Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 01 septembre 2008

L'actu (pas drôle) en Inde

Alors, depuis les attentats en mai et juillet, c’est pas le top… Ca fait réfléchir sur les notions de tolérance, spiritualité, non-violence qui constituent l’image de l’Inde...

 1. C’est le bad au Cachemire : la plus forte agitation depuis 20 ans : Hindous et Musulmans se tapent sur la tronche.

2. C’est le bad en Orissa : Hindous et Chrétiens se déchirent.

3. C’est le bad dans le Bihar et l’Uttar Pradesh : des inondations de malade.

4. La croissance est sans cesse revue à la baisse, l’inflation à la hausse.

 1. Au Jammu-Cachemire : la plus forte agitation depuis 20 ans ; Hindous et Musulmans se tapent sur la tronche - Sources : La Presse Canadienne, France 24

jammuandkashmir-district-map.JPGPoint sur la situation : Le Jammu-Cachemire (capitale Srinagar) est un Etat de l’Inde, situé au Nord et qui consiste en trois zones principales : le Jammu, la vallée du Cachemire (Kashmir) et le Ladakh.

La religion principale de l’Etat est l’Islam mais varie suivant les régions (95% de musulmans au Cachemire et 87% d’hindous au Jammu ; le Ladakh étant bouddhiste à 81%).

Lors de l’Indépendance (en 1947) et de la Partition, il a été demandé aux Etats de choisir s’ils voulaient être rattachés à l’Inde (« hindoue ») ou au Pakistan (« musulmans ») ; seul le Cachemire n’a pas su se décider et les Anglais l’ont attribué à l’Inde. Depuis, la situation est explosive dans cette région que se disputent l’Inde, le Pakistan et la Chine. L'Inde administre actuellement un peu plus de la moitié du territoire, le Pakistan un peu moins de la moitié et la Chine une toute petite partie.

Courant juillet, un gouverneur (musulman) a décidé de retirer le droit d’usage de la terre d’Amarnath (40 hectares) qui avait été accordé aux Hindous pour leur pèlerinage. Cette querelle a fait au moins 34 morts et relancé les appels des séparatistes musulmans qui veulent que le Cachemire, ancien royaume himalayen aujourd'hui divisé entre l'Inde et le Pakistan, fasse sécession de la fédération indienne. Témoignage : « Nous avons honte d’être considérés comme des Indiens. Nous ne voulons plus être Indiens, nous sommes musulmans, un point c’est tout », criait un motard. « Et nous voulons être rattachés au Pakistan, nous sommes des musulmans pakistanais », ajoutait son compagnon. Dans la rue on entendait surtout le mot « Azadi » (« Liberté ») mais aussi des cris à la gloire du Pakistan.

Ce qui a fatalement entraîné des manifestations. Donc il a fallu imposer un couvre-feu (24 heures sur 24) – que les habitants ne respectent pas vraiment ; et il y a même eu un blocus économique. Résultat écoles fermées, banques fermées, et pénuries de vivres. Témoignage : « Avant, il y avait 2 000 camions qui transportaient tous les jours des produits de base sur la route de Srinagar, maintenant il n’y en a plus qu'entre 200 et 400. Les gens de Srinagar ont peur d’aller au Jammu parce qu’ils savent qu’ils risquent de se faire agresser, caillasser, attaquer avec de l’acide. Ils craignent qu’on leur fasse du mal ou qu'on s'en prenne à leurs camions », affirme Suhail Bachir.

Depuis 2 mois, la ville de Jammu vit au rythme des violences quotidiennes. En mettant le feu à tout ce qu'ils trouvent, chaque jour des centaines extrémistes protestent contre le refus du gouvernement de céder quelques hectares de terre à un comité organisant un pèlerinage hindou au Cachemire musulman. La région n'avait pas connu une telle situation depuis la rébellion séparatiste de 1989 qui avait fait 43 000 morts.

 Mise à jour : Aux dernières nouvelles, le couvre-feu a été levé pendant quelques heures vendredi soir pour permettre à la population d'acheter des produits de première nécessité. Mais la police n'a pas permis la tenue des prières dans la principale mosquée, celle de Jamia, pour la première fois en 17 ans. L'imam a été assigné à résidence avant d'être libéré quelques heures plus tard.

