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Une histoire de mariage, cheveux, rugby et bibine

Toute ressemblance avec des personnes existantes est fictive. Ou pas. 

Notre petite famille a récemment effectué son pèlerinage annuel au Kerala, organisé de sorte à pouvoir assister à un mariage. (Des fiançailles en vrai mais ça aurait pu aussi bien être un mariage alors on fera comme ci.) Je n’étais pas sûre sûre que ce soit une bonne idée : j’avais, en toute modestie, peur que mon petit samouraï et moi-même ‘volions la vedette’ à la mariée (le ‘blanc’, surtout quand c’est la première fois qu’on le voit, a une fâcheuse tendance à attirer l’attention). J’ai eu tort. Personne ne pouvait vraiment voler la vedette à la mariée, tout simplement parce que tout le monde s’en tape, ils ne pensent qu’à bouffer (dixit mes amis malayalis).   

 

Je suis arrivée, un peu angoissée parce que j’avais oublié de mettre du déo. Or je ne sors JAMAIS sans déo. A fortiori dans un endroit où il fait 35 degrés et 110% d’humidité. J’ai bien essayé d’en acheter à la pharmacie mais dans les intérieurs du Kerala, t’oublies le déo. Là encore, j’ai eu tort de m’en faire : pas plus tôt arrivée, une tante m’alpagua et me mit direct dans l’ambiance. Elle refoulait à cinq mètres la transpi qui a bien macéré !! Elle commença par essayer de dessaper mon bébé, habillé en petit Indien pour l’occasion, sous prétexte qu’il avait trop chaud. Sans bien sûr me demander mon avis. C’est sûr qu’elle, elle devait avoir bien chaud pour sentir comme ça ! Pas ébranlée de sa défaite (je ne la laissais pas aller plus loin que le min gilet sans manche), elle enchaîna – elle était en forme ! – avec un agréable commentaire quelque peu homérique « ta coupe de cheveux, c’est moche. » Estomaquée, je ne trouvai rien à répondre, et m’éloignai. Venant de sa part, c’était un peu l’hôpital qui se moque de la charité : le cheveu se raréfiant, sa maigre tignasse était rassemblée en une queue bien pathétique et surtout dégoulinant d’huile. Alors ça je ne comprends pas. Huiler les cheveux pour les nourrir, ok. Mais sortir avec les cheveux gras ?? Ptêt qu’ils trouvent ca beau quand ça luit ? Comme des chaussures bien lustrées ? Inutile de préciser que le cheveu gras, c’est ma hantise, au même niveau que des aisselles odorantes… 

 

Passé cette petite mise en jambe, il fallut faire face à une autre situation : en Inde, un bébé perd son statut de personne et devient un ballon de rugby. Dès qu’ils voient un bébé, les bras se tendent, ils l’attrapent et se le font passer. Je ne dois pas être un très bon demi de mêlée : à la vue de ces veilles, une avec des dents pourries, l’autre avec une barbe et encore une autre sans dent et avec une moustache, je ne lâchai pas le ballon. Pour être honnête, je ne le lâchai à personne, même à celles qui faisaient pas peur. Juste parce que les trois paires de bras tendus qui nous accueillirent me renvoyèrent dans mes cages, fuyant ce que je ressentais comme une agression. Alors qu’il s’agirait en fait d’une « politesse » de demander à porter les bébés, politesse que j’étais sensée retourner en donnant mon enfant. Et ben je vais te dire, passer pour une connasse malpolie rien à taper !! En bref, j'ai complètement pris le contre-pied, ça arrive...

D’autant que mon petit jouait le jeu et refusait de quitter mes bras. Bien sûr loin de moi l’idée de vouloir en faire un asocial. Non, je voulais juste lui laisser le temps de s’habituer à toutes ces nouvelles têtes avant de le jeter dans la mêlée !   

Toutes les bonnes femmes (et quelques bons hommes) ayant essuyé des revers, on finit par nous laisser tranquille. J’en profitais pour laisser le petit samouraï se dégourdir les jambes. Et il n’eut pas plus tôt les pieds posés au sol qu’un ‘uncle’ identifia une ouverture et se saisit du bébé ! Qui finit par tourner dans les bras de quatre femmes même pas de la famille de mon mari…  

 

Le mariage en lui-même se déroule dans une salle des fêtes ou dans une salle d'un temple. Les fiancés sont sur une scène dont ils ne décolleront pas. La cérémonie dure une dizaine de minutes, pendant laquelle les gens regardent – si ça dure plus longtemps, il se peut qu’ils aillent vaquer à leurs occupations en attendant la fin. Ensuite le buffet est annoncé ! (Pour l’occasion à 5 heures de l’après-midi.) C’est un peu le challenge ce repas : non seulement y a une queue monumentale avec les 500 personnes qui se jettent dessus, mais une fois que tu as attendu que tout le monde ait fini pour prendre ton plat, et ben les 500 autres qui sont passés à la digestion viennent te parler ! Tu te retrouves donc à être présentée à des ‘uncles’ et ‘aunties’ (formules de politesse pour adresser des aînés, surtout dans le nord de l’Inde), la bouche pleine et les doigts trempant dans le curry. Pas évident de rester classe. Donc quitte à être malpolie, au grand dam de mon mari, je décidai d'ignorer une ou deux personnes qui me furent présentées et me concentrai sur mon plat, histoire d’en finir au plus vite avec cette épreuve, et aller récupérer mon petit.  

 

Une fois que tu as fini de boustifailler, tu dois aller sur scène prendre une photo avec les mariés. Sinon les gens oublieront que tu es venu et te le reprocheront plus tard. (Je rigole.) C’est également une distraction bienvenue pour le couple qui est sinon obligé de taper tout seul des pauses bollywood pour le photographe. (Je rigole pas.) 

 

Voilà, c’est à peu près tout ce qui se passe dans un mariage hindou au Kerala… A 18 heures c'est bouclé et chacun regagne ses pénates. Ou se planque derrière la salle des fêtes pour picoler. Entre hommes. Et en cachette. Même si tout le monde le sait*. Les autres rentrent chez eux, tout contents d’avoir un nouvel évènement à commenter ! Même si il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, à part la nourriture et la coupe de cheveux de l’étrangère (qui a fait sensation, même pas dans le bon sens j’en ai peur). 

 

Moralité : je serai éternellement reconnaissante à mon Indien préféré de m’avoir épargné ça et d’avoir fait de notre mariage un évènement qui restera dans les annales. Et j’attends avec impatience d’assister à un mariage en France pour avoir son point de vue !! 

