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mercredi, 02 avril 2014

Des HLM du 19ème siècle...

India,Mumbai,Bombay,chawls,slum,rent,frozen rent agreement Les chawls sont des habitations typiques de Bombay, construites aux 19ème et 20ème siècles (surtout entre 1920 et 1956) par les propriétaires terriens et industriels pour loger la main d’œuvre immigrante. 

Les chawls sont des immeubles avec des « appartements » d’une ou deux pièces, de maximum 18 mètres carrés, reliés entre eux par des corridors et avec des toilettes partagés à chaque étage. Les conditions de vie sont assez sordides dans les chawls, la plupart étant sur le point de s’effondrer. Ils ne font pas partie « légalement » des slums (bidonvilles) qui ne réfèrent qu’aux jodapattis, les cabanes sur les terrains inutilisés et les pavements dwellings, les tentes et cabanes le long des routes. Les familles qui vivent dans les chawls refusent d’en partir. D’une part à cause du faible loyer en plein cœur de la ville, et d’autre part à cause du réseau social qui existe dans ces structures. 

Le Bombay Rent Act de 1947, au moment de la Partition, gela les loyers au niveau du 1er Septembre 1940, afin de protéger les locataires. Ce gel dura plus de 50 ans (le Maharastra Rent Control Act de 1999 reprit le Bombay Rent Act (vingt fois renouvelés) et permit une augmentation des loyers de 5% la première année puis de 4%) et fit la ruine des immeubles – à ce niveau de loyer, les propriétaires ne pouvaient plus investir dans l’entretien ou les réparations. En conséquence de tout ça,  habiter dans un chawl coûte 250 Roupies par mois pour les anciens locataires et on trouve des offres sur internet pour 1 000 roupies. Pour donner un ordre de grandeur, un appartement de 65 mètres carrés (soit le triple de surface) coûte dans le quartier minimum 25 000 Rs (soit 100 fois le loyer !).

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Chawls de Girgaum - on notera la Merco sur la gauche (ah les contrastes de l'Inde !)

 Sources: http://lib.dr.iastate.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=281... ; http://www.mcgm.gov.in/irj/go/km/docs/documents/MCGM%20Department%20List/City%20Engineer/Deputy%20City%20Engineer%20%28Planning%20and%20Design%29/City%20Development%20Plan/Urban%20Basic%20Services%20in%20Slums.pdf

 http://www.businessweek.com/articles/2012-07-05/mumbais-boom-turns-renters-into-millionaires

 http://www.mahim.com/et/epage61.htm

dimanche, 30 mars 2014

Khotachiwadi

Par un bel après-midi ensoleillé (et pas encore trop chaud) je suis allée me balader dans un « village dans la ville », un havre de paix dans la métropole effervescente, un saut de Mumbai à Bombay, un retour en arrière de cent-cinquante ans...

Plus précisément je suis allée à Girgaon (ou Girgaum) et dans le quartier de Khotachiwadi. On y voit des  bungalows (il en reste 28 sur les 65 originels) de style portugais – les Portugais, ne l’oublions pas, furent les premiers étrangers à débarquer à Mumbai (en 1536) et ce n’est qu’en 1661 qu’ils la cédèrent aux Britanniques en dot pour un mariage portugo-britannique.

Et des chawls ou wadis, des ensembles d’immeubles de 3-4 étages autour d’une cour (j’en dis plus sur ces structures dans le post suivant).

Le tout en voie de démolition…

Et c’est bien dommage…

Khotachiwadi - March 2014

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Sources: image ci-dessus (http://www.flickr.com/photos/urbzoo/8028823230/) et http://khotachiwadi.urbz.net

lundi, 24 mars 2014

Interview "Les incontournables à Mumbai"

Le magazine indien spécialisée sur la découverte de la culture indienne Culturama (très chouette magazine) m’a contactée pour leur colonne « Qui est en ville ? » et un article sur les « Incontournables à Mumbai » ! Voilà donc ce que j’ai préparé… Ici en PDF.

1)     Depuis combien de temps vis-tu à Mumbai ? Quelles ont été tes premières impressions de la ville? Et que représente la ville pour toi aujourd'hui ?

Quand je vivais à Pune, j'avais l'habitude d’amener à Mumbai les gens qui venaient me rendre visite et je détestais la ville : trop grande, trop chaude, trop humide, trop bordélique ! Mon expérience de Mumbai se résumait à cette image : avoir le cul collé à la banquette en skai d’un taxi pourri, incapable de respirer et assommée par la chaleur.

Donc j'étais assez inquiète quand j’ai changé de taf et que j’ai dû déménager à Mumbai en janvier 2009... Heureusement, le climat « hivernal » a été miséricordieux et j'ai rapidement appris à découvrir (et apprécier) mon quartier à force de m’y balader et de m’y perdre.

2)     Peux-tu nous en dire un peu ce qu’il y a d’unique dans ton pays d'origine, la France ? Et qu’est-ce qui a changé en Inde ?

Chaque fois que j’organise une visite à Paris, mes parents proposent de réserver une pièce de théâtre, une exposition, un musée, un concert etc. Ce type d’activités culturelles sont encore assez rares en Inde, faut savoir faire preuve de créativité pour ne pas s’ennuyer le week-end !

