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mercredi, 21 avril 2021

Voyage au bout de la nuit - Le Covid vu par une Française en Inde 21.04

Je dormais depuis un bon quart d’heure la nuit dernière – mais alors très profondément – quand mon téléphone a sonné. Mon Indien préféré. J’ai bondi dans le lit. Et oui, les nouvelles n’étaient pas bonnes.

La pharmacie avait livré un et il était bloqué à 70 – sachant que tu hospitalises à 85. J’ai essayé avec mon doigt et j’étais au-dessus de 95. Il a réessayé, 70 à nouveau. Nous avons téléchargé une appli sur mon iPhone mais rien de conclusif, à part que je suis toujours en pleine santé.

Là, nous avons commencé à beaucoup moins rigolé. Et voici la liste des gens qui ne répondent pas au téléphone à 2 heures du matin :

  • - Le service d’urgence de l’ambassade de France (appelé à 3 reprises).
  • - Notre ami chirurgien orthopédique – qui nous a sauvé la vie lors de la circoncision de notre fils et qui nous aide actuellement comme personne – dont la femme a aussi le Covid.
  • - La cellule de soutien de notre résidence, qui est censée garder des bonbonnes d’oxygène – le seul type des 3 responsables que nous avons réussi à joindre nous a dit que les-dites bonbonnes étaient parties pour recharge.

Maintenant, voici qui répond au téléphone à 2 heures du matin :

  • - Tous les hôpitaux de Gurgaon, pour te dire qu’ils sont pleins.
  • - Un ange tombé du ciel, une médecin française mariée à un Indien, que j’ai rencontrée virtuellement via mon blog. On ne s’est jamais vues mais sans elle je ne sais pas comment j’aurais pu arriver au bout de la nuit. Elle a partagé tout un tas de contacts pour nous essayer à trouver un lit et des bonbonnes d’oxygène.
  • - Un de ses contacts a répondu ; malheureusement, il ne savait pas où trouver un lit et a un peu craqué au téléphone : il venait de perdre son frère au Covid. La nuit s’annonçait très longue.
  • - Un autre de ses contacts nous a dit d’aller à un campement militaire (DRDO) monté pour l’occasion et qui accueille les civils.

Nous voilà partis dans les rues vides – pour cause de couvre-feu –, les rares voitures de flics ne nous arrêtant pas. J’ai d’ailleurs réussi à éviter de m’emplafonner un camion de poulets sur l’autoroute. Des poulets à manger.

Et bien ce centre qui vient de rouvrir est plein. Les admissions sont fermées. Ils ne prennent que les patients à moins de 40 d’oxygène. Il nous restait l’option de la crise de l’étrangère qui perd les pédales – mais si je sentais un peu de curiosité, pas vraiment d’empathie de leur part. Ou de filer des biftons, que nous n’avions pas et en plus mon Indien préféré et moi on ne sait pas vraiment faire ça et enfin il y avait des militaires partout, qui arroser pour passer cette porte cadenassée?

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Sur le chemin du retour, mon Indien préféré s’est mis à faire des exercices de respiration – sachant que c’est un peu son dada quand même, le yoga, la respiration, la méditation. Et le taux d’oxygène a commencé à remonter en flèche. Et la pression à retomber. Tout doucement. Nous sommes donc rentrés à la maison.

Au matin, tout le monde répondait au téléphone. Un ami du mari de l’ange sus-mentionnée nous a envoyé un saturomètre de marque – en refusant que nous le payons, j’en ai pleuré, mais à ce stade, je te le dis, je pleure pour rien ; j’ai réussi à ne pas trop craqué la nuit dernière, et je peux difficilement faire mieux. Et bien si tu compares les 2, le nouveau saturomètre est stable, même pour les battements du corps, et monte à 98.

Il a fait une radio des poumons de bon matin qui est plutôt bonne.

Il passe ses 4 heures par jour sur le ventre, fait des étirements, essaye de marcher dans sa chambre. Nous avons reçu tout un tas d’exercices à faire pour se maintenir. C’est viral sur les réseaux, puisqu’il faut bien survivre à la maison désormais.

Merci à tous ceux qui nous aident, d’une manière ou d’une autre. Et qui m’ont aidée à aller au bout de cette grande nuit de solitude…

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mardi, 20 avril 2021

Quand le Covid s’invite chez toi… - Le Covid vu par une Française en Inde 20.04

  • Nombre de cas en France : 5 296 222 (101 180 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 15 321 089 (180 550 morts) 

Je fanfaronnais un peu samedi, en écrivant mon post pendant que mon Indien préféré dormait à l’étage. Couvant tranquillement son corona. Quand nous avons détecté de la fièvre dans la soirée, je lui aurais bien donné un doliprane et au lit mais monsieur est parti s’isoler dans la chambre de mon fils – pour des raisons de travaux nous n’avons que 2 clims qui marchent, dans cette chambre et celle d’amis.

Le dimanche après-midi, quelqu’un est venu faire le test au black. Oui au black. A 2 fois le prix normal. Parce que les centres de test sont tellement pleins qu’ils ne font presque plus de tests et encore moins de collecte à la maison. Mais en Inde, tout marche par réseau – on appelle ça aussi de la corruption, mais peu importe.

