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dimanche, 20 octobre 2013

Pourquoi en Inde c'est la jungle sur les routes ?

inde,circulation,conduite,conduire,code de la route,règles,voiture,conduite à gauche,permis,bus,transport public,métro,réseau routier,parc automobile,accidents,route,rue,vaches,chèvres,rickshawsJ’ai conduit mes quatre collègues au restaurant l’autre jour. Commentaire de l’un d’eux sur ma conduite : « Si un flic t’arrête il te donne direct la nationalité indienne ! » Comprenez ici qu’en dix minutes j’avais suffisamment klaxonné, fait de demi-tours impromptus et grillé de feux pour mériter le titre d’Indienne !! 

Mais alors, pourquoi les Indiens conduisent-ils si mal ?? 

 

Je vous arrête tout de suite, ce n’est pas la faute des femmes au volant !! En 2011, seulement 11% des permis appartenaient à des femmes (1) ; et la plupart ne conduisent pas…  

 

C’est une combinaison de facteurs qui explique l’anarchie qui règne sur les routes en Inde…  

 

Il n’y a pas assez de routes (même si le réseau routier est le deuxième mondial en termes de kilomètres et croît de 4% par ans depuis 1951) (2) ; et surtout elles sont pourries ! Et je ne parle pas des routes du Madhya Pradesh (où tu mets 10 heures pour faire 500 kms), le bitume de Mumbai (la capitale économique) est plus troué que du gruyère ! 

 

Le nombre d’automobilistes augmente vitesse grand V, une petite dizaine de millions chaque année. 

Et la pratique de la conduite est relativement nouvelle : en une génération (20 ans) le nombre de véhicules sur les routes est passé de 5 à 142 millions ! Et encore… à peine 1% des Indiens ont leur voiture. (3) Flippant !! (à part peut-être pour les constructeurs automobiles…) 

 

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Pour couronner le tout, la plupart des Indiens gagnent leur permis dans une pochette surprise !! Techniquement, quand tu déposes une demande de permis, on t’en donne un temporaire et pour avoir le permis définitif tu dois passer un test de conduite (ils s’en tapent que tu aies pris des cours ou non). J’ai fait un tour de table et trois de mes quatre collègues n’ont pas passé l’examen… Tout s’achète ici ! En conséquence personne ne semble vraiement savoir faire la différence entre les phares et les codes ce qui rend la conduite de nuit très aveuglante (surtout à Delhi)...

 

Le test en ligne pour savoir si tu connais le code de la route contient une dizaininde,circulation,conduite,conduire,code de la route,règles,voiture,conduite à gauche,permis,bus,transport public,métro,réseau routier,parc automobile,accidents,route,rue,vaches,chèvres,rickshawse de questions simples (5). Je l’ai fait, et puis je suis allée regarder les règles de la route en Inde (6). Il y en a tout juste une trentaine : rouler à gauche, se mettre sur la droite quand on veut tourner à droite, se mettre sur la gauche quand on veut tourner à gauche, doubler par la droite (sauf si le véhicule de devant s’est arrêté pour tourner à droite), ralentir en arrivant à une intersection ou un passage clouté, laisser la priorité à droite aux intersections quand on n’est pas sur une artère principale, ne pas faire demi-tour quand c’est interdit, ne pas écraser de piéton, laisser passer les ambulances, ne pas conduire à contre-sens dans les rues à sens unique, s’arrêter au feu et au policier qui fait la circulation. Et c’est à peu près tout ! 

Ah attendez ! Il y aussi les « signes/signaux ». Je vous laisse juger par vous-mêmes : « Pour indiquer un ralentissement, étendre le bras droit avec la paume vers le sol ; pour indiquer un arrêt, lever l'avant-bras droit verticalement à l'extérieur, paume vers la droite ; pour tourner à droite, tendre la main droite en position horizontale à l'extérieur avec la paume de la main tournée vers l'avant ; pour tourner à gauche, étendre le bras droit et effectuer une rotation en sens inverse des aiguilles d’une montre ; pour dépasser, étendre la main droite et le bras horizontalement à l'extérieur et ramener le bras de l'arrière à l'avant dans un mouvement semi-circulaire. Les signaux ci-dessus peuvent également être simplifiés par des dispositifs mécaniques ou électriques. »

Enfin, la règle la plus importante, et non écrite, c’est « regarde devant toi et fonce ». Les autres t’éviteront… Inch’allah.

