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Virée dans le Madhya Pradesh…

b2e7074e61c697ff5bfd47412d1b8bf0.pngIl y a sans doute des tonnes de trucs à dire sur cet Etat du centre de l’Inde (Madhya Pradesh (MP pour les intimes) ça veut d’ailleurs dire « Etat du Centre »). J’ai envie de dire que c’est aussi un peu le trou du c… de l’Inde (si vous me passez l’expression). Shiv s’était juré de ne jamais y mettre les pieds… mais qui me résiste ??!!

Carte de visite : 60 millions d’habitants / Capitale : Bhopal (connu (pour moi) seulement par le titre du livre Il était minuit cinq à Bhopal) / Langage principal : hindi / Spécialité culinaire : a priori aucune (fallait voir les yeux en rond de flan du serveur (d’un 4*) quand je lui ai demandé…).

Fraîchement débarquée à Jabalpur (j’aime bien ce nom, les sonorités sont sympas non ?) après 19h de train (si si, j’étais fraîche, j’ai dormi 17h !), j’ai halluciné. Pune fait figure de ville du 3ème millénaire à côté… Les rues sont crades, y a encore des cycle-rickshaw (des pousse-pousse à vélo), les bâtiments sont moches etc. etc. Mais en fait c’est rien comparé à Raipur, dans l’Etat voisin de Chhattisgarh (anciennement rattaché au MP) – mais j’y reviendrai plus tard.

A Jabalpur, nous avons loué une voiture pour aller à Kanha, déjeuné, cherché une agence de voyage pour acheter les billets de retour, appris qu’il n’y avait pas de train Jabalpur-Pune le samedi, appelé l’hôtel à Kanha pour savoir s’il pouvait s’en occuper pour nous, reçu une réponse positive et nous sommes partis !

Jabalpur-Pune : 150 kms, 4h de route et plongeon dans la campagne indienne (avec des maisons bleues et blanches super 60a2f7ff749a28c1f57e90a4e471dc01.jpgjolies, presque toutes pareilles). Une campane où les gens vont encore au puits. Mais ça ne nous a pas empêchés, dans notre super hôtel, de faire couler l’eau pendant une demi-heure (et plusieurs fois en plus) parce que l’eau chaude ne venait pas. Ca paraît honteux de dire ça, mais c’est un peu ça l’Inde : on marchande pour 10 roupies (moins de 2 centimes) avec un rickshaw et on claque 1000 roupies pour un bon repas. Au début ça révolte, après on s’y fait. Après tout, c’est nous qu’on a établi les règles hein ? Et puis bon, les étrangers sont chargés entre 10 et 50 fois plus pour tous les trucs touristiques (en fait c’est assez normal (même si ça fait râler), et ça reste abordable pour nous !!).

Après 4 jours de wildlife, nous étions prêts à repartir pour Pune… Nous avions demandé à l’hôtel de nous réserver des billets pour samedi soir, idéalement Jabalpur-Pune, au pire Jabalpur-Mumbai. Paraît qu’il n’y avait rien de disponible. Alors ils nous ont envoyé à Raipur (250 kms, en s’éloignant encore plus de Pune !!), où, ça tombe bien, la chaîne avait un hôtel et où il y avait des places mais que en 1ère classe (ah ben tiens). Jusque là pourquoi pas. Mais au moment de partir, ils annoncent le prix de la voiture : 3500 roupies. Et puis quoi encore ? En 2 minutes, ils acceptent de partir pour 2500 roupies. Bon parfait, ce sont des voleurs, et en plus les deux chauffeurs ont des tronches absolument machiavéliques. Ni une ni deux, Shiv et moi partons au village pour un benchmark. Conclusion : le prix est : 2500 roupies. Après maintes tergiversions, nous décidons de partir avec la voiture qui nous avait été réservée, pas convaincus quand même. Les deux compères chargent les bagages et nous retrouvent sur la route du village. Là-dessus j’ouvre la portière et découvre une flaque de vomi. C’en est trop… Je veux mon sac, s’il vous plaît. Le mec me parodie (ce con) et me sort mon sac. Et je me retrouve en bord de route, sur mon sac (version attraction du village), pendant que Shiv nous trouve une autre voiture. Il arrive finalement dans un mini-truc-qui pue-l’essence-mais-c’est-pas-grave. Nous sommes partis pour 6h de route ! Ah non finalement, au bout d’une heure nous nous arrêtons pour changer de voiture – la route est mauvaise et le chauffeur a peur que sa voiture le lâche (peur raisonnable à mon avis). Il nous promet une voiture d’ici 15 minutes. Il nous invite à prendre le thé dans sa famille. Première question de la grand-mère : vous avez des enfants ?? Notre chauffeur passe des coups de fil, encore 15 minutes… Nous buvons le thé, je finis par prendre mon bouquin (Shiv ne traduit quasiment rien, et en plus seulement ce que je comprends déjà…). 2 heures plus tard je commence à bouillir (pas de bol, tous les taxis sont partis à un mariage ! (vous pouvez le croire ça ??)). Shiv craint un éclat de ma part (à nouveau une crainte justifiée). En plus je viens de voir passer un gros rat dans la pièce. Bon, la voiture arrive, c’est un 4x4. Coût total : 3300 roupies. No comment…

Mais Dieu Merci, c’était un 4x4… 6h sur la pire route de l’Inde, si on peut appeler ça une route. C’était en fait pire que les pistes de la jungle. Sans déconner. Des trous énormes (restes de la route bétonnée), et une circulation de malade. J’ai mieux compris pourquoi on répète sans cesse que si l’Inde n’améliore pas ses infrastructures, elle n’arrivera pas à se développer…

A minuit nous sommes finalement arrivés à Raipur. Mais nous n’étions pas au bout de nos surprises. D’abord, ils avaient réservé pour une seule personne, et ils n’étaient pas trop chauds pour nous laisser à deux (sans doute à cause de la station de police juste à côté – jcrois bien que c’est illégal de dormir à deux si on n’est pas marié, ou pas du même sexe (!!)). Finalement, nous nous couchons…

Le train part à 9h le lendemain. Sauf qu’à 7h30 pas de billets. Après maints appels, il s’avère que l’hôtel de Kanha, qui nous avait juré ses grands dieux qu’aucune annulation n’était possible (et c’est d’ailleurs pour ça que nous sommes quand même allés à Raipur – si Shiv m’avait écoutée, nous serions allés à Nagpur, au moins c’est dans le Maharastra, et c’est presque moins loin de Kanha que Raipur), comme nous avions refusé leur voiture, avait annulé les billets !!! Ca a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour Shiv… Un peu de colère, et deux billets ont été réservés le soir même pour Bombay.

Voyage électrique s'il en est : passer une journée entière dans une chambre d’hôtel plutôt glauque m’avait foutu les nerfs en pelote. Après une nuit dans le train, 1h30 de rickshaw et 2h30 de bus, nous étions rendus à Pune. Bref, que 48 heures…

Ils ont pas fini d'entendre parler de moi cette chaîne d'hôtels...

Mais ça valait le coup ;) Les tigres...

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mercredi, 28 novembre 2007 | Lien permanent

Interview pour ExpatBlog

Mon blog a été élu blog du mois sur ExpatBlogMerci pour la distinction !! inde,expatriation,question,interview,expatblog

Voilà l’interview que j’ai faite pour eux : 

 

"J’ai 30 ans, je suis parisienne d’origine.

 

Comment t'est venue l'idée de t'installer en Inde? 

A la fin de mes études (école de commerce), je suis partie voyager en Amérique du Sud et j’ai décidé d’aller travailler dans cette région. J’ai recherché un VIE mais n’en ai pas trouvé. Et puis un VIE m’est arrivé tout cuit en Inde ; je me suis dit pourquoi pas… 

 

Depuis combien de temps es-tu partie? Est-ce la première fois que tu vis loin de chez toi?

Je suis en Inde depuis plus de 6 ans. 

