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lundi, 15 septembre 2008

Kamasutra

Le soir où je rencontrais Shiv, il me demanda ce que les Français connaissaient le plus de l’Inde ? Gandhi ? Le Taj Mahal ? Et moi : « non, non, le Kamasutra ». J’avais lu le matin même que le Kamasutra était plus vendu en France qu’en Inde, et l’alcool aidant… Mais c’est mortifiée que je me suis réveillée le lendemain matin : faut être folle pour parler du Kamasutra comme ça. Déjà que les filles occidentales ont des réputations de s… ici, je me suis grillée en beauté !! Le reste de la soirée me revenant en mémoire, je me suis rassurée. Ne m’a-t-il pas dit plus tard : « Tu te souviens de mon nom ? Shiv, comme Shiva, le Dieu dans le Kamasutra » !!

 

On entend souvent (pas toujours, ni dans toutes les bouches, mais souvent) en Inde « pas de sexe avant le mariage », « un mariage arrangé dure plus longtemps qu’un mariage d’amour », « le divorce est une mauvaise chose qui vient de l’Occident », « les femmes doivent servir les hommes ». Ce qui nous donne une image de frustrés. Et pourtant, pourtant. L’auteur du Kamasutra était indien, qui a défendu la femme, l’amour dans le mariage, le divorce etc. Bon, déjà qu’aujourd’hui on ne peut que parler des « multiples visages » de l’Inde, on imagine bien que depuis 1 700 ans les mentalités ont sacrément évolué. Ce qui est quand même marrant c’est que c’est toujours un ouvrage de référence dans l’Occident ! C’est d’ailleurs un peu triste qu’aujourd’hui des types bannissent les livres d’éducation sexuelle, notamment au Gujarat et dans le Maharashtra…

 

D’abord une petite précision : contrairement aux idées reçues, le Kamasutra n’est PAS un recueil de positions sexuelles. C’est un livre sur l’art de vivre – comment trouver un partenaire, maintenir le pouvoir dans le mariage, être adultère, vivre comme ou avec une courtisane, utiliser des drogues – et aussi sur les positions sexuelles.

 

Ensuite un petit historique : Il a été écrit il y a 1 700 ans en sanscrit par Vatsyayana.

Il fait partie d’une trilogie de livres sur les sciences humaines de l’Inde ancienne (indispensable pour toute bonne éducation) :

-          Kama (désir/amour/plaisir/sexe) à Kamasutra ou Kamashashtra

-          Dharma (devoir/moralité/moi/religion) à Dharmasutra ou Dharmashashtra

-          Artha (argent/pouvoir politique/succès matériel) à Arthasutra ou Arthashashtra

 

Traditionnellement, la première transmission du Kama Sutra (« discipline de Kama ») est attribuée à Nandi, le taureau sacré de Shiva, son gardien. Tandis que les bruits de l’acte d’amour entre Shiva et sa femme Parvati lui parvenait et l’émouvait, il a décidé de les transcrire pour la postérité, au profit de l’humanité. Faut dire que leurs ébats ont de quoi faire frémir les plus intrépides !

 

Il est composé de 7 livres, qui parlent de désir, amour, timidité, rejet, séduction, manipulation. Seul le livre numéro 2 traite de sexualité proprement dite : typologie sexuelle, positions sexuelles, embrasser, mordre, gifler, sexe oral et hors du commun etc. Peut-être à cause de ses illustrations (qui n’était pas originellement dans le livre), le livre 2 a complètement évincé les 6 autres dans l’imagination populaire.