 

 

* Les statistiques montrent que les Indiens boivent moins que les Européens (4,3 versus 12,5 litres par an) sauf qu’il faudrait retirer les femmes (qui n’ont pas le droit de boire), les hommes pieux (qui ne boivent pas par conviction religieuse), et tous ceux qui boivent de l’alcool maison, qui tue en silence, sauf quand il tape un grand coup et fait plus d’une centaine de morts (comme c’est arrivé en juin à Mumbai). Les Kéralais sont à un petit 10,2 litres par an, assez loin derrière les gars de l’Andhra Pradesh (35 litres). Toujours est-il que dans de nombreux Etats indiens, les taxes sur l’alcool représentent près du quart des revenus de l’Etat (22% au Kerala) ; quand on est à moins d’1% en France. Ça complique pas mal de choses quand les Etats se mettent en tête de réduire les ventes d’alcool, comme c’est le cas régulièrement un peu partout. Seul le Gujarat tient bon, mais le marché noir explose. Augmenter les taxes (déjà à plus de 100%) ou rendre l’alcool illégal c’est bien beau mais ça ne résout pas grand-chose…  

 

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(1) En Inde : http://indianexpress.com/article/india/india-others/kerala-increases-tax-on-liquor-beer-and-wine/#sthash.PNIRO4yJ.dpuf ; http://articles.economictimes.indiatimes.com/2015-05-16/news/62239496_1_total-prohibition-vm-sudheeran-kerala-government ; http://www.thehindubusinessline.com/economy/the-alcohol-economy/article5436924.ece ; http://www.thehindu.com/opinion/blogs/blog-datadelve/article6344654.ece

 

(2) En France : http://www.alcool-info-service.fr/alcool/consommation-alcool-france/culture-alcool-consommation-vin#.VfZl8Jf3aJ8 ; http://www.insee.fr/fr/themes/comptes-nationaux/tableau.asp?sous_theme=3.2&xml=t_3203 ; http://next.liberation.fr/vous/2011/02/17/quels-sont-les-pays-qui-consomment-le-plus-d-alcool-dans-le-monde_715595

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lundi, 14 septembre 2015 | Lien permanent | Commentaires (2)

L'Inde et le nucléaire

J’avais bien essayé de m’intéresser à autre chose qu’aux aphrodisiaques dans le journal mais j’avoue que je ne comprenais rien aux articles sur le Premier Ministre, le Vote de confiance et le Nucléaire. Heureusement le Monde est venu éclairer ma lanterne, dans un article à la fois concis mais mettant bien en lumière les ‘pratiques’ indiennes pour obtenir des voix ! Vu de l’Inde, ca parait normal. Conclusion de l’article (ci-dessous) : le Gouvernement reste en place et va pouvoir signer un accord sur le nucléaire civil avec les Etats-Unis (est-ce une bonne nouvelle ?? peut-etre que ca jouera pour les coupures d'electricite en tout cas... Je reste dans le theme!).

Pour mémoire (ou info), si l’Inde s’est clairement engagée dans le désarmement nucléaire après la 2nde Guerre Mondiale, elle s’est également imposée comme puissance nucléaire (choquant ceux qui voyaient en l’Inde un pays ‘non-violent’ mais pas assez pour que cette image, fièrement défendue par les Indiens, cesse de lui coller à la peau). ‘Nehru fut à l'origine de la plupart des résolutions sur le désarmement nucléaire déposées à l'ONU par les pays du Tiers-Monde dans les années 50. Il était convaincu de leur nécessité pour l'Inde. Ainsi proposa-t-il, dès 1951, la création d'un fonds des Nations Unies pour le développement, financé par les mesures de désarmement. En 1954, il suggéra le gel des essais nucléaires, et en 1961, leur interdiction. En 1963, l'Inde signa le Traité d'interdiction des essais nucléaires dans l'atmosphère et sousmarins. En revanche, l'Inde a toujours refusé d'adhérer au Traité de non-prolifération (TNP). Le 18 mai 1974, stuféfiant l'opinion mondiale, l'Inde fit exploser une charge atomique souterraine à Pokhran, dans le désert du Thar, près de la frontière pakistanaise. L'Inde a fabriqué les missiles Agni et Prithvi, avec une portée respective de 300 et de 1500 kms et capables de transporter des charges nucléaires. L'Inde ayant la capacité de lancer des satellites avec ses propres fusées, elle pourrait certainement construire des missiles d'une portée supérieure. Mais l'Inde considère que ses adversaires potentiels sont la Chine et le Pakistan, et ne voit pas d'intérêt à développer ces lanceurs.’ Source : L'Inde puissance nucleaire_1997.pdf

Le premier ministre indien, Manmohan Singh, a obtenu, mardi 22 juillet, le vote de confiance du Parlement, lui permettant de finaliser la signature d'un accord sur le nucléaire civil avec les Etats-Unis. Si ce dernier est ratifié par le Congrès américain, l'Inde deviendrait le premier Etat non signataire du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) à être autorisé par les etats-Unis à importer des technologies et des combustibles nucléaires dans le domaine civil.

Quatre partis de la gauche communiste, estimant que la signature de cet accord allait soumettre le pays à "l'impérialisme américain", s'étaient désolidarisés de la coalition au pouvoir. Le Parti du Congrès est finalement parvenu à éviter des élections anticipées en nouant des alliances avec des formations régionales, dont le Samajwadi.

Le scrutin s'annonçant comme serré, les partis n'ont rien épargné pour s'assurer les voix des parlementaires. L'un d'eux a obtenu que l'aéroport de Lucknow, dans le nord de l'Inde, soit rebaptisé du nom de son père. Cinq députés, en convalescence à l'hôpital, se sont rendus dans la capitale indienne à bord d'avions médicalisés, depuis l'Inde et Los Angeles. Le plus malade d'entre eux a franchi les portes du Parlement allongé sur une civière, tout en répondant aux questions des journalistes. D'autres, incarcérés pour divers délits, ont été autorisés à sortir de prison pour participer au vote, comme la Constitution les y autorise et sont arrivés sous escorte policière. Le destin du scrutin parlementaire s'est d'ailleurs joué, en partie, dans les centres pénitentiaires. Derrière les barreaux, des députés n'ont pas hésité à changer de parti, rendant l'issue du scrutin incertaine.

NOMBREUX REBONDISSEMENTS

Les deux journées du débat précédant le vote, retransmis pour la première fois en continu à la télévision, ont été marquées par de nombreux rebondissements. Un député de l'opposition a déclenché le chaos en ouvrant des sacs bourrés de billets de banque en pleine session. La preuve, selon lui, qu'un parti rival avait tenté de le corrompre. Le leader du principal parti d'opposition, le Bharatiya Janata Party (BJP), en a profité pour réclamer la démission du premier ministre. La séance a été interrompue. L'image du parlementaire agitant des liasses de billets a été immédiatement remplacé par Mère Teresa sur les écrans de la télévision publique indienne...

En début de soirée, les résultats du vote électronique ont été annoncés dans la confusion : 54 voix manquaient, celles des députés restés dans les couloirs du Parlement au moment du scrutin. Tous ont revoté avec, cette fois, des bulletins. Une heure plus tard, le président du Parlement annonçait la victoire du gouvernement, plus large que prévu, avec 275 voix favorables contre 256.

"Le Parlement s'est exprimé sans ambiguïté, ce qui est de bon augure pour le développement du pays", a déclaré le premier ministre. L'Inde doit désormais négocier avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) les règles d'inspection auxquelles seront soumises ses installations nucléaires civiles, puis devra obtenir le feu vert du groupe des pays fournisseurs de combustible nucléaire (NSG). Le Congrès américain n'aura alors plus qu'à ratifier l'accord sur le nucléaire civil d'ici à la fin de l'année. 