J’ai quitté la maison à 20 ans pour aller faire mes études à Reims puis mon Erasmus en Espagne. 

 

Comment s'est passée l'installation? 

Bien. Je n’avais pas beaucoup d’attentes concernant l’Inde vu que je n’avais pas prévu d’y aller. Ça s’est fait un peu dans le brouillard parce qu’au début je ne comprenais pas grand-chose à ce qui se passait (à cause de la langue, et du fait qu’en Inde tout se passe toujours à la dernière minute alors les plans n’arrêtent pas de changer). 

 

Les Indiens sont-ils accueillants? 

C’est le moins qu’on puisse dire ! 

 

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Mumbai/en Inde? 

Le bordel (ou l’anarchie pour être plus politiquement correcte ;) ). Il se passe plein de trucs partout tout le temps, des véhicules qui passent dans tous les sens, des gens qui squizzent les files d'attente, des échopes un peu partout. Ca donne une impression de bordel organisé (ou pas).

 

 

Quelles sont les différences les plus marquantes avec la France, ton pays d'origine? 

La notion d’efficacité – les Indiens travaillent moins vite, passent plus de temps dans la clim au bureau, sont moins organisés. 

La logique : la logique française est cartésienne. Je ne saurais pas qualifier la logique indienne – mais y en a une, si si ! – mais elle est différente.

 

 

Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent depuis que tu es installée à Mumbai? 

J’ai surmonté le manque de bœuf et de fromage et même d’autres produits (on en trouve mais c’est pas facile facile). Donc en terme de nourriture ça va. 

Je rentre 3-4 fois par an en France donc je gère aussi la distance avec ma famille et mes amis. 

Ce qui me manque, c’est le calme (ou l’absence de bruit). 

 

La vie d'une expat à Mumbai, ça ressemble à quoi ? 

Ca ressemble à beaucoup de travail ! 

Ma journée typique ressemble à 20 minutes de rickshaw à travers un bidonville puis des meetings tout azimut. Un butter chicken et un naan commandés le midi au bureau. Des pauses coca sur la terrasse (avec vue sur la mer). Boulot jusqu’à 20 heures puis happy hour à la terrasse du Novotel avec une collègue (vue sur la mer à nouveau). 

Et dimanche à la piscine ou au spa. 

Ça, c'est quand je ne suis pas en déplacement professionnel ou en train de courir l’Inde pour le plaisir ! 

 

Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce blog? 

Je dis souvent que j’ai commencé à écrire pour ma famille et mes amis (le jour de mon arrivée) et j’ai vite réalisé que plein de monde sauf ma famille et mes amis le lisaient ! Alors j’ai continué. 

En fait je crois que je l’écris pour moi-même. 

 

As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog? 

Pas mal oui ! Physiquement et par mail. 

Je reçois pas mal de mails pour des conseils de voyage, d’installation, de recherche d’emploi et même des traductions de proverbe de français à hindi. 

 

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles et ceux qui souhaiteraient aller vivre à Mumbai/en Inde? 

Soyez patients… Il y a un dicton qui dit qu'en Inde si t'as de la patience tu la perds et si t'en as pas tu la gagnes. En fait c'est ça, en cercle... L'Inde, tu la découvres tous les jours, faut la laisser venir à toi, ne pas vouloir essayer de tout comprendre, tout analyser. Et le plus frustrant, c'est que quand tu commences à t'y sentir à l'aise, t'arrives pas à expliquer pourquoi!

 

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samedi, 18 mai 2013 | Lien permanent | Commentaires (1)

Ré-humaniser le 'rickshaw-boulot-dodo'

En Inde, que l’on soit un touriste ou un local, on est amené à prendre beaucoup de taxis et/ou de rickshaws (« touktouk » pour les touristes, « auto » pour les autres). C’est pas cher, ils sont partout, ça permet d’éviter d’avoir à galérer pour se garer ou pour trouver son chemin. Y pas à tortiller, c’est pratique. Pas forcément bon pour le dos mais pratique.

LE problème c’est que les conducteurs des dits taxis ou rickshaws sont souvent perçus comme des voleurs. Qu’ils refusent de lancer le compteur, qu’ils oublient de le remettre à zéro, qu’ils vous baladent autour de la ville, ils ont mauvaise réputation. D’ailleurs il n’y a à peu près qu’à Mumbai que les « autos » mettent le compteur, voire ont un compteur pour commencer ; dans les autres villes, on est supposé connaître la distance à parcourir et le tarif approximatif, ce qui induit une discussion préalable à la course. L’exercice peut se révéler frustrant, irritant, et peut même conduire à décider de ne finalement pas sortir de chez soi ce jour-là. Pour toutes ces raisons, on a tendance à traiter les chauffeurs desdits véhicules comme des sous-hommes, des machines (prolongement de leur levier de manœuvre), dont on n’attend rien d’autre qu’une bataille (sur la route à prendre, sur le montant à donner) et une bonne dose de tape-cul. Les chauffeurs de taxi sont considérés comme encore plus roublards, d’où la croissance exponentielle du nombre de radio-taxis (rien que pour le plaisir de ne pas avoir à se prendre le pif).

 

Dans le quotidien rickshaw-boulot-dodo, c’est un peu comme dans le métro : les yeux pas en face des trous, on fait la gueule à l’arrière du l'auto. Le chauffeur, dont on a à peine identifié les traits (pas besoin, c’est une machine), ne pose pas les questions dont il régale d’habitude les touristes (« Tu viens d’où ? Tu fais quoi ? Tu aimes l’Inde ? »). Avec le code de politesse indien, on peut même zapper en toute quiétude les politesses d’usage : pas besoin de bonjour, de s’il-vous-plaît, de merci, et encore moins de sourire. Indiquer l’adresse au départ et lancer « baas » (assez, stop) à l’arrivée, et un balancement de la tête pour remercier suffisent.

 

L’étranger met également un point d’honneur à ne pas laisser de pourboire, vu que ce sont déjà des voleurs. Il peut donc perdre un sacré paquet de temps (en oubliant, c'est pratique, que  le temps c'est de l’argent) pour une roupie ou deux. C’est une question de PRIN-CI-PEEUUUH. Et puis l’étranger blâme tous les autres blancs qui ne suivent pas ses PRIN-CI-PEEUUUH, donnant de ‘mauvaises habitudes’ aux chauffeurs indiens, leur inculquant l’idée qu’il est un dollar sur pattes à qui il est facile d’extorquer plus que le nécessaire. Il est donc d’autant plus nécessaire d’appliquer ses PRIN-CI-PEEUUUH strictement.

 

J’étais comme ça pendant longtemps. J’ai fait de ces scènes pour cinq roupies ! Et puis un jour, j’en ai eu assez, j’ai recommencé à dire « merci » aux chauffeurs, et à arrondir les montants (bon, sauf dans les cas où ils me font chier pour une raison ou une autre), voire même à leur sourire… Et si je ne suis pas trop fatiguée, j’essaye même un peu mon Hindi ! Plus souvent dans les taxis car les courses sont en général plus longues qu’en rickshaw. Et j’entends souvent des histoires assez dingues !

 

C’est pour cette raison que j’ai voulu partager cette note de ‘Humans of Mumbai’. J’ai découvert ce groupe un jour que je me baladais avec Junior dans le porte-bébé ; ils ont souhaité m’interviewer mais j’étais malheureusement dans un très mauvais jour et j’ai préféré décliner. Quoi qu’il en soit, je lis avec plaisir leurs notes quotidiennes, qui ré-humanisent un peu tout le monde… Y compris les chauffeurs !!

 

Humans of Mumbai.jpg 

« L’autre jour un mec bourré s’est assis dans mon taxi et a commencé à me balancer des insultes à la tronche. Je n’ai pas bronché et je l’ai ramené chez lui sain et sauf à 4 heures du mat, mais j’étais très énervé parce que ça me prouvait à nouveau à quel point mon job est sous-apprécié. J’étais tellement dégouté que j’ai pensé tout laisser tomber et retourner à Chandigarh.