1.       Introduction

2.       De l’union sexuelle (y compris 64 genres d’actes sexuels)

3.       Comment acquérir une femme : les formes de mariage, comment trouver et gérer une femme.

4.       A propos d’une femme : code de conduite si une ou plusieurs femmes.

5.       A propos de la femme des autres : comment choisir un amant, faire de l’argent etc.

6.       A propos des courtisanes

7.       Les moyens pour attirer l’autre : comment améliorer ses atouts physiques.

 

La 1ère et plus connue traduction (du Sanskrit) du Kamasutra est due à Richard Burton – avec tout le travail de préparations de 2 thésards indiens Bhagwanlal Inderjit et Shivaram Bhide. Burton a donc davantage travaillé à la publication qu’à la traduction ; ce qui ne réduit pas son mérite vu que publier le Kamasutra pendant l’ère victorienne puritaine et prodigue en lois anti-obscénité (1883) ça relevait de l’exploit ! La version officielle a été publiée en 1962 en Angleterre et aux Etats-Unis.

 

De la femme : L’impression générale demeure que le Kamasutra est patriarcal et misogyne. Or Vatsyayana a argumenté, dans des écrits aujourd’hui disparus, contre la misogynie de textes érotiques antérieurs à son ouvrage (y coHampi119_-_Virupaksha_Temple.JPGmpris les Dharmashastras). Mais bon, faut aussi remettre dans le contexte : compte tenu de l’époque, il est normal de trouver quelques éléments de ce genre dans le Kamasutra. Globalement, le Kamasutra donne quand même une place particulière à la femme – qui a un rôle entier dans l’acte sexuel, n’est pas seulement un objet érotique mais a des émotions, s’épanouit (et d’ailleurs plus elle s’épanouit, plus grand sera le plaisir de l’homme), dont il faut prendre un soin particulier quand elle est vierge. D’ailleurs, Vatsyayana recommande que les femmes étudient le Kamasutra, même avant la puberté.

Attention, Vatsyayana n’idéalise pas les femmes, il porte juste un regard aussi cynique sur les hommes que sur les femmes, sur le plan sexuel du moins.

 

Du divorce : Alors que le livre sur le Dharma condamne violemment le divorce (« la femme doit servir son mari comme son Dieu »), Vatsyayana dit qu’une femme que son mari ne satisfait pas sexuellement a le droit de le haïr et de le quitter pour un autre. Il explique d’ailleurs bien comment une femme doit s’y prendre pour se débarrasser d’un homme (…) : «  Elle fait pour lui ce qu’il ne veut pas qu’elle fasse, et refait sans cesse ce qu’il a critiqué… Elle parle de choses dont il ne sait rien… Elle ne montre pas d’ébahissement mais seulement du mépris pour les choses qu’il connaît. Elle blesse sa fierté. Elle a des liaisons avec des hommes supérieurs à lui. Elle l’ignore. Elle critique les hommes qui ont les mêmes défauts. Et elle remet à plus tard quand ils sont tous les deux seuls. Elle est énervée par les choses qu’il fait pour elle pendant l’acte sexuel. Elle ne lui offre pas sa bouche. Elle le tient éloignée d’entre ses jambes. Elle est dégoûtée par les bruits d’ongle ou de dents quand il essaye de l’embrasser. […] Elle veut seulement dormir. Quand elle voit qu’il est épuisé, elle exige du sexe. Elle rit de lui quand il ne peut pas, et ne montre pas de plaisir quand il peut. Quand elle se rend compte qu’il est excité, même en plein jour, elle se mêle à une foule. Elle déforme exprès ce qu’il dit. Etc.» Universel!

 

De l’amour dans le mariage : Vatsyayana était d’ailleurs hyper novateur: il a introduit la notion d’amour dans le sexe. Il alla même jusqu’à dire que le but ultime du mariage est de développer l’amour dans le couple et considère ainsi le mariage d’amour (encore très rare dans la société indienne contemporaine) comme une forme proéminente de mariage.

 

Et la place de l’homosexualité ? Dans le Kamasutra, l’homosexualité n’a pas le même sens qu’aujourd’hui : un homosexuel est quelqu’un qui ne peut pas ou ne veut pas se reproduire. « Sucer son masseur » n’est donc pas considérer comme un acte homosexuel.