Dimanche soir, j’avais transféré serviette, brosse à dents etc. à mon mari et je commençais un peu à paniquer. Le voir (à très longue distance) avec ses yeux qui étaient dans le brouillard et ne pas pouvoir m’en occuper à cause de la porte entre nous m’a collé une grosse dose de stress.

Et puis il y a Petit Samourai qui, du haut de ses 6 ans, réclame beaucoup (beaucoup) d’attention. Et les repas – ne va pas croire qu’un Indien, même malade et sans le goût va manger des pâtes 3 fois par jour. Personne d’ailleurs, sauf moi peut-être ! Lundi, j’ai passé ma journée à essayer de régler le problème du frigo et des clims, et acheté un robot aspirateur, avant que le résultat du test ne tombe et que la résidence nous barricade. Et surtout avec mon fils, que j’ai aidé à faire des œufs au petit déjeuner, donné un bain à ses peluches, joué aux cartes, sorti tous les playmobiles etc. Il ne m’a pas pourtant pas laissée finir une conversation au téléphone et j’ai explosé. C’est à ce moment-là que la porte d’entrée s’est ouverte et qu’une apparition quasi divine a franchi le seuil : notre nounou / cuisinière / lavandière. Qui, en connaissance de cause, venait se confiner avec nous. J’ai pleuré. Je te jure, j’ai pleuré. Pas des larmes de crocodile mais quand même.

Dans la nuit, les résultats sont tombés. Mon Indien préféré est positif, je suis négative. Au Covid en tout cas…

Ma belle-sœur et ma belle-mère au Kerala ont le Covid, une très bonne amie aussi, et le propriétaire de la maternelle. Le nombre de cas dans ma résidence explose. Il est partout ce truc…

L’Inde a annoncé ouvrir la vaccination aux plus de 18 ans. Et c’est de notoriété publique que le pays manque de lits et d’oxygène. Touchons du bois pour que nous n’en arrivions pas là…

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samedi, 17 avril 2021

« Mais ma pauvre, c’est l’hé-cata-tombe le Covid en Inde !! » - Le Covid vu par une Française en Inde 17.04

  • Nombre de cas en France : 5 224 321 (100 404 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 14 526 609 (175 673 morts) 

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Je demandais à ma gynéco pourquoi le médecin ne recommandait pas à ma femme de ménage, qui en avait pourtant tous les symptômes, de se faire tester. « Mais ma pauvre, pour quoi faire ? Tout le monde a le Covid de toute façon. » Son hôpital, déjà plein, a été réquisitionné pour être un centre Covid et le gouvernement leur a demandé d’augmenter le nombre de lit. Elle a conclu prosaïquement : « Mais pas la peine de paniquer, porte ton masque et lave-toi les mains et continue de vivre. »

Je t’avais laissé sur une note un peu euphorique : voir ce post. L’euphorie est passée, et comment. En attendant, elle a fait du bien au moral...

Finalement, l’immunité collective n’aura été qu’un mirage alimenté par 2 pauvres études même pas concluantes (puisqu’elles annonçaient 56 et 57% de cas positifs sur 2 zones tandis que l’immunité collective serait atteinte à partir de 70% de personnes immunisées (source), si toutefois elle est possible…

Finalement, les Indiens n’ont pas un système immunitaire à toute épreuve et mâcher du gingembre ne fait pas de miracle. La période d’euphorie sus-mentionnée a vu les masques tombés partout dans le pays, le festival de Holi se jouer (même si à une plus petite échelle que d’habitude) et alors là, les gens qui appliquent à la mano de la poudre sur le visage des autres, le Covid il doit kiffer ! Et puis peut-être que l’augmentation de l’humidité dans certaines régions a encouragé la reprise. Quoi qu’il en soit, c’est l’hécatombe…

Dans la capitale, les centres de test sont saturés et il faut attendre plus de 48 heures pour avoir des résultats. Les hôpitaux sont pleins dans pas mal de villes. On voit des images de queues d’ambulances qui attendent leur tour pour y entrer. Et des ventilateurs qui circulent d’une ville à l’autre dans des véhicules de fortune. Mumbai est en confinement strict, même si le terme choisi est « couvre-feu » – Amazon ne livre plus que des biens dits « essentiels », c’est mon indicateur mesure de gravité d’une situation ! Delhi et Gurgaon ont un couvre-feu, Delhi a un confinement le week-end et certaines résidences commencent à durcir leurs règles par elles-mêmes (notre parc est fermé par exemple), comme chez moi:

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On ne nous parle pas trop du nombre de décès, voire pas du tout en fait. Mais nous savons que plus de jeunes sont touchés (une école a fait la une dans le Maharashtra avec 229 cas dans un hostel étudiant (source)  et qu’il y a énormément de cas asymptomatiques.

L’Inde a accéléré les campagnes de vaccination (pour l’instant limitée aux plus de 45 ans) et serait d’ailleurs en rupture de stock. Elle a par ailleurs stoppé les exportations et autorisé le vaccin russe Sputnik V mi-avril – il sera fabriqué en Inde par 6 entreprises.  

En attendant, les mariages sont toujours autorisés (avec un nombre limité d’invités) et la Kumbh Mela a rassemblé plus de 2 millions de pèlerins dans un joyeux bordel démasqué. Enfin, à ce stade, c’est peut-être un mal pour un bien. L’immunité collective serait peut-être ce qui peut leur arriver de mieux.

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En attendant, nous restons sagement à la maison…