A ce moment-là, un autre client est monté et m’a demandé de l’emmener à l’aéroport. Même si il était tôt, il m’a demandé mon nom, d’où je venais et où je vivais à Bombay. A la moitié du trajet il a ouvert une boîte de sandwiches et m’en a offert un et quand il est descendu, il m’a souri et m’a donné 50 roupies de plus parce que 2 ou 3 chauffeurs de taxi avant moi avaient refusé de le prendre. C’est ça Bombay ; il y a tellement de mondes à l’intérieur que même si tu veux partir, tu ne peux pas. »

 

https://www.facebook.com/pages/Humans-of-Bombay/188056068070045?fref=ts  

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lundi, 06 juillet 2015 | Lien permanent

Ma belle-mère indienne et moi - Hélène

Quand les contraires ne s'attirent pas...

Pour le contexte de ce post, voir la note suivante : introduction.

J’ai rencontré mon mari lors d’un stage en Angleterre. J’avais 25 ans, lui 28 et il travaillait dans l’informatique.

Nous nous sommes mariés un an plus tard, un peu pour des raisons administratives, beaucoup par amour… Je n’avais jamais été en Inde ni même parlé à sa famille mais il m’assurait que nous remédierons à tout ça rapidement. Dès que nous aurions un peu de sous de côté, nous irions faire un beau mariage en Inde !

En attendant, même si nous ne gagnions pas beaucoup d’argent, mon mari envoyait au moins une centaine d’euros tous les mois à ses parents. Et quand il y avait des extras, des urgences médicales par exemple, j’étais mise à contribution. Je ne trouvais rien à y redire, même si ça nous faisait des fins de mois un peu compliquées.

Et puis nous avons déménagé à Ahmedabad. Peu après notre arrivée, j’ai réalisé que j’étais enceinte ! Mais des beaux-parents, point de signe… Entre le choc culturel, l’adaptation et la grossesse, je n’y pensais pas trop. Et puis un soir, deux mois avant l’arrivée du bébé, mon mari est rentré bouleversé à la maison. Il avait avoué à ses parents qu’il était marié, à une Française, et bientôt papa. Sa mère avait crié, pleuré et son père avait hurlé des choses horribles « le jour de ta naissance est maudit », « j’aurais préféré que tu meures que d’entendre cette nouvelle », etc. Ils ne voulaient plus entendre parler de lui. Et moi je tombais des nues, je n’avais pas imaginé une seconde qu’ils n’aient jamais entendu parler de moi…

La crise s’est prolongée plusieurs semaines. Mon mari essayait de m’expliquer le déshonneur que son mariage avec moi (mésalliance religieuse et de caste) faisait tomber sur sa famille. J’essayais de comprendre. Mais si c’était aussi terrible, pourquoi n’avait-il pas suivi la voie qui lui était tracée ? (J’ai beau comprendre l’envers du décor, dès que mon mari s’incline devant les aînés à mon détriment ou celui de mon couple, je revis avec force ce sentiment de trahison né du fait que mon mari ait tu si longtemps mon existence, même (et surtout) après le mariage.)

Finalement, après un long silence, mes beaux-parents ont repris contact avec leur fils. Non pas qu’ils soient revenus à de meilleurs sentiments, mais ils avaient une échéance de crédit à payer… Le pragmatisme a repris le dessus ! Dans la foulée, un dîner a été organisé. C’était un peu lunaire, personne ne savait trop quoi se dire ou comment se comporter. Mais la glace était brisée. Tellement bien que pendant que j’accouchais à l’hôpital, ma belle-mère s’est installée chez nous et a visité tous les placards et tiroirs. A mon retour, elle a dégagé mon mari dans une autre chambre et s’est installée dans la mienne, avec le bébé. Je devais être sous le coup des hormones pour supporter ça ! Ainsi que les boissons amères pour augmenter la production de lait, ses massages au nouveau-né (j’étais pour !) qui le faisait hurler (là j’étais moins pour), l’interdiction qui m’était imposée de sortir, etc. Alors que j’étais au bord de l’implosion, une urgence familiale les fit partir au bout de quelques semaines, sans ça ils seraient encore là - mon mari s’est révélé incapable de mettre en doute le bien-fondé des actions de sa mère, et encore moins de s’y opposer et donc de prendre ma défense. Quand je n’ai pas pu – ni physiquement, ni psychologiquement – cédé à sa mère pour une cérémonie religieuse, il s’est carapaté et m’a laissé essuyer la crise toute seule, et quelle crise ! (Pour les trois mois du bébé, alors que j’étais en mode survie, ma belle-mère a insisté pour aller dans un temple faire le mundan. Les trucs religieux ce n’est pas trop mon truc, raser les cheveux de mon bébé encore moins, mais l’idée de faire 12 heures de queue parce que c’était ce temple et pas un autre… je n’ai pas pu.)

Après ça, il y a eu les raids impromptus chez nous et plus particulièrement dans le frigo pour vérifier qu’il n’y ait pas de viande. Les visites avec de la famille sans prévenir mais non sans attendre que je prépare le chai et des snacks indiens. Je pris le parti d’ignorer les piques sur mon surpoids ou sur mon lamentable hindi, et de dire oui à tous les conseils qui m’étaient prodigués (notamment sur mes tenues, le lissage de mes cheveux ou mon maquillage, je devais toujours être très présentable) sans rien changer à mes habitudes. M’insurger en frontal ne m’apporta rien ; sourire se révéla plus efficace. Je ne vous mentirai pas, ce ne fut pas facile d'avaler toutes ces couleuvres en silence ; par exemple, la fois où j’insistais pour que ma belle-mère laisse mon fils attaché dans le siège auto, elle me hurla dessus « c’est MON petit-fils !! »; j’ai vu rouge, très rouge, beaucoup de sang… Je me suis dit qu’à force de répéter le cliché qui la terrifie, l’Occidentale qui boit, divorce, et part avec les enfants, elle allait le provoquer à ce train-là...

Malgré notre début de relation, houleux mais ayant le mérite d’exister, je n’étais toujours pas la bienvenue chez eux. Quand une invitation est arrivée pour le mariage d’une vague cousine dans laquelle mon nom ne figurait pas (contrairement à celui de mon mari), ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase – pour cette cérémonie aussi, j’avais dû me serrer la ceinture ! J’ai dit à mon mari qu’il ne pouvait pas avoir le ghee l’argent du ghee et les fesses de l’Occidentale… S’il ne (re)trouvait pas ses couilles rapidement et se mettait à défendre sa femme et son fils, il allait pouvoir se mettre à rencontrer ces femmes dont sa mère continuait d’envoyer le CV en vue d’une union (post notre divorce, qu’elle jugeait inéluctable ou qu’elle espérait, je ne sais pas). J’en avais assez de me mettre à sa place (à laquelle je n’aimerais pas être d’ailleurs), de me sentir mal à le voir sans cesse tiraillé. Et moi alors ? J’avais déménagé au bout du monde pour lui et je vivais un enfer ! Il a enfin réagi, m’a « imposée », et personne n’a déserté le mariage à cause de moi, au contraire, j’ai été le centre de l’attention…

Après cette première bataille et de nombreux efforts, les choses se sont tassées. Au bout de deux ans, j’ai enfin été invitée dans la maison au village, maison que, accessoirement, j’avais contribué à payer. Les ragots avaient diminué en intensité et ma belle-mère avait compris que je ne divorcerais pas si vite. Elle a su apprécier que j’apprenne un peu de sa langue et de ses recettes. Surtout, elle a renoncé à ce que je me voile avec le purdu de mon sari – que je porte rarement – et à ce que je passe mon temps à la cuisine ou à faire le ménage, ce qui est encore le sort de sa fille et de ma belle-sœur. Ce « traitement de faveur » ne m’a d’ailleurs pas attiré que des amitiés dans la gent féminine de la famille… Aujourd’hui, les relations sont fluides, à divers degrés selon les membres de la famille. Nous avons même déménagé dans le village où nous faisons construire notre maison.