Le vote de confiance indien_230708.pdf 

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samedi, 26 juillet 2008 | Lien permanent

Toi l'expat qui sans façon...

Aujourd'hui: des extraits de Fous de l'Inde de Régis Airault. Pour voir si les gens qui vivent en Inde s'y reconnaissent. En prime, la photo d'une "simple scène" qui m'émeut beaucoup.

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 Ces impressions contradictoires, ces sentiments opposés qui cohabitent à la minute et vous « remuent les émotions », c’est ça l’Inde. Voir sortir de la boue, dans le pire des bidonvilles, un homme vêtu de blanc, d’un blanc immaculé, là où en cinq minutes on serait noir de la tête aux pieds, c’est ça l’Inde : la pureté qui pousse sur l’abject. La vie, la mort juxtaposées. On est soudain envahi par des émotions intenses qui nous submergent, nous inondent : de simples scènes de la vie rurale, une démarche, une gestuelle, une femme qui remet son sari ou qui embrasse son enfant. Ce moment-mouvement est empreint d’éternité et semble venir de la nuit des temps. Car en Inde, comme dit Malraux, « tout geste est rituel et toute parole incantatoire ». La minute d’après, cependant, on peut basculer dans l’horreur, l’insupportable, l’insoutenable. C’est la même chose au niveau relationnel. On passe d’un état de grâce (tout le monde est gentil, attentionné, tranquille) à des énervements incroyables pour rien (par exemple, à l’hôtel, un verre d’eau que l’on attend pendant des heures).

                Cette hypersensibilité est accentuée par les problèmes physiologiques dus à la chaleur, comme la déshydratation ou la perte de sels minéraux. Il suffisait parfois que je prescrive des sels minéraux indiens (Electral) à des patients pour que leur anxiété, leur fébrilité tombe d’un coup. Il ne faut pas négliger le rôle d’une alimentation chaotique. […] Sans oublier les problèmes classiques intestinaux, auxquels peuvent s’ajouter d’autres pathologies tropicales. « Les intestins, ça vous travaille aussi la tronche », me disait une patiente qui craquait.

                Par ailleurs, même si on est confronté à des choses très fortes, on reste la plupart du temps à la surface, car on n’a pas les clés de cette culture : et même la langue ne nous « parle » pas. On peut y mettre ainsi toutes nos projections. C’est comme si l’on contemplait un tableau et que soudain on se faisait happer, on basculait dans le réel de cette représentation. Certains passent au travers du miroir et s’immergent dans cette réalité indienne. Cela ne les laisse pas indifférents, bien au contraire, et peut déclencher angoisse et culpabilité.

Cette place « à côté » a le mérite d’exister. On ne demande pas au nouveau venu de se plier à un mode de vie, un idéal ou une idéologie, mais de s’organiser dans son propre groupe afin de pouvoir fonctionner dans ce pays qui accepte tout le monde, toutes les idées – tous les concepts peuvent y batifoler – et à toutes les religions. L’Inde est un territoire à la fois poreux et totalement étanche. L’intégration y est impossible : tout ce qu’on peut faire, c’est se juxtaposer. Pourtant, tout semble fuir, s’interpénétrer, jusqu’aux idées, jusqu’à l’intime. Dans les contacts avec les Indiens, on se sent deviné, testé, palpé intérieurement et la seule façon d’obtenir le respect de l’autre consiste à faire le calme au plus profond de soi. Cette absence de limites, cette non-résistance de l’Inde à l’envahisseur explique que le nouveau venu soit dissout, assimilé.

                La majeure partie [des expatriés] rejette le pays en bloc. Ceux qui ont fait le choix d’être là présentent eux aussi des moments dépressifs qui semblent être inévitables après quelques années passées dans ce pays « qui vous ronge l’âme et vous suce la moelle des reins […] et après une « lune de miel » la force vous manque vite […] cela ne dure que tant qu’agit l’énergie apportée d’Europe […] l’Européen est en quelque sorte arraché à son être […] Tôt ou tard, chacun reçoit le coup fatal : les uns boivent, les autres fument de l’opium, d’autres ne pensent qu’à donner des coups et deviennent des brutes ; de toute façon chacun contracte sa folie. On a la nostalgie de l’Europe […] mais on sait qu’en Europe on est oublié, inconnu. C’est ainsi que l’on reste ». [Stefan Zweig, Amok, 1998] […]

                Face à la foule, à la densité, à la surpopulation des villes, et sur certaines routes, c’est un fantasme fréquent – l’Inde, répétons-le, est un pays où les Occidentaux s’énervent facilement – que de vouloir « en écraser quelques-uns ». […]

                Les « délires » des résidents sont beaucoup plus modestes, avec au premier plan une surestimation d’eux-mêmes et un sentiment d’ennui. « L’ennui, ici, c’est un sentiment d’abandon colossal, à la hauteur de l’Inde elle-même, ce pays donne le ton. » [M. Duras, Le vice-consul, 1966] Ces difficultés d’adaptation des expatriés est souvent à mettre en relation avec le climat, les problèmes relationnels avec les « locaux », et la fuite en avant dans le travail : comment ne pas craquer quand on passe six jours sur sept au bureau, sans prendre de week-ends ou de vacances, sauf pour fuir l’Inde, dont on n’appréhende que le côté sordide et administratif ? Certains sombrent peu à peu dans une dépression « légitime », l’Inde devenant un « objet poubelle » opposé au « sujet occidental parfait » [P. Dubor].

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mardi, 26 février 2008 | Lien permanent | Commentaires (1)

Ré-humaniser le 'rickshaw-boulot-dodo'

En Inde, que l’on soit un touriste ou un local, on est amené à prendre beaucoup de taxis et/ou de rickshaws (« touktouk » pour les touristes, « auto » pour les autres). C’est pas cher, ils sont partout, ça permet d’éviter d’avoir à galérer pour se garer ou pour trouver son chemin. Y pas à tortiller, c’est pratique. Pas forcément bon pour le dos mais pratique.

LE problème c’est que les conducteurs des dits taxis ou rickshaws sont souvent perçus comme des voleurs. Qu’ils refusent de lancer le compteur, qu’ils oublient de le remettre à zéro, qu’ils vous baladent autour de la ville, ils ont mauvaise réputation. D’ailleurs il n’y a à peu près qu’à Mumbai que les « autos » mettent le compteur, voire ont un compteur pour commencer ; dans les autres villes, on est supposé connaître la distance à parcourir et le tarif approximatif, ce qui induit une discussion préalable à la course. L’exercice peut se révéler frustrant, irritant, et peut même conduire à décider de ne finalement pas sortir de chez soi ce jour-là. Pour toutes ces raisons, on a tendance à traiter les chauffeurs desdits véhicules comme des sous-hommes, des machines (prolongement de leur levier de manœuvre), dont on n’attend rien d’autre qu’une bataille (sur la route à prendre, sur le montant à donner) et une bonne dose de tape-cul. Les chauffeurs de taxi sont considérés comme encore plus roublards, d’où la croissance exponentielle du nombre de radio-taxis (rien que pour le plaisir de ne pas avoir à se prendre le pif).

