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lundi, 17 octobre 2016

Entre mythologie et réalité: que de violence!

Nous sommes mardi. C’est Dussehra. Un festival tout en douceur où l’on fête la victoire du Dieu Ram sur le démon Ravan qui avait enlevé la femme de ce dernier, Sita. La copropriété avait organisé une petite commémoration pour l’occasion. Nous sommes arrivés en pleine bataille d’Hanuman, le Dieu singe, peinturluré en rouge, tout autant  terrifiant que ces camarades ou ennemis à moustache qui se battent.

J’emmène Bébé Samourai sur le devant de la scène (le seul endroit où il y a un peu de place) mais avec ces déguisements monstrueux et la musique dans les baffles à décorner des bœufs, il prend peur et je ne peux lui en tenir rigueur. Quelle explosion de violence ! Nous nous éloignons donc un peu de cette pollution auditive et attendons patiemment le ‘clou’ du spectacle : ils vont mettre le feu à un démon géant (bien cinq mètres au garrot), et à son frère et son fils !! Nous sommes assis à même le gazon, le sol est un peu en pente. Je tiens Bébé Samourai bien serré dans mes bras. image1.JPGLes démons sont sur notre droite, à quelques mètres, derrière une corde de sécurité. Je regarde la foule sur ma gauche, fascinée par tout ce monde. Et là, tout d’un coup, une énorme déflagration. Ma tête fait 180 degrés et je vois cette statue géante en feu, des débris enflammés qui volent de partout, des gens qui courent dans tous les sens, et, pour ajouter à la confusion, ça continue de pétarader, mitrailler. Je panique. Complet. J’attrape mon petit et essaye de me lever. Raté, je me casse la figure. Je mets alors à ramper. Quand j’aperçois enfin mon Indien préféré ! Je lui crie d’attraper le bébé, m’accroche à lui pour me relever, récupère mon fils, et entre deux sanglots terrifiés, je cours, je vole, je sauve mon enfant des flammes, je tuerais pour nous sauver la vie.

Arrivés en lieu sûr, je bouche les oreilles de Bébé Samourai alors que le troisième machin explose avec ses centaines de pétards. Et le cirque est enfin terminé. C’est seulement la présence de la nounou (faut quand même pas se laisser aller devant le personnel, hein, madame) qui m’empêche de me mettre à hurler et pleurer mon angoisse. Une demi-heure plus tard je cesse de trembler, examine mon genou ensanglanté, et me remets doucement du choc…

Il y a 8 ans, lors de mon premier Diwali à Mumbai, un abruti m’avait explosé un pétard à trente centimètres, manquant de justesse de me laisser sourde d’une oreille, et me vaccinant ainsi contre Diwali en ville. Je me suis depuis toujours carapatée dans les endroits les plus reculés de l’Inde à cette période de l’année. Voilà, ce sera pareil pour Dussehra dorénavant !!

La scène vue par mes voisins pas occupés à la fuir:

lundi, 15 février 2016

Traverser la route - une science

Par une froide nuit d’hiver, dans les rues de la petite ville de Lucerne, alors que la neige répand doucement ses flocons, un Indien et une Française marchent en devisant gaiement. La Française claque des dents. Son compagnon indien a dépassé ce stade, il est tellement frigorifié que même ses mâchoires ne répondent plus… 

Et voici que l’homme interrompt abruptement la conversation par un : « Bon et maintenant on va la jouer à l’indienne ou à la suisse ? ». Le temps que le message arrive au cerveau de sa collègue, qu’elle se demande de quoi diable il peut bien parler, elle se rend compte qu’elle l’a perdu. Elle se retourne alors pour voir ce qu’il peut bien fabriquer et… il est au feu, en train s’appuyer sur le bouton pour demander au bonhomme de passer au rouge. Elle regarde alors autour d’elle et réalise qu’elle est… au milieu du passage clouté ! Et le feu ? Mais quel feu ?? Tiens, dans cette ville vide et plongée dans la nuit, ça ne lui a même pas traversé l’esprit de regarder si il y avait un feu ! 

inde,france,suisse,piéton,traverser la rue,feu,passage cloutéC’est presque le monde à l’envers ! L’Indien qui traverse sagement comme un Suisse (allemand) et la Française qui traverse sauvagement comme un Indien. Je dis « presque » parce qu’il faut savoir que les Parisiens ne s’embarrassent pas trop des feux ni des passages cloutés – mais tout ça serait la faute des automobilistes en fait ! comme ils ne laissent pas la priorité aux piétons au passage clouté ces derniers traversent donc où ils peuvent quand ils peuvent !* 

Le Parisien est donc mieux préparé à l’Inde que le Lucernois ou le Hambourgeois. Mais rien ne prépare vraiment au traversage-de-rue dans le chaos du sous-continent où il faut compter avec des animaux, des voitures à contre-sens, des bus sans frein. Le mieux pour traverser avec un maximum de sécurité reste donc de se coller à un Indien (et de telle sorte à que ce soit lui qui prenne en premier)… (se coller à une vache ça marche aussi mais ça peut prendre longtemps car elles décident souvent que le milieu de la rue est en fait « the place to be »…) 

* Source : http://www.o-chateau.com/stuff-parisians-like/crossing-the-street-in-paris.html