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lundi, 23 mai 2022 | Lien permanent | Commentaires (1)

IndianSamourai aux Amériques!

Il y a selon moi deux types de voyageurs: les backpackers et les suitcasers. Dans cette catégorie se distingue le suitcaser indien...

Et voilà ce que sept ans en Inde ont fait de moi : une backpacker métamorphosée en suitcaser… Qui en plus à les jetons de partir en vacances autre part qu'en Inde ! 

 

Le suitcaser apprécie l’ordre qu’offre la valise : un côté pour les affaires d’hiver pour le Chili et l’autre pour les affaires d’été pour New York. Facile de s’y retrouver ! 

 

Le suitcaser, surtout le suitcaser indien (mais en fait c’est un pléonasme vu que la grande majorité des Indiens sont des suitcasers par nature), croit naïvement que partout où il ira et où sa valise ne pourra pas rouler, il y aura quelqu’un pour la lui porter. Le suitcaser doit alors se mordre la lèvre et par fierté se retenir d’accepter l’aide de ses amis quand il réalise que personne n’est là pour lui porter sa valise pour descendre (et monter) les escaliers du métro chilien. Le Chili bon sang !!

Le suitcaser se dit très égoïstement que si le développement signifie se casser le dos avec ses bagages il n’a pas trop hâte que l’Inde se développe... Il se dit aussi qu'il y a là une idée de business à monter : embaucher les chômeurs qui passent leurs journée à la salle de sport (ça doit bien exister non?) pour qu'ils se fassent les muscles en portant des valises !

Du coup le suitcaser indien ne va pas s'emmerder avec sa valise aux Etats-Unis: faut bien faire vivre les chauffeurs de taxi ! On est un suitcaser ou on l'est pas... 

 

Si le compartimentage de la valise dénote un certain sens de la planification, le suitcaser indien en est pourtant complètement dépourvu. Il a appris ça en Inde où ça ne sert à rien de prévoir parce qu'il y a toujours des imprévus qui chamboulent tout et il adore ça maintenant ! Enfin c'est une autre illustration du paradoxe indien : impossible de planifier un week-end plus de vingt-quatre heures à l'avance ; en revanche le plan de vie est souvent tracé à la naissance (à tel âge t'as ton premier job, à tel âge tu gagnes tant, à tel âge tu te maries, à tel âge tu as ton premier gosse etc.).

Mais revenons à nos moutons. Pour remplir adéquatement une valise, un suitcaser normal commencerait par regarder la météo… Sauf que ça n’arrive JAMAIS en Inde !! Surtout à Mumbai où il fait beau et chaud huit mois de l’année et pluie et chaud le reste… Le suitcaser hallucine donc quand ses amis danois vérifient la météo trois fois par jour… Et s’habille en conséquence… Au risque de se geler le cul de bon matin en short parce que leur smartphone a dit qu’il y aurait du soleil à un moment donné ! Ah ces Danois ! 

 

Mais il y a mieux !! Le suitcaser indien tombe des nues quand il reçoit un mail deux semaines avant le départ pour louer une voiture à l’arrivée. On verra bien quand on y sera non ?? Je te raconte même pas quand il reçoit un mail pour louer une voiture pour aller faire du shopping pendant la dernière semaine des vacances. Il croit sincèrement à une plaisanterie… 

 

Le suitcaser indien pousse d’ailleurs le vice de la non-planification à changer les plans des autres à la dernière minute. Si tu le laisses tout seul trop longtemps avec une bouteille de pisco (l’alcool chilien) et des locaux qui lui parle de pingouins, il est susceptible d’arriver à persuader son ami danois de passer une heure au téléphone avec la compagnie aérienne locale et payer une bombe pour changer les billets d’avion et… faire deux heures de bateau puis deux heures de voiture en Terre de Feu pour s’extasier une demi-heure devant dix pingouins rois (les feignants qui ne sont pas allés pêcher avec les autres) !!  

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Le suitcaser prend une première claque quand, après trois vols de neuf heures, deux vols de deux heures, quatre heures de voiture (finalement louée à la descente de l’avion), neuf heures et demi de décalage, trente degrés de moins, un déphasage complet entre l’effervescence mumbaite et le dépeuplement patagonien, ses amis danois l’emmènent faire un trekking. 

L’idée d’aller crapahuter dans la neige, les cailloux et la glace ne leur fait pas peur ! 

Pas d’eau ? On boira aux ruisseaux !! Pas grave si on n’a pas de bouteille pour la transporter… 

Pas de nourriture (le déjeuner ayant été allègrement zappé) ? Pas de problème, le backpacker danois a toujours un cracker fade et moche pour se rassasier… Un cracker pour l’amour de Dieu ! C’est la première fois que le suitcaser indien est aussi content de travailler pour une entreprise qui fabrique des barres chocolatées et en a inopinément déposé plusieurs boîtes au bureau la veille du départ ! Le suitcaser indien se félicite maintenant d’avoir fait entorse à son habitude de ne pas en manger et fait des provisions pour l’avion. Il est sauvé de l’inanition !! 

 

Le suitcaser prend une deuxième claque le lendemain du premier trekking quand il enchaîne avec neuf heures d’ascension. Il arrive, de nuit, à moitié mort de fatigue, de faim, de soif, de froid, un genou en moins et un gros orteil en l’air, et le moral dans ce qui reste des chaussettes : il ne comprend pas comment ses amis danois galopent encore comme des chèvres. Il se dit que son mode de vie à Mumbai doit vraiment être pourri… (enfin pourri non ptet pas mais pas très sain quoi !)... Certes il ne va pas tous les jours en vélo au bureau et ne se nourrit pas de crackers… Non c’est plutôt le cul sur une chaise (de bureau, de voiture) toute la journée – il y a bien les (irrégulières) séances de yoga au bureau, mais elles font bien pâle figure à côté des entraînements quotdiens à la salle de gym de ses amis – du butter chicken à gogo et des happy hours trois fois par semaine... Alors forcément il souffre quand il s’agit de vagabonder dans la nature… Le suitcaser indien prend de bonnes résolutions qu’il sait qu’il ne tiendra pas…  

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En revanche le suitcaser indien est complètement dans son élément à New York, surtout pendant la canicule. On transpire, y a du bruit, de la circulation et des confrères, tout y est ! Il est d'ailleurs content de pouvoir utiliser ses rudiments d'Hindi avec les chauffeurs de taxi !! 

 

Il hallucine un peu quand on l'emmène faire les boutiques. On est loin de la dizaine de marque de fringues importées en Inde et des deux appareils photos reflexes qui s’y battent en duel... 

 

A New York, le suitcaser indien a très mal aux pieds. Ah tiens ça sert à marcher des pieds?? Il redécouvre les trottoirs... 

 

Le suitcaser indien à New York se demande si il ne vient pas en fait d'Arabie Saoudite: il lui semble que toutes les filles se baladent à moitié à poils. Mais que fait la brigade des moeurs ??! Surtout au concert de Jay-Z... Il scotche sur des poitrines regonflées dont seuls les tétons sont cachés et sur des culs que les mini-shorts ne couvrent pas (pas plus qu'ils ne couvrent, souvent, la cellulite). 

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Le suitcaser indien a passé d'excellentes vacances au bout de son monde!! On ne peut plus dépaysantes... Avec la pampa déserte du Chili, les asados, le mariage classe d'un ami très proche à Santiago, le pisco, les balades dans New York, les bières au bord de l'Hudson river, et surtout ses amis d'Erasmus d'il y a huit ans... C'est pas grave si certains d'entre eux sont des backpackers danois tarés de la planification, les suitcasers chiliens et américain adeptes de la dernière minute étaient là pour rattraper le coup !! 

