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lundi, 25 novembre 2019

Pollution en Inde - 1. L'eau

Comme l’Inde n’en est pas à un challenge prêt, elle doit faire face à des problèmes de pollution majeurs.

En lien avec mon précédent post, je commence avec l'eau.

Seulement 30% des eaux usées subissent un traitement quelconque avant d’être rejetées dans un flot effroyable d’effluents industriels contenant des métaux lourds et des produits chimiques toxiques.

Voici certains polluants que l’on trouve dans les eaux indiennes (source). Après, va savoir ce que nous buvons vraiment… et les taux de pollution par rapport à d’autres pays…

  • 14 États ont été testés avec des taux supérieurs à ceux autorisés de fluorure,
  • 28 États (donc tous sauf 1) ont été testés avec des taux importants de salinité
  • 4 États ont été testés avec des taux supérieurs à ceux autorisés de fer
  • 1 État a été testé avec des taux supérieurs à ceux autorisés d’arsenic (le West Bengal, sur les rives du Gange),
  • La présence de métaux lourds a été détectée dans 13 États,
  • Une concentration supérieure à celle autorisé de nitrate (causée par les fertilisants chimiques) a été trouvée dans 11 États.

Souvent les rivières servent de poubelle : 58% des ordures et déchets industriels de Delhi finiraient ainsi dans la Yamuna, dont 57 millions d’Indiens dépendent pour leur consommation quotidienne d’eau et qui représente 70% de l’eau de la capitale.

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Bain dans la mousse créé par les détergents dans la rivière Yamuna

Dans le bassin du Gange, où vivent 37% de la population indienne, l’eau est sacrée mais extrêmement polluée puisqu’elle reçoit des eaux d’égouts non traitées, des corps à moitié calcinés, des produits des tanneries et autres industries, etc.

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Bain dans le Gange, bain purificateur. Ou pas.

lundi, 04 novembre 2019

De la valeur de montrer l'exemple en Inde

Si la plupart des Indiens que j’ai en entretien pensent qu’un bon leader doit montrer l’exemple, je ne suis pas si sûre que cela soit si efficace en Inde. Je m’explique.

J’ai observé deux réactions lorsque j’ai voulu "montrer l’exemple" à ma femme de ménage : l’incrédulité (que moi je passe l’aspirateur) et la vexation (que je passe l’aspirateur à sa place). Dans les deux cas, le résultat est le même : elle me laisse passer l’aspirateur. Soit elle se dit que c’est une de mes lubies, soit elle se dit que si je le fais elle n’a pas besoin de le faire, soit elle se dit qu’elle a toujours passé le balai et que l’aspirateur ce n’est pas pour elle. L’un dans l’autre, l’aspirateur finit par ne pas être passé.

inde,pollution,montrer l'exempleNous avons récemment fait un trek en Uttarakhand et emmené avec nous la nounou de notre fils, une jeune Népalaise. A la maison, elle nous a impressionné dès le début : elle ne jette rien. Même les vieux cartons ou les vieux sacs que je mets à la poubelle finissent toujours par ressurgir. Mon Indien préféré pense que c’est sa culture bouddhiste qui veut ça. Mais notre précédente nounou, une Indienne catholique, était pareille ; même les aliments presque pourris dans le frigo étaient consommés.

Le premier jour du trek, la nounou m’a vu ramasser les ordures le long du chemin et elle m’a confié que ça la faisait réfléchir. Ce n’est pas pour autant qu’elle m’a imitée... (Petite parenthèse : mon intention n'était pas alors de montrer l'exemple, ou encore moins de "donner de leçon" via un comportement (que j'estime (et qui donc reste hautement subjectif)) exemplaire, mais d'ajouter ma petite pierre à l'édifice du nettoyage, parce que je préfère marcher sur un chemin non couvert d'ordures. Et puis si ça aide les gens autour à au moins se poser des questions, c'est tout bénèf.)

Le lendemain, en début de marche, elle sort un chocolat et balance le papier par terre. Comme ça. Devant mes yeux exorbités, elle se reprend et ramasse son déchet. N’empêche que son réflexe est de jeter ses emballages !

Pareil pour notre chauffeur. Pour me réchauffer en attendant le lever du soleil, je ramassai les ordures autour de moi – suivie cette fois-ci par ma nounou. Il m’observa pendant une bonne demi-heure et une heure ou deux plus tard, à la pause, je vis une bouteille jaillir de sa voiture : il se débarrassait de la bouteille d’huile sur le bas-côté.(Au passage, je me demande quand et comment moi et la plupart de mes congénères occidentaux avons perdu cette nonchalance de cracher un chewing-gum par terre ou de nous débarrasser de son papier comme ça, sans attendre une poubelle ?)