 

De l’influence du Kamasutra aujourd’hui :

Les Occidentaux, pourtant « highly-sexualised » ont besoin de pêcher dans la littérature indienne pour leurs ouvrages consacrés au sexe. Pourquoi ? Ben d’abord parce que ce n’est pas dans la tradition de considérer le sexe comme un moyen d’atteindre la Vérité. Pour les Judéo-chrétiens par exemple, à part le Cantique de Salomon (voir texte ci-dessous) et ses quelques passages érotiques, il n’y a rien.

Ce qui est intéressant, c’est que suivant les époques, les auteurs occidentaux n’utilisent pas les mêmes éléments du Kamasutra.

Par exemple, en 1972, Alex Comfort s’inspirait surtout des positions sexuelles dans Joy of Sex. Sans doute était-ce le plus pertinent dans les années 70, alors que l’on découvrait la liberté sexuelle en Europe et aux Etats-Unis ; la pilule venait d’arriver et les couples découvraient les joies du sexe libre.

En 2008, à l’ère des traitements hormonaux, du Viagra et des thérapies sexuelles, Susan Quillian auteur de New Joy of Sex, observe qu’il y a d’autres enseignements à pêcher dans le Kama Sutra, comme : « admettre que le sexe est un apprentissage pour tous et ne doit pas être considéré comme acquis, penser que le sexe est un moyen positif et puissant d’auto-développement et d’illumination, mettre l’accent sur la pratique méditative et la conscience de soi dans la sexualité et aussi sur l’importance du plaisir pour les femmes. Aucun autre texte n’a consacré autant de lignes aux aspects les plus fins de l’art de faire l’amour, ce qu’est vraiment faire l’amour et pas seulement le sexe. »

 

Cantique de Salomon – Ancien Testament – Chapitre 1:1-1

[L'épouse exprime ici son amour pour son époux, et l'époux son amour pour son épouse.]

1:2 Qu'il me baise des baisers de sa bouche ; car tes amours sont plus agréables que le vin.

1:3 À cause de l'odeur de tes excellents parfums, ton nom est [comme] un parfum répandu : c'est pourquoi les filles t'ont aimé.

1:4 Tire-moi, et nous courrons après toi ; lorsque le Roi m'aura introduite dans ses cabinets, nous nous égayerons et nous nous réjouirons en toi ; nous célébrerons tes amours plus que le vin ; les hommes droits t'ont aimé.

1:5 Ô filles de Jérusalem, je suis brune, mais de bonne grâce ; je suis comme les tentes de Kédar, et comme les courtines de Salomon.

1:6 Ne prenez pas garde à moi, de ce que je suis brune, car le soleil m'a regardée ; les enfants de ma mère se sont mis en colère contre moi, ils m'ont mise à garder les vignes ; et je n'ai point gardé la vigne qui était à moi.

1:7 Déclare-moi, toi qu'aime mon âme, où tu pais, et où tu fais reposer [ton troupeau] sur le midi ; car pourquoi serais-je comme une femme errante vers les parcs de tes compagnons ?

1:8 Si tu ne le sais pas, ô la plus belle d'entre les femmes ! sors après les traces du troupeau, et pais tes chevrettes près des cabanes des bergers.

1:9 Ma grande amie, je te compare au plus beau couple de chevaux que j'aie aux chariots de Pharaon.

1:10 Tes joues ont bonne grâce avec les atours, et ton cou avec les colliers.

1:11 Nous te ferons des atours d'or, avec des boutons d'argent.

1:12 Tandis que le Roi a été assis à table, mon aspic a rendu son odeur.

1:13 Mon bien-aimé est avec moi comme un sachet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes mamelles.

1:14 Mon bien-aimé m'est comme une grappe de troëne dans les vignes d'Henguédi.

1:15 Te voilà belle, ma grande amie, te voilà belle ; tes yeux sont [comme] ceux des colombes.