 

Dans le quotidien rickshaw-boulot-dodo, c’est un peu comme dans le métro : les yeux pas en face des trous, on fait la gueule à l’arrière du l'auto. Le chauffeur, dont on a à peine identifié les traits (pas besoin, c’est une machine), ne pose pas les questions dont il régale d’habitude les touristes (« Tu viens d’où ? Tu fais quoi ? Tu aimes l’Inde ? »). Avec le code de politesse indien, on peut même zapper en toute quiétude les politesses d’usage : pas besoin de bonjour, de s’il-vous-plaît, de merci, et encore moins de sourire. Indiquer l’adresse au départ et lancer « baas » (assez, stop) à l’arrivée, et un balancement de la tête pour remercier suffisent.

 

L’étranger met également un point d’honneur à ne pas laisser de pourboire, vu que ce sont déjà des voleurs. Il peut donc perdre un sacré paquet de temps (en oubliant, c'est pratique, que  le temps c'est de l’argent) pour une roupie ou deux. C’est une question de PRIN-CI-PEEUUUH. Et puis l’étranger blâme tous les autres blancs qui ne suivent pas ses PRIN-CI-PEEUUUH, donnant de ‘mauvaises habitudes’ aux chauffeurs indiens, leur inculquant l’idée qu’il est un dollar sur pattes à qui il est facile d’extorquer plus que le nécessaire. Il est donc d’autant plus nécessaire d’appliquer ses PRIN-CI-PEEUUUH strictement.

 

J’étais comme ça pendant longtemps. J’ai fait de ces scènes pour cinq roupies ! Et puis un jour, j’en ai eu assez, j’ai recommencé à dire « merci » aux chauffeurs, et à arrondir les montants (bon, sauf dans les cas où ils me font chier pour une raison ou une autre), voire même à leur sourire… Et si je ne suis pas trop fatiguée, j’essaye même un peu mon Hindi ! Plus souvent dans les taxis car les courses sont en général plus longues qu’en rickshaw. Et j’entends souvent des histoires assez dingues !

 

C’est pour cette raison que j’ai voulu partager cette note de ‘Humans of Mumbai’. J’ai découvert ce groupe un jour que je me baladais avec Junior dans le porte-bébé ; ils ont souhaité m’interviewer mais j’étais malheureusement dans un très mauvais jour et j’ai préféré décliner. Quoi qu’il en soit, je lis avec plaisir leurs notes quotidiennes, qui ré-humanisent un peu tout le monde… Y compris les chauffeurs !!

 

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« L’autre jour un mec bourré s’est assis dans mon taxi et a commencé à me balancer des insultes à la tronche. Je n’ai pas bronché et je l’ai ramené chez lui sain et sauf à 4 heures du mat, mais j’étais très énervé parce que ça me prouvait à nouveau à quel point mon job est sous-apprécié. J’étais tellement dégouté que j’ai pensé tout laisser tomber et retourner à Chandigarh.

A ce moment-là, un autre client est monté et m’a demandé de l’emmener à l’aéroport. Même si il était tôt, il m’a demandé mon nom, d’où je venais et où je vivais à Bombay. A la moitié du trajet il a ouvert une boîte de sandwiches et m’en a offert un et quand il est descendu, il m’a souri et m’a donné 50 roupies de plus parce que 2 ou 3 chauffeurs de taxi avant moi avaient refusé de le prendre. C’est ça Bombay ; il y a tellement de mondes à l’intérieur que même si tu veux partir, tu ne peux pas. »

 

https://www.facebook.com/pages/Humans-of-Bombay/188056068070045?fref=ts  

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lundi, 06 juillet 2015 | Lien permanent

Le melting-pot indien depuis les origines...

En me penchant sur la question des Tziganes originaires d'Inde, on m'a dit que non, c'était les Tziganes qui avaient peuplé l'Inde. Alors visiblement non, mais n'empêche, l'Inde est un vrai meatling-pot, et ce depuis la préhistoire!! J’ai fait une petite synthèse à ma sauce… (et ça n'a pas été facile!!)

 

Au commencement, y avait rien.

Ensuite y avait la civilisation de l’Indus – sur laquelle apparemment on ne sait pas grand-chose.

Et puis après ça a été le grand bordel.

 

En gros ça donne ça (si je me suis trompée, faut me corriger !):

 

§          Civilisation de l’Indus

§          Invasion de l’Indus par les Aryens de Bactriane (dans les 1000 ans avant J.-C.)

§          Invasion de l’Indus par les Perses (fin du 6ème siècle avant J.-C.)

§          Invasion de l’Indus par les Grecs qui s’en vont et s’en reviennent (de 325 à 50 avant J.-C.) pendant la dynastie locale Maurya (325 à 187 avant J.-C.).

§          Invasion par des tribus indo-européennes venues de Chine (les Yue Tché et les Huns blancs) (de 45 à 550).

§          Dominations musulmanes en alternance des Turcs et des Afghans (de 997 à 1526).

§          Domination turco-moghole (de 1526 à 1857, date de décès du dernier empereur moghole).

§          Invasions européennes (portugaise d’abord (1535) puis danoise, française et anglaise).

 

Une carte approximative (par moi-même):

 

 

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Pour en savoir plus téléchargez : Peuplements de l'Inde des origines à 1850.pdf

Ou lisez ci-dessous :

 

 

1000 – 800 avant J.-C. : Aryanisation de la plaine gangétique

Ces Aryens viendraient de Bactriane (une région à cheval sur les Etats actuels d'Afghanistan, du Pakistan, de la Chine, du Tadjikistan, de l'Ouzbékistan et aussi un peu du Turkménistan, située entre les montagnes de l'Hindū-Kūsh et la rivière Amou-Daria).

 

Fin du VIe siècle avant J.-C. : Cyrus, un roi perse conquiert la région de l’Indus où Darius crée ensuite une division administrative de l’Empire perse.

 

327-325 avant J.-C. : Alexandre, un roi grec de Macédoine, qui a détruit l’Empire perse, entreprend de conquérir ses possessions indiennes. Il bat difficilement le roi Poros (roi de la tribu indo-européenne des Paurava établi au Punjab), parvient à l’embouchure de l’Indus puis prend le chemin du retour vers Babylone à travers le sud-est de l’Iran.

 

325 avant J.-C. : Chandragupta Maurya, un local, fonde la dynastie Maurya (qui durera jusqu’en -184 avant J.-C.), ayant pris conscience de la nécessité du développement d'un État indien centralisé face à la menace macédonienne. Il entreprend de dégager les envahisseurs grecs. Vainqueur, il entreprend ensuite la conquête de la plaine gangétique. Se proclamant empereur, il entreprend la conquête de l’ensemble de l’Inde qu’il ne peut réaliser complètement, l’extrême-sud demeurant une zone de résistance prolongée.