 

N’oublions pas le comportement hyper individualiste des Indiens en certaines circonstances (apparemment hérité du temps du protectionnisme, du rationnement et de la pénurie, où les Indiens devaient se battre, littéralement, pour avoir accès à n’importe quel bien de consommation (bouffe, radio, fringues etc.) qui se retrouve dans les files d’attente et… sur la route !  

 

Et rappelons que les automobilistes ne sont pas les seuls à prendre la route… Les vaches, les chèvres, les charrettes à bœuf, les tracteurs, les chevaux ont également droit de circulation.  

 

On mélange le tout et on obtient le chaos sur les routes ! Et évidemment y a plein d’accidents et beaucoup plus de mortels qu’on pourrait le croire vu la vitesse réduite de conduite… (7)  

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(1) Source : http://articles.timesofindia.indiatimes.com/2012-03-08/chennai/31135711_1_women-friendly-licences-motorcycle-manufacturers 

(2) Si l’Inde a le deuxième réseau routier du monde avec 4.2 millions de kilomètres qui croît de 4% par an depuis 1951 (3.4% depuis 2001), ça reste une croissance de plus de moitié du nombre de voitures. Source : http://www.indiaspend.com/investigations/indias-traffic-nightmare-roads-grow-4-vehicles-grow-11-2 

(3) 0,3 millions vehicles in 1951, 5,4 millions in 1981, 21,4 millions in 1991, 55 millions in 2001 and 142 millions in 2011!  

Sources : http://nctr.usf.edu/jpt/pdf/JPT%208-1%20Singh.pdf ; http://data.gov.in/dataset/state-wise-total-registered-mo... 

Review of Urban Transportation in India: http://nctr.usf.edu/jpt/pdf/JPT%208-1%20Singh.pdf 

Le parc automobile indien fait presque cinq fois celui de la France (avec 142 millions de véhicules sur les routes indiennes en 2011 contre 31 millions en France). Evidemment si on rapporte au nombre d’habitants la France a 4 fois plus de véhicules pour 1 000 habitants (481 contre 118).  

Sources : http://www.statistiques-mondiales.com/ue_voitures.htm; http://www.knowindia.net/auto.html; http://www.linternaute.com/auto/magazine/l-automobile-en-10-chiffres-cles/31-millions.shtml 

(4) Les bus représentent 90% du transport public en Inde – une tendance également partagée partout sauf à Mumbai où les trains transportent 58% des gens qui utilisent les transports publics. A Delhi et Chennai, moins de la moitié des gens utilisent le transport public. Une tendance opposée à Mumbai ou Kolkata – qui s’explique par la configuration des villes (les premières sont moins densément peuplées, plus polycentriques et géographiquement étalées). Le métro de Delhi est superbe mais déjà bondé (aux heures de pointe surtout) et pas pratique : sa structure en étoile impose de passer par le centre pour aller d’un point à l’autre. Bangalore et Kolkata ont aussi le métro et nombre d’autres villes y travaillent.  

Sources : http://cistup.iisc.ernet.in/Urban%20Mobility%208th%20March%202012/crisis%20of%20public%20transport%20in%20India.pdf; http://economictimes.indiatimes.com/slideshows/infrastruc...  

(5) http://rtoindia.com/startTest.asp  

(6) https://products.tradeindia.com/security-protection/roadway-safety/

(7) http://www.indiansamourai.com/archive/2009/08/18/-.html 

vendredi, 18 octobre 2013

Pourquoi en Inde on touche les pieds des plus âgés ?

Fais gaffe où tu mets les pieds en Inde ! 

Par exemple, quand tu es assis, tu ne dois pas pointer les pieds vers les autres, surtout si c’est des vieux.  

Ou encore, une des pires insultes qu’on puisse faire a un Hindou c’est de lui balancer une godasse à la figure (je découvre et trouve ça bon à savoir !). Lui marcher dessus en essayant de grimper dans une couchette de train marche bien aussi… (ça j’ai testé, en même temps je suis pas sûre que ça ferait trop plaisir à un de mes compatriotes non plus !) 

 

De fait, quand un Hindou te touche le pied ou la chaussure par accident, il fait un geste bizarre (il tend la main vers ton pied puis vers son cœur ou son menton) : il s’excuse quoi. Question d’éducation. Comme quand certaines personnes s’excusent d’éternuer… 

Moralité les mecs : évitez de faire du pied sous la table à une fille pour la draguer !! 