1:16 Te voilà beau, mon bien-aimé ; que tu es agréable ! aussi notre couche est-elle féconde.

1:17 Les poutres de nos maisons sont de cèdre, et nos soliveaux de sapin.

Sources: Article_The Rediscovery of Kamasutra_120608.pdf; Article_TOI_Kama Sutra retold_010908.pdf

mardi, 20 mai 2008

Hijras - Le 3ème sexe en Inde - Suite

Le monde est fou… Voilà ce que j’ai pensé en lisant un article à propos du mariage à Mexico (pourtant très conservateur) de Mario et Diana Guerrero, anciennement et respectivement Maria et Jose. Une femme devenue homme épouse un homme devenue femme. Comment faire simple quand on peut faire compliqué ?? C’est donc un mariage transexuel ("transgender wedding" dans la presse - voir définitions en bas de page) qui a eu lieu…
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Ce qui m’a rappelé mon article sur les hijras en Inde (voir la rubrique docs à gauche) et j’ai décidé de me remettre à la page. Une petite recherche et je vous annonce avec joie que l’horizon à l’air de s’éclaircir pour le 3ème sexe… Voici pour vous la traduction de 2 articles du Times of India (datés des 13 avril 2008 et 22 janvier 2006) :

« On les repère au feu rouge grâce à leur maquillage, leurs saris aux couleurs pétantes et leurs fleurs dans les cheveux, raillant et exigeant quelques roupies. On ne les voit que là et lors de rassemblements où elles viennent demander de l'argent. Le troisième sexe en Inde est une communauté mal comprise souffrant du stigmate social et qui a longtemps été marginalisée.

Mais les temps changent. Aujourd'hui, elles sont actrices de série et mannequins pour calendrier, elles ont des permis de conduire, elles se présentent aux élections, elles travaillent dans des call centers. Le troisième sexe en Inde sort lentement du placard et se dé-marginalise.

Elles obtiennent enfin l’appui (tardif) du gouvernement et des ONG. Le gouvernement du Tamil Nadu, en effet, a récemment décidé de leur accorder un statut officiel et de leur donner des tickets d'alimentation (ration cards = tickets distribués par le gouvernement qui permet aux plus pauvres de se nourrir).

Rose – animatrice télé : est le premier membre du troisième sexe à présenter une émission de débats, sur une chaîne Tamoul, témoigne : « je voulais défier la société, je voulais que les gens comprennent qui je suis réellement. » […] Rose fait partie des membres du troisième sexe qui ouvrent la voie. Rahul Singh, un activiste de la fondation Naz, indique que plusieurs de ses amies appartenant à cette communauté travaillent dans des call centers et gèrent leurs propres entreprises. Les familles acceptent peu à peu ces transformations. Il rappelle l’histoire de cette une famille de la classe moyenne qui non seulement a accepté le statut transsexuel de son enfant mais a également accepté son mariage. Elle était allée à l'école et l'université en tant que mâle. Ca a été un choc pour la famille quand elle a décidé de suivre son coeur mais ses parents l’ont acceptée maintenant.

D'autres comme elle trouvent également des partenaires pour la vie en dehors de leur communauté. Padmini – mariée : elle a épousé son petit ami Prakash et a été accepté par ses beaux-parents. Selon Lakshmi Bai, directeur de projet de l'initiative d’une association contre le SIDA du Tamil Nadu (TAI), « il est très important qu’elles prennent conscience de leur talent. Récemment, certains de nos membres du troisième sexe ont participé à un concours régional. Impressionné par leur performance, le présentateur lui-même a reconnu que c'était la première fois que quelqu'un avait répondu bon à toutes les questions. Les gens ont été stupéfiés et les ont applaudies. En fait, cela a même permis aux familles de faire le premier pas et se réconcilier avec elles. 