 

305 avant J.-C. : Seleucos, roi hellénistique de Syrie, franchit l’Indus après avoir conquis la Bactriane, dans l’intention de restaurer la satrapie grecque établie naguère en Inde. Il traite finalement avec Chandragupta qui ne reconnaît pas son autorité mais lui donnent certains territoires.

 

274-237 avant J.-C. : Règne d’Ashoka, un empereur de la dynastie Maurya. Ashoka interdit les sacrifices d’animaux, dont le fameux rituel hindou du sacrifice du cheval (quesaquo ??), et encourage le végétarisme. L’empire d’Ashoka s’étend du Bengale à l’Himalaya ; ce fut le plus étendu des empires indiens jusqu’à l’établissement de celui des Moghols.

 

135 avant J.-C. : Occupation de la Bactriane par les Scythes (ensemble de peuples nomades, d'origine indo-européenne, ayant vécu entre le VIIe siècle et le IIIe siècle av. J.-C. dans les steppes eurasiennes). Le roi scythe Manés s’installe dans le Gandhara, ancien royaume situé dans le nord-ouest de l'actuel Pakistan et l'est de l'Afghanistan, centré sur les vallées de la Swat et de la Kâboul, deux affluents de l'Indus). En 50 avant J.-C., le dernier roi indo-grec du Gandhara décède et son royaume est ravagé par les Parthes (cavaliers nomades qui débordent sur l'Est de l'Iran).

 

J.-C. est arrivé !! (Mais pas en Inde, si on exclut les légendes suivantes : 1. Jésus serait en fait un avatar de Krishna et 2. Il serait descendu de sa croix, aurait traversé le monde pour finir sa vie pépère et en Inde.)

 

48 après J.-C. : Les Kushana, une tribu Yue Tché (peuple nomade indo-européen installé jadis au nord-ouest de la Chine), quittent la Bacriane pour occuper le Gandhara. Ils vont ensuite constituer un empire comprenant le Punjab, le Sindh, le nord du Gujarat et une partie de l’Inde centrale.

 

400 : Établissement des Huns blancs dans le Gandhara. On ne sait pas trop d’où ils viennent (les Chinois les ont mentionné pour la 1ère fois en 125 dans le coin de la Mongolie) mais ils ont une coutume intéressante : quand une femme épousait un homme, les frères cadets de son mari devenaient également ses époux. Ses enfants étaient considérés comme ceux de l'aîné. Elle mettait des « cornes » sur sa coiffe, en nombre égal à celui de ses époux.

Ils réussissent à dominer le Radjpoutana, le Punjab et le Cachemire et ils ne seront repoussés que vers 550.

 

712 : Les Arabes envahissent le Sindh (une des 4 provinces du Pakistan). Cette conquête est marquée par de nombreux pillages et massacres mais les musulmans, peu nombreux, laissent aux hindous vaincus la liberté de pratiquer leur religion contre le paiement du traditionnel jizya imposé partout aux infidèles. Au IXe siècle, le Sindh se détachera du califat abbasside de Bagdad et poursuivra, sous l’autorité de dynasties locales une existence politique indépendante.

 

IXe-XIIe siècles : En Inde du Sud, le royaume tamoul de Chola apparaît comme une puissance maritime dynamique, qui prend temporairement le contrôle de Ceylan au XIe siècle. L’ascension du royaume chola, qui commence avec la prise de Tanjore vers 850 le conduit à son apogée dans les années 985-1044 – en 1022 les armées du Chola poussent jusqu’au Gange. À l’issue d’une campagne navale, les Tamouls dominent l’océan Indien des Maldives jusqu’à Sumatra et envoient des ambassades en Chine. Durant cette période, c’est dans le Dekkan (vaste plateau s'étendant sur la majeure partie de l'Inde centrale et méridionale) que se développe la culture hindoue la plus vivante dans la mesure où les régions méridionales du pays demeurent longtemps hors de portée des conquérants musulmans.

 

XIe siècle : Reprise de la poussée musulmane, 3 siècles après la conquête du Sindh demeuré une marche lointaine du califat de Bagdad. La conquête de l’Inde par les musulmans, qui s’étend sur une longue période et se caractérise surtout, initialement, par des raids de pillage dévastateurs ne sera pas le fait des Arabes ou des Persans mais celui des Turcs et des Afghans, populations barbares issues des steppes de Haute Asie ou des montagnes de la périphérie occidentale de l’Himalaya. L’extrême division politique de l’Inde septentrionale à cette époque a favorisé les entreprises des envahisseurs qui tiraient de leur extrême mobilité une supériorité militaire incontestable sur les lourdes armées de fantassins, même appuyées par des éléphants, des royaumes hindous. L’éloignement des zones d’invasion et de razzia constituait en fait la meilleure garantie de sécurité et ce furent tout naturellement les royaumes les plus méridionaux du Dekkan qui souffrirent le moins des campagnes de conquête et des raids de pillage musulmans.

 

997 : Premier raid contre l’Inde de Mahmoud de Ghazni (les Ghaznéides était une dynastie musulmane d’origine turque centrée actuel Afghanistan) qui va multiplier les expéditions de pillage tout au long de son règne qui dure jusqu’en 1030. Son empire, dont la capitale se trouvait dans l’actuel Afghanistan, s’étendait des rives orientales de la Caspienne au Punjab mais l’Inde était davantage pour lui une terre de razzia capable de fournir de riches butins qu’une véritable conquête régulièrement administrée.

 

1175 : C’est un Afghan, Mohammed de Ghur, qui renoue avec la politique de razzias inaugurée par Mahmoud de Ghazni. Il se heurte cependant à une forte résistance du Gujarat et de l’aristocratie radjpoute conduite par Prithi Raj, qui demeure comme une figure emblématique de la résistance « nationale » face aux envahisseurs. En 1192 Mohammed remporte une victoire conséquente : la cavalerie afghane s’impose et Prithi Raj est tué.

 

1194 : Les musulmans envahissent la plaine gangétique,

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lundi, 25 juillet 2011 | Lien permanent | Commentaires (4)

La ‘démonétisation’ vue par moi

Un beau matin, le pays s’est réveillé sans cash (cf cette note). Les billets de 500 et 1 000 roupies (environ 8 et 12 euros), les plus gros billets, n’avaient plus de valeur. Boom. Et les citoyens avaient quelques semaines pour les déposer à la banque. Les nouveaux billets de 500 et 2 000 roupies sont arrivés assez vite mais en quantités infinitésimales – ils sont mis sur le marché au compte-goutte par le Gouvernement (volontairement ou pas on sait pas). Voici donc ce que j’ai réalisé en ‘survivant’ avec 300 roupies pendant 2 semaines :