Montrer l’exemple n’est peut-être donc pas suffisant. Il est aussi bon d’expliquer. Ou bien de mettre des amendes (quand il s’agit de payer les gens du monde entier comprennent plus vite, c’est marrant). Ou les deux.

Lors d’un voyage d’entreprise dans une réserve naturelle au Népal, un des Indiens de mon groupe avait jeté une cannette vide par la fenêtre du minibus. Autant te dire que mon boss français (qui l’avait ramassée) s’en était étranglé. Pour éviter au patron de péter une durite et à l’Indien de se payer la honte, je pris les choses en main. J’interdis à mes collègues de jeter le moindre papier par terre pendant notre séjour, sans poser de questions. Et lors de notre réunion suivante, je passais une demi-journée en workshop sur l’environnement, en essayant de simplifier au maximum et d’utiliser des exemples qui leur parlent. L’homme à la canette fut le plus enthousiasmé ! On ne lui avait jamais dit tout ça, et ce qui nous semble à nous aujourd’hui un simple geste civique (d’utiliser une poubelle) lui paraissait génial. Il a même fait imprimer des tee-shirts pour ses enfants et utiliser mon power point dans son village pour informer ses congénères !

(Après il faut aussi que le ramassage et le traitement des ordures suivent derrière, car on me rétorque souvent « à quoi bon ? ».)

L’école est un bon moyen de faire changer les choses, et certains établissements (les plus privilégiés pour l’instant) ont embrassé la cause de l’environnement : les enfants ne veulent plus utiliser de pétards, brûler les démons pour Dusserah, allumer des lampes électriques pour Diwali, et font même des collectes de pochon de lait !

Un des piliers de la campagne du Gouvernement actuel est le "nettoyage de l’Inde" (Swachh Bharat ou Clean India Mission), à savoir surtout l’éradication de la défécation en public, avec la donnée de plus de 50% des Indiens qui s'y adonnaient en 2015. Encore faudrait-il traiter les eaux derrière parce qu’aujourd’hui 98% des excréments ne sont pas traités. En plus, ils n'y a pas deinde,pollution,montrer l'exemple système de vidage/traitement des fosses septiques, ce qui repose donc sur une activité manuelle (le manual scavenging). En soi, on peut arguer qu'il n'y a pas de sot ou honteux métier et il faut bien que les gens de cette caste d'intouchables dédiée au vidage des égoûts et des chiottes des autres vivent. Mais au nom du respect de l'homme, cette activité est devenue illégale en 2013. Comme cette loi n'était pas très claire (le scavening n'est interdit que si le travailleur n'a pas d'équipement de protection, ce qui n'est pas défini par le texte) et qu'il n'y a pas toujours de technologie adéquate ou rentable pour les remplacer, cette pratique perdure. Les quelques 5-6 millions de toilettes construits en quelques années sont remplis en quelques mois et ne se vident pas tout seuls... Alors peut-être que chier sur le bord de la route, si ça dérange pas les Indiens (et certains se battent pour conserver ce droit), ce n’est pas si terrible.

Et puis il y a d’autres priorités comme :

  1. Accès de tou(te)s au gaz (ce qui évite de brûler du bois et des bouses dont la fumée provoque des maladies chez les femmes qui cuisinent dans des cagibis pas aérés et qui pourraient utiliser le ramassage passé au ramassage à meilleur escient – mais 45% du gaz/LNG est importé en Inde (surtout du Qatar, de l’Australie et de la Russie) sachant que le gaz naturel représente 8,7% de l’électricité produite en Inde, derrière le pétrole brut (10.3%) et le charbon (72%)).
  2. Accès de tou(te)s à l’eau potable.
  3. Nettoyage des plastiques qui polluent de partout.
  4. Développement des énergies renouvelables.

Bref, un vaste sujet...

lundi, 01 avril 2019

La vie c'est plus marrant en chantant...

Et le nettoyage aussi... L'Inde a son quota de challenges: le tabou des règles des femmes, l'absence de toilettes, le climat qui n'est pas clément sur la plus grande partie du territoire, la pollution, la saleté etc. Alors on peut se lamenter sur son sort ou on peut prendre un sac poubelle et ramasser ses ordures en chantant, comme le propose la municipalité de Gurgaon/Gurugram avec l'association Gurgaon First: