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lundi, 18 avril 2022

Ma belle-mère indienne et moi - Emeline T

Une relation longue distance ; loin des yeux, près du cœur

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Pour le contexte de ce post, voir la note suivante : introduction.  

J’ai rencontré mon conjoint sur une application pour apprendre l’anglais. L’application permettait de « lancer une bouteille à la mer » pour trouver des correspondants dans le monde afin d’échanger en anglais. Nous avons discuté en ligne pendant plusieurs mois avant que j’aille le rencontrer en Inde et depuis, on ne s’est plus quitté.

Je vis à la Réunion et ma belle-mère vit à Bangalore. 

Ma belle-mère, c’est une femme que je respecte plus que tout au monde. A 16 ans, elle était mariée, à 20 ans elle avait déjà deux enfants. Elle a accouché seule, sans son mari. Elle a fait des sacrifices énormes pour que ses enfants aient un meilleur futur. Elle travaille dur tous les jours pour que la maison reste propre et que le business familiale soit florissant.

Elle n’a pas été beaucoup à l’école mais c’est une femme intelligente. C'est la reine de la maison, et tout le monde la respecte. Elle a élevé ses enfants mais aussi ceux de son beau-frère. Malgré la culture dans laquelle elle a grandi, elle a su se démarquer des autres grâce à son ouverture d’esprit. Elle a su m’accepter malgré les on-dit et à m’accueillir comme sa fille.

Je l’ai rencontrée une fois pendant une semaine lors d’un voyage en Inde. Ensuite, nous nous sommes pas revues, notamment à cause du COVID. Cette année, mon mari qui vit hors d’Inde depuis début 2019, est rentré en Inde pour la première fois en 2 ans. Elle n’était pas présente pour notre mariage qui a eu lieu en France mais nous comptons faire une cérémonie en Inde l’année prochaine.

Même si je n’ai jamais passé beaucoup de temps avec elle, et nous communiquons surtout par téléphone alors même que nous ne parlons pas la même langue. Mais, malgré tout, je sais combien elle m’aime car ce sont toutes les petites attentions qui comptent. Par exemple, à chaque fois qu’elle voit un joli bijou, elle l’achète pour moi, pour la prochaine fois qu’on se verra. Elle s’inquiète quand je suis malade ou en colère. Elle est triste quand je ne l’appelle pas.

Ma belle-mère pourrait me vouer une haine sans nom, pour lui avoir « pris » son fils aîné, pour l’avoir emmené loin au bout du monde mais c’est un ange avec un bon cœur. Maintenant, mon but est de la rendre heureuse comme elle a rendu heureux ceux autour d’elle. D’ailleurs, depuis que mon mari a un CDI, nous lui construisons une maison pour qu’elle soit à l’aise. C’est ma belle-famille qui a supervisé toute la construction en Inde et ils ont mis une salle de bain européenne et une chambre, pour être sûrs que nous nous sentions bienvenus chez eux (qui est aussi chez nous, visiblement). Je trouve le geste très beau, même si cela me surprend un peu qu’ils puissent croire que nous allons un jour vivre tous ensemble. Ils semblent avoir beaucoup d’espoirs que nous emménagions.

Quant à mon mari, il aimerait rentrer en Inde vivre avec eux mais il voit bien que ma manière de vivre ne pourrait pas facilement coller : je suis une femme active, je fais beaucoup d’activités et j’aime beaucoup mon métier de professeur. Si je trouvais un job de prof en Inde me permettant de gagner ma vie et garder mon indépendance, je pourrais éventuellement envisager de franchir le pas.

Nous verrons bien comment les choses évoluent. Je n’ai pas vraiment de projets fixes. Je reconnais que j’appréhenderais un peu à vivre avec ma belle-mère, surtout si elle s’avérait directive.

Emeline T

 

lundi, 04 avril 2022

Ma belle-mère indienne et moi - Intro

Introduction

Suite au témoignage de mon expérience avec ma belle-mère indienne (post), j'ai décidé de laisser la parole à d'autres françaises mariées à des Indiens. Et tu vas voir que les situations et les relations sont diverses et variées !

Mais d'abord, laisse-moi te brosser le tableau. Il existe autant de belles-mères qu’il existe de femmes. Néanmoins, la belle-mère indienne mérite son propre cliché. Je pourrais écrire un livre sur le sujet – je l’ai peut-être même fait ! – mais je me contenterai de quelques explications. La femme hindoue accomplit son devoir terrestre en mettant au monde un (ou des) fils. Voilà ce qu’on attend d’elle et ce qu’elle attend d’elle-même. Pour ce faire, elle va vivre dans sa belle-famille où elle doit obéissance et respect à ses aînés, c’est-à-dire surtout ses beaux-parents. Elle s’occupe d’eux, s’assure que tout le monde soit nourri, et que la maisonnée tourne. Qu’elle travaille ou pas à l’extérieur, elle ne doit pas négliger aucune de ses tâches familiales et ménagères. Elle doit supporter les frasques de son mari si ce dernier est imbu d’autorité, ce qui n’est pas rare dans une société patriarcales.

Quand on entend les femmes indiennes, elles supporteraient plutôt bien la situation, y étant préparées dès l’enfance. À vrai dire, beaucoup d’entre elles souffrent du joug du mari et/ou de la belle-mère. Surtout quand le fils se prend d’affection pour sa femme et qu’elle n’est plus la prunelle de ses yeux. Son plus bel amour, elle ne le trouve pas souvent dans le mariage arrangé – quoi que cela arrive – mais toujours avec son fils. Alors la nouvelle intruse, si elle est nécessaire, est parfois également vue comme une rivale. Ce qui ne simplifie pas les rapports quand tout le monde doit vivre sous le même toit, plus ou moins grand.

Évidemment, les choses se compliquent quand la belle-fille n’est pas indienne et souffre d’indépendance chronique. Les situations peuvent varier grandement selon plusieurs facteurs. Par exemple, c’est souvent plus tendu si c’est un Indien qui épouse une étrangère, car c’est la femme qui est en général dépositaire de la culture qu’elle transmet en élevant les enfants. Qu’une Indienne épouse un étranger, c’est déjà moins problématique, en général. Et puis cela dépend de l’endroit où le couple s’est formé et d’où il vit, et donc du degré d’ouverture du conjoint indien à une autre culture et celui d’exposition du conjoint non-indien à la culture indienne. Le mode de vie a également un impact qui peut varier – suivant du choix de vivre séparés ou ensemble. Enfin, chaque famille indienne a des espoirs plus ou moins nourris pour leur progéniture et est plus ou moins ouverte d’esprit. Il n’y a donc pas de règles, les relations avec la belle-mère peuvent changer du tout au tout. Je vous livre dans cette série quelques témoignages !

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lundi, 10 octobre 2016

Le troisième oeil

Allez, c’est décidé, la prochaine fois j’écris sur des sujets plus sérieux que mes histoires de toilette. Je pourrai par exemple broder sur la guerre imminente entre l’Inde et le Pakistan (le premier ayant bombardé des nids des terroristes (sous la modeste appellation d’ « opérations chirurgicales » et le second déniant ces exactions), le deal de Rafales de Dassault, les disputes intestines dans les Etats du Sud pour l’eau, la folie idolâtrique pour Jayalalitha, la Chief Minister du Tamil Nadu (une alcoolique lesbienne mégalo (en tout cas de réputation) qui se cache du public depuis son hospitalisation fin Septembre), les épidémies moustiqueuses de dengue et de chikungunya, la grossesse de Karina Kapoor. Bref y en aurait des trucs à raconter…

Mais pour l’instant je préfèrerais parler des belles-mères ! Bon pas de la mienne hein, autant éviter un scandale d’Etat. (Je rigole.) Mais juste de deux scènes dont j’ai récemment été témoin. Inde,belle-mère,intimité,couple,famille,actualité

La première fois c’était chez le gynéco à Gurgaon. Une jeune femme est sortie du bureau du docteur visiblement bouleversée. Elle était suivie de son mari qui l’entraîna dans un coin un peu discret (sur lequel j’avais pleine vue, c’est pas ma faute, faudrait pas m’accuser de voyeurisme). Et là qui rapplique ? La belle-mère ! Et le beau-père qui essaye d’éloigner sa femme pour laisser un peu d’espace au couple. Et la belle-mère de revenir à la charge plusieurs fois avant de les laisser tranquilles. Mais qui va chez le gynéco avec ses beaux-parents ??? Ben pas mal d’Indiens hein… Vu que le bébé est un peu la ‘propriété’ de tout le monde, et surtout de la belle-mère…

La seconde fois c’était à l’aéroport, juste à la porte des départs. Un jeune couple en larmes (je ne fais toujours pas dans le voyeurisme, ni le sentimental), visiblement sur le point d’être séparés. Et qui supervise la scène, à moins de trente centimètres ?? (Je n’exagère même pas). La belle-mère. Plantée là, à les regarder, et la scène dure, et elle dure. Et mon mari de répondre à un de mes commentaires « mais où tu veux qu’elle aille ?? ». Ben je sais pas, si elle doit absolument les accompagner à l’aéroport, elle peut au moins aller boire un chai pour leur laisser un peu d’intimité non ? D’in-quoi ?? Ah non ça n’existe pas dans le vocabulaire indien ;)