 

Il faut retirer ses chaussures au temple (toujours) et chez les gens (en général). C’est pas trop compliqué vu que les Indiens sont souvent en tongues, ce qui fait qu’il n’y a pas non plus trop d’odeurs de pied…  

 

En ce qui concerne les mycoses plantaires ?? Je me souviens avoir hurlé de rire au cri scandalisé d’un ami français qui était obligé de marcher dans les flaques en tongues (mousson oblige) et qui craignait les mycoses. Ça ne m’avait jamais effleuré l’esprit ! J’ai encore plus envie de rigoler quand, en faisant des recherches, maintenant tout de suite, j’apprends que les champis, plantaire et autre dermatophyte, sont un problème de santé majeur dans les pays tropicaux comme l’Inde, avec parfois des risques d’épidémie. Quand je pense au sol de ce temple baignant dans la pisse de rat et l’eau de pluie !! En même temps y a pas de quoi s’étonner quand on pense aux chiens des rues qui ont quasiment tous la gale. Ou à tous les Indiens qui s’épouillent sur les trottoirs. Mais pas de quoi paniquer non plus : j’ai pas chopé un champi en sept ans !! 

 

Pour bien choquer un Indien on peut aussi poser ses pieds sur un livre, un journal, un ordi, un bout de papier. C’est un peu comme si tu piétinais la déesse de la connaissance, Sarasvati, qui s’incarne dans tous ces objets. Fallait y penser ! (Moi j’y ai pas pensé et j’ai mis du temps à comprendre le regard horrifié de mon ex-Indien préféré !) Vous me direz, quelle idée de mettre ses pieds sur une revue ? Et ben quand t’as fait une prépa je peux te dire que tu as certainement fini beaucoup de soirées les pieds sur le bureau (c’est bon pour la circulation sanguine et c’est instinctif quand t’es fatigué) et forcément y a la masse de matériel de connaissance sur le bureau… 

De manière similaire les Hindous ne devraient pas souffler de bougie. Ben oui c’est un peu comme si vous souffliez a la face du dieu du feu, Agni. Pas très poli quand même… Ceci-dit ça les empêche pas de souffler les bougies d’anniversaire ! 

 

La symbolique plantaire remonte à la conception védique (les Vedas étant des textes qui remontent au quinzième siècle avant JC) de l’univers en tant que corps du dieu. Il y a le haut et le bas. Le pur et l’impur. Les pieds c’est en bas et donc c’est impur. 

A toute règle il y a exception. Evidemment. Les pieds des dieux, des chefs spirituels et des personnes âgées ne sont donc pas impurs. Donc c’est pas dégueu de les toucher ; c’est même un signe de respect. C’est un geste accompli en maintes occasions : un départ ou retour de voyage, un mariage, un festival, une cérémonie religieuse etc. A une certaine époque les enfants devaient toucher les pieds de leurs parents au lever et au coucher.

 

Mon ex-Indien préféré m’avait expliqué que dans la tradition kéralaise le frère aînée de la mariée doit aller laver les pieds du promis, en signe de respect. 

 

Quand vous allez pour toucher les pieds d’une personne âgée cette dernière ne vous laisse généralement pas aller jusqu’au bout de votre geste et répond en vous touchant le front et bénissant en souhaitant longue vie, prospérité et richesse. 

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Cette coutume remonte visiblement à très loin puisque elle est mentionnée dans la Mahabharata (une épopée non datée mais probablement plus de deux fois millénaire) où il est écrit que « toucher avec dévotion les pieds de la mère, du père, des professeurs et des anciens et en les servir jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits et donnent leur bénédiction, voilà ce qui rend une personne grande et forte ». 

 

Ça n’explique pas vraiment d’où vient le geste.  

Mais j’ai trouvé une explication que j’aime assez. Quand tu fais du yoga on t’inculque des notions de circulation d’énergie. Or certaines personnes pensent qu’en touchant les pieds d’autrui nous absorbons son énergie et en retour placer la main sur le front permet à l’énergie de circuler de la main à la tête. 

 

Sources : http://scholarsresearchlibrary.com/ABR-vol2-iss3/ABR-2011-2-3-88-93.pdf 

http://www.iloveindia.com/indian-traditions/touching-feet.html; http://www.window2india.com/cms/admin/article.jsp?aid=5991; http://www.volunteeringinindia.org/etiquette-and-customs.htm; http://www.sanskrit.org/www/Hindu%20Primer/feetsymbolism.html

mercredi, 16 octobre 2013

Pourquoi en Inde les hommes se tiennent par la main ?

