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lundi, 17 septembre 2018

L’escapade d’un Samourai indien en Suisse…

Cette année, j’ai pris mon courage à quatre mains et réalisé un rêve qui me travaille depuis un certain temps. Oserais-je dire tout haut ce qui m’obsède tout bas ? Depuis des mois, presque des années, je fantasme d’une nuit d’hôtel en solo. Mais je le garde pour moi, quel genre de mère cela fait-il de moi ? Quel genre d’épouse ? Le genre fatiguée… Mais alors très fatiguée…

J’ai donc finalement osé demander à mon Indien préféré si je pouvais prendre un break de deux jours et profité d’un séjour professionnel en Suisse pour mon escapade – ca me faisait trop bizarre de partir quelque part en Inde sans ma famille indienne, et puis les endroits relaxants sont plus difficiles d’accès que dans la petite Suisse.

Le moment le plus libérateur de cette expérience fut quand je validai ma réservation sur Airbnb. Élation. Je choisis avec soin, scrutant les offres pendant plusieurs semaines avant d’arrêter mon choix. Et ce qui me décida fut le commentaire d’une invitée qui faisait son premier voyage seul et qui avait été mise très à l’aise par l’hôte.

Ensuite, je réservai une voiture, le Airbnb étant suffisamment perdu dans le petit village de Nassen pour qu’il ne soit desservi ni par des trains ni des bus. Mon échange au guichet de location fut intéressant. La jeune fille, après m’avoir offert un upgrade de la Fiat panda à la Mercedes Class A, voulait me vendre une assurance et devant mon hésitation, elle sortit sa carte maîtresse : ce n’est pas vous le problème, c’est les autres. Alors là, je l’arrêtai tout de suite : je fais bien plus confiance aux Suisses qu’à moi-même en ce qui concerne la conduite ! D’ailleurs c’est étonnant de voir un bouchon en Suisse : les voitures se suivent sagement, en respectant la distance de sécurité, sans klaxonner ni doubler. J’aurais dû faire une vidéo. L’étape suivante fut mon premier challenge : démarrer la voiture sans clé à tourner, trouver comment le frein à main marchait, sortir du parking sans ticket, comprendre où se cachait le port USB. Personne n’était là pour m’aider. Ou alors j’ai mal regardé. Il y a pas mal de trucs automatiques qui m’ont laissé interdites, notamment les machines à café de l’hôtel et la pompe à essence. Là le problème n’était pas qu’il n’y avait personne pour me tenir le machin, mais plutôt de savoir quel liquide mettre dans le ventre de mon bolide. J’ai dégoté un géant avec un gilet orange qui faisait le poteau les bras croisés et suis allée faire ma blonde, sans complexe. La voiture a redémarré. Et pour finir sur mes aventures motorisées, je conseille à tout individu qui loue une caisse en Suisse et qui ne prend pas d’assurance d’éviter les parkings souterrains. Il faut être fortiche tellement les passages sont étroits pour ne pas égratigner l’engin. En parlant de dommages, je me suis fait une peur bleue : après une heure de route et un petit passage dans les bois (merci Google map), dans des sentiers pas trop battus, j’ai réalisé que j’avais perdu un enjoliveur. J’en étais comme deux ronds de flan. Heureusement il y a suffisamment de Mercedes en Suisse pour pouvoir en récupérer un sur une autre voiture. Mais comment ça s’enlève un truc comme ça ?? Bref, je l’ai cherché partout dans la forêt. Et c’est en cherchant le numéro de l’agence pour savoir si la perte de l’enjoliveur était couverte par mon assurance pneus-vitres que j’ai réalisé qu’il était déjà manquant ! J’ai réussi à rater ça alors que j’avais fait le tour de la voiture quinze fois pour vérifier les égratignures…

Bref, à part ça, tout a roulé comme dans du beurre. J’ai réussi à énerver un Suisse en galérant à sortir d’un parking, ça m’a rassurée, je me suis dit qu’ils étaient humains malgré tout. Mais des humains qui ne se parlent (presque) plus : pas moyen d’appuyer sur un bouton pour avoir de l’aide si tu galères à mettre ton ticket, pas moyen de faire le check-in ailleurs que sur une borne. Et heureusement qu’un quidam m’avait aidée à trouver le frein à main ou ça a aurait frisé la catastrophe dans le parking !

