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mardi, 10 février 2015

Bébés made-in-India – 5. Versus les moeurs françaises

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On est bien loin de l’ ‘isolement’ de la nouvelle mère française (quoique apparemment (d’après Tracy Hogg) cette période des 40 jours existe aussi en Angleterre)) qui va devoir vite tout faire toute seule : la bouffe, le ménage etc., en plus de s’occuper du nouveau-né. Voilà ce que j’essayais d’expliquer à mon entourage indien : moi, femme d’affaires indépendante et fille de femme d’affaires indépendante, j’étais génétiquement programmée (sauf complication médicale) pour me débrouiller vite toute seule. Et puis avec les ‘services’ que l’on trouve en Inde, i.e. employés de maison, livraisons de courses et de repas, c’est quand même plus facilement gérable qu’en Occident.

 

Quant à l’accouchement, l'homme indien n'est traditionnellement pas convié à y assister - comme ce fut le cas jusqu'aux années 50 en Occident où le débat n'est d'ailleurs pas encore clos quant à la nécessité et bénéfices de la présence du père (mais au moins le choix est libre)... Donc on se retrouve avec comme soutien la mère ou la belle-mère en salle de travail.

Et puis après il faut aussi quelqu'un pour aider vu qu'il existe des maternités qui ne servent pas à manger. Ainsi, la mienne (de belle-mère) proposa gentiment de rester à l’hôpital avec nous la première nuit (4)… Pour elle c’était son rôle de se lever la nuit quand le bébé pleure ; pas le mien, ni celui de son fils ou des infirmières. Pour me le passer afin que je le nourrisse. Enfin c’était le rôle de ma mère, présente mais visiblement pas décidée à se dévouer ! Ma mère dut en effet paraître bien inconsidérée en entrainant son homologue dans des virées shopping quotidiennes au lieu de squatter notre chambre d’hôpital ! En fait elle faisait son boulot de mère de Samouraï, à savoir s’assurer qu’on ait un peu d’intimité tous les trois…(Et ‘intimité’ c’est un mot qu'existe pas dans le dico (indien), alors que c’était pourtant le maître mot de notre plan de naissance !!) 

 

Quant à notre hôpital, nous avions choisi le nec plus ultra : non seulement ils servaient à manger mais en plus nous avions une nutritioniste et une experte en allaitement pour nous aider à faire la transition ! En plus, en imposant des horaires de visite strictes, ils s'affichaient 'pro-intimité' et innovateur (normalement, une fois le bébé mis au monde, toute la famille se déplace. T'imagine même pas le chaos !). Et il y avait pléthore d'infirmières pour nous aider et s'assurer que notre intimité ne soit pas trop complète !!

 

(4) Fait appréciable en Inde, chaque patient a le droit d’avoir un proche qui reste la nuit – le personnel hospitalier te regarde même d’un drôle d’air si, pauvre Rémi-sans-famille (c’est-à-dire l’expatrié moyen), tu n’as personne à tes côtés – et je suis sûre que ce soutien aide à la guérison.

 

(A suivre…)

dimanche, 08 février 2015

Bébés made-in-India – 4. Le prénom

Babies - 4.jpgOn me demanda fréquemment, jusqu’au deux mois du bébé si on avait déjà choisi le prénom ! En effet, en Inde, le bébé n’est prénommé qu’au terme de la période de sûreté, en général 40 jours. Ça laisse le temps à l’astrologue de trouver le nom, ou au moins la première lettre. Pendant ce temps, bébé s’appellera bébé, et les mauvais esprits n’auront qu’à bien se tenir !

 

Et si tout se passe bien, la famille organise au terme des 40 jours la ‘cérémonie du nom’ au cours de laquelle le bébé est présenté au monde et des sucreries sont distribuées à toutes les connaissances (surtout si c’est un garçon). C’est en général à cette occasion que les hijras (cf mes notes sur le sujet) viennent réclamer leur dû, gage que le mauvais œil se tiendra éloigné. J’étais d’ailleurs pas trop contente quand le gardien laissa ces dernières, mieux renseignées que la municipalité, se pointer chez nous.

 

Certaines coutumes indiennes poussent même le vice jusqu’à prôner l’alitement complet de la mère (par exemple pendant les 10 premiers jours au Kerala). Période pendant laquelle elle se fait bichonner et n’a rien d’autre à faire qu’apprendre à connaître son bébé et de se remettre de cette épreuve indéniablement physique. L’idée semble bonne mais des hyperactives risquent de trouver le temps long…

vendredi, 06 février 2015

Bébés made-in-India – 3. L’isolement

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Basons-nous sur les assomptions de mon docteur (cf Bébés made-in-India – 2) et imaginons le scénario suivant : une jeune Indienne est mariée par ses parents et part vivre dans la famille de son mari, pour la plus grande joie de sa belle-mère qui se décharge (plus ou moins aimablement) des corvées les plus pénibles (comme sa belle-mère l’a fait avec elle). A 15 ans, la jeune épousée tombe enceinte. Elle est alors (en général) renvoyée chez sa mère pour la naissance, où elle restera plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Double avantage : 1. C’est quand même sécurisant d’avoir sa môman pas loin pour cette expérience angoissante et 2. Ça évite que la marâtre tue la jeune mère à la tâche à casser des pierres (ou moudre du grain, ou chercher du bois).

 

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Maladies, pollution, bêtes et insectes sauvages, mauvais esprits (pas bien ça, les mauvais esprits), autant garder son nouveau-né bien au chaud et éviter de l’exposer à de tels dangers… Et puis ça permet aussi que la mère et le nourrisson ne polluent l’entourage, le processus de la naissance étant considéré comme extrêmement impur.

 

(3) Selon une étude de l’Unicef, 3.1% des nourrissons indiens ne passent pas le 28ème jour (soit 15 fois plus qu’en France) et 4.4% la première année – on était à 8.8% en 1990, donc imagine y a des centaines d’années quand les traditions se sont développées…

 

Sources : http://www.health.qld.gov.au/multicultural/health_workers/Indian-preg-prof.pdf ; http://www.unicef.org/french/publications/files/SOWC2014_FR.pdf

 

(A suivre…)