Les services du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a plaidé jeudi pour une enquête approfondie sur les meurtres commis pendant la crise. Ils ont également appelé les autorités indiennes à respecter le droit de manifester en paix. L'Inde a vivement réagi à cette déclaration, jugeant ce communiqué "irresponsable".

 2. En Orissa : Hindous et Chrétiens se déchirent - Sources : metrotime.be, Journal Chrétien

Orissa.JPGAlors l’histoire c’est qu’un type (Swami Laxmanananda Saraswati) a été assassiné et il était hindou. C’était même d’un dignitaire du Conseil mondial hindou. Donc il a fallu trouver un coupable et si la police a suggéré les rebelles maoïstes, très actifs dans l’Orissa, les hindous ont préféré les chrétiens (pas sans raison toutefois : Swami machin chose faisait campagne contre des « conversions forcées » au christianisme d’hindous de basses castes, des «intouchables)*. Alors, représailles oblige, ils sont allés leur donner une correction. Les hindous ont donc mis le feu à un orphelinat catholique – brûlant vive au passage une femme hindoue (oups la boulette).

Et puis ça a pris de l’ampleur. Depuis le week-end dernier, la police dit avoir arrêté plus de 100 personnes après que des émeutiers eurent incendié 500 maisons, 25 lieux de culte chrétiens et des dizaines de véhicules. Des centaines de policiers anti-émeute et de paramilitaires ont été dépêchés mercredi dans cet Etat reculé avec l’ordre de « tirer à vue » face à des « violences » jugées « sans précédent » par la conférence épiscopale d’Inde. Le bilan officiel s’établit à 9 morts, mais des sources parlent de 14 à 16 tués.

Après ça, la violence s’est encore multipliée, obligeant des dizaines de milliers de chrétiens à se cacher samedi (29 août) dans la forêt en Orissa, où les violences antichrétiennes ont fait 36 victimes ces derniers jours. Terrorisés, plus de 50 000 chrétiens ont fui leurs habitations pour se réfugier dans les forêts environnantes ou devant les commissariats, de peur d’être pris pour cible par des foules d’hindous déchaînés, selon All Indian Christians. Des chiffres confirmés par Mgr Raphael Cheenath, qui précise que 80 prêtres et religieuses de son diocèse sont été parmi les 50 000 réfugiés qui ont fui ce week-end « pour sauver leur vie ». Les chrétiens « redoutent de nouvelles attaques », indiquent l’évêque. On estime à 30 000 le nombre d’écoles chrétiennes ayant fermé les portes en Inde pour protester contre la flambée de violences antichrétiennes qui secouent depuis le début de la semaine l’Etat d’Orissa.

*NB : Bien que les chrétiens ne représentent que 2,3 % des 1,1 milliard d’Indiens, ils constituent en Orissa 20 % de la population, notamment en raison des conversions opérées par les missionnaires au sein des populations tribales.

Mise à jour : « La violence dans les villes semble être terminée, mais les villages sont toujours sous la menace de nouvelles attaques car les forces de sécurité y sont rares », affirmait vendredi le révérend P.R. Paricha, président du Conseil chrétien de l’Inde pour l’Orissa, réclamant une « intervention militaire ».

3. Dans le Bihar et l’Uttar Pradesh : des inondations de malade - Source AFP

Uttar Pradesh.JPGPlus de 800 personnes ont déjà trouvé la mort depuis juin à cause des intempéries en Inde et 2 millions ont été sinistrées.

L'Etat septentrional de l'Uttar Pradesh (dans le Nord), le plus peuplé du pays (180 millions d'habitants), compte près de 700 victimes, 1,3 million de personnes sinistrés et plus de 3 000 villages affectés.