 

Et tant pis si au bout du compte il a dû dire adieu à sa suitcase de qualité… indienne !

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mardi, 20 août 2013 | Lien permanent

Sacré week-end...

Samedi midi, j'ai commencé par un pétage de bide avec de la bouffe d’Inde du Sud, à Southern Spice. J’accepte désormais d’y suivre Shiv pasque j’y ai découvert un truc pas épicé qui ressemble franchement à de la blanquette… Pourquoi se priver ??!

Samedi après-midi, sortie au zoo avec Marie, et bonne partie de rigolade. D’abord le tigre royal du Bengale. Impossible de rien voir, juste une espèce de beuglement dans le lointain… Alors forcément, quand on a vu un truc blanc s'approcher entre les branchages, et ben nous nous sommes dit ça devait être la vache qu’ils lui servent en dîner… Eh non, c’était le tigre ! Nous ne savons toujours pas si il est blanc d’origine (copain !!) ou si c’est seulement un vieux, très vieux tigre. Comme il refusait de s’approcher pour la photo (le bougre), j’ai du retenir Marie qui voulait lui balancer l’hideux porc-épic en pâture, ou même pire, un ptit indien…

Ensuite le léopard. Pauvre bête dans une cage à double rangée de barreaux, dressé pour en faire le tour quand le gardien siffle. Pathétique. En plus, avec ces doubles barreaux, impossible de prendre une photo correcte. Non mais on se moque de qui ??!

Et puis les singes. Pas de commentaire pour l’instant, les photos parleront d’elle-même…

Pour finir, les serpouilles. On nous avait promis des cobras. Mais nous refusions de croire que les espèces de couleuvres endormies étaient des cobras. Ca a un coup énorme non les cobras ?? Voilà donc que je m’excite à demander en hindi où sont les foutus cobras (« cobras kaha hai ? » - c’est pas trop difficile non plus…). Le type a du se dire que ces 2 blondes étaient un cas désespéré et a fini par agiter un bâton pour les réveiller. Oh magie, des cobras !! J’ai bien fait de laisser tomber les sciences nat…

Pour 3 roupies (0,05 €), nous avons pris un bol d’air, vu 3 animaux (mais c’est mieux que rien), et eu l’impression d’attirer davantage la curiosité que les pauvres élans qui mâchouillaient leurs brins d’herbe. Sacrée sortie !

Mais dimanche a battu tous les records… Debout à 9h, nous voilà dans la voiture (avec chauffeur s’il vous plaît – il y a quand même 35 kms alors j’ai décidé de ne pas écouter les conseils de notre amie indienne qui voulait nous y envoyer en rickshaw (à ce train-là nous aurions été aussi vite en charrue à bœuf)), en route pour aller faire du canasson. Un miracle, nous ne nous sommes presque pas perdus… Là, dans un magnifique centre équestre, avec de très beaux chevaux (la main d’œuvre coûte rien ici m’avait-on expliqué en décembre), nous avons fait une petite ballade d’une demi-heure dans la campagne marathe. Marie sur Naomi, moi sur Alka (ça vous fait une belle jambe pas vrai ??). Du pas, du trot, 50m de galop, quelques buffles agressifs plus tard, nous sommes de retour au bercail, saines et sauves.

Ensuite, direction un fort. Le guide en dit que la vue est magnifique et qu’elle se mérite parce qu’il y a une montée. Point. Ni une ni deux, le chauffeur se lance en direction de Nasik. Au bout d’une heure, nous lui demandons si il reste longtemps… Une heure, 50 kms. Mais on va où là ??? Une heure plus tard, il s’arrête pour demander son chemin. Et apprend au passage qu’il reste encore 45 kms (en fait 100, c’est écrit dans le guide, oups) et que la montée dure 5 heures (ah ça non, c’est pas écrit dans le guide, dammit). Allons donc prendre un cay (thé). Tranquilou bidou le chauffeur se fait inviter ! Bon pour 5 roupies on peut rien dire… ;) Et voilà que, revigoré par le cay, il prend des initiatives et décide de nous emmener voir un temple ! Puis un deuxième… Il a vraiment repris du poil de la bête parce que le deuxième est sculpté dans la roche et y a une sacrée grimpette (aurait-il décidé de lui-même de nous consoler de notre escalade au fort avortée ??). A 17h, heure de retour prévue, nous quittons le temple, un peu angoissées à l’idée qu’il nous fasse visiter les 6 autres – nous venons en effet d’apprendre que nous nous sommes lancées dans la boucle des 8 temples de Ganesh de la région de Pune !! Mais non, le chauffeur a envie de rentrer, lui aussi. Une petite demi-heure plus tard, on se dit qu’on ne va pas tarder à arriver. Douce blague, il nous faudra encore 2h pour retrouver Pune. Mine de rien, on se sera fait presque 300 kms dans la journée !! Contre les 80 prévus au départ… (ça n’a d’ailleurs pas échappé au chauffeur, qui triplera son tarif…). Mais on en aura vu des choses !

Point culturel : l’Ashta Vinayaka ou les 8 temples de Ganesh de la région de Pune-Nasik (dont j’ignorais complètement l’existence au bout de 11 mois, la honte…). http://ganapati.club.fr/anglais/asud/adetsud.html Pour les paresseux, une brève traduction : il s’agit d’un des plus importants pèlerinage dédié à Ganesh en Inde (et nous pauvres ignorantes nous pensions visiter de banals temples…). En plus il y a un ordre : Morgaon, Pali, Mahad, Theur, Lenyadri, Ozhar, Ranjangaon, Siddhatek. Evidemment, nous avons commencé par Ozhar et fini par Lenyadri (je viens de découvrir le nom de ce temple).

637dcb0f18c4c6fa02d82d1fb13d8b99.jpgda237a690372f11da70cb1ebb151318e.jpgAlors, Ozhar, ou Shri Abhinandana a une légende : Shri Abhinandana, le roi d’Hemavati a un jour fait un grand sacrifice. Indra pensait qu’il serait viré si le roi menait à bien ce sacrifice alors il a ordonné à Kala (le dieu du temps) de mettre des obstacles sur la route du roi. En fait je comprends rien donc j’arrête de traduire… Le temple est particulier parce qu’il est entouré de 4 côtés par un mur de pierre protecteur. A l’entrée il y a 2 Deep-Malas (des piliers en pierre pour les lampes à huile) et 2 énormes Dvarapala, les gardiens de la porte – effectivement, nous avions repéré ces trucs bizarres. Le temple a 2 mandapas, un avec une statue de Dhundiraj et l’autre avec une idole de rat (ah ah, Marie, j’avais raison, c’était un rat, pas un chien, t’es trop nulle !) en position de sprinter sur le marble blanc. C’est vrai, on a vu tout ça…

Pour l’autre, Lenyadri, ou Shri Girijatmajvinayak, je vais faire court. Il est situé dans une montagne dans la région de caves bouddhistes connues. Girijâtmaja Vinayaka est enterré ici: il est considéré comme une manifestation de Ganesh enfant.96cdc6f70ccade20ede9ce63e7e561c3.jpg

La légende est intéressante : désireuse d’avoir Vinayak pour fils, Parvait a fait pénitence pendant 12 ans dans ces caves. Ganesh, satisfait, lui a donné le fils qu’elle voulait. Puis un jour, Parvati a pris un bout de son corps (ou son écharpe, j’ai pas trop compris), l’a mélangé avec de l’huile et des onguents et a formé l’idole de Ganesh. Elle célèbrait son idole (on appelle ça pooja) quand soudain l’idole a pris vie et dit à Parvati qu’elle pouvait emmener l’avatar chez elle. Le 11ème jour il a pris le nom de Ganesh, ce qui signifie la personne qui maîtrise les 3 qualités Satva, Raja and Tama. Le seigneur Shiv Shankar (non non pas le mien) lui a donné le pouvoir que quiconque se souvienne de Ganesh avant de commencer un ouvrage le finisse avec succès. Pendant les 15 premières années de sa vie à Lenyadri, Ganesh a tué pas mal de démons…

Tu savais pas tout ça, hein Marie???

