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jeudi, 17 janvier 2008

Beloved Daughters

J’avais trouvé une super connerie à dire (dans la série Sarko) : « « Faites l’amour pas la guerre », la France le montre au monde, son Président en tête » !!! Surtout depuis que Fillon est cité dans les magazines anglophones s’inquiétant : « il se marre bêtement pour rien. Il veut seulement raconter des blagues de cul ; on sait pas quand ça va s’arrêter… ». Hum hum !!

De fil en aiguille (toujours dans le thème de l’amour et de la guerre ceci-dit), j’ai trouvé un article sur un Prix, le Deutsche Börse (à ce jour le plus important en termes pécuniaires) qui pourrait être remis à un photographe pour son travail sur l’Inde : l’Américain Sheikh qui a déjà gagné le Grand Prix International Henri Cartier-Bresson en 2005 et exposé à  la Tata Britain, au Musée de Photographie contemporain de Moscou et au Moma. Son œuvre d’aujourd’hui porte le nom de Ladli (qui signifie “fille aimée” en hindi). Son livre est une compilation de photographies et témoignages écrits sur les injustices imposées aux filles et femmes pauvres d’Inde. « En Inde, un bébé fille est un fardeau ; la préférence culturelle pour les garçons a conduit à l’abandon ou à la mort de centaines de filles. »

Il y a Rekha, 13 ans, du Madhya Pradesh. Son père, paysan, l’a envoyé avec 100 roupees (2€) en poche vivre chez son oncle. Un homme l’a abordée, retenue chez lui pour la nuit et mise dans un train. La police l’a finalement récupérée et placée dans un refuge. Il y a Sonali, 14 ans, du Bihar, avec ses mains usées par le travail. On l’a trouvée errant dans un village, ses vêtements dégoûtant de sang après avoir été violée. Les parents ont refusé d’admettre que c’était leur fille.

Il y a Sanjeeta, un bébé abandonné dans l’orphelinat de Panla. Plus qu’un orphelinat, c’est une maison pour enfants abandonnés : la plupart des parents sont en vie.

Il y a Malikh, une enfant des bidonvilles de Delhi, sous-produit de la nouvelle prospérité de la ville. « La responsabilité du foyer incombe à la fille, qu’on laisse seule toute la journée dès qu’elle est en âge d’assumer ses tâches. Ses filles ont peu de chances d’aller à l’école. Finalement elles seront envoyées, comme leurs mères avant elles, pour travailler comme employés de maison. Il est très difficile de convaincre les parents qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté d’envoyer leur fille à l’école après 9 ans (même si, d’après la Constitution indienne, tout enfant entre 6 et 14 ans doit être scolarisé). »

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Une étude a montré en 2006 qu’en Inde, 500 000 fétus de sexe féminin sont avortés chaque année ; une autre que ce sont surtout les femmes éduquées qui participent à ce chiffre. Explication : le coût des visites à la clinique « à ultrason » (technique importée en 1979, permettant de connaître le sexe du bébé, et interdite en Inde depuis 1994). Il n’en reste pas moins que les femmes moins éduquées peuvent toujours avoir recours à la technique de l’abandon, ou de la maltraitance : Chatterjee, en 1990, estimait qu’il y avait/a 300 000 décès de filles de plus que de garçons, et qu’un enfant sur six meurt à cause de la discrimination sexuelle. Sur les 15 millions de bébés filles qui viennent au monde chaque année, près de 25% ne vivront pas au-delà de 15 ans. L’un dans l’autre, que vaut-il mieux ?? Avortement ? Décès prématuré ? Cornélien n’est-ce pas ?

Et oui, être une fille en Inde, c’est pas rose tous les jours. Ca peut même coûter cher quand il s’agit de faire un bon mariage (même si la pratique de la dot est légalement interdite) – quand je parle de coûter cher, il y aurait au moins 6 000 morts de femmes par an à cause d’une dot versée pas assez importante.

Là où ça coince, c’est qu’il y a aujourd’hui (enfin en 2001) 933 filles pour 1000 garçons (il y a un progrès, c’était 927 en 1991 – mais une étude tend à montrer que c’est parce que la mortalité masculine adulte augmente plus vite !).