La France est aussi très développée dans le domaine du sport alors qu'en Inde, sauf si vous êtes membre d'un « club » (ces groupes sélects, héritage britannique) ou prêt à suer eau et sang sur les routes bouchonnées, faire du sport est un défi.

 3)     Quelles sont les trois choses uniques que doit faire un expatrié à Mumbai ?

1.        Après avoir visité les 10 lieux touristiques que chaque guide recommande, range ton plan (qui n'est de toute façon pas d'une grande utilité à Mumbai), saute (et ce n’est pas une image) dans un train local et fais ton Indien dans la ville, perds-toi !! Marcher n'est pas facile – les trottoirs sont inégaux (lorsqu'il y en a), la circulation folle – mais si tu as un peu de chance, tu tomberas sur un « village » patrimoine (un village dans la ville avec de  calmes ruelles et d’exquis bungalows ancestraux)*.

2.        Une fois que tu as la face crâmée, la chemise trempée, les pieds qui puent, les oreilles qui bourdonnent, respire un grand coup et souviens-toi que tu es un expatrié ! Et en tant que tel tu as le choix de prendre de la hauteur – en allant par exemple sur la terrasse au 36ème étage du FourSeasons. Mais attention, siroter un Mojito en regardant le soleil se coucher sur les bidonvilles n'est pas aussi facile qu'il paraît : il faut du temps pour surmonter le sentiment de culpabilité que l’on a en dépensant plus dans un cocktail que ce que la plupart des gens gagnent en une semaine... Mais dépenser du temps (et de l’argent) dans des brunchs à la piscine d’un cinq étoiles, des après-midi au spa, des diners au Peshawri peuvent en fait s'avérer très utiles pour rendre le quotidien supportable !

3.        Mumbai est célèbre en Inde pour ses spécialités culinaires de rue alors ne sois pas timide ! Essaye le bhel puri, le pani-puri, le vada-pao, le dosa, la cervelle de chèvre (à Bademiya). Il se peut que tu fasses l’expérience de quelques turbulences digestives, mais le risque est moindre à Mumbai qu’à Delhi, connue pour les diarrhées que file la bouffe de rue (voir l’expression « Delhi belly ») ! Au fur et à mesure que tu te transformeras en Mumbaikar, manger deviendra certainement ton passe-temps favori et tu passeras pas mal de temps à faire la chasse aux nouveaux restaurants**.

 4)     Quels sont les trois conseils qu’un expatrié doit garder à l'esprit tout en explorant Mumbai ?

1.        Mumbai est relativement sûre, ne sois pas paranoïaque (sur le vol, les attaques etc.).

2.        Bois beaucoup d'eau car la ville peut te vider de ton énergie très rapidement !

3.        Demande de l’aide aux Indiens plutôt qu’à ton iPhone. Si possible apprends un peu d’Hindi, les gens apprécient vraiment...

 5)     Aurais-tu une anecdote drôle, mémorable ou attachante de tes explorations de Mumbai ?

 Un jour j’ai emmené mes parents visiter le Victoria Gardens. Je ne savais trop pas à quoi m'attendre donc après avoir vu la statue d'éléphant qui vient en fait des grottes d'Elephanta, je pensais que nous avions fait le tour des jardins. Mais c’est alors que j'ai repéré une file d'attente monstrueuse et me suis dit qu’il devait y avoir un truc à voir. Alors comme tout bon Indien, nous nous sommes mis dans la queue, sans poser de question. Vingt minutes plus tard, nous avons découvert que nous étions au zoo et nous, trois péquins blancs, attirions plus l’attention que les vrais animaux du zoo ! En quinze minutes nous étions dehors, étouffé par la chaleur et les regards de la foule (faut dire que pour couronner le tout, c’était l'Aïd (donc férié) et un dimanche et toute la population musulmane de Mumbai semblait s’être concertée pour fêter ça au zoo !

 6)     Quelles sont les trois choses qu'un Indien doit garder à l'esprit en visitant ton pays d'origine ? Et les trois choses uniques que tu recommanderais à un Indien ?

 1.        Les Français sont réservés et peuvent passer pour « froids » voire grossiers quand ils sont accostés dans la rue. Apprends quelques mots de Français, juste assez pour briser la glace, et ils seront sans doute plus sympas !

2.        La cuisine française est incroyable. Certes il n'y a pas beaucoup de plats végétariens dans les menus, mais demande au serveur et il saura te conseiller et le chef saura te faire un plat sans viande ! Emporte ton Tabasco si tu crains vraiment la « fadeur » !

3.        Découvrir la France exige de beaucoup marcher donc fais le plein d'énergie et de bonnes chaussures !

 * Va à Chor Bazar (sorte de marché aux puces), le réservoir de Banganga (Malabar hill), Ranwar village (Bandra), Khotachiwadi (Girgaon).

** C’est ainsi que tu mettras sur ton tableau de chasse la meilleure pizza italienne (Pizza Metro), les crêpe françaises (Suzette), le pain belge (LePainQuotidien), les sushis japonais (Aoi), les fajitas mexicaines (Sancho), les hamburgers américains (HardRockCafé), qui te permettront tous  d'oublier, le temps d'un dîner, que tu vis en Inde ! (et des fois (juste des fois)) tu as en besoin !

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