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samedi, 09 février 2008

Histoires de poils (dans les oreilles)

Pendant un moment d’accalmie (au bureau), et quand je ne m’arrache pas les cheveux (oui oui, je suis dans les poils aujourd’hui), je repensais à un acteur indien qui a d’immenses poils dans les oreilles. De fil en aiguille, je me suis rappelée avoir lu que ces fameux poils dans les oreilles étaient une particularité génétique des Indiens. Plutôt que de raconter une connerie, j’ai googlé la chose.

Et là, mort de rire, je découvre que les records du monde de taille de poils dans les oreilles sont détenus par… ben ouais, des Indiens !

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Radhakant Bajpai / 13.2 cm (les poils, hein, pas autre chose...) / Naya Ganj, Uttar Pradesh, India / Record : mai 2003

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Témoignage : Radhakant Bajpai has hair sprouting from the centre of his outer ears (middle of the pinna) that measures an incredible 13.2 cm at its longest point. The length of the 50-year-old's pinna pelt was confirmed by medical examiner Dr. R P Gupta. “Making it to Guinness World Records is indeed a special occasion for me and my family, God has been very kind to me.”b28b8a37b9cab816fa97969f1cf9f1f5.jpg

Un article énorme sur ce record (en anglais) : Article_In pursuit of the hirsute_170302.pdf

Bon, après ce premier bidonnage, j’ai quand même voulu vérifier si c’était exclusivement indien, et j’ai rien trouvé là-dessus… Mais j’ai lu un article intéressant (sur ellequebec.com) :

« À partir de la trentaine, la plupart des hommes voient soudain apparaître de longs poils dans le nez et dans les oreilles. En fait, ces parties ont toujours été poilues: les poils sur la barrière nasale ou dans le labyrinthe de l’oreille forment une protection naturelle qui empêche la poussière de pénétrer à l’intérieur. Mais avec l’âge, le changement d’hormones affecte la pousse des poils et on se retrouve avec une pilosité rebelle.
Pour les éliminer, il est préférable de les tailler. N’épilez pas à la pince: non seulement c’est douloureux, mais vous risquez en plus de causer de petites lésions internes qui peuvent s’infecter. Pour ce qui est de l’épilation au laser, certaines cliniques l’offrent, mais comme la tête de l’appareil est assez large, elle se rend difficilement dans les orifices du nez et des oreilles. En plus, le laser ne doit pas s’approcher trop près du tympan. Ces méthodes enlèveraient trop de poils, dont la barrière naturelle protectrice.
Le plus simple (et le plus économique), c’est de les couper avec des ciseaux aux embouts arrondis, question de ne pas se blesser. Encore plus sécuritaire, le coupe-poils nez et oreilles. Il s’agit d’un appareil à lames rotatives qui taille les poils sans jamais toucher à la peau. Ils peuvent être hydrofuges, à piles ou doté d’une petite lumière au bout: à vous de choisir si vous préférez le modèle le plus simple ou le plus sophistiqué. »   

Et voilà, ne sommes-nous pas dans un pays (plein de poussière) où les « mâles » sont plus que travaillés par les hormones (au moins jusqu’au mariage, mais même après) ??! D’où le nombre d’Indiens avec les oreilles poilues (même si ce n’est pas leur apanage). Tout s’explique…

Bon ensuite, j’ai découvert que ça a un nom : l’hypertrichose des oreilles (si si). Je zappe la définition wikipédia (que j’ai lu et qui m’a ramené à mes années de lycée, en sciences nat’) ; en bref : c’est une anomalie génétique, qui n’existe que chez les hommes, et qui est automatiquement transmise : si ton père a des poils dans les oreilles, son fils aussi !!

Tout ça m’a amené à découvrir l’hirsutisme : l’apparition chez les femmes de poils qui ne poussent normalement que chez l’homme. Et voici quelques photos d’hirsutes: Article_Hypertrichose_071205.pdf. J’ai également été familiarisée avec la notion d’ « homme porc-épic » qui m’a beaucoup fait marrer et puis un peu moins parce qu'au fond, c'est quand même pas drôle...

