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mercredi, 20 mars 2024

Pourquoi les Indiens fêtent Holi en jetant des couleurs?

Le 25 mars, nous fêterons Holi ! Extrait du livre Les Mémoires de Mélanie Koumar d'Emilie Anand :

"Cette année, elle fera l’impasse de Holi, qui fête la fin de l’hiver et lance la saison des récoltes de printemps (comme Diwali célèbre la fin des récoltes d’octobre-novembre). De toute façon, elle n’a jamais vraiment « joué » à Holi, ou alors en tout petit comité. Elle se méfie en effet des débordements qui peuvent arriver sous l’effet de l’euphorie, du bhāng et de l’alcool, alors que, symboliquement, ce jour-là, toutes les dissensions sont oubliées, qu’elles soient religieuses, castéistes, genrées ou personnelles, et que tout le monde lance de l’eau et étale des poudres colorées sur tout le monde – ce qui se transforme parfois en pelotage en bonne et due forme. Techniquement, les femmes ont le droit de ne pas se laisser faire, à l’instar des habitantes de Barsana (le village de Rādhā, l’amoureuse préférée de Krishna) qui battent les hommes de Nandgaon (lieu de naissance de Krishna) pour les punir des insultes qu’ils profèrent à leur encontre lors de cette cérémonie. Ils rejouent ainsi la relation empreinte d’espièglerie et de sensualité du couple divin. Selon une légende, Holi serait d’ailleurs né de l’envie que ressentait Krishna, avatar de Vishnou à la peau sombre, pour le teint clair de Rādhā. Il aurait alors appliqué du bleu sur le visage de son amoureuse afin qu’elle lui ressemble un peu plus. Holi serait d’ailleurs aussi un peu la fête de l’amour puisqu’est célébré le sacrifice de Kāma qui permit le mariage de Pārvatī et Shiva. (Ce dernier était plongé dans une transe yoguique mutli-centenaire pour faire le deuil de Sati, quand la réincarnation de cette dernière, Pārvatī, envoya Kāma, armé de son arc et ses flèches, pour réveiller le Grand Yogi. Shiva ouvrit son troisième œil et réduisit l’importun en cendres, mais revint également à lui, aux autres dieux et à sa partenaire.)

Cette année, Mélanie se contentera d’assister au feu de joie qui précède les célébrations, commémoration de la victoire du bien sur le mal et du mythe du roi démon Hiranyakashipu. Selon la légende, ce dernier finit par se prendre pour un dieu après avoir reçu la bénédiction d’immortalité – plus précisément de ne pouvoir être tué ni par un être humain ni par un animal, ni à l’intérieur ni à l’extérieur, ni pendant le jour ni pendant la nuit, ni par une arme quelconque, ni sur terre, ni dans les airs, ni dans l’eau. Il eut un fils, Prahlada, qui se mit à adorer Vishnou, que Hiranyakashipu détestait. Il réfléchit alors à un châtiment pour le punir et demanda à Holika, sa sœur, d’enfiler son manteau incombustible, de prendre Prahlada sur ses genoux et de s’asseoir dans le feu. Elle obtempéra, mais la cape lui échappa et s’enroula autour du corps du fils rebelle. Holika fut brûlée vive et Vishnou vengea sa mort par celle d’Hiranyakashipu, qu’il occit en s’incarnant en une créature mi-homme mi-lion qui apparut au crépuscule (ni jour ni nuit) sur le seuil du palais (ni à l’intérieur ni à l’extérieur) et plaça sa victime sur ses genoux (ni dans l’air ni sur terre) et le déchiqueta de ses griffes (sans arme).

Mélanie profitera par ailleurs du splendide arc-en-ciel de couleurs que les gens font en jetant des poudres qui chatoient sous le soleil de ce début d’été, du vert pour l’harmonie, le renouveau et la joie, du bleu pour la vitalité et Krishna, du jaune pour la sainteté, de l’orange safran pour l’optimisme et la pureté (du feu qui nettoie tout), du rouge pour la joie, l’amour et la prospérité. Il n’y a guère que le noir qui soit absent. D’ailleurs, il n’est jamais le bienvenu pour les hindous. Est-ce parce qu’il attire les rayons du soleil et en absorbe la chaleur ? Il semblerait pourtant que ce soit justement pour cette raison que les femmes musulmanes vivant dans des pays désertiques portent des niqabs ou des burqas noirs. En plus d’être suffisamment peu esthétique pour ne pas attirer le regard (a priori concupiscent) des hommes, le noir permettrait d’augmenter la température sous le vêtement, ce qui provoque la sudation et son effet rafraîchissant. Est-ce parce que le noir attire les moustiques ? Ce n’est pas prouvé scientifiquement, mais il est facilement observable en Inde que ces minuscules vampires se posent davantage sur les meubles ou vêtements de couleur sombre que claire, ce qui ressemble d’ailleurs fort à une technique de camouflage. Ou bien est-ce parce que le noir est une non-couleur, néfaste dans la spiritualité et la superstition, la représentation de la négativité et de l’inertie, le symbole de la colère, des ténèbres, de l’absence d’énergie, de la mort (sans toutefois être la couleur du deuil qui est le blanc, l’absence de couleur) ?"

