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lundi, 22 avril 2013

Série sur les castes et les inégalités en Inde - Les grandes lignes

Le système des castes en Inde est millénaire. Hyper compliqué mais également assez simple dans les grandes lignes. Il s’agit d’une organisation de la société comme une autre à ceci près qu’elle est complètement rigide et bourrée de codes et de règles.

Il existe 4 varnas ou « familles » de castes (la plus connue étant la caste supérieure, celle des « brahmanes ») et les « hors-castes » connus comme « intouchables » et aujourd’hui appelés « scheduled class ». Les varnas, qui représentent 4 parties du corps du dieu Brahma (voir schéma), sont divisés en milliers de castes, appelées jatis, qui ont chacune un rôle (on pourrait dire un métier) bien particulier. 

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L’Hindou naît dans une caste, en partage les habitudes culinaires, s’y marie et y meurt en espérant renaître dans une caste supérieure. Et on ne se mélange pas. Chacun à sa place et les moutons seront bien gardés comme on dit… 

La Constitution indienne interdit toute discrimination liée à la caste. 

Ceci-dit il n’appartient pas au gouvernement d’abolir un tel système vu que c’est lié à la religion. D’ailleurs, le dernier recensement (2011) incluait une question (optionnelle) liée à la caste.

Le castéisme est un pilier de l’hindouisme : « l’accomplissement de son devoir personnel de caste – et non d’un devoir universel – et le système de réincarnation dans une caste plus ou moins élevée en récompense de vos actions bonnes et mauvaises constituent les deux piliers fondamentaux de cette religion en attendant la délivrance finale et le paradis. »*). A tel point que le Dr Ambedkar a encouragé les Intouchables à se convertir au bouddhisme dans les années 50.

Pour lutter contre cette discrimination, l’Etat a mis en place des quotas d’accès à l’éducation, aux jobs de fonctionnaires, aux sièges politiques. Il y a même eu un président intouchable (K. R. Narayanan).

Le problème c’est qu’aujourd’hui tout est chamboulé et au final ces quotas favorisent des gens à cause de leur statut social (caste) mais pas de leur mérite ni de leur revenus. Et comme ils forment une majorité**, les politiciens ont du mal à changer ce système…  

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A la campagne, où vit encore 70% de la population, le système des castes est encore bien présent et bien rigide.  

Comme dit Sampat Pal***, « l’Inde est un pays libre et indépendant depuis soixante ans : pourtant, les plus démunis ignorent toujours ce que c’est de vivre dans un pays indépendant. Les lois sont modernes, mais, du fait d’une administration gangrenée par la corruption, elles ne sont pas appliquées. En soixante ans, elles n’ont apporté ni justice sociale ni amélioration du niveau de vie pour les plus pauvres. Leur vie quotidienne n’a pas changé d’un iota. » Comme je ne vais pas trop à la campagne je ne peux pas trop commenter là-dessus mais on lit tous les jours des histoires de filles brûlées à l’acide pour avoir voulu se marier avec un homme d’une autre caste et autres joyeuses horreurs…

 

Suite dans le prochain post…

 

* Dans la peau d’un intouchable, Marc Boulet

** D’après le dernier recensement (source : http://www.censusindia.gov.in/2011census) les « intouchables » et les tribus représentent 30% de la population hindoue / 24% de la population indienne. Et si on ajoute les «  pieds » (les « kshudras » ou basses castes) ça nous donne 54% de la population.

*** Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose, Sampat Pal

samedi, 20 avril 2013

Série sur les castes et inégalités en Inde - Le gang des saris roses

C’est quand même marrant… Alors que je lis un livre qui a trait à la pauvreté et les inégalités en Inde, mes collègues me posent des tonnes de questions sur l’intouchabilité et quand je rentre en Inde, je me retrouve embringuée dans une parade d’intouchables…

Ambedkar convoi.jpg

Dans la rue, à Mumbai une voiture avec de la musique et un poster d'Ambedkar et de Bouddha (explication dans le prochain post!)

 

Tout d’abord le livre Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose de Sampat Pal et Anne Berthold (2008).

C’est l’histoire incroyable d’une petite bergère qui a fait la moisson buissonnière pour Moi, Sampat Pal, chef de gang en sari rose.jpgaller à l’école à une époque où les filles n’avaient pas accès à l’éducation. Et puis la petite bergère au caractère bien trempé a commencé à apprendre à coudre et devenir autonome, et découvrir qu’on peut faire changer les choses – ce qui est loin d’être une évidence en Inde, notamment à cause du système des castes qui implique une acception sans condition de l’ordre des choses.

Elle s’est rebellée contre les injustices infligées aux castes inférieures par les castes supérieures ou aux femmes par les hommes, contre la corruption et le détournement de denrées, de terrains, de jobs que le gouvernement réserve aux plus pauvres.

Surtout elle a réalisé que se battre à plusieurs est la seule manière de se faire entendre et elle a rassemblé des milliers de femmes : le gang du sari rose (leur site : ici).

 

Une édifiante lecture !

Suite dans le prochain post…

 

mercredi, 04 mai 2011

Intouchabilité, encore...

Je vais terminer mon histoire sur les « arriérés » (cf http://www.indiansamourai.com/archive/2011/04/14/c-est-quoi-ton-petit-nom-mon-frere.html)

Oui ma note était pleine de mépris et de condescendance.

Mais ce système est tout à fait méprisable. Je citerai ici un expert de l’Inde (Marc Boulet, Dans la Peau d’un Intouchable) :

 

« Les Occidentaux n’y voient que du feu. Ils combattent à juste titre le racisme et l’antisémitisme, mais ils posent un regard indulgent sur le castéisme et considèrent qu’il appartient au patrimoine culturel indien, tel le Tâj Mahal. Le castéisme ne les scandalise pas, c’est lointain et je pense aussi que leur bienveillance naît de l’admiration qu’ils portent à la civilisation brahmanique et du dégoût que leur inspirent les balayeurs et autres intouchables confondus pêle-mêle avec les mendiants et les lépreux pour qui ils n’envisagent qu’une charité dédaigneuse. […] Je n’ai plus peur des mots. Le castéisme est un système ségrégationniste, tout comme l’apartheid en Afrique du Sud. Aussi ignoble, aussi condamnable. On est balayeur et laitier en Inde comme on est noir et métis en Afrique du Sud. C’est la naissance et cela colle à la peau jusqu’à la mort. Comme les pigments. Je le répète : la caste est indélébile. Sans espoir d’ascension sociale. »

 

Voilà.

 

Et puis j’en ai discuté avec des Indiens. Ce mot de « arriéré » a été trouvé par le Gouvernement lors de l’Indépendance. L’idée était alors de créer des quotas (pour l’éducation, pour l’emploi public (22.5%), pour les sièges au Parlement (17.5%)) pour les défavorisés, et les femmes. Ces quotas avaient été créés pour 10 ans. Lors de la révision, à la fin des années 80, le Gouvernement a jugé que le délai était trop court, a créé la classe des « Autres Arriérés » et augmenté les quotas.

Comme ce sont les Intouchables qui votent, et qu’ils représentent plus de 50% de la population, les quotas n’ont plus rien de temporaire…

Et ça énerve les autres parce que les quotas ne ciblent que les castes et pas les revenus : de pauvres Brahmanes n’y ont pas accès tandis que de riches Intouchables oui.

Pas facile !

 

Source : Mes amis et http://reason.com/archives/2010/05/04/indias-government-by-quota