Pour finir avec les poils (qui font toujours parler d’eux), un dossier très complet Article_Poils_0706.pdf, avec pourquoi avons-nous des poils, les sociétés qui aiment les êtres poilus, comment les enlever etc. etc. Avis aux mecs qui ont des poils dans le dos (enfin, quand c’est que ça ;))…

Enfin un lien vers un forum où un jeune se plaint de ses poils sur les fesses (qui croit-il, sont liés à une intense activité masturbatoire) : http://forum.doctissimo.fr/forme-beaute/epilation-poils/problemes-poils-sujet_151719_1.htm

Je m'éclate!

07:05 Publié dans N'imp | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poils, oreilles, inde |  Imprimer |  Facebook |

vendredi, 08 février 2008

Le Sari

Aujourd’hui, petit post sur le sari. Et je suis très bien placée pour en parler, vu que je n’en porte jamais… Un jour je me débloquerai ;) Bientôt un cours sur le salwar kameez, ma tenue quotidienne (voilà, entre le pyjama et le bout de tissu qui se casse la gueule, j’ai fait mon choix)…

« Définition

Le sari est une large bande de tissu, de 1m20 environ sur 5,5 à 10 m de long. Il se porte sur un jupon (ghagra en hindi), et un corsage serré laissant une partie du ventre nue (choli en hindi). Il semblerait que le port du jupon et du corsage remonte à la période de la colonisation britannique. Le sari lui-même est toujours fait d'une seule pièce. Selon l'hindouisme, tout vêtement cousu, percé par une aiguille était considéré comme impur. C'est seulement avec les invasions musulmanes que furent introduits et répandus les vêtements cousus.

Historique

Si l'on faisait une histoire universelle des habitudes vestimentaires, il est probable que le sari y occuperait une place spéciale, voire exceptionnelle. Si la stola des patriciennes romaines a disparu depuis belle lurette, si le kimono des Japonaises ne se porte plus que dans d'assez rares occasions, il existe encore des millions d'indiennes qui, comme leurs lointaines ancêtres, revêtent quotidiennement le sari. Extraordinaire longévité pour ce vêtement dont l'origine, obscure, remonte à un lointain passé ! On a retrouvé des représentations d'un vêtement drapé, très voisin du sari actuel, datant d'environ 100 av. J.C.

Autant est frappante cette fidélité de la femme indienne à ce vêtement en particulier, autant peut l'être aussi la grande diversité des manières de draper le sari. Selon les régions, les castes et les activités, les religions... la technique du drapé peut varier.

Valeur symbolique des couleurs et des motifs

Blanc : couleur traditionnelle des brâhmanes ou prêtres (la teinture étant considérée comme impure), c'est aussi la couleur du deuil, portée donc par les veuves.

Vert : jadis la couleur de la caste des vaishya (marchands). Elle est aujourd'hui surtout un signe d'appartenance à la communauté musulmane. Des saris verts sont portés aussi, dans certaines régions de l'Inde, pour le mariage.

Bleu : traditionnellement la couleur de la caste des shûdra (agriculteurs, artisans, tisserands...). Elle était évitée par les castes élevées (le procédé d'obtention de l'indigo étant considéré comme particulièrement impur).

Noir : couleur traditionnellement rare, considérée de mauvais augure.

Rouge : couleur de la caste des kshatriya (nobles guerriers). Censée être de bon augure. C'est également la couleur la plus habituelle des saris de mariage.

Jaune et safran : son symbolisme est lié à la religiosité, à l'ascétisme. Dans certaines régions de l'Inde, une tradition veut qu'une mère porte un sari jaune sept jours après la naissance de son enfant.

Mangue stylisée : avant tout d'un symbole de fertilité et d'abondance.

Éléphant : représente la puissance, le pouvoir, la royauté mais son symbolisme peut aussi être associé à l'eau et à la fertilité.

Perroquet : signe de passion, de séduction.

Poisson : un autre signe de fertilité et d'abondance, mais aussi de pouvoirs surnaturels.

Conque : représente le son divin.

Bien sûr on rencontre aussi divers motifs de fleurs, plus ou moins stylisées, à valeur purement décorative ou au symbolisme varié... »

Le drapé !

Rien de tel que des images pas vrai? 

