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jeudi, 26 février 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 5. Le débarquement à l’hôpital

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A 2h45, au son d’une fanfare disco dans la rue (on cherchera pas à comprendre, c’est Mumbai), nous partîmes enfin pour l’hôpital où nous fûmes reçus par une infirmière perspicace « vous êtes enceinte ? Et vous venez pour quoi ?? ».

 

A 3h00, une employée de l’hôpital m’enchaînait à une chaise roulante – je pensai bien protester, pour la forme, et pour l’absurdité de la chose, et parce que j’en avais le droit (après tout j’étais enceinte et sur le point d’accoucher, on m’aurait bien passé un petit caprice), et y aller à pied, ou en tout cas pas sanglée. L’Inde, terre de contrastes et contradictions, est un pays où tout se vérifie, et son contraire aussi… Ainsi, si la plupart des Indiens vivent dans le plus grand mépris des règles (de conduite, de file d’attente etc.), certains dont la profession se résume à quelques tâches simples et répétitives préfèreraient se faire couper un bras que de déroger à leurs instructions. Je renonçai donc à discuter et partie dans les étages dûment harnachée sur ma chaise.

 

A 3h05, nous étions dans la chambre.

A 3h07, j’avais enlevé la pile de l’horloge dont le tic-tac m’irritait.

A 3h10, j’observais, médusée, l’interne de service mesurer la durée de mes contractions les yeux rivés à l’horloge. Il lui fallut bien une minute pour réaliser que l’aiguille ne bougeait pas ! On lui donnera l’excuse de l’heure indue…

 

A 3h18, ma copine de la chaise roulante m’enlevait mon beau vernis rose-orangé. C’était bien la peine de se faire belle ! Là encore j’envisageai de protester. Mais je me rappelai le commentaire tout récent de ma mère à propos de sa propre opération : vernis interdit car le personnel médical peut ‘voir’ la pression sanguine à la couleur des ongles.

 

Je passais les deux heures suivantes sur la balle d’exercice que ma sage-femme avait réussi à faire passer en douce, à me tordre de douleur au gré des contractions. Je gérais à peu près jusqu’à l’arrivée de la gynéco. D’humeur quand même joyeuse, je voulus lui raconter la blague que le radiologue m’avait sortie le matin même : « si vous arrivez à accoucher naturellement de ce gros bébé (1) je viendrai vous serrer la main à l’hôpital ». Sauf que je ratai complètement mon effet : une contraction me secoua violemment en plein milieu de ma phrase et je dus la finir dans les larmes. Je compris que la gynéco crut que j’avais pris le radiologue au sérieux quand elle me lança en partant « allez, on va montrer à ce type comme il se trompe ! ». D’ailleurs j’appris plus tard que ce petit plaisantin de radiologue était un récidiviste : il avait choqué ma copine avec cette même vanne et, avec son sens de l’humour yougoslave, elle n’avait plus remis les pieds au laboratoire !

 

(1) Estimé à 3,6 kilos le bébé était dans la moyenne française – ce que j’ignorais – mais 900 grammes au-dessus de la moyenne indienne (3,5 vs 2,7 kgs, source : http://www.doctissimo.fr/html/sante/bebe/sa_308_normal.htm; http://www.babycenter.in/a1015212/your-low-birth-weight-baby#ixzz3PZguMc2A)

 

(A suivre…)

mardi, 24 février 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 4. Les derniers préparatifs

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Vint ensuite le temps du congé maternité que je commençais une quinzaine de jours avant la date prévue de livraison* (* en anglais delivery désigne la naissance et la livraison et la fatigue aidant je fis une fois ou deux l’amalgame en français). Je m’étais fixée une to-do liste exhaustive avant de devenir mère : acheter un frigo et une machine à laver qui ressemblent à quelque chose (on avait déjà le berceau !), faire du beurre de cacahuètes, finir la série Orange Is the New Black et m’offrir une coupe de cheveux / manicure-pédicure. D’une part parce que je pensais que je n’aurais pas trop le temps avec le nouveau-né et (c’est très frivole et ça ne me ressemble pas (ça doit être les hormones) mais) je voulais avoir une tête décente sur la photo où on te colle le nourrisson dans les bras. Avec l’arrivée de mes parents et de ma belle-mère, il me fallut bien une semaine pour mener à bien ces  opérations…