  • Je paye mes légumes au vendeur du coin en cash. Ma seule option fut d’aller au supermarché, coupant une source de revenues à mon vendeur local (qui doit lui-même payer le maillon de la chaîne pour continuer à recevoir ses légumes ; et je peux remonter la chaîne agricole jusqu’au vendeur de graines comme ça !). Heureusement, en moins d’une semaine, le vendeur du coin avait installé l’appli Paytm et je peux désormais le payer via mon smartphone.
  • J’ai dû arrêter de prendre des rickshaws et me concentrer sur Uber / Ola.
  • J’ai cessé de donner du pourboire aux gens – la petite monnaie valant de l’or. Et ça m’a fait hyper mal au cœur quand j’ai pas pu filer quelque chose au petit vieux du supermarché qui portait mes sacs et avait dégoté un petit machin pour mon fiston.
  • J’ai cessé de payer ma femme de ménage en attendant qu’elle ouvre un compte bancaire.
  • J’ai assisté à un dimanche soir de vente dans le Mall chicos du coin dix jours après la date fatidique de l’annonce de la ‘démonétisation’. Et alors que les langues allaient bon train sur le ralentissement des dépenses des ménages dans l’attentisme, les machines à carte de H&M et Mark & Spencer surchauffaient, les queues étaient interminables. Les riches pouvaient encore s’acheter des fringues, ça m’a rassurée ;)
  • On m’a dit que c’était une catastrophe pour les mariages (dont c’est la saison) qui sont tous payés au black et pourtant c’est la bamba dans le centre de mariage de mon quartier presque tous les soirs.
  • J’ai eu la chance de visiter la banque pour déposer quelques vieux billets et bonjour le bordel, y a de quoi se taper la tête sur les murs.
  • J’ai piqué une crise à la Poste qui, bien qu’établissement public, n’a pas de lecteur de carte et ne prend pas de chèque. (D’ailleurs les Indiens sont pas fans des chèques quand ils sont du côté receveur – par exemple si tu payes par chèque chez Mothercare, ils ne te livrent qu’une fois que les fonds ont été crédités tellement y a des chèques en blanc.)

Bref, c’est un peu le bazar, on entend tout et n’importe quoi sur cette décision, et c’est surtout les pauvres qui prennent cher (hé hé) mais en même temps c’est une nouvelle occasion pour les Indiens de démontrer leur esprit de débrouille (ou jugaad comme on dit ici) qui est tout bonnement incroyable.

PS: On attend ces jours-ci que le Gouvernement veut digitaliser la monnaie. Une intention louable et séduisante. Mais un pari impossible dans la situation actuelle ? Où 30% de la population ne sait toujours pas lire, 30% n’a pas de téléphone, 85% n’ont pas d’accès internet sur leur téléphone, et 900 millions vivent avec moins de 2 dollars par jour.

inde,billets,démonétisation

Un jour normal, une heure avant l'ouverture du distributeur, en bas de mon bureau

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lundi, 26 décembre 2016 | Lien permanent | Commentaires (4)

Vous aussi vous parlez l'Indien!

Allez pour une fois je dis l'Indien en parlant de la langue, sachant que ça n'existe pas. Disons qu'un titre "Vous aussi vous connaissez des mots d'origine indienne" c'était trop long...

 

Il existe donc de nombreux mots d'emprunt français d'origine indienne. Ils ont été intégrés la plupart du temps lors de la colonisation anglaise et nous sont donc parvenus par cette langue. Parfois, le portugais a pu jouer le rôle de langue-vecteur intermédiaire.

Quelques exemples (entre parenthèses : date de la première attestation écrite en français) :

 

anaconda :            (1845) probablement du singhalais

ananas :                 mot identique en hindi

atoll :                      1ères formes atolon (1611), puis (1773) attôle, du maldivien

avatar :                   (1800) du sanscrit avatâra

bétel :                    1ère forme betre (1572) par le portugais, de l'hindî, vettila

bungalow :           (1829) de l'anglais bungalow par le gujarâtî bangalo, de l'hindoustanî bangla pour villa

calicot :                 (1663) de la ville de Calicut

camphre :             1ère forme canfre (1256), de l'arabe kâfûr du sanscrit

cari :                       (1602) du tamoul kari comme la forme anglaise curry

catamaran :          (1699) par l'anglais, du tamoul katta, lien et maram, bois

coolie :                   1ère forme culi (1575), d'après le nom de la caste des Kulî, autochtone du port de Thana, origine de Mumbai

châle :                    réemprunt à l'anglais schawl (1793), fixé depuis 1835, de l'hindî shâl d'origine persane.

chintz :                   (1845) par l'anglais, de l'hindî chînt

jungle :                  (1777) par l'anglais, de l'hindî jangal

madras :                (1797) nom de la ville aujourd'hui appelée Chennai

pagode                1ère forme paxode (1545) par le portugais, pagode, au sens de « idole », du tamoul pagavadam, du sanscrit, bhagavati, déesse. D'autres sources font venir le mot de dâgoba, du sanscrit dhâtugarbha décrivant un stûpa

paria :                     (1575) par le portugais, du tamoul parayan, « joueur de tambour » par confusion avec le tamoul pulliyar, « homme de la dernière caste »

patchouli :             (1826) du tamoul patch, vert et ilai, feuille

punch :                 cinq (ingrédients)

pyjama :                 1ère forme pyjaamah (1837) par l'anglais pyjamas de l'hindî pâê-jama, vêtement de jambes. Le mot désigne dans le monde indien un pantalon de coton porté par les hommes.

Shampoing :         (1877) par l'anglais, de l'hindî châmpo, masser

sucre :                   par l'italien zucchero (XIIIe siècle), par l'arabe sukkar, d'origine indienne depuis le sanscrit sarkarâ (a donné aussi le latin saccharum)

tank :                      1ère forme tanque (1617), puis de nouveau par l'anglais (1857), depuis le gujarâtî ou le marâthî, réservoir. Le mot est utilisé dans l'Inde entière pour désigner des retenues naturelles ou artificielles destinées à conserver l'eau de pluie, pour l'usage personnel ou collectif. Voir aussi bâoli.

tapioca :                 mot identique dans plusieurs langues indiennes

vétiver :                  (1827) du tamoul vettiveru

veranda

 

De nombreux mots savants décrivant des pratiques et des notions religieuses indiennes ou venues d'Inde se retrouvent dans les langues d'Europe comme bouddha, nirvana, karma, yoga, bodhisattva, etc.

 

Source : Article Mots français d'origine indienne (Wikipédia)

Many words of daily use in English are of Indian origin, including words like “shampoo,” “bangle,” “bungalow,” “jungle,” “mantra,” “pundit” and “cot.” They figure in major English-language dictionaries.

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mardi, 16 septembre 2008 | Lien permanent

L'actualité indienne vue par moi-même

On (France Inter, excuse-moi du peu...) m’a demandé (à moi) de me présenter (en tant qu'expatriée francophone), parler de mon quotidien et de l’actualité indienne… Alors comment te dire ? J’abhorre les journaux et je n’ai pas la télé donc l'actu... Et là, alors que j'attendais de passer à l'antenne j'entends "Et pour nous parler de l'actualité de le monde..." Ouhlala chaud  patate!! C'est comme de demander à un plombier (pas Indien pasque les Indiens savent tout faire) de réparer l'électricité tu vois...