Au Bihar (Etat de l’Est), Une soixantaine de personnes sont mortes et quelques 3 millions ont été affectées par les fortes précipitations : ces inondations ont été provoquées par les pires pluies de mousson depuis un demi-siècle, selon les autorités. Les pluies ont ainsi fait déborder la rivière Kosi qui s'est déversée dans le lit voisin d'un ancien fleuve asséché depuis des siècles.Bihar.JPG

Le gouvernement a mis en place une centaine d'abris temporaires mais près de 600 000 personnes privées d'eau potable et de nourriture attendent toujours de l'aide. « Les évacuations à grande échelle se poursuivront dans les trois ou quatre prochains jours pour que les personnes en détresse soient secourues », a déclaré à l'AFP un responsable de la cellule de gestion des catastrophes, Prataya Amrit.

Le gouvernement a estimé qu'un retour à la normale prendrait plusieurs mois alors que le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a averti de risques d'épidémies dans les campements. « Nous devrons fournir de la nourriture et un abri aux survivants jusqu'au mois d'octobre car ils ne pourront pas retourner chez eux avant », a dit le ministre en charge des situations d'urgence, Nitish Mishra.

 Mise à jour : Aujourd’hui, les débordements de la rivière Kosi partent de plus en plus dans le Gange, le fleuve sacré de l’Inde, limitant un peu les inondations dans les régions bordant la rivière Kosi. 

 4. La croissance est sans cesse revue à la baisse, l’inflation à la hausse - Source : AFP

 La croissance économique de l'Inde ralentit à son plus bas niveau en 3 ans. L'économie de l'Inde est en plein ralentissement avec son plus mauvais taux de croissance depuis 3 ans à 7,9% entre avril et juin, ce qui fait dire à des analystes que le « miracle » économique indien touche à sa fin.

Après 4 années d'euphorie et d'auto-satisfaction des élites politiques et économiques, qui rêvent de hisser l'Inde au rang de « superpuissance » égale de la Chine, le Conseil économique du Premier ministre Manhoman Singh ne prévoit plus que 7,7% de croissance en 2008-2009 contre 9% en 2007-2008 et 9,6% l'année précédente. Des maisons de courtage tablent sur à peine 7% cette année.

 En Inde, les statistiques sont calculées sur des exercices budgétaires décalés – du 1er avril au 31 mars – et non sur des années calendaires. Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre est bien inférieur au 8,8% enregistré au trimestre précédent.

 Reste que cette croissance en demi-teinte – pour un pays en développement – n'est pas vraiment une surprise: l'inflation est au plus haut depuis 13 ans à entre 12% et 13%, provoquant des hausses successives des taux d'intérêt par la banque centrale qui ont fini par peser sur la consommation intérieure, principal moteur de la croissance indienne.

De plus, le géant asiatique est particulièrement exposé à l'envolée des prix des produits pétroliers, qu'il importe à hauteur de 70% de sa consommation en plein essor due à l'augmentation du parc automobile. Aucun pays ne peut « espérer se tirer indemne du développement de nombreux facteurs anti-croissance ces derniers mois», préviennent les conseillers économiques du Premier ministre. L'Inde, forte de son immense marché intérieur potentiel et dont l'économie n'est libéralisée que depuis 1991, s'est longtemps crue immunisée face aux turbulences mondiales.

Même l'indice de la Bourse a chuté de 28% depuis le 1er janvier, soit la plus mauvaise performance parmi les grands pays émergents. Signe aussi que la « lune de miel » semble terminée entre l'Inde et les investisseurs étrangers: des fonds ont vendu pour 6,52 milliards de dollars d'actions indiennes depuis le 1er janvier. Ils en avaient acheté pour 9,6 milliards au cours de la même période de 2007. « Les conditions de marché ne sont pas bonnes », avait admis il y a quelques jours Deepak Lalwani, du courtier londonien Astaire Securities, lorsque Tata Motors avait renoncé à une émission d'actions de 700 millions de dollars pour financer l'achat de Jaguar et Land Rover acquises auprès de Ford.

 Près des deux tiers des 1,1 milliard d'Indiens vivent en milieu rural et dépendent directement ou indirectement du secteur agricole. Cette population souffre énormément de la flambée des cours des denrées de base, comme le riz, le blé, l'huile, le gaz ou le thé. D'autant qu'entre 455 millions et 620 millions d'Indiens vivent avec moins de 1,25 dollar ou 1,35 dollar par jour, selon que l'on se réfère aux statistiques de la Banque mondiale ou à celles de la Banque asiatique de développement.