Vous vous en rendez peut-être pas compte, mais C’EST UNE CATASTROPHE !!! D’abord il faut importer des prostituées du Népal, y en a pas assez ici ; on importe même des femmes tout court d’ailleurs, notamment du Vietnam. Deuxio, la plupart des hommes indiens doivent se contenter de relations homosexuelles en attendant le mariage (l’homosexualité, bien que présente dans la mythologie, est interdite et punie par la loi) – alors quoi, si ils finissent par ne jamais se marier (because pas assez de nanas), ils vont devenir FOUS !! Il manque quand même 90 millions de femmes en Asie… On n'à plus qu'à suivre les conseils du Times of India (ce matin) et apprendre les techniques de base de self-defence (la police se propose même de se déplacer dans les écoles pour l'apprendre aux filles!)....

 

Sources :

Sur la sélection prénatale des filles (13/01/06) : http://www.csmonitor.com/2006/0113/p01s04-wosc.html Interdites par la loi indienne depuis plus de 10 ans, les pratiques de sélection prénatales et d’avortement sélectif restent une pratique courante en Inde, faisant un demi-million de victimes chaque année (soit 10 millions en 20 ans).L’usage d’équipements à ultrason pour déterminer le sexe d’un fœtus – introduits en Inde en 1979 – s’est répandu dans tout le pays. Peu de médecins reconnaissent ouvertement pratiquer l’avortement (il existe des cliniques itinérantes spécialisées), mais les activistes estiment que c’est un « business » de 100 millions de dollars en Inde.C’est une pratique commune à tous les groupes religieux – Hindous, Sikhs, Jains, Musulmans et Chrétien – mais est davantage répandue dans la classe sociale éduquée, ce qui est plus que surprenant. Les femmes éduquées ont un meilleur accès à la technologie, elles sont plus privilégiées et plus les familles sont aisées, moins elles ont d’enfants. Or il faut avoir de l’argent pour s’offrir les plusieurs voyages à une clinique « à ultrasons », ainsi que l’avortement d’une fille non désirées. Ce ne serait donc pas la société indienne qu’il faudrait blâmer pour ces infanticides… Ce serait plus une question économique et politique, que culturelle.Karuna Bishnoi, porte-parole de l’UNICEF à Delhi, dit que ça ne devrait pas être une surprise que les femmes éduquées sont celles qui utilisent le plus les techniques de détermination du sexe avant la naissance. « Je crois personnellement que c’est une faille de la société, pas des femmes. Les femmes qui choisissent ces techniques sont sans doute victimes de discriminations elles-mêmes, et ce n’est peut-être pas elles qui prennent la décision de toute façon. Personne ne peut nier que le statut de la femme est vraiment mauvais en Inde. Il n’y a pas de solution miracle à ce problème. »La pratique culturelle de la dot (que la famille de la fiancée paye à la famille du fiancé) crée une vraie pression financière. Il paraît qu’à Bangalore (la ville high-tech), des femmes sont encore fréquemment brûlées vives parce que leurs maris attendaient une dot plus importante. 

 

Sur le manque de femmes en Asie (11/07/07): http://lindependant2007enanglais.blogspot.com/2007/07/worrying-lack-of-women-in-asia.html Asia is missing 90 millions of women. The lack of women is particularly important in China and India , but also in other Asian countries. In most Asian societies, girls are not welcome. The phenomenon is stronger with the birth decreasing which offers less chances to have children of both sexes (moreover in China with the “single child” policy). Asian families’ preference for a son is not new, and the female infanticide exists for a long time. However, girls’ births have strongly decreased during the last decades, due to abortion. With the technical progress, it is easier now not to have a girl. Unwillingness for girls is also observed by a lack of care for female children which leads to an abnormal rate of girls’ deaths.
Asian societies obey to patriarchal systems, and girls are submitted to their husband and his family. It is the son who transmits the surname, while the girl is only passing in her family. Her destiny is to belong to her husband’s family. That’s why a Chinese proverb says: “To bring up a girl is like to cultivate the neighbour’s field”. For the Indians, it remains to “water the neighbour’s garden”. The earth repartition system is in favour of the son in China, while in India the dower tradition leads to ruin families which take debts for their daughter marriage. This girls’ reject can also be explained by Hinduism: the son must organise the funeral traditions, and parents who do not have a son are condemned to an eternal wandering. This lack of women will force a lot of men to stay bachelors in the next years. There are already some women selling connexions, particularly Viet, but as well from parts of India or China . Associations denounce kidnappings, rapes, or forced prostitution.
Governments try to fight this phenomenon. The “Prenatal diagnosis techniques Act” adopted in 1994 by the Indian state condemns the divulgation of baby’s gender before birth. However, the law is not respected, and clinics are specialised in clandestine female foetus abortion. A doctor was condemned to a prison sentence for the first time in 2006 under this law. In China , campaigns are driven to change mentalities, and financial help is given to families which have a daughter. But tradition is very strong and mentalities very slow to change. The tendency is changing in South Korea , other countries must now follow.
Quelques chiffres:· Asia: 103.9 men for 100 women / Rest of the world: 96.9 men for 100 women
· Biological norm: 105 boys born for 100 girls / China: 117 boys born for 100 girls (until 138 boys for 100 girls in some parts of the country)
· In China, girls’ death rate is 28% upper than boys’ death rate (biologically, boys’ death rate is a bit more important than girls’)