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Les photos en PDF : Sari.pdf / Sari_English.pdf / Sari_Français.pdf

Les sources : http://www.utsavsarees.com/pages/wearsari.htm / http://www.indereunion.net/utile/sari/1.htm / http://www.civilization.ca/cultur/inde/indact5f.html 

mercredi, 06 février 2008

Le 3ème sexe sur le sous-continent indien: les hijras

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Qui sont-ils/elles ?

Ni homme ni femme, une hijra est une âme féminine dans un corps masculin. Les hijras sont en général des hommes et des hermaphrodites (nées avec les deux sexes) mais il y aurait également quelques femmes.

Comme les hijras utilisent le pronom féminin pour parler d’elles et s’habillent en sari, j’utiliserai le féminin. Donc.

Si l’homosexualité et le changement de sexe sont tous deux présents et accepté dans la mythologie, l’Inde moderne a complètement rejeté l’homosexualité ; en revanche, elle a accepté le concept de « troisième sexe », peut-être pour suppléer à un manque de catégorisation de certaines personnes… Ca n’explique sans doute pas tout, mais c’est quand même curieux que l’Inde (avec le Pakistan et le Bangladesh) soit le seul pays où cette pratique persiste aujourd’hui – les hijras seraient un million aujourd’hui en Inde, mais le chiffre n’est absolument pas fiable.

Alors, quel sexe ? et quel genre de rapport sexuel ?

En général, les hijras sont appelées « eunuques » (dérivé de l’anglais) mais peu (pas de chiffres officiels) ont subi des modifications génitales (même si certains considèrent que seuls les castrés sont de vraies hijras). Donc il y a des hijras avec un pénis, d’autres avec juste un trou pour uriner, et d’autres avec des vagins (en plastique).

Les hijras couchent avec des hommes (ou d’autres hijras). Le plus souvent, elles ont des relations anales – sauf quand elles optent pour la vaginoplastie, mais le coût est encore très prohibitif en Inde. Les hommes qui les fréquentent sont hétérosexuels, et fréquemment mariés ; et les prostituées hijras sont meilleur marché que les prostituées femmes.

Certaines hijras se marient (avec des hommes) même si le mariage n’est en général reconnu ni par la loi ni par la religion.

Des transsexuels ? Des travestis ?

Au contraire des transsexuels occidentaux, les hijras ne veulent pas en général se faire passer pour des femmes. Elles ne sont ni femmes, ni hommes.

Elles ne sont pas non plus des travestis au sens où on l’entend, puisque les travestis occidentaux couchent avec des femmes.

Comment devient-on hija ?

Bon, déjà, on ne devient pas hija, on naît hija. Et puis il faut savoir que les hijras vivent en communauté, dont elles « deviennent » membres. Pour être consacrée hijra c’est tout un processus de socialisation. La hijra est considérée comme chela (étudiant) dans un rapport avec le gourou (professeur) qui l’amène à assumer sa féminité. Chaque gourou vit avec au moins 5 chelas, qu’il considère comme de son lignage (avec le même nom de famille). Les chelas doivent donner leur revenu au gourou, qui gère le ménage. Ces « familles » sont très fermées.

Parfois ce processus prend fin avec la « renaissance », qui prend ici la forme de l’émasculation (on enlève le pénis, les testicules et le scrotum – ça fait mal rien que d’y penser, pas vrai les mecs ??! – mais attendez, c’est pas tout : c’est fait au couteau et sans anesthésie (seulement de l’alcool et des drogues)…). Entrons un peu dans les détails (si si !). Lorsque tout est ôté, on place une plaquette de fer ou de bois avec un petit trou pour uriner et on place pardessus des herbes pour aider à la cicatrisation. Les pures et dures doivent s’asseoir sur une pierre tranchante jusqu’à ce que l’anus saigne ; les gouttes de sang sont alors recueillies et les premières règles célébrées…

Histoire

Les eunuques existent depuis le 9ème siècle avant J.C. Le mot vient du grec « gardien du lit » parce que c’étaient en général les hommes castrés qu’on envoyait garder les harems royaux. Le phénomène aurait commencé en Chine... le dernier eunuque chinois ayant rendu l’âme en 1996.