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lundi, 01 octobre 2007 | Lien permanent | Commentaires (1)

Beloved Daughters

J’avais trouvé une super connerie à dire (dans la série Sarko) : « « Faites l’amour pas la guerre », la France le montre au monde, son Président en tête » !!! Surtout depuis que Fillon est cité dans les magazines anglophones s’inquiétant : « il se marre bêtement pour rien. Il veut seulement raconter des blagues de cul ; on sait pas quand ça va s’arrêter… ». Hum hum !!

De fil en aiguille (toujours dans le thème de l’amour et de la guerre ceci-dit), j’ai trouvé un article sur un Prix, le Deutsche Börse (à ce jour le plus important en termes pécuniaires) qui pourrait être remis à un photographe pour son travail sur l’Inde : l’Américain Sheikh qui a déjà gagné le Grand Prix International Henri Cartier-Bresson en 2005 et exposé à  la Tata Britain, au Musée de Photographie contemporain de Moscou et au Moma. Son œuvre d’aujourd’hui porte le nom de Ladli (qui signifie “fille aimée” en hindi). Son livre est une compilation de photographies et témoignages écrits sur les injustices imposées aux filles et femmes pauvres d’Inde. « En Inde, un bébé fille est un fardeau ; la préférence culturelle pour les garçons a conduit à l’abandon ou à la mort de centaines de filles. »

Il y a Rekha, 13 ans, du Madhya Pradesh. Son père, paysan, l’a envoyé avec 100 roupees (2€) en poche vivre chez son oncle. Un homme l’a abordée, retenue chez lui pour la nuit et mise dans un train. La police l’a finalement récupérée et placée dans un refuge. Il y a Sonali, 14 ans, du Bihar, avec ses mains usées par le travail. On l’a trouvée errant dans un village, ses vêtements dégoûtant de sang après avoir été violée. Les parents ont refusé d’admettre que c’était leur fille.

Il y a Sanjeeta, un bébé abandonné dans l’orphelinat de Panla. Plus qu’un orphelinat, c’est une maison pour enfants abandonnés : la plupart des parents sont en vie.

Il y a Malikh, une enfant des bidonvilles de Delhi, sous-produit de la nouvelle prospérité de la ville. « La responsabilité du foyer incombe à la fille, qu’on laisse seule toute la journée dès qu’elle est en âge d’assumer ses tâches. Ses filles ont peu de chances d’aller à l’école. Finalement elles seront envoyées, comme leurs mères avant elles, pour travailler comme employés de maison. Il est très difficile de convaincre les parents qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté d’envoyer leur fille à l’école après 9 ans (même si, d’après la Constitution indienne, tout enfant entre 6 et 14 ans doit être scolarisé). »

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Une étude a montré en 2006 qu’en Inde, 500 000 fétus de sexe féminin sont avortés chaque année ; une autre que ce sont surtout les femmes éduquées qui participent à ce chiffre. Explication : le coût des visites à la clinique « à ultrason » (technique importée en 1979, permettant de connaître le sexe du bébé, et interdite en Inde depuis 1994). Il n’en reste pas moins que les femmes moins éduquées peuvent toujours avoir recours à la technique de l’abandon, ou de la maltraitance : Chatterjee, en 1990, estimait qu’il y avait/a 300 000 décès de filles de plus que de garçons, et qu’un enfant sur six meurt à cause de la discrimination sexuelle. Sur les 15 millions de bébés filles qui viennent au monde chaque année, près de 25% ne vivront pas au-delà de 15 ans. L’un dans l’autre, que vaut-il mieux ?? Avortement ? Décès prématuré ? Cornélien n’est-ce pas ?

Et oui, être une fille en Inde, c’est pas rose tous les jours. Ca peut même coûter cher quand il s’agit de faire un bon mariage (même si la pratique de la dot est légalement interdite) – quand je parle de coûter cher, il y aurait au moins 6 000 morts de femmes par an à cause d’une dot versée pas assez importante.

Là où ça coince, c’est qu’il y a aujourd’hui (enfin en 2001) 933 filles pour 1000 garçons (il y a un progrès, c’était 927 en 1991 – mais une étude tend à montrer que c’est parce que la mortalité masculine adulte augmente plus vite !).

Vous vous en rendez peut-être pas compte, mais C’EST UNE CATASTROPHE !!! D’abord il faut importer des prostituées du Népal, y en a pas assez ici ; on importe même des femmes tout court d’ailleurs, notamment du Vietnam. Deuxio, la plupart des hommes indiens doivent se contenter de relations homosexuelles en attendant le mariage (l’homosexualité, bien que présente dans la mythologie, est interdite et punie par la loi) – alors quoi, si ils finissent par ne jamais se marier (because pas assez de nanas), ils vont devenir FOUS !! Il manque quand même 90 millions de femmes en Asie… On n'à plus qu'à suivre les conseils du Times of India (ce matin) et apprendre les techniques de base de self-defence (la police se propose même de se déplacer dans les écoles pour l'apprendre aux filles!)....

 

Sources :

Sur la sélection prénatale des filles (13/01/06) : http://www.csmonitor.com/2006/0113/p01s04-wosc.html Interdites par la loi indienne depuis plus de 10 ans, les pratiques de sélection prénatales et d’avortement sélectif restent une pratique courante en Inde, faisant un demi-million de victimes chaque année (soit 10 millions en 20 ans).L’usage d’équipements à ultrason pour déterminer le sexe d’un fœtus – introduits en Inde en 1979 – s’est répandu dans tout le pays. Peu de médecins reconnaissent ouvertement pratiquer l’avortement (il existe des cliniques itinérantes spécialisées), mais les activistes estiment que c’est un « business » de 100 millions de dollars en Inde.C’est une pratique commune à tous les groupes religieux – Hindous, Sikhs, Jains, Musulmans et Chrétien – mais est davantage répandue dans la classe sociale éduquée, ce qui est plus que surprenant. Les femmes éduquées ont un meilleur accès à la technologie, elles sont plus privilégiées et plus les familles sont aisées, moins elles ont d’enfants. Or il faut avoir de l’argent pour s’offrir les plusieurs voyages à une clinique « à ultrasons », ainsi que l’avortement d’une fille non désirées. Ce ne serait donc pas la société indienne qu’il faudrait blâmer pour ces infanticides… Ce serait plus une question économique et politique, que culturelle.Karuna Bishnoi, porte-parole de l’UNICEF à Delhi, dit que ça ne devrait pas être une surprise que les femmes éduquées sont celles qui utilisent le plus les techniques de détermination du sexe avant la naissance. « Je crois personnellement que c’est une faille de la société, pas des femmes. Les femmes qui choisissent ces techniques sont sans doute victimes de discriminations elles-mêmes, et ce n’est peut-être pas elles qui prennent la décision de toute façon. Personne ne peut nier que le statut de la femme est vraiment mauvais en Inde. Il n’y a pas de solution miracle à ce problème. »La pratique culturelle de la dot (que la famille de la fiancée paye à la famille du fiancé) crée une vraie pression financière. Il paraît qu’à Bangalore (la ville high-tech), des femmes sont encore fréquemment brûlées vives parce que leurs maris attendaient une dot plus importante. 