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lundi, 17 octobre 2016

Entre mythologie et réalité: que de violence!

Nous sommes mardi. C’est Dussehra. Un festival tout en douceur où l’on fête la victoire du Dieu Ram sur le démon Ravan qui avait enlevé la femme de ce dernier, Sita. La copropriété avait organisé une petite commémoration pour l’occasion. Nous sommes arrivés en pleine bataille d’Hanuman, le Dieu singe, peinturluré en rouge, tout autant  terrifiant que ces camarades ou ennemis à moustache qui se battent.

J’emmène Bébé Samourai sur le devant de la scène (le seul endroit où il y a un peu de place) mais avec ces déguisements monstrueux et la musique dans les baffles à décorner des bœufs, il prend peur et je ne peux lui en tenir rigueur. Quelle explosion de violence ! Nous nous éloignons donc un peu de cette pollution auditive et attendons patiemment le ‘clou’ du spectacle : ils vont mettre le feu à un démon géant (bien cinq mètres au garrot), et à son frère et son fils !! Nous sommes assis à même le gazon, le sol est un peu en pente. Je tiens Bébé Samourai bien serré dans mes bras. image1.JPGLes démons sont sur notre droite, à quelques mètres, derrière une corde de sécurité. Je regarde la foule sur ma gauche, fascinée par tout ce monde. Et là, tout d’un coup, une énorme déflagration. Ma tête fait 180 degrés et je vois cette statue géante en feu, des débris enflammés qui volent de partout, des gens qui courent dans tous les sens, et, pour ajouter à la confusion, ça continue de pétarader, mitrailler. Je panique. Complet. J’attrape mon petit et essaye de me lever. Raté, je me casse la figure. Je mets alors à ramper. Quand j’aperçois enfin mon Indien préféré ! Je lui crie d’attraper le bébé, m’accroche à lui pour me relever, récupère mon fils, et entre deux sanglots terrifiés, je cours, je vole, je sauve mon enfant des flammes, je tuerais pour nous sauver la vie.

Arrivés en lieu sûr, je bouche les oreilles de Bébé Samourai alors que le troisième machin explose avec ses centaines de pétards. Et le cirque est enfin terminé. C’est seulement la présence de la nounou (faut quand même pas se laisser aller devant le personnel, hein, madame) qui m’empêche de me mettre à hurler et pleurer mon angoisse. Une demi-heure plus tard je cesse de trembler, examine mon genou ensanglanté, et me remets doucement du choc…

Il y a 8 ans, lors de mon premier Diwali à Mumbai, un abruti m’avait explosé un pétard à trente centimètres, manquant de justesse de me laisser sourde d’une oreille, et me vaccinant ainsi contre Diwali en ville. Je me suis depuis toujours carapatée dans les endroits les plus reculés de l’Inde à cette période de l’année. Voilà, ce sera pareil pour Dussehra dorénavant !!

La scène vue par mes voisins pas occupés à la fuir:

lundi, 19 octobre 2015

Ils tapent sur des bambous et c'est (pas) numéro unj

Echange avec mon professeur de Hindi (oui j’essaye encore !) :

  • Elle : Fais une phrase avec « je suis... »
  • Moi : main thoda thakee hoon (je suis un peu fatiguée).
  • Elle : Oh non ! Mais pourquoi ?
  • Moi : Navratri... 
  • Elle : Oh tu jeunes ? (1)
  • Moi : Non je ne fais pas le jeun ! Ils tapent sur des tambours toute la nuit !! (2)

(1) Navratri est le festival où les différents avatars de la déesse Durga sont vénérés pendant neuf nuits (une nuit pour chaque incarnation). Beaucoup de gens jeûnent, en forme de gratitude à la déesse. « Le jeûne observé pendant Navratri a des origines religieuses, mais également scientifiques. Ce festival se produit deux fois par an, chaque fois quand la saison est sur le point de changer : de l'hiver à l'été et à nouveau quand l’air commence à devenir un peu frais. Et de fait, c'est aussi le moment où notre système immunitaire est faible et il est conseillé de manger des aliments légers et nutritifs. Ainsi, les règles du jeûne donnent à penser qu’on devrait s’abstenir de viande, alcool, grains, sel et tout ce qui est industriel. L’oignon et l’ail sont évités pendant le jeûne car ils sont connus pour générer beaucoup de chaleur dans le corps, tandis que les grains sont difficiles à digérer. Du point de vue ayurvédique, ces aliments attirent et absorbent les énergies négatives et devraient être évités pendant un changement saisonnier. » (source)

Oh, attends une minute ! Alors en fait je fais le jeune ! Parce que j'ai été bien malade ces 4 derniers jours (peut-être à cause du changement de temps ?) et je suis à la diète liquide (jus et soupes !) – histoire de laisser mon système digestif se reposer et laisser mon énergie se concentrer sur la guérison (t’as vu un peu comment je cause ??! ce que l’Inde m’a fait…)

(2) Ce festival est également connu pour ses danses. Et maintenant pour son bruit. Comme ils tapent sur des tambours comme des sourds tous les jours, de 21 heures à 23 heures dans le temple au pied de mon immeuble (et  oui, mamie et bébé samouraï se couchent avec les poules!). Je crois que ce soir je vais aller voir au lieu de me taper la tête contre les murs !!

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