici, c’est un sentiment d’abandon colossal, à la hauteur de l’Inde elle-même, ce pays donne le ton. » [M. Duras, Le vice-consul, 1966] Ces difficultés d’adaptation des expatriés est souvent à mettre en relation avec le climat, les problèmes relationnels avec les « locaux », et la fuite en avant dans le travail : comment ne pas craquer quand on passe six jours sur sept au bureau, sans prendre de week-ends ou de vacances, sauf pour fuir l’Inde, dont on n’appréhende que le côté sordide et administratif ? Certains sombrent peu à peu dans une dépression « légitime », l’Inde devenant un « objet poubelle » opposé au « sujet occidental parfait » [P. Dubor].