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jeudi, 23 avril 2020

L'immunité indienne face au coronavirus - Le Covid vu par une Française en Inde - 23.04

  • Nombre de cas en France : 119 151 (21 340 morts)
    • Jour de confinement : 35
  • Nombre de cas en Inde : 21 393 (681 morts) 
    • Jour de confinement à Gurgaon : 30 / National : 28

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Les Indiens sont-ils plus résistants au coronavirus que d’autres ? Étant donné que l’obésité est quand même moins répandue (voir ce post), il n’est pas idiot de se poser la question. La réponse est : on ne sait pas, mais les Indiens sont aussi les champions du diabète, des maladies cardiaques et respiratoires (voir ci-dessous). Donc on ne sait vraiment pas.

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Causes des décès en Inde entre 2010 et 2013 (source)

De manière générale, est-ce que les Indiens sont plus résistants aux maladies que d’autres ? Comme expliqué, ils ont des pratiques hygiéniques que je qualifierais de supérieures mais des conditions hygéniques souvent difficile, notamment avec le manque d'accès à l’eau (voir le post). Ils vivent aussi dans un pays tropical et sont donc exposés à de nombreuses maladies, et ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Peut-être. Ils ont en plus une véritable science – même si elle est plus intuitive qu’écrite (en tout cas pour l’instant) – des plantes et des épices. M’est-avis (après m’être enfilée quantité de livres sur le sujet) que les cuisines indiennes sont bien plus qu’un jeu de goûts et peuvent bien plus influer positivement sur la santé. Le curcuma par exemple a de vraies propriétés antiseptiques. Des graines comme celle de moutarde ou de fenouil aident à la digestion. Or une bonne digestion signifie que les impuretés ne restent pas longtemps dans le corps et reste donc la base de tout traitement médical.

D’ailleurs, en Inde bien plus qu’en France, j’entends parler d’immunité pour combattre le coronavirus, pas comme arme unique mais en combinaison avec les gestes barrières et éventuels traitements/vaccins. Et ça ne me paraît pas déconnant. Il faudrait faire un cours sur l’ayurveda mais voici les grands principes pour renforcer ses barrières protectrices :

  1. Faire du yoga – les mouvements sont tels qu’ils font aussi travailler les organes internes, si c’est pas fantastique !
  2. Manger du chyavanprash (formulation à base d'herbes et supplément de santé dont le puissant tonique à base de plantes contient : de l’amla (une espèce de groseille), de l’Ashwagandha, du Vidarikand, du poivre long, du bois de santal blanc, de la cardamome, du tulsi (basilic sacré), du Brahmi, de l’Arjun, du Jatamansi, du neem (margousier) et de nombreuses autres herbes qui aident à renforcer l'immunité, plus du miel et du ghee, beurre clarifié): 1 cuillère à café (10 g) le matin.
  3. Boire des infusions d’herbes telles que : ashwaghanda, curcuma, triphala, amla (groseille indienne), tulsi (basilic sacré). Pas gagné en France !
  4. Boire une tisane / décoction à base de basilic, cannelle, poivre noir, gingembre séché, raisins secs : 1 ou 2 fois par jour (ajouter du jaggery (gour) ou du sucre, et du citron pressé selon le goût).
  5. Boire du lait chaud (150 ml) avec du curcuma (1/2 cuillère à café) : 1 ou 2 fois par jour
  6. Manger léger, éviter les nourritures lourdes et difficiles à digérer et les aliments frits.
  7. Cuisiner avec du curcuma, du cumin, de la coriandre et de l'ail.
  8. Buvez de l'eau tiède tout au long de la journée (il est possible d'y ajouter du jus de citron) : cela aide à digérer les aliments et à prévenir l'accumulation de toxines.

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Une bonne petite vidéo d’une amie indienne :

Et puis pourquoi ne pas essayer l'hypnose / autohypnose pour booster ses défences immunitaires ? Vidéo par un excellent practicien de mes connaissances, Adrien :

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mercredi, 22 avril 2020

Des masques, des masques, oui mais d'la distanciation sociale ? - Le Covid vu par une Française en Inde - 22.04

  • Nombre de cas en France : 119 151 (21 340 morts)
    • Jour de confinement : 35
  • Nombre de cas en Inde : 19 984 (640 morts) 
    • Jour de confinement à Gurgaon : 30 / National : 28

En France, les gens se sont mis à faire des masques avec leurs vieux slips avec frénésie. Un peu comme les Indiens, chacun y va de son tuto (surtout pour ceux qui n'avaient pas déjà leur bon masque anti-pollution N95). Sauf qu’ici c’est obligatoire dès à présent, on n'a pas à attendre le déconfinement. Pourquoi attendre hein ? Dans le doute…Et puis prendre une habitude c'est long, autant s'y mettre tout de suite.

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Ce qui m’amène à réfléchir à certaines pratiques indiennes, notamment dans le contexte d’une épidémie.