Bon heureusement j'avais passé quelques heures à parfaire (voire à faire) ma culture cricket, Bollywood et politique. Y avait du pain sur la planche et j’espère ne pas avoir dit trop de bêtises ! Définitivement je préfère me cacher derrière l'écriture ;)

Politique 

On parle déjà dans la presse des élections de l’année prochaine, avec les candidats des deux plus gros partis qui se tirent la bourre (Modi pour le BJP et Rahul Gandhi, et sa mère Sonia, pour le Congrès, qui dirige actuellement). Ok je me suis pas foulée mais j’écris plus là-dessus dans un prochain poste ! 

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Inde et Chine  

Très récemment il y a eu la visite du Premier Ministre chinois Li Keqiang. Il y a un mois des troupes chinoises ont fait une petite balade de santé de 20 km sur le territoire indien. Les relations indo-chinoises ne sont pas franchement cordiales. Il y a la question de la frontière au Nord de l’Inde, du Tibet dont l’Inde accueille les réfugiés, les lois anti-dumping qui rendent difficiles les importations depuis la Chine etc. Je me souviens encore du jour où l’Inde a renvoyé des milliers de travailleurs chinois chez eux (parce qu’ils sont encore moins chers que les Indiens). Et puis les Indiens trouvent que les Chinois sont sales. Et les Chinois le leur rendent bien !

 

Mais j'ai creusé un peu plus que ça les relations géopolitiques (oh comme j'aime pas ce mot!) de la zone et voici ce que j'ai compris... Les relations entre la Chine et l'Inde sont millénaires, avec la soie, le bouddhisme et tout ça. Sauf que d'un côté y a un peuple très militarisé à tendance autoritaire et de l'autre un peuple plutôt non-violent à tendance anarchique (je schématise on m'excusera...).

Après la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis se sont rapprochés du Pakistan, leur pion anti-communiste dans la zone, sans pour autant jamais prendre vraiment position contre l'Inde dans tous les conflits, malgré le tropisme pro-russe de cette dernière. 

 

En 1962, les Chinois ni vu ni connu sont allés annexer un bout du Cachemire, une bonne grosse gifle à l'Inde qui a appelé les Etats-Unis à la rescousse mais le temps qu'ils arrivent et la Chine avait annoncé la fin de la guerre... La Chine en a alors profité pour se rapprocher du Pakistan, son pion contre l'Inde, en l'aidant pour l'armement et la nucléarisation (laquelle ne fait pas l'heur des Américains...).

 

En 1965, les Indiens et les Pakistanais se battent pour le Cachemire. Alors que les Etats-Unis préviennent la Chine qu'ils sont prêts à soutenir l'Inde, un cessez-le-feu est signé grâce à la médiation soviétique.

 

En 1971, le Bangladesh veut son indépendance du Pakistan. L'Inde soutient l'idée et signe un accord de soutien militaire avec l'Union Soviétique au cas où les choses tourneraient mal. Les Etats-Unis soutiennent le Pakistan mais interrompent quand même l'envoi d'armes à Islamabad pendant le conflit. Et l'Inde attend l'hiver pour éviter que la Chine, toujours prête à aller grignoter un bout de Cachemire (même si il n'est pas impliqué dans ce conflit), vienne aider le Pakistan.

 

Depuis 2011 le Pakistan a perdu de sa prestance il me semble, et tous ses "alliés" viennent un peu draguer l'Inde (Hillary Clinton en 2012, Li Keqiang cette année)...

 

Et en ce qui concerne le Cachemire, ça reste une poudrière prête à s'embraser. Son côté stratégique réside dans le fait que c'est une région glacière, avec de l'eau. Et que c'est sur la route du Xianjing aux ressources minérales et agricoles incontournables pour la Chine.

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 Cricket et scandale 

On parle beaucoup du scandale de l’IPL (Indian Premier League). Trois joueurs de cricket de l’équipe des Rajasthan Royals ont reconnu avoir été payés pour tricher. Et alors ça ça fait des remous pas possibles. Comme le fait que la mégastar de cinéma Shah Rukh Khan (qui au passage co-possède l’équipe de Kolkata, les Kolkata Knight Riders) ne soit toujours pas autorisé à assister aux matches à Mumbai – il est interdit de stade pendant cinq ans pour une altercation avec la sécurité, qui aurait poussé un de ses gosses. Ses copains de Bollywood manifestent mais les autorités tiennent bon… 

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 Sécheresse 

Il y a aussi une énorme sécheresse dans le Maharahstra (ainsi que da14drought5.jpgns d’autres Etats) mais on n’en parle pas beaucoup dans la presse. Sauf quand il s’agit de mentionner les œuvres de charité de certains acteurs (comme Salman Khan qui aurait donné 2000 tanks alors qu’il ne sort même pas de nouveau film). C’est comme ca que j’ai des amis à Mumbai (capitale du Maharashtra) qui ne savent pas qu’il y a une sécheresse… 

 

Il s’agit de fait de la plus grosse sécheresse depuis 1972 – on se souviendra peut-être qu’à l’époque Indira Gandhi avait demandé à Nixon de l’aide humanitaire ; il avait commencé à envoyer de la nourriture avant de se rétracter parce qu’il pouvait pas la blairer.  

 

A l’époque aucune « famine » n’avait été enregistrée, pas plus que cette année. Mais quand même plus de 12 000 villages n’ont plus d’eau et doivent être approvisionnés par camion. La situation est catastrophique (avec des risques d’émigration mul

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mercredi, 22 mai 2013 | Lien permanent

Pourquoi en Inde on rote à table (et partout ailleurs)

  •  Moi : Salut comment ça va ?
  •  Mon collègue : Aujourd’hui je me sens pas très bien, j’ai des gaz. 

 Oh comme c’est gracieux ! Alors de un ma question était rhétorique, et de deux des gaz ???? Je la sens bien cette journée, mais alors bien bien ! 

J’écrivais en août 2008 qu’alors que je « marchais tranquillement dans la rue, une petite vieille, passant à mon côté, a balancé un rot d’une telle puissance… Elle aurait pu me traiter de vieille pute que j’aurais été moins choquée ! ». 

 

Cinq ans plus tard, ce thème est toujours d’actualité puisque j’ai dû informer uinde,manières de table,coutumes,rots,pets,éructation,gaz,digestionn de mes managers que s’il voulait un jour promouvoir un de ses commerciaux, il allait devoir commencer par lui expliquer d’arrêter de roter à table. Ce PORC me coupe l’appétit à chaque fois. Il rote bien dix fois pendant le repas. Et pas des petits rototos hein, nan lui il envoie…  

C’est peut-être socialement accepté (voir bien vu) en Inde mais voilà, quand tu travailles pour une entreprise internationale, tu dois connaître les mœurs de tes collègues pour éviter de choquer un PDG en visite pour quelques jours (et de perdre direct tout crédit – oui c’est triste on juge d’après les apparences mais c’est comme ça… 

 

Je ne me permettrais pas de faire des leçons de morale aux Indiens qui lâchent des caisses incroyables dans les trains par exemple. Mais mon collègue qui m’éructait puissamment dans l’oreille au moment où je m’y attendais le moins (j’étais assise dans la voiture et au téléphone) s’est vu interdire de jamais recommencer… Dans l’intérêt d’une entente cordiale… Je fais de mon mieux pour m’adapter mais là j’avoue, c’est dur dur… 

 

C’est probablement la bonne chose à faire, médicalement parlant, de laisser la nature s’exprimer, je le reconnais… Mais bon… 

Alors les Indiens, ils pètent et rotent beaucoup parce que 1. Ils ne se retiennent pas et 2. Ils mangent très épicé (ce qui augmente les gaz). Tout simplement ! 