 

Sur le ratio de sexe et autres : http://www.theage.com.au/articles/2006/04/02/1143916403268.html ; http://www.indiatogether.org/2004/apr/hlt-csratio.htm ; http://www.thp.org/reports/indiawom.htm Même si l’Inde a été le premier pays à annoncer un planning familial official en 1952, sa population a plus que triplé depuis le départ des Anglais (il y a 60 ans) : il y avait 361 millions d’Indiens en 1951 et ils ont aujourd’hui dépassé le milliard ! Depuis 1970, l’usage de moyens de contraception modernes est passé de 10 à 40%, avec de grandes différences entre le nord et le sud. L’aspect le plus frappant de l’usage de contraceptifs en Inde est la prédominance de la stérilisation qui représente plus de 85% du total des moyens de contraception moderne (est-ce utile de préciser que la stérilisation féminine représente 90% de toutes les stérilisations ?).

 

Sur le trafic de femmes et enfants depuis le Népal (Octobre 1995) : http://www.hrw.org/reports/1995/India.htm Plus d’un million de femmes et d’enfants sont employés dans les bordels indiens, et nombre d’entre eux sont victimes du trafic de personnes à un niveau international, notamment du Népal. A Bombay, les Népali représentent la moitié des 100 000 personnes travaillant dans des bordels (20% sont des filles de moins de 18 ans, et 50% auraient le sida). Une fille népali serait vendue 4$ à un broker, qui la revendrait entre 500 et 1300$ (prix que la fille doit ensuite rembourser, avec intérêts s’il vous plaît), au propriétaire du bordel qui l’a achetée. Et inutile de parler de la façon dont elles sont traitées…

 

Sur le Prix : http://www.telegraph.co.uk/arts/main.jhtml;jsessionid=4MPZ4NLUFLKTLQFIQMGCFF4AVCBQUIV0?xml=/arts/2008/01/14/sm_deutscheborse112.xml&DCMP=ILC-traffdrv07053100

Commentaires

Bonjour Emilie, comme souvent on va voir un blog au hasard.... je trouve le votre trés intéressant et trés documenté sur les sujets qui vous intéressent.

Je me pose une question : je suppose que si vous participez à un volontariat "VIE " en Inde, c'est que ce pays vous intéressait.... ? Pourtant vous ne faites pas de cadeaux à certains modes de vie, en particulier les conduites contre la gente féminine... cela me semble un peu paradoxal ?

Vous invite à une promenade exotique : www.tarn-rando.com

Bonne fin de semaine

Écrit par : maudub | jeudi, 17 janvier 2008

Hello!

Merci pour votre commentaire.
Je suis partie un peu par hasard en Inde et ça fait un peu plus d'un an que j'y habite.

L'Inde est un pays de contrastes, de paradoxes. Parfois il fait bon y vivre, parfois tout vous irrite.
Il y a un dicton qui dit "L'Inde soit on l'adore, soit on la déteste". Je trouve que ça n'a pas de sens. On peut adorer certains aspects et en détester d'autres, comme partout.
Et oui, l'Inde n'est pas tendre avec ses femmes, ni avec ses pauvres. Les journaux font de plus en plus état de viols, de violences contre les femmes, et même si ce pays m'intéresse, je trouve ça révoltant...

Au plaisir,
Emilie

Écrit par : Emilie | lundi, 21 janvier 2008

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