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lundi, 16 mai 2022

Ma belle-mère indienne et moi - Céline

La recette magique : un mari-soutien, une belle-mère-flexible et un soupçon d'indépendance

Pour le contexte de ce post, voir la note suivante : introduction.

J’ai rencontré mon mari à 18 ans en 1999 pendant qu’il faisait un master en France. Il n’est pas rentré en Inde à la fin de ses études.

Après plusieurs années de relation, ses parents lui ont demandé ses intentions de mariage, s’ils devaient lui trouver une épouse. Il a demandé un an de réflexion, le temps que je m’installe professionnellement. Il annonça alors qu’il m’épousait ! Ils ont accepté cette décision, alors même qu’il s’agissait de leur fils unique. Mon beau-père m’a avoué avoir toujours fait confiance à leur fils quant à ses choix… (Mes beaux-parents sont tous les deux éduqués et anglophones, ils ont même fait un mariage d’amour impliquant une fuite et une cérémonie secrète (mais pas de mésalliance religieuse ou castéiste).

Après plusieurs années de vie en France, nous caressions le projet de partir tenter l’aventure en Inde. En 2010, un licenciement économique nous a mis le pied à l’étrier et nous sommes partis, avec notre fils de 9 mois sous le bras  !

Nous avons emménagé dans un appartement à Hyderabad, la « grande ville » la plus proche du lieu de résidence de ma belle-famille (à 5 heures de route). Mon mari lui-même souhaitait garder son indépendance vis-à-vis de ses parents et eux-mêmes semblaient se satisfaire de la situation, peu enclins à quitter leur cercle social.

Ma belle-mère m’a accueillie à bras ouverts ; elle a toujours respecté mes choix – qu’elle les comprenne ou pas –, et fait preuve d’une extrême gentillesse. Par exemple, elle n’a pas hésité à vendre ses bracelets en or pour nous aider quand nous avons eu des difficultés financières liés au COVID. Bien sûr, il y a eu des accrochages mais jamais de vraies disputes. Elle a toujours mis fin aux conflits en se rangeant à ma « logique », que ce soit en ce qui concerne l’agencement du frigo ou le gaspillage alimentaire.

Il y a bien eu des moments de maladresse, ou elle voulait absolument, par exemple, que je me coiffe de telle ou telle manière. Mais il a suffi que mon mari lui demande de ne pas insister, lui expliquant que cela me mettait mal à l’aise, pour qu’elle vienne me voir et me dise elle-même de faire preuve de franchise avec elle, de ne pas hésiter à partager mes sentiments. J’ai sauté sur l’occasion et ai proposé à mes beaux-parents de leur parler en toute franchise ; je ne cuisinerais pas pour eux et ne leur préparerais pas le thé – mais ma belle-mère est maligne, elle a quand même réussi à m’apprendre la recette ! – mais qu’en revanche je serais toujours honnête avec eux. La démarche, tout à fait inédite en Inde, leur a plu !

Avec mon fils, ma belle-mère a eu la finesse de comprendre que pour créer un lien, s’isoler dans la chambre et jouer avec lui fonctionnerait mieux que lui demander de s’assoir à côté de lui dans le canapé et de parler (la technique de mon beau-père !). Elle nous a aussi soutenus quand nous avons décidé de faire l’école à la maison, notamment pour accompagner notre fils qui a des troubles de l’apprentissage. Ça fait souvent grincer des dents en France mais en Inde, où cela n’existe quasiment pas, nous passons parfois pour des parents irresponsables, voire pire ! (Peu importe, cela marche bien pour nous.)

Ma belle-mère m’a appris à ignorer les envolées lyriques et colériques des hommes de la famille (son mari et son fils). Pourquoi perdre de l’énergie à essayer de les raisonner, il vaut mieux les laisser vider leur sac et penser à autre chose ! (Je n’y arrive pas toujours mais je perçois la valeur du conseil…)

Enfin, je voudrais raconter les crises de rire en essayant de me mettre un sari qui ne cessait de se faire la malle, des selfies avec des masques marrants, des séances de masque facial, etc. Elle est toujours prête pour une sortie et essayer quelque chose de nouveau.