 

Sur le manque de femmes en Asie (11/07/07): http://lindependant2007enanglais.blogspot.com/2007/07/worrying-lack-of-women-in-asia.html Asia is missing 90 millions of women. The lack of women is particularly important in China and India , but also in other Asian countries. In most Asian societies, girls are not welcome. The phenomenon is stronger with the birth decreasing which offers less chances to have children of both sexes (moreover in China with the “single child” policy). Asian families’ preference for a son is not new, and the female infanticide exists for a long time. However, girls’ births have strongly decreased during the last decades, due to abortion. With the technical progress, it is easier now not to have a girl. Unwillingness for girls is also observed by a lack of care for female children which leads to an abnormal rate of girls’ deaths.
Asian societies obey to patriarchal systems, and girls are submitted to their husband and his family. It is the son who transmits the surname, while the girl is only passing in her family. Her destiny is to belong to her husband’s family. That’s why a Chinese proverb says: “To bring up a girl is like to cultivate the neighbour’s field”. For the Indians, it remains to “water the neighbour’s garden”. The earth repartition system is in favour of the son in China, while in India the dower tradition leads to ruin families which take debts for their daughter marriage. This girls’ reject can also be explained by Hinduism: the son must organise the funeral traditions, and parents who do not have a son are condemned to an eternal wandering. This lack of women will force a lot of men to stay bachelors in the next years. There are already some women selling connexions, particularly Viet, but as well from parts of India or China . Associations denounce kidnappings, rapes, or forced prostitution.
Governments try to fight this phenomenon. The “Prenatal diagnosis techniques Act” adopted in 1994 by the Indian state condemns the divulgation of baby’s gender before birth. However, the law is not respected, and clinics are specialised in clandestine female foetus abortion. A doctor was condemned to a prison sentence for the first time in 2006 under this law. In China , campaigns are driven to change mentalities, and financial help is given to families which have a daughter. But tradition is very strong and mentalities very slow to change. The tendency is changing in South Korea , other countries must now follow.
Quelques chiffres:· Asia: 103.9 men for 100 women / Rest of the world: 96.9 men for 100 women
· Biological norm: 105 boys born for 100 girls / China: 117 boys born for 100 girls (until 138 boys for 100 girls in some parts of the country)
· In China, girls’ death rate is 28% upper than boys’ death rate (biologically, boys’ death rate is a bit more important than girls’)

 

Sur le ratio de sexe et autres : http://www.theage.com.au/articles/2006/04/02/1143916403268.html ; http://www.indiatogether.org/2004/apr/hlt-csratio.htm ; http://www.thp.org/reports/indiawom.htm Même si l’Inde a été le premier pays à annoncer un planning familial official en 1952, sa population a plus que triplé depuis le départ des Anglais (il y a 60 ans) : il y avait 361 millions d’Indiens en 1951 et ils ont aujourd’hui dépassé le milliard ! Depuis 1970, l’usage de moyens de contraception modernes est passé de 10 à 40%, avec de grandes différences entre le nord et le sud. L’aspect le plus frappant de l’usage de contraceptifs en Inde est la prédominance de la stérilisation qui représente plus de 85% du total des moyens de contraception moderne (est-ce utile de préciser que la stérilisation féminine représente 90% de toutes les stérilisations ?).

 

Sur le trafic de femmes et enfants depuis le Népal (Octobre 1995) : http://www.hrw.org/reports/1995/India.htm Plus d’un million de femmes et d’enfants sont employés dans les bordels indiens, et nombre d’entre eux sont victimes du trafic de personnes à un niveau international, notamment du Népal. A Bombay, les Népali représentent la moitié des 100 000 personnes travaillant dans des bordels (20% sont des filles de moins de 18 ans, et 50% auraient le sida). Une fille népali serait vendue 4$ à un broker, qui la revendrait entre 500 et 1300$ (prix que la fille doit ensuite rembourser, avec intérêts s’il vous plaît), au propriétaire du bordel qui l’a achetée. Et inutile de parler de la façon dont elles sont traitées…

 

Sur le Prix : http://www.telegraph.co.uk/arts/main.jhtml;jsessionid=4MPZ4NLUFLKTLQFIQMGCFF4AVCBQUIV0?xml=/arts/2008/01/14/sm_deutscheborse112.xml&DCMP=ILC-traffdrv07053100

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jeudi, 17 janvier 2008 | Lien permanent | Commentaires (2)

Quand l'Inde prend le corona par les corones - Le Covid vu par une Française en Inde - 09.04

  • Nombre de cas en France : 86 334 (12 210 morts)
    • Jour de confinement : 23
  • Nombre de cas en Inde : 5 734 (169 morts) 
    • Jour de confinement à Gurgaon : 18 / National : 16

Alors que les températures montent dans le nord de l'Inde, le coronavirus continue son bonhomme de chemin, tandis que le Gouvernement indien prend des décisions assez drastiques. Aux grands maux les grands remèdes. En même temps, avec 1,3 milliards d’habitants, difficile d’être efficace en faisant dans la demi-mesure.

D’abord, le Gouvernement a imposé le lockdown national (confinement, quarantaine) le 25 mars avec moins de 600 cas et 9 morts – la France l’a lancé à 150 décès. Et il a pris des mesures bien plus strictes que dans beaucoup de pays : annulation de tous les vols, trains et bus, fermetures des frontières interétatiques, interdiction de livraisons autres que alimentaires, restriction extrême des déplacements pour lesquels il faut obtenir un pass (laissez-passer) etc. Les rues se sont effectivement vidées, mais pas les routes, qui ont vu l’exode des travailleurs journaliers qui n’ont pas d’attaches sur leur lieu de travail et pas de moyens de subsistance (et qui préfèrent aussi être avec leur famille pendant les coups durs). Les bidonvilles non plus ne se sont pas vidés, au contraire, la populace y a été fourrée. Le tout à la baguette. De bambou.

D'un autre côté, au-delà de la gestion difficile d'une situation difficile, il y a les élans de solidarité pour tous ceux qui commencent à avoir faim (qui sont d’ailleurs bien réels : avec Ratan Tata, les Sikhs et leur langar en tête de ligne et un paquet de bon samaritains anonymes).

Dernièrement, on entend souvent en Inde que la presse n’a pas bonne presse auprès du Gouvernement si elle est un tant soit peu dissidente, critique. Il a donc décidé récemment d’interdire toute circulation d’informations sur le corona virus – ou plus exactement de fausses informations ou d’informations de nature à provoquer de la panique, mais personne ne s’intéresse à cette précision. Quand on voit le nombre de fakes qui circulent sur les réseaux sociaux et journalistiques français, je me demande si cette mesure n’a pas quelque justification. Par exemple, il y a 2 jours, notre jardinier (musulman) a appelé mon Indien préféré. Pas pour parler des tomates (qu’il a plantées comme un sagouin) mais pour savoir si on avait entendu parler des émeutes hindous-musulmans qui éclateraient après la crise du Covid ? On lui recommande même de prendre le premier train après la fin du confinement pour aller se mettre à l’abri – c’est mes tomates qui seraient contentes. Et bien, laisse-moi te dire que mon esprit un peu fatigué s’est fait 50 scénarios allant de l’hébergement de la femme de ménage, du jardinier, du nettoyeur de piscine et du laveur de voiture (tous musulmans) à un départ précipité pour la France en barque. Bref, il vaudrait donc peut-être mieux que je n’ai pas accès à ce genre de rumeurs.

Et puis si les informations restent difficiles à trouver sur ce qui se passe en vrai, tout n'est pas caché non plus, témoin ce reportage d'Envoyé Spécial diffusé le 9 avril :

D'autres rumeurs, ou des messages du type « L'Inde surprend le monde ! »  m'ont fait réfléchir à ce besoin de reconnaissance de la part des pays dits développés. Un détournement d'information a ainsi fait de Modi l'élu des États-Unis, du Royaume-Uni et de 18 autres pays pour diriger un groupe de travail sur le coronavirus.

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Alors qu’en fait, l’Inde « pourrait » devenir leader d’un groupe de travail – Modi ayant en effet appelé à une action conjointe entre les pays pour contenir la pandémie –, mais il s’agit des pays de l’ASACR (Association sud-asiatique de coopération régionale) : l’Inde, l’Afghanistan, le Bangladesh, le Bhoutan, les Maldives, le Népal, le Pakistan et le Sri Lanka.