J’ai donc surmonté ma timidité, mais pas sans difficultés : je suis passée plusieurs fois devant la maison de mon Airbnb avant d’oser m’y arrêter… En plus j’avais une de ces allures, dans ma petite robe de femmes d’affaires et ma voiture hyper classe, pas moi du tout ! Comme prédit par les commentaires, mon hôte me mit vite à l’aise autour d’un thé et on ne m’arrêta plus. Je partis m’ébattre dans les champs, pister le renard, visiter St Gallen et sa bibliothèque, boire un thé au bord du lac de Constance, faire mon yoga dans les prés, assister au retour des vaches des alpages (qui m’ont bloqué la route, juste comme en Inde !), partager un Proseco avec mon hôte et ses sœurs, et encore plus fort, faire un trek d’une journée à Ebenalp (là aussi je me suis sentie pas trop éloignée de l’Inde, fallait voir le monde sur le chemin !).

Un week-end avec moi-même, au calme et au propre, dont je suis sortie ressourcée comme jamais… Il s’est un peu prolongé dans l’avion du retour, entre films, lecture et Sudoku. Et avec des voisins, un couple de Sikhs d’une cinquantaine d’années, qui m’ont remise dans le bain. D’abord la femme a insisté pour faire bouger son mari et prendre la place du milieu – un truc bien indien d’éviter au possible les contacts homme-femme ; elle voulait me mettre à l’aise et moi je me suis demandé si elle ne faisait pas confiance à son conjoint ? Lequel n’arrêtait d’ailleurs pas de me fixer. À tel point que j’ai failli le prendre en photo. Mais le plus impressionnant c’est que ces deux-là n’ont rien fait du vol. Absolument rien à part une sieste de deux heures, le repas et demi et deux-trois phrases. Une capacité contemplative hors du commun….

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lundi, 15 février 2016

Traverser la route - une science

Par une froide nuit d’hiver, dans les rues de la petite ville de Lucerne, alors que la neige répand doucement ses flocons, un Indien et une Française marchent en devisant gaiement. La Française claque des dents. Son compagnon indien a dépassé ce stade, il est tellement frigorifié que même ses mâchoires ne répondent plus… 

Et voici que l’homme interrompt abruptement la conversation par un : « Bon et maintenant on va la jouer à l’indienne ou à la suisse ? ». Le temps que le message arrive au cerveau de sa collègue, qu’elle se demande de quoi diable il peut bien parler, elle se rend compte qu’elle l’a perdu. Elle se retourne alors pour voir ce qu’il peut bien fabriquer et… il est au feu, en train s’appuyer sur le bouton pour demander au bonhomme de passer au rouge. Elle regarde alors autour d’elle et réalise qu’elle est… au milieu du passage clouté ! Et le feu ? Mais quel feu ?? Tiens, dans cette ville vide et plongée dans la nuit, ça ne lui a même pas traversé l’esprit de regarder si il y avait un feu ! 

inde,france,suisse,piéton,traverser la rue,feu,passage cloutéC’est presque le monde à l’envers ! L’Indien qui traverse sagement comme un Suisse (allemand) et la Française qui traverse sauvagement comme un Indien. Je dis « presque » parce qu’il faut savoir que les Parisiens ne s’embarrassent pas trop des feux ni des passages cloutés – mais tout ça serait la faute des automobilistes en fait ! comme ils ne laissent pas la priorité aux piétons au passage clouté ces derniers traversent donc où ils peuvent quand ils peuvent !* 

Le Parisien est donc mieux préparé à l’Inde que le Lucernois ou le Hambourgeois. Mais rien ne prépare vraiment au traversage-de-rue dans le chaos du sous-continent où il faut compter avec des animaux, des voitures à contre-sens, des bus sans frein. Le mieux pour traverser avec un maximum de sécurité reste donc de se coller à un Indien (et de telle sorte à que ce soit lui qui prenne en premier)… (se coller à une vache ça marche aussi mais ça peut prendre longtemps car elles décident souvent que le milieu de la rue est en fait « the place to be »…) 

* Source : http://www.o-chateau.com/stuff-parisians-like/crossing-the-street-in-paris.html