Premièrement, les Indiens n’ont pas besoin de se claquer une bise pour se saluer (surtout pas en fait !). Un namasté suffit ! Ce que les Indiens n’ont pas réussi à enseigner aux Anglais en 200 ans, le corona l’a fait en 2 semaines :

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Sauf qu’aussi, ils touchent (ou plutôt effleurent) les pieds des aînés (voir ce post) et aiment bien marcher en se tenant la main (surtout entre hommes – voir ce post). En ville, dans le milieu corporate, le namasté n’a quasiment plus cours et a été remplacé par une poignée de main.

Deuxièmement, les Indiens sont très concernés par l’hygiène :

  • Ils prenaient déjà des bains quand les Européens se lavaient deux fois l’an – prendre un bain en Inde n’implique pas d’utiliser une baignoire, l’eau stagnante étant considérée comme sale et impure, mais plutôt de se laver au seau, ce qui économise bien de l’eau comparé à une douche. On a beau dos de les trouver sales quand on sait que « la banalisation de l’hygiène corporelle date de 1950-55 en France, étant liée, pour une bonne part, à la généralisation de l’eau dans le logement » (source) Les Indiens eux, étaient propres avant, et sans l’eau courante.
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  • Alors d’accord ils font encore caca dehors, en tout cas 50% d’entre eux. Mais eux ils trouvent ça plus propre quand dans une maison ; et puis du coup ils n’utilisent jamais leur main gauche, réservée au splash d’eau sur les fesses pour les laver. Et surtout ça pollue ptêt un peu moins les rivières dans lesquelles les égouts sont reversés sans être traités (voir ce post). Certains ont aussi des toilettes sèches chez eux, qu’ils font vider par des femmes de basse caste - pas question qu’ils touchent eux-mêmes leur caca. Enfin en ville, hors bidonville, les gens ont leur propres toilettes à eau.
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  • En règle générale, il faut se déchausser quand on entre chez quelqu’un, y compris dans des magasins qui ne sont pas des supermarchés (surtout dans le sud).
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  • Dans l’alimentation existe le concept de « jutha ». En gros, un individu ne peut pas toucher un aliment touché (pollué) par quelqu’un d’autre. C’est pourquoi les Indiens ne boivent pas au goulot mais à 5 centimètres (un art que j’ai encore du mal à maîtriser), ne croquent pas dans la pomme du voisin, ni ne piochent dans son assiette, et même ne gouttent pas ce qu’ils cuisinent (grand sacrilège). Bref, mes manières de table, ils les trouvent dégoutantes. C’est histoire de pureté et de pollution est intrinsèquement liée au concept des castes et donc à l’hindouisme « Partager de la nourriture avec une personne immorale ou manger dans un endroit impur peut transférer ces impuretés dans le corps de celui qui mange. ». écrit Lizzie Collingham dans Curry, A tale of cooks and conquerors; il s’agirait pas qu’un intouchable aille contaminer un brahmane. C’est d’ailleurs aussi pour ça que beaucoup d’hindous trouvent les musulmans sales.


Néanmoins, ils ont aussi quelques manies peu ragoutantes et extrêmement nuisibles à l'hygiène publique, comme celle de cracher. Et le fait qu'ils mangent avec leurs doigts (voir ce post), même s'ils sont censés se les laver avant le repas, risque d'être un facteur de aggravant dans la propagation (en ville, j'en vois souvent qui ne passent pas au lavabo avant un repas). Et puis surtout, il faut bien avouer que les conditions dans lesquelles beaucoup d’Indiens vivent sont quand même peu hygiéniques. Mais surtout, les gestes barrières, c’est pas gagné… Surtout en milieu urbain, dans les zones surpeuplées…

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Corona, coronavirus, virus, covid, covid-19, Inde

lundi, 23 mars 2020

Le Covid vu par une Française en Inde - 23.03

  • Nombre de cas en France : 19 856 (860 morts)
    • Jour de confinement : 6
  • Nombre de cas en Inde : 468 (9 morts)
    • Jour de confinement à Gurgaon : 1

Assez parlé de moi et de mes petites préoccupations de privilégiée. Parlons d’une population à risque : les personnes âgées, qui ne sont pas franchement à l’abri en ce moment en Inde : soit ils vivent avec leurs petits-enfants, soit ils sont dans la rue…

Inde,coronavirus,corona,virus,covid-19,épidémie,santéSais-tu qu’il y a en Inde 104 millions de personnes de plus de 60 ans, avec une quasi-parité d’hommes et de femmes (source). 15 millions vivent seuls, et 75 % de ces solitaires sont des femmes. Cela fait plus de 11 millions de femmes âgées livrées à elles-mêmes (source).

En plus, 65 % des personnes âgées vivent pauvres et sans source de revenus (source). Or personne ne s’intéresse à ces oubliés de la croissance, à ces vieux parfois abandonnés qui ne feraient qu’exceptionnellement le choix de vivre en autarcie – sauf pour les vrais et rares Indiens traditionnels qui abandonnent tout pour vivre l’étape finale du renoncement au monde, sannyasa, où l’homme, ascétique, se retire du monde.