Sur ce, alors que le nombre de morts est passé à 149 – soit 140 de plus qu’au premier jour de confinement, il y a 2 semaines – les règles ont commencé à se durcir. Quand le nombre de cas dans une zone donnée dépasse 6, les autorités locales imposent désormais un sealing. Scellée, personne n’a le droit d’entrer dans cette zone ni d’en sortir. La nourriture et les médicaments sont livrés et seuls policiers et soignants peuvent être autorisés à y pénétrer, ainsi que ceux qui vont prendre la température de tout le monde et nettoyer portes et poignées de porte. Ça ressemble à ça à Gurgaon par exemple : notice du Gouvernement. C’est comme ça qu’à ce jour, 20 zones (hotspots) sont en cours de scellage à Delhi, et 104 dans l’Uttar Pradesh (source et source). L'Uttar Pradesh, l'Etat le plus peuplé de l'Inde, a vu (comme le Jharkhand et le Bihar notamment) ses travailleurs rentrés au bercail (les « migrants ») récemment. Il paraîtrait que certains villages se sont organisés pour les mettre en quarantaine, dans des écoles par exemple. Pourtant, l'épidémie se propage, d'où le sealing. Qui est pour l'instant prévu pour durer jusqu'à la fin du confinement (soit le 15 avril pour l'instant) s'applique à tout le monde, riches ou pauvres, et s’accompagne de barricades, ce qui est quand même un peu flippant.

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Un de ces hotspots, Fazilpur, est dans notre voisinage immédiat, et la plupart des employés de la résidence viennent de là-bas. Notre nounou nous a demandé au déjeuner si la famille de 9 personnes hospitalisées (dont une décédée) était « normale ». Normale ? Elle voulait savoir s’ils étaient riches ou pauvres. Elle a été presque soulagée d’apprendre qu’ils étaient pauvres : « Ils se pensent intouchables (enfin immunisés, mauvais jeu de mots dans le contexte indien) et que c’est une maladie de riches. Maintenant ils vont comprendre et arrêter de se balader. » Dur. L’autre son de cloche, qui vient des pauvres, c'est qu’ils sont certains de mourir de faim mais qu’ils ont une chance d’en réchapper avec le coronavirus. Questions de probabilités. Pas besoin de faire grandes écoles pour comprendre ça.

Pendant ce temps, le Premier Ministre raconte sur twitter comment il s'occupe : en appelant Poutine, Trump, et autres homologues internationaux (japonais, brésiliens etc.) - comme nous tous passons beaucoup de temps en Whatsapp call avec nos proches en fait. De temps à autre il passe à la télé et demande aux Indiens de taper dans des timbales ou d’allumer des bougies, histoire que les troupes gardent le moral. Il fait du yoga aussi, et son avatar donne même des leçons :

(Je veux la même avec Macron !) Il promeut également les recommandations du ministère Ayush pour renforcer le système immunitaire (Ayurveda, Yoga, Unani, Siddha et homéopathie) :

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À part ça, il gère l’épidémie. Il a discuté récemment avec ses pairs et a par exemple annoncé le 8 avril que 3 semaines de confinement ne suffiraient sans doute pas. D’ailleurs, cette journée a été bien remplie pour lui : il a fait plaisir à son pote Trump qui, après avoir ouvertement menacé l’Inde de représailles, remercie Modi d’avoir allégé les restrictions liées à l’export de médicaments aux US (notamment de paracétamol et d’hydrochloroxine). Modi a fait son calcul, envoyé le surplus de stock et transformé ça en geste humanitaire ; il aurait eu tort de se priver. Et puis cette accolade du Président américain fait rêver certains riches Indiens, qui se réjouissent du tweet de ce dernier – nous en revenons à ce besoin de reconnaissance...

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En plus du confinement de niveau 1 (lockdown) et de niveau 2 (sealing), d’autres mesures se mettent en place. Par exemple, Mumbai, Pune, Chandigarh et l’Uttar Pradesh ont imposé le port du masque obligatoire. Les autres vont suivre. Impossible d’avoir des infos claires sur les stocks de masques dans le pays. D’ailleurs, dans un contexte de pénurie d’équipements médicaux, on se rend compte que les Indiens ne sont pas les seuls rois du jugaad (bricolage inventif, mot hindi qui n’a pas d’équivalent en anglais). Les Français avec leurs masques de plongée Décathlon, leurs surblouses en sac poubelle, leurs couvre-visages faits à l’imprimante 3D, n’ont rien à envier aux Indiens. Ni les Espagnols avec leurs ventilateurs recyclés à partir de moteurs d’essuie-glaces (source)  Comme quoi, c’est l’adversité qui permet de puiser dans des ressources insoupçonnées de créativité, pas la nationalité. Face au corona, on est tous le tiers-monde.

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Sans transition, un rassemblement évangélique semble avoir propagé le coronavirus en France : plus de 2000 fidèles ont participé à un évènement, « Les portes ouvertes chrétiennes », à Mulhouse du 17 au 24 février, et auraient ramené le virus chez eux (partout en France, dans quelques pays limitrophes comme la Belgique, l’Allemagne et la Suisse) (source). Info ou intox ? Si le rassemblement a bel et bien eu lieu, et si de nombreux cas y sont liés, plein d’autres évènements ont également été maintenus à cette période : match de foot à Milan (19 février) et à Lyon (26 février), salon français de l’agriculture (du 22 au 29 février), carnaval de Nice (du 15 au 28 février) et de Venise (du 15 au 25 février), fête du citron de Menton (du 23 février au 3 mars)  (source). Stigmatisation ou pas, dans mon Inde lointaine, je n’ai pas entendu parler des citrons mais bien des évangélistes. D’ailleurs, j’avoue m’être demandé comment ces derniers interprètent ce signe de Dieu, une contamination virale via une réunion religieuse ?

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En Inde aussi, on a trouvé un rassemblement religieux comme coupable. Et comme en France, on a ignoré d’autres évènements concomitants. Un groupe de musulmans (le Tablighi Jamaat) a tenu son rassemblement annuel à Delhi début mars (vers le 3) avec plusieurs centaines de participants – on n’a pas les chiffres exacts mais leur lieu de rassemblement peut accueillir jusqu’à 5 000 personnes – dont des étrangers (source). En parallèle (du 3 au 7 mars) s'est tenue à Delhi une Food exhibition (Aahar) où il y avait des milliers (25 000 ?) de personnes. J’y suis moi-même allée. Et je suis sûre qu’on peut trouver plein d’autres rassemblements, qu’ils soient politiques ou religieux. Mais on s’en fout, un rassemblement musulman responsable de la propagation du coronavirus en Inde, c’est du pain béni pour les extrémistes hindous. Pourtant, en ce moment, il y a déjà un ennemi à combattre (le Covid) et le pays n’a pas trop les moyens de se payer des émeutes – j'ai plutôt l'impression que les autorités essayent de calmer le jeu même s'il y a certains agitateurs qui ne lâcheront pas le bout de gras comme ça. Les musulmans ne sont pas les seuls à être stigmatisés d'ailleurs, il y a aussi les gens aux traits bridés et ceux à la peau claire qui sont faciles à repérer. C’est quand même plus facile de s’en prendre à ceux qui auraient peut-être pu propager le virus qu’à ceux qui n’ont pas su l’endiguer, ou construire les infrastructures pour soigner. C'est vrai partout dans le monde.

À part ça, à l’heure où les Français débattent du bien-fondé d’une appli pour savoir quand on croise un(e) coroniféré(e), les Indiens ont déjà lancé deux-trois applis, dont le Aarogya Setu (lire article), inspiré de l’appli singapourienne TraceTogether. Apparemment, il faut soi-même remplir les données, et je ne sais pas combien de personnes s’auto-déclareront corona positives, vu la stigmatisation ici. Par ailleurs, il est souvent obligatoire, comme à Gurgaon, d’auto-déclarer la quarantaine si on a voyagé ou été exposé à des gens qui ont voyagé ou aurait pu

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jeudi, 09 avril 2020 | Lien permanent | Commentaires (3)

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