Dans la mythologie hindoue, il n’est pas rare que les dieux prennent des formes humaines d’un autre sexe ; le phénomène remonte donc à loin ! Ainsi, si les hijras sont aussi bien (voire plus) musulmanes que hindous. Chez les Hindous, elles forment une caste spéciale, et en général adorent Shiva et/ou la déesse Bahuchara Mata. Tous les ans elles se réunissent dans le Tamil Nadu pour y rejouer une scène de la Mahabharata, un des deux contes de l’Inde (ce rassemblement est également l’occasion d’un concours de beauté, de plus en plus reconnu par les pontes de la mode). Pendant une bataille, deux frères durent sacrifier un guerrier pour battre leurs cousins. Leur conseil de guerre choisit Aravanan, un des fils du héros épique Arjuna. Aravanan accepta de mourir pour la bonne cause, mais il émit le souhait de se marier avant, souhait qui posa un énorme problème : quelle femme accepterait d’épouser un homme condamné ? Pour régler ça, le Dieu Krishna prit la forme de Mohini, une très belle femme, et épousa Aravanan.

Depuis le règne des Anglais qui ont vu dans ce phénomène une déviance sexuelle qu’ils ont essayé d’éradiquer, leur rôle a changé : de servants royaux, confidents et amis, ils sont devenus « quelque chose » qui effraie. Personne ne veut être accosté par eux. Les hijras vivent de l’embarras qu’elles provoquent aujourd’hui.

En 1993, un transsexuel américain, Anne Ogborn, est devenue la première hijra occidentale ; elle a créé une école pour hijra.

Quelle place dans la société aujourd’hui ? Quel mode de vie ?

Leur principale source de revenu aujourd’hui vient de leur apparition dans les mariages et les naissances (où elles dansent, chantent etc.). Elles apporteraient bonheur et fertilité, et, même si elles ne sont généralement pas invitées (ni les bienvenues), l’hôte leur donne un peu d’argent (sous peine d’être maudit et insulté). La fertilité qu’on leur prête viendrait du fait qu’étant considérées comme asexuées, elles n’auraient pas d’activité sexuelle, et accumuleraient, stockeraient ainsi une énorme énergie sexuelle (un sacré pouvoir !) qu’elles utiliseraient pour bénir ou maudire. Lors des naissances, leur venue est signe que le bébé ne sera pas hijra (et si il naît eunuque ou hermaphrodite), elles l’emportent en général, pour l’élever comme un des leurs.

Certaines hijras se prostituent, beaucoup mendient. Si le passant ne leur donne pas, elles le ridiculisent, l’insultent, et n’hésitent pas à soulever leur sari pour montrer leurs parties émasculées. Parfois, quand elles sont en colère, elles frappent leurs mains fortement pour effrayer la population (une explication qui vaut ce qu’elle vaut dit que le claquement des mains rappellent le claquement des corps durant un rapport sexuel – quoi qu’il en soit, c’est flippant !). En général, les gens donnent…

Les hijras seraient employées par le Gouvernement comme collecteurs d’impôts dans les villages – c’est la méthode la plus efficace ! Des histoires circulent également selon lesquelles les hijras seraient également employées par les banques pour récupérer l’argent…

Pour ceux que ça tenterait, attention, c’est pas tous les jours drôles : la plupart vivent en marge de la société. Peu acceptent de les employer, elles sont souvent victimes de moqueries (notamment dans les films Bollywood) et pire, de violences et discrimination en tout genre (même si certaines ont réussi à accéder à d’assez hauts postes politiques – elles ont le droit de vote depuis 1995). Par exemple, soigner une hijra peut poser un problème à l’hôpital où on soigne différemment (pièce différente, sexe du docteur différent) les hommes des femmes – or elles ne sont ni l’un ni l’autre.

Et puis, pour fournir, d’après une légende, le corps de la hijra, à sa mort, serait fouetté et passé par un trou fait dans le toit plutôt que par la porte pour s’assurer que son âme ne se réincarne pas à nouveau dans une hijra (une fois ça suffit !).

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Galerie photos: http://www.pbase.com/maciekda/hijras / Témoignages de hijras :http://www.bmezine.com/ritual/A00227/rithijra.html ; http://www.columbia.edu/~blw2102/ / Sur le concours de beauté : http://www.thewe.cc/contents/more/archive/aruvani.html / Sur l’école pour hirjas : http://pragatischool.org/community.php / Plus de détails croustillants sur l’émasculation : www.eunuch.org

Merci!