« Faire du mannequinat ou de la politique, danser... leurs horizons s’ouvrent comme jamais. Alors que Shabnam Mausi de Bhopal est devenue le 1er membre du troisième sexe à gagner un siège à l’Assemblée il y a quelques années, Sridevi de Bangalore fait des vagues dans le monde du mannequinat. Récemment, elle a posé pour un calendrier réalisé par le photographe K Venkatesh, qui l'a rencontrée dans la rue et a été tellement frappé qu’il lui a proposé de poser pour lui. Le succès de la récente exposition de ses photographies permet à Sridevi d’être excitée à l’idée de perspectives futures. Comme elle, Padmini, 27 ans, transsexuelle, a été acceptée dans le monde artistique en tant que danseuse de Bharatanatyam (danse classique indienne originaire du Sud de l’Inde – voir photo : Narthaki danseuse transgendre également). Elle danse sur scène à Mumbai et à Chennai et jouera bientôt dans une série aux côtés de la 1972244386.jpgstar Tamoul Khushboo. « On m’a dit que mon rôle ne sera pas l'un de ces rôles typiquement réservés aux membres du troisième sexe mais celui d’un élément de la société traditionnelle. ».

Rahul Singh indique que les employeurs dans des grandes villes commencent à accepter d'avoir des employés transsexuels. Akkaamma de Bangalore, née Jagdish, indique que quand elle était à l'université, la discrimination était telle qu’elle a dû arrêter ses études parce qu'il n'y avait aucune aide et personne à qui s’adresser. Mais maintenant, 10 ans plus tard, avec des ONG soutenant notre cause, les gens comme nous sentent renaître l’estime de soi. Ils sont prêts à reprendre le combat pour se faire accepter. »

Le nombre d'incidents de discrimination au travail et à la maison contre les membres de cette communauté au travail a également diminué ces dernières années. « Jusqu'à très récemment nous recevions environ 100 cas de discrimination par mois mais maintenant seulement 10-12 » témoigne Akkaamma, qui travaille avec Sangama, une ONG qui agit en faveur du sexe marginalisé. Elle a le sentiment que le mouvement du gouvernement du Tamil Nadu aura des répercussions en offrant à la communauté de vivre dans la dignité.

D’avoir un statut officiel leur permet d’obtenir des permis de conduire, des tickets d'alimentation et des passeports. Revathi de Bangalore est l'une des rares à avoir un permis, acquis avec beaucoup de difficulté. Elle conduit maintenant un scooter pour aller travailler. Comme Rose témoigne : « maintenant, avec le succès de mon émission, appréciée par tous les segments de la société, ma famille m'a peu à peu acceptée. Beaucoup de gens m'appellent pour me dire que « je veux être comme vous ». Article_Times of India_From the shadows_130408.pdf

Les filles de Lucknow, de Patna, d'Ahmedabad, de Jaipur et de Ludhiana, selon une enquête sur le sexe réalisée par un important magazine hebdomadaire, perdent leur virginité bien avant (15-18 ans) les filles des grandes villes. Les femmes à Ahmedabad et à Jaipur demandent plus de variété dans le sexe. Les gens de Patna sont ceux qui matent le plus de pornographie. On entend beaucoup d’histoires de jeunes mariées lesbiennes à la campagne, de changement de sexe d'un instituteur de village du Bengale occidental, de groupes de filles chopées à mater des films de cul dans des cybercafés... La révolution du sexe a-t-elle vraiment touché l’Inde des petites villes ?