Mais la réalité est telle que le législateur a dû intervenir en 2007 avec le Maintenance and Welfare of Parents and Senior Citizen Draft Bill. Désormais, théoriquement et légalement, les enfants et petits-enfants biologiques qui abandonnent ou maltraitent leurs « vieux » de plus de 60 ans, et ceux qui ne leur versent pas de pension alimentaire, sont passibles d’emprisonnement (3 mois maximum dans le premier cas, 1 mois dans le deuxième).

Tu hallucines ?? Sache qu’en France, le droit (article 205 et suivants du Code civil) oblige également les enfants à aider leurs parents dans le besoin ! Le montant de l’obligation alimentaire sera calculé par le tribunal selon les capacités financières des descendants et les besoins du bénéficiaire, sauf si ce dernier a manqué à ses devoirs envers sa progéniture (abandon, agressions, etc.). En revanche, contrairement au droit indien, le droit français est muet sur les violences et la maltraitance des parents par les enfants… Les Indiens auraient-ils en plus la main leste sur les anciens, à qui on doit pourtant un respect inconditionnel ?

Une étude, Recent Research on Widows in India, de Marty Chen et Jean Dreze (1995), a par ailleurs montré qu’à âge égal, le taux de mortalité des veuves est 86 % plus élevé que chez les femmes mariées – et 80 % chez les hommes. Il est donc évident que les privations sont majeures en cas de veuvage.

Dans un contexte où il n’y a ni retraite ni Sécurité sociale, où 97 % de la population vit avec moins de 300 dollars par mois (ce qui comprend les 22 % de la population qui vivent sous le seuil de pauvreté défini en 2015 à 1,90 dollar par jour), et 14,5 % sont sous-nourris (selon le rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture de 2017 (source)), la sélection naturelle reprend parfois le dessus. Une bouche à nourrir est une bouche à nourrir ; et une bouche inutile est une bouche en trop.

Notons d’ailleurs qu’en matière de sécurité matérielle et sociale, en Inde, c’est la famille, voire le clan plus élargi, qui en fait office. L’argent qu’un membre gagne est un peu celui de tous les autres. Dans les campagnes, où les gens gagnent leur pitance au jour le jour et n’ont presque pas d’économies, c’est le village qui fait figure de banque, qui avance les roupies en cas d’urgence, pour un mariage ou un accident. Traditionnellement, les gens possèdent un réseau très dense (qui reposent sur la famille au sens large, les communautés religieuses et ethniques) et très actifs. Ils s’entraident. En espérant qu’on leur rende la pareille quand leur tour d’être dans la dèche viendra, mais surtout par obligation morale. En fin de compte, ce système est la seule forme d’assurance contre la mauvaise fortune (une perte d’emploi ou une mauvaise récolte), avec des cadeaux, des prêts et d’autres formes d’assistance en cas de coup dur. D’où l’importance de maintenir de bonnes relations avec toute la famille, les voisins, et tout le monde. Même si cette assurance informelle a ses limites, notamment quand la maladie frappe durement, car alors les coûts d’hospitalisation sont en général tellement élevés qu’on préfère laisser la famille se débrouiller, le contrat social n’étant pas assez élaboré pour gérer cette situation.  

En plus du facteur de précarité économique, il y a également les nouvelles tendances qui changent complètement la donne pour les personnes âgées : les quarantenaires d’aujourd’hui, urbains et aisés (qui ne représentent qu’une minorité numérique, mais quand même), avec une taille de foyer limitée, extrêmement mobiles (en Inde ou à l’étranger) ne sont plus sûrs du tout que leurs enfants s’occuperont d’eux, quand bien même cette tradition est millénaire. Or les structures pour accueillir les personnes âgées en Inde sont quasi inexistantes ; elles se développent depuis une dizaine d’années, mais restent l’apanage des riches.

Les recherches manquent sur le sujet, mais cette misère, si elle est tue, n’est pas cachée : ces vieux qui finissent dans les mouroirs de Varanasi, dans des ONG comme Earthsaviours, au carrefour à faire la manche, enfermés dans une chambre du foyer de leurs enfants en attendant la fin (nourris, mais déjà invisibles) sont là pour rappeler cette réalité. Dont on ne parle pas, ni les autorités, ni le grand public. Il faut dire, ça fait tache. Ça ne colle pas trop avec les valeurs proclamées de suprématie de la famille, de respect absolu de l’aînesse, de toute-puissance de la belle-mère qui, donc, parfois, finit par déchoir. Patience.

Pendant ce temps, Tina Turner chante des mantras hindous, alors que dans le monde entier, des multites de gens confinés se mettent au yoga et à la méditation :

Corona, coronavirus, virus, covid, covid-19, Inde