 

Et voilà donc ce que j’avais recherché à l’époque sur le thème du rot : 

 

« Je me suis interrogée sur le « pourquoi je suis une telle chochotte » ? Pourquoi, même au bout de 2 ans, ça me coupe l’appétit quand mon interlocuteur indien rote posément au milieu du repas et pourquoi les raclements de la gorge autour des éviers (de la plupart des restaurants) me donnent la nausée ? Pourquoi, sous le coup de l’indignation, je mettrais des claques à mon « boss » quand il pète en plein meeting ? 

Et ben je crois que c’est CUL-TU-REL… En Asie et au Moyen-Orient, une bonne éructation signifie qu’on a apprécié le repas. Dans le monde occidental c’est « carrément dégueu » (citation du net à laquelle j’adhère parfaitement). 

 

Et pourtant, pourtant… chez nous aussi roter à table a longtemps été accepté. 

 

Par exemple, dans l’empire romain: 

« Le rot à table était une politesse justifiée par les philosophes pour qui suivre la nature était le dernier mot de la sagesse. Poussant plus loin leur doctrine, l’empereur Claude avait pris un édit pour autoriser l’émission d'autres bruits gazeux. Dans ses épigrammes, Martial en montre même plusieurs hôtes qui, d’un claquement de doigts, appellent l'esclave qui leur apporte l’urinal et les aide à s’en servir. Enfin, il était fréquent de voir à la fin de la cena les vomissements souiller les précieuses mosaïques du plancher; et l’indigestion provoquée dans une chambre à côté demeurait toujours le moyen le plus sûr d'aller jusqu’au bout de l'invraisemblable ripaille. » (1)  

 

Puis au Moyen-âge (2) (et vous allez voir qu’il y a beaucoup de similitudes avec l’Inde d’aujourd’hui !) :  

A l’époque, on mangeait très épicé (et ça provoque des gaz (et les Indiens mangent très épicés)) – c’est l’ère des ragoûts assaisonnés. (3)  

La nourriture s’attrapait avec les mains (qu’on trempait régulièrement dans des bols d’herbes désinfectantes et odorantes – les fingerballs !). (4) 

Et on crachait : « au Moyen Age, cracher est non seulement une coutume, mais aussi un besoin naturel. Les seules restrictions que s’imposent les chevaliers courtois, sont de ne cracher ni sur la table ni par-dessus la table, mais uniquement sous la table. » (5)  

 

Et enfin à la Renaissance (m’est avis que c’est à cette période que le rot a commencé à devenir grossier) : 

« Les manières à table apparaissent chez les nobles vers 1530, suite à la publication d’un ouvrage intitulé Civilitas morum puerilium d’Erasme (6). Les repas mondains deviennent une sorte de spectacle où chacun s’affiche afin d'être reconnu pour son rang.  Catherine de Médicis (1519-1589) apporte la fourchette (à deux dents), la faïence fine et la verrerie mais on continue de manger avec les doigts. A table, les bancs du moyen âge sont remplacés par des sièges individuels, la serviette est devenue systématique : elle est grande afin de pouvoir protéger les collerettes. Sur tables, les épices trônent toujours et l'ordre de service apparaît : on commence par les fruits, puis les bouillies,  les rôts ou les grillades pour finir par les desserts. » (7)  

 

Record : 

inde,manières de table,coutumes,rots,pets,éructation,gaz,digestion,poils,oreilles,citations,recordJ’ai fait mes petites recherches et ce n’est pas un Indien qui détient le record du monde du rot le plus fort - ils détiennent bien le record de taille de poils dans les oreilles (voir note) alors tous les espoirs étaient permis - mais un britannique, Paul Hunn dont l’éructation a atteint 118,1 décibels soit l'équivalent d'une tronçonneuse en fonctionnement. 

 

Citations : 

·         « Pourquoi ne rotez-vous et ne pétez-vous donc point ? Ce repas vous a-t-il déplu ? » Martin Luther. 

·         « Le snobisme, c'est une bulle de Champagne qui hésite entre pet et rot. » Serge Gainsbourg 

·         «  Qui ne rote ni ne pète est voué à l'explosion. » Érasme. 

 

Anecdotes culturelles (8)  

·         Une tribu d’Afrique, appelée Hullaballooburpymen, rituellement sacrifiait le roteur le plus bruyant du groupe dédié au Dieu Rot de l’Ennui, pour éviter que le Dieu ne punisse la tribu par le châtiment de l’ennui. Ils se divertissaient ainsi en regardant le champion roteur rôtir. 

·         Alexandre le Grand, lors d’un banquet royal, se leva de table, lâcha un pet bien sonore et dit « quel joli gaz que voilà ». Sa femme, assise à côté de lui, est décédée le lendemain de cause inconnue…  

 

(1) Source : empereurs-romains.net 

(2) Article_Guidecasa.com_Le Moyen Age à table.pdf 

(3) Source : guidecasa.com 

(4) Source : peisme.blogspot.com 

(5) Source : genebourgogne.org 

(6) Source : Des bonnes manières.pdf 

(7) Source : technoresto.org 

(8) Source : Wikipedia 

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samedi, 26 octobre 2013 | Lien permanent | Commentaires (3)

Apprentie eBay (suite 6)

La Speed Post est ouverte jusqu’à 14h !

Et ils acceptent d’envoyer le lèche-roue. Ca non plus c’était pas gagné !!

 

Ils le pèsent (2.2 kg) et me donnent le prix (2,200 Rs soit une trentaine d’euros et soit dix fois le prix de la pièce, et à peine 50% de plus que La Poste normal). En plus y a un numéro de suivi. Je ne tergiverse donc pas trop…

 

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Je m’assois à l'intérieur pour finir l’emballage et là j’entends le mot que je ne voulais PAS entendre : « kapra ». Kapra c’est synonyme de grosse galère même si en fait ça veut juste dire tissu. Quand tu envoies un colis par La Poste en Inde, va savoir pourquoi, il faut l’entourer de tissu blanc. Dans certaines Postes il y a un préposé à la couture du tissu mais dans tous les cas il faut l"acheter le tissu et dans le coin je vois pas du tout où trouver ca…

Je commence donc à chouiner. Pitié, pas le kapra !!

La guichetière insiste – les femmes n’auront pas été mes alliées dans cette histoire…

Mais j’entends le mec au fond dire en Hindi que c’est pas la peine avec la Speed Post. Je lui fais mon plus beau sourire à celui-là ! Pour un peu j'irais lui faire un bisou...

 

Une heure pour envoyer mon colis c’est un record !!


Et livré en 4 jours ! Si c'est pas formidable...

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samedi, 20 juillet 2013 | Lien permanent

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