« Aujourd'hui faites attention un samedi soir. À Bombay, des hommes en sueur, torse nu, dansent avec d’autres hommes au Voodoo, le premier bar (ouvertement) gay du pays. Dans la ville méridionale de Bangalore, comme dans beaucoup de plus petits centres, des couples qui se trouvent par petites annoncent commencent discrètement des parties d’échangisme. De plus en plus Indiens ont décidé qu'ils ne se satisferont pas d’aperçus ou de rêves, et un genre de révolution sexuelle se fait sentir – cela ne fait que s’ajouter aux autres inévitables changements sociaux en cours. » Ceci est extrait d'un rapport du Times au sujet de la révolution sexuelle de l'Inde paru en 1996. Clairement, nous avons parcouru un long trajet ces 10 dernières années. La petite ville a dépassé la grande. L'histoire du changement de sexe de Mafatlal ne nous amuse plus. Les riches et les célébrités ont les moyens d'avoir de telles prérogatives. On n’en a pas fait un foin quand le Metro de Mumbai a annoncé l’ouverture d’un espace libre appelé le Drop-In Centre où les communautés lesbienne, gay, bisexuelle et du transgendre peuvent passer du temps sans être poursuivie ou condamnée.

Intéressons-nous à l'histoire d'Unnimaya, 23 ans, et de Sheela, 21 ans, deux lesbiennes du Kerala. Après le meeting de l’International Lesbian and Gay Law Association à Toronto l'année dernière, E J Graff, un thésard au Centre de Recherches des Etudes des Femmes Brandeis a écrit un article au sujet des jeunes mariées lesbiennes en Inde. « Vers la vingtaine, ces femmes se rencontrent et tombent amoureuses ; une fois que la menace d’un mariage arrangé se fait sérieuse, elles s’enfuient loin de leurs parents et font leurs propres cérémonies de mariage dans des temples hindous, échangeant des guirlandes et s’oignant le front l’une de l’autre avec des points rouges. En réponse, chaque couple de parents accuse l'autre femme d'avoir enlevé leur fille et envoie la police pour ramener les femmes de force. Mais par rapport à il y a trois ans, la fin de l'histoire change. Alors que les femmes se suicidaient, elles sont maintenant soutenues devant le tribunal par des groupes de femmes locales ou des groupes lesbiens en ligne – et les juges locaux, incroyablement, se mettent du côté des femmes. Quand les familles harcellent les femmes, les juges ordonnent réellement la protection de police. Les journaux indiens, naturellement, aiment ce genre d’histoires juteuses, pleine de désobéissance, de romance, et de sexe illicite entre femmes (qui n'est pas illégal, puisque la section 377 ne s'applique qu’aux hommes).

Ainsi, chaque couple de mariées inspire plus de femmes dans cette vaste nation. »

La révolution sexuelle a-t-elle donc vraiment touché Inde des petites villes ? Oui. Les opérations de changement de sexe ont eu lieu dans un village au Gujerat, déjàen 1987. Tarulata/Tarun Kumar est passé de l’état femelle à l’état mâle et a épousé Lila en 1989. Le père de Lila a fait passer une pétition à la Haute Cour du Gujerat prétextant que c’était un mariage lesbien et stipulant que le mariage devait être annulé. La pétition citait que « Tarun Kumar ne possède ni l'organe masculin ni n'importe quel mécanisme normal de cohabitation, de rapports sexuels et de procréation des enfants ». L'adoption de mécanisme artificiel ne crée pas la virilité et donc Tarun Kumar n'est pas un mâle. La pétition a réclamé  une action criminelle sous la section 377.

Dans un article intitulé La loi et l'homosexualité en Inde, Sriniketan écrit : « le concept de la famille se rapporte à un établissement universel, permanent et dominant caractérisé par l'accès à la sexualité et la reproduction socialement approuvés, à une résidence commune, à des services domestiques et à une coopération économique. Laissez-moi citer 2 exemples de système alternatif de mariage tels qu’ils existent en Inde. Parmi la communauté de Nayar en Inde Du sud, qui a suivi le système matriarcal de descendance, plusieurs hommes pourraient avoir accès à une femme à travers les rites de Tali et les unions Sambandham. La chaîne de Tali et le cadenas portés autour du cou sont attachés par un homme d’une certaine sous-caste qui a la capacité d’accomplir le rite, et ceci lui donne des droits sexuels sur la femme. Ces droits sont automatiquement étendus à n’importe quel homme d’une sous-caste supérieure (mais toujours dans la même caste), en général Nambudiri, qui est attiré par la femme et que celle-ci juge acceptable. Les hommes qui ont eu des relations Sambandham n'ont aucun droit exclusif en tant que mari ou père; la femme pourrait retirer l'accès sexuel qui leur a été donné à tout moment si elle le souhaitait. Elle a reçu le droit sur sa progéniture dans son Tarawad (foyer de la famille matriarcale). Dans le NayarNambudiri Sambandham, l’homme n’a pas le droit de diner avec son épouse ou enfants, et encore moins de partager les corvées domestiques ou toute activité économique.