 

J’ai fait halluciner pas mal d’Indiens autour de moi en allant vagabonder seule (c’est-à-dire prendre le ptit-dej avec une copine) à J+1, puis en descendant et montant les escaliers comme une maniaque à J+2. Et j’ai moi-même pas mal halluciné quand par exemple ma belle-mère me prédit la date d’accouchement indiquée par les étoiles. Ou qu’elle m’apprit qu’au Kerala, l’accouchée doit passer les dix premiers jours alitée, pour récupérer (cf la note Bébés made-in-India – 3). Résultat des courses, j’accouchai dans le plus grand chaos astral (ou en tout cas dans le plus grand mépris des prédictions astrales) et, deux jours après mon retour à la maison, j’étais perchée sur un tabouret à réorganiser les placards de la cuisine… N’y voyons là aucune provocation ;)

 

(A suivre…)

dimanche, 22 février 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 3. Choisir son accouchement

épidurale,isolement,coutumes,sexe,accouchement,sage-femme,couche,massage,emmailloter,langer,allaitementLa grossesse c’est bien, mais c’est pas l’tout, vint le moment d’accoucher. J’étais vraiment pas pressée mais, comme j’ai lu quelque part, on n’a jamais vu une femme enceinte de 24 mois !

 

Bien décidée à suivre les voies de Mère Nature autant que faire se peut (pour l'accouchement (comme pour le reste, i.e. la grossesse (faire confiance, médicaliser le moins possible), l'allaitement etc.), je me laissais convaincre par la sage-femme britannique de tenter l’expérience aquatique… Elle avait des arguments sympas, genre l’effet relaxant de l’eau chaude qui serait un antidouleur naturel.

 

D’ailleurs pour appuyer son plaidoyer, elle ne trouva rien de mieux que de me montrer, comme ça, sans préparation ni rien, une vidéo d’accouchement dans l’eau à la maison. Ce fut très, très dur de ne pas fondre en larmes. Et pas d’attendrissement devant ce miracle de la nature, non. De terreur. J’en reste traumatisée, d’avoir vu cette énorme femme aux seins lourds accoucher dans son salon, avec sa fille aînée, son mari, sa mère, son chien.

 

On dit que donner la vie est la plus belle chose du monde. Mais alors pourquoi tant de souffrance hein ? La sage-femme, se voulant rassurante, commenta sa vidéo : « tu vois, parfois, elle arrive même à sourire entre deux contractions ». Si c'est pas une bonne nouvelle ca !!

Bon, de toute façon, cette douleur j’étais incapable de me l’imaginer alors je me concentrais sur un détail qui peut sembler trivial : l’énorme poitrine nue de cette mère. Tout en moi se rebiffait ; déjà que je considère l’accouchement en soi comme un attentat à la pudeur… J’en étais au stade où j’envisageais sérieusement d’aller mettre bas ni vu ni connu j’t’embrouille toute seule dans ma salle de bain quand la sage-femme ajouta, comme si elle avait lu dans mes pensées : « t’inquiète pas, tu peux garder un tee-shirt, une brassière ou un soutif de sport ». Et d’ajouter « c’est quand même la manière la plus intime d’accoucher, car tu es toute seule dans ta piscine, personne pour te reluquer l’entre-jambe ». Vendu !

 

A quelques semaines du jour J, je me rendis à la piscine d’un hôtel pour tester les eaux… J’étais en effet curieuse de voir si ça aurait l’effet voulu : tout le monde me recommandait la flotte pour me soulager, me sentir plus légère. Je ne me suis pas sentie plus légère en entrant dans l’eau… En revanche je me suis sentie plus lourde en sortant !! Comme de toute façon je ne souffrais pas de problèmes de pesanteur ni de centre de gravité déplacé, je décidai de m’en tenir à cette expérience. Qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille…

 

(A suivre…)