Les étrangers sont toujours choqués de voir les hommes indiens aller dans la rue deux par deux, main dans la main… Et même si j’y suis habituée, voir mon nouvel embauché laisser négligemment sa main traîner sur la cuisse d’un collègue rencontré le matin même, puis s’installer confortablement et lui passer le bras autour des épaules, m’a quand même fait tilter. 

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C’est d’autant plus surprenant qu’on ne voit pas ce type de comportement entre hommes et femmes. 

 

D’où l’idée que l’Inde explose les ratios d’homosexualité… Mais en fait non, elle est dans la norme de ce côté-là (1) (avec certes un peu plus d’homosexualité circonstancielle due au fait que les relations sexuelles entre hommes et femmes non mariés sont mal vues – ils prennent un peu les trous qui passent quoi, en attendant le mariage…). C’était même considéré comme un délit jusqu’en 2010, quand la Cour Suprême observa que le concubinage et le sexe prémarital n’avaient rien d’illégal (2). Jusque-là, je me souviens que certains hôtels ne voulaient pas nous laisser dormir ensemble, mon ex-Indien préféré et moi, puisque nous n’étions pas mariés et que la police pouvait faire une descente et nous arrêter pour prostitution… 

 

De même, la loi n’interdit pas spécifiquement les démonstrations publiques d’affection : le Code Pénal de 1860 stipule bien que « quiconque commet un acte obscène dans un endroit public, et que ça dérange autrui, peut être puni d’une peine de prison ou une amende ou les deux » (3). Mais nulle part il n’y a de définition de l’obscénité… (4) 

 

N’empêche que ce n’est pas dans les mœurs de se faire des mamours en public (5). C’est même assez condamné par les bienpensants… Et ça change un peu, mais pas très vite… Par exemple, de plus en plus de jeunes perdent leur virginité avant le mariage et sont obligés de se retrouver dans des parcs ou des terrasses d’immeuble puisque pas question de ramener quelqu’un du sexe opposé dans sa chambre… 

 

Les Indiens ont un concept bien à eux de « l’espace vital ». Ça n’existe tout simplement pas. Combien de fois mon voisin d’avion a carrément envahit mon espace en débordant de l’accoudoir ? Combien de fois, dans des bus ou des trains bondés, des Indiens s’assoient sur les genoux d’inconnus sans que ça dérange personne ? Combien de familles dorment à six ou plus dans une seule chambre ? Difficile d’établir le concept d’espace vital dans des villes surpeuplées… Et puis quel bien ça leur ferait ?? 

Et puis voilà quoi, ils aiment bien le contact. Point. 

 

Et si on regarde bien, ça ne fait que quelques petites dizaines d’années que les mâles occidentaux n’ont plus beaucoup de contact physique. Ce phénomène serait lié à la montée de l’homophobie. 

A la fin du dix-neuvième siècle, l’homosexualité a commencé à émerger en tant qu’identité plutôt que simple pratique : on est passé de quelque chose qu’on faisait (à travers l’acte sexuel) à quelque chose qu’on était (un homosexuel). Progressivement les homosexuels ont attiré de plus en plus de suspicion jusqu’aux chasses aux sorcières contre les homosexuels dans les années 50. Et plus on se méfiait des homos, moins les hommes avaient de contact physique entre eux : les hétéros voulaient s’assurer que personne ne pourrait croire qu’ils étaient de l’autre bord. « La paranoïa avait remplacé l’affection publique. » (6) 

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Photo: www.artofmanliness.com

 

(1) http://www.indiansamourai.com/search/homosexualit%C3%A9 

(2) http://www.dnaindia.com/speakup/1363839/message-board-will-the-supreme-courts-ruling-on-pre-marital-sex-and-live-in-relationships-destroy-indian-culture 

(3) Section 294 (a) du Indian Penal Code, 1860 

(4) The word 'obscene' has not been defined in the code. The laws are vague in that no specific definition is laid down which could lead to arbitrary interpretation and in gross violation of freedom of expression enshrined in the Constitution of India 

(5) http://www.indiansamourai.com/archive/2011/12/12/affection-et-indecence-en-inde-barriere-legale-ou-morale.html 

(6) http://www.dailylife.com.au/news-and-views/dl-opinion/whe...