Dans un petit village Angaar au Gujerat, au sein de la communauté Kutchi, un mariage ritualiste transgendre est exécuté pendant la période du festival de Holi. Ce mariage qui est célébré chaque année depuis 150 ans est peu commun parce qu'Ishaak, le jeune marié, et Ishakali, la jeune mariée, sont deux hommes. »

Ainsi,  tous ces actes « explicites » de sexualité ont eu lieu depuis des décennies, des siècles. Le Kamasutra a ses origines dans ce pays... On ne peut pas nier que le tabou et les restrictions en matière de sexe, de préférences et habitudes sexuelles se sont allégés aujourd’hui. Aujourd’hui, même dans l’Inde des petites villes. […] Article_Times of India_Sex revolution in small town_220106.pdf

Définitions (Wikipédia) :

Transidentité ou transsexualisme = situation dans laquelle une personne a la conviction qu'elle est du genre sexuel opposé à celui qui lui a été assigné, à sa naissance, en fonction de l'apparence de ses organes sexuels externes. Le transsexualisme n'a aucune incidence sur l'orientation sexuelle d'un être humain.

Transgenre = terme plus global pour désigner la situation d'un individu dont l'identité sexuelle est en conflit avec celle traditionnellement attribuée aux personnes de même sexe. Mais cette utilisation du mot « transgenre » est trompeuse, car il est aussi utilisé pour désigner des personnes qui sont dans une dynamique très différente de celles des personnes transsexuelles, à savoir celle de personnes qui n'entreprennent pas (et ne veulent surtout pas entreprendre) d'opération de réattribution de sexe.

Il est donc important de distinguer les personnes dites « transsexuelles » — pour qui le fait de « restaurer » leur corps (de le mettre en conformité avec le genre auquel elles s'identifient) — des personnes « transgenres » — qui ne ressentent pas ce besoin et dont l'identité de genre est souvent beaucoup plus complexe que celle des personnes transsexuelles. 

jeudi, 15 mai 2008

Le sexe est le prix que les femmes paient pour se marier. Le mariage est le prix que les hommes paient pour avoir du sexe.

Citation en titre d'Allan Pease (Extrait de Pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ) / METTEZ LE SON POUR CETTE NOTE!

 

A votre avis, pourquoi est-ce si important en Inde que les filles restent vierges jusqu’au mariage (quitte à leur couper toute vie sociale, limite les séquestrer et leur imposer un mari)? Ben ptêt pasqu’en tout Indien sommeille un Michel Fourniret… Flippant (Extrait du Monde, le 14.05.2008):

« Il reconnaît qu'il "reste un individu dangereux". Il date cette dangerosité de sa rencontre avec Annette, sa première épouse, dont il a découvert la non-virginité au soir de leurs noces en 1966. Fourniret en aurait conçu une déception dont il ne s'est jamais remis. "Dans les diverses étapes de mon parcours, tant que je n'ai pas eu la réponse à la question que je m'étais posé à mon premier mariage [la quête de la virginité], je suis devenu quelqu'un de dangereux", a-t-il indiqué. A l'en croire, si ce soir-là Michel Fourniret avait – ainsi qu'il en rêvait – défloré sa jeune épouse, son existence en eût été autre. "Je me connais suffisamment pour savoir que pour moi ça aurait été le jour et la nuit. Ça aurait tout changé", estime-t-il, sûr de lui.