Mais il y a deux ans, elle a commencé à devenir sénile. Je fais mon possible pour rapprocher mes beaux-parents de chez nous, pour m’assurer qu’elle ait un peu de compagnie (l’isolement lié au COVID a accéléré la maladie de manière exponentielle) et qu’elle ait accès aux soins qu’elle mérite – l’absence de soins spécifiques pour les personnes âgées et atteintes neurologiquement est abyssale en Inde. Cela pourrait aussi soulager mon beau-père. Et puis surtout, elle me manque. Plus qu’une amie, je perds une mère…

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Céline et Attayya (belle-mère en telugu)

lundi, 09 mai 2022

Ma belle-mère indienne et moi - Henriette

Une coloc indienne non sans heurts

Pour le contexte de ce post, voir la note suivante : introduction.

J’ai rencontré mon mari sur un site permettant de trouver des correspondants pour améliorer son anglais il y a presque 10 ans. J’étais encore adolescente à l’époque ! Nous avons échangé pendant deux ans puis je suis venue en Inde pour le rencontrer. Il n’a jamais vécu à l’étranger mais est venu en France plusieurs fois durant nos années de relation à distance. Nous nous sommes mariés en 2017 alors que je passais un an en Inde pour mes études puis une fois mon master terminé, je suis venue m’installer à Nashik avec lui.

Je vis avec mon mari et mes beaux-parents, « à l'indienne ». C’est sans doute pour ça qu’il y a des hauts et des bas avec ma belle-mère. Peut-être plus de bas que de hauts.

Les quelques mois après le mariage, ça s’est super bien passée, elle a été très accueillante, m’aidait et m’expliquait beaucoup de choses.

Mais maintenant que je suis devenue plus autonome, elle attend de moi ce qu’elle attendrait d’une Indienne au niveau intégration sociale dans la famille et dans ses groupes d’amies, cuisine, traditions... Elle veut que je fasse les choses dans la maison mais elle veut quand même garder le contrôle de tout. Pa exemple, c’est à moi de faire les chapatis mais ils doivent être comme elle le veut et je dois ensuite remettre la farine/les ustensiles là où elle les range.

J’ai du mal à accepter ce mélange de responsabilités et de règles imposées.

Même chose pour le reste, le manque de vie privée, d’indépendance, cette sensation d’être encore une ado surveillée par ses parents en permanence, cette intrusion par ma belle-mère dans tout, ses habitudes et invités imposés très souvent et les critiques (heureusement assez rares) dans mon dos.

Elle n’est pas méchante en soi mais je pense que notre relation s’améliora quand nous n’aurons plus à cohabiter et que j'aurai regagner mon indépendance !

Je suis actuellement enceinte et j’appréhende aussi pas mal sa place auprès de nos futurs enfants. J’ai vu comment ça se passait dans la famille, le rôle de la grand-mère, et j’ai l'impression que ce bébé va aussi amener pas mal de défis pour que les choses soient faites à ma façon !

Pour le moment, nous envisageons de rester en Inde. Mon mari étant proche de sa famille, il serait difficile pour lui d’en être éloigné. Il a également son entreprise ici. Pour ma part, je me plais en Inde et je ne nous vois pas vivre ailleurs !

Henriette

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lundi, 02 mai 2022

Ma belle-mère indienne et moi - Emeline S

Une coloc indienne sans histoires

Pour le contexte de ce post, voir la note suivante : introduction.

J’ai rencontré mon conjoint lorsqu’il était en France pour deux mois en école de commerce, en 2014. En plus de ces deux mois, il a passé deux semestres à Dubai. Après que nous nous sommes mis ensemble en 2016, je suis venue en octobre et novembre 2018, puis j’ai déménagé en Inde en janvier 2019 juste avant notre mariage février.