Pendant son périple meurtrier, Michel Fourniret a cru "faire [l'expérience de la virginité] avec Céline Saison", tuée de ses mains en mai 2000, mais il a eu un "doute dès qu'[il] a redémarré". A ce jour et selon lui, Fourniret n'en a toujours pas terminé avec son obsession. »

521783860.jpgCe qui nous amène tout naturellement à parler sexualité indienne et surtout virginité (de la femme).

D’abord il faut savoir que si près de 63% des Indiens s’attendent à épouser des vierges, 49% ont eu des relations pré maritales avec une prostituée (comme au temps de mon grand-père en somme) et 37% ont eu une expérience homosexuelleSource : Indianpad.com citant India Today magazine 2006.

Les Indiens (enfin surtout les Indiennes) attendent donc le W-Day pour consommer. Résultat, les Indiens perdent leur virginité en moyenne à 22.9 ans ; seuls les Malaysiens les battent (23 ans) – Source : Times of India (05.07.07) – ce serait 17,5 ans pour les FrançaisSource : lci.fr (05.06.03).

Mais comment savoir si la mariée est vierge ?? Facile…

Soit on fait le test « Kukari ki Rasam » (le rituel de la cordelette) : on utilise un espèce d’écheveau pour détecter la présence de l’hymen intact. Il y a aussi le test « Paani ki Dheej » (pureté par l’eau) : la femme doit retenir son souffle sous l’eau pendant qu’une autre personne descend 100 marches ; si elle craque, elle n’est pas vierge. Et enfin le test « Agnipariksha » (le test du feu) : la mariée doit marcher sur du fer chaud sur les mains avec juste une pâte faite de feuilles et de farine pour se protéger les mains de la chaleur ; si elle se brûle les mains, elle est impure. Ils ont de l’imagination ces Indiens… Et pourquoi croyez-vous qu’ils ont inventé ses douces formes de torture qui auraient épargné bien du souci à Michel Fourniret ?? Hormis le plaisir d’une bonne raclée et d’une humiliation publique de la fille, les maris de femmes impures s’offrent un bon pactole : ils obligent les épouses à révéler (ou inventer) le nom de leurs amants (si y en a qu’un c’est pas drôle) et vont leur taxer du fric, après avoir racketté les beaux-parents pour leur avoir refilé une traînée – Source : Webster.edu Article_Expressindia_Virginity tests torment woman in Raj_151200.pdf

Alors pour éviter d’être battues, abandonnées, dévalisées ou encore tuées, que font les femmes impures – surtout les Indiennes britanniques (les coutumes indiennes s’exportent plutôt bien) ?? Facile…

Soit elles vont dans un farce-et-attrape acheter du faux sang (conseillé par des professionnels de la santé). Soit, si vraiment elles veulent pas prendre le risque de se faire choper et qu’elles ont les moyens, elles se font refaire l’hymen ! Ah bah attends… 24 réparations d’hymen au National Health Center – UK (2005/06) / La procédure à Londres coûte jusqu’à to 2,500€ - Source : BBC News : Article_BBC News_Asian Brides faking virginity_030308.pdf

Mais alors le plus « drôle » c’est que cette obsession de la virginité n’existait pas en Inde ancienne. Dans ces temps reculés, les jeunes femmes et hommes pouvaient avoir des relations « romantiques » sans craindre le scandale (voir les exemples donnés sur Lionbikash.sulekha.com/blog). Puis on a rendu les femmes obéissantes et soumises (il était temps vous me direz…) et on s’est mis à les marier jeunes pour être sûr qu’elles n’aient pas cédé à leurs irrationnelles impulsions inhérentes à leur condition de femme – Source : indian-history.suite101.com J’ai même lu que ce l’arrivée du christianisme et de l’islam auraient fortement contribué à l’implantation de cette coutume en Inde. Ca paraît pas débile.

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