Je vis avec mon mari et ma belle-famille à Gwalior, petite ville (seulement un million d’habitants) à mentalité de village au bord du Madhya Pradesh. Vivre avec ma belle-famille était choisi en quelque sorte. Ils ont un business de famille au rez-de-chaussée. Être complètement indépendant sur Gwalior s’est révélé un poil difficile pour moi : nous avons vécu six mois dans un appart pour d’autres raisons, et comme dit, Gwalior est un village, donc ce n’est pas tout le temps facile d’y vivre en tant qu’étrangère ; avoir la belle-famille donne un semblant de légitimité. Nous n’avons pas de perspectives d'aller vivre ailleurs pour le moment.

Ma belle-mère est adorable, pure mère indienne qui vit principalement pour sa famille (même si petit à petit elle commence à prendre du temps pour elle). Dès le début je savais qu’elle était très gentille et pas du genre à dire non à quoi que ce soit, mais plutôt à se sacrifier pour sa famille et le bonheur des autres.

Elle m’a très bien accueillie, et a fait pas mal de compromis, notamment niveau cuisine. Nous avons fait faire un comptoir spécifiquement pour moi afin que je puisse avoir mon espace et que les nourritures ne se mélangent pas (je suis notamment intolérante au gluten), puis il a été accepté que je cuisine non végétarien (elle est pure végétarienne, mais mon mari et beau-père aiment bien du poulet et des œufs de temps en temps).

Je peux également m’habiller comme je veux à la maison ; elle comprend bien que l’été, cela peut être difficile pour moi d’être couverte de la tête aux pieds. Et depuis que je suis là, elle-même évolue  niveau vestimentaire : elle met de plus en plus de jeans et même des shorts en vacances !

J’ai maintenant une fille de 4 mois, et j’avoue que c’est bien d’avoir de l’aide pour s’en occuper : je peux prendre ma douche presque tranquille, et cuisiner également sans trop de problème.

Après, tout n’est pas facile forcément.

Mon hindi n’est pas top et son anglais encore moins bon, mais depuis le temps, on arrive maintenant à communiquer sur pas mal de choses (notamment pour se plaindre des maids et de la tante du dessus).

Bien sûr, il y a des jours où j’aimerais être juste avec mon mari et ma fille, avoir plus de vie privée, mais d’un autre côté, avoir quelqu’un a la maison est une très grande aide.

Elle essaye de suivre pas mal ce que je fais avec ma fille comme activités d’éveil (ce qui n’est pas du tout indien) et au moins ma fille a sa dose d’hindi quotidienne vu que mon mari travaille beaucoup et donc ne passe pas énormément de temps avec elle.

Il y a beaucoup de petites choses qui m’énervent. Par exemple, elle a la manie de tout ranger directement, dès qu’on nous offre un cadeau, il part direct dans les placards, et on oublie que ça y est. Et puis elle est très active le matin et moi pas du tout, mais elle visiblement, elle ne comprend pas qu’on ne puisse pas être du matin – un concept qui n’existe pas en Inde, on se lèvre avec les poules, voire même avant. Alors elle me demande plein de choses à faire alors que je dors encore à moitié. Enfin, quand ma fille pleure, elle vient presque tout le temps pour voir ce qui se passe (même si c'est juste à cause d’un lavement de nez). Ça part d’une bonne attention, mais des fois, c’est un peu trop etc... Ce sont des ajustements à faire, comme avec n’importe quel coloc ; ils sont parfois plus ou moins facile à accepter, suivant mon degré d’état de fatigue de jeune maman, mais dans l’ensemble, je n’ai pas à me plaindre, et les compromis que je dois faire ne me semblent pas disproportionnés. Nous nous respectons mutuellement, et faisons en sorte que ça marche. D’autant que le plan est de rester en Inde, en tout cas si ma santé le permet.

Emeline S

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