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mardi, 06 mai 2008

Après le gène du poil dans les oreilles, celui de la bouée...

Ils ne manquent pas d’humour dans le Times of India… Aujourd’hui ils annoncent que les Indiens ont un gène qui explique leurs problèmes de poids, et de diabète. Oui oui. Elle a bon dos la génétique. Si t’es gros, c’est ton destin ! Article_Times of India_Gene making Indian fat found_060508.pdf

1451482323.jpgC’est seulement à la fin de l’article, que personne n’atteint, que le journaliste explique qu’une mauvaise alimentation et l’absence d’exercice peuvent contribuer au surpoids et au diabète. Il aurait ptêt fallu commencer par là au lieu de tout excuser par une prédestination génétique non ?

Honnêtement, je sais jamais quand une femme me dit que j’ai perdu du poids si c’est plutôt bien ou plutôt pas bien. En tout cas, y a pas à tergiverser, le poids est une grande question. Chaque fois que je rentre de congé, mon collègue me fait tourner, me regarde des pieds à la tête et me demande « alors, t’as grossi ou maigri ? » (quand c’est pas évident). Immanquablement.

Je passe pour une allumée quand je dis que j’aime faire du vélo pour aller bosser, que ce sport me fait du bien. Les Indiens sont de gros feignants (c’est ma semaine généralités gratuites) qui ne font pas 100m sans prendre un rickshaw. Qui bouffent des sucreries à longueur de journée (ceux qui auront goûté le tchaï ou même le café me comprendront – c’est du sucre avec un peu de lait !)

Non mais y a qu’à voir, dans l’équipe nationale de cricket – le sport national et c’est quand même pas le sport le plus violent (ils mettent ça sur le compte de la chaleur, on peut pas trop courir quand il fait chaud) – un des meilleurs joueurs est obèse (d’ailleurs je l’ai vu une fois sauter pour attraper la balle, c’est pas triste ! surtout qu’il s’est ramassé sur ses 150 kilos…).

Un exemple : mon collègue, qu’est pas grand mais qui se porte comme un coq, la bedaine en avant, a été très affligé d’avoir perdu 3 kilos à cause du stress au travail. Moi je trouve pas ça plus mal. Mon autre collègue, lui, mentionne son diabète chaque fois qu’il peut et s’envoie des whiskies tout aussi souvent.

Un autre exemple, quand je vois la mère de mon collègue attraper son petit-fils par les joues et lui dire « mais qu’il est mignon ce chubby-chubby-là » (chubby=joufflu), j’ai envie de hurler. Chubby il a 8 ans et il fait au moins 50 kilos. Comment tu crois que son tonton il est obèse et diabétique à 40 ans banane ??

Enfin, dans mon immeuble, les femmes sont toutes grosses, et leurs bonnes toutes maigres. Et le matin, on voit un groupe de femmes en sari-basket qui fait le tour de l’immeuble, encore et encore. L’ironie c’est que JAMAIS elles ne sortiraient de chez elles pour aller chercher de la farine à pied. D’abord elles envoient quelqu’un et si jamais y a pas d’autre solution, tac le rickshaw.

Je pense qu'il y a trois catégories de femmes en Inde:

·          Les pauvres, qui n’ont pas d’argent, donc pas de quoi nourrir leur gène de l’obésité454845382.jpg

·          Les « ins », les riches, comme Kareena Kapoor dans mon précédent post, qui adoptent les critères occidentaux de beauté et donc deviennent anorexiques.

·          Les femmes de la classe moyenne, qui se doivent d’être grosses.

Et tout ça, ça évolue. Ca ressemble d’ailleurs pas mal à l’évolution des silhouettes en Europe. Je vais pas refaire les canons esthétiques féminins jusqu’au début du 20ème siècle mais fût un temps où il fallait être grasse et pâle (ça vous rappelle rien ??) pour assumer son statut de bourgeois. Comme la Nana de Zola (1880) qui « avec son torse de Vénus grasse, [ployait] la taille, s'examinant de dos et de face, s'arrêtant au profil de sa gorge, aux rondeurs fuyantes de ses cuisses ; [avec] ce profil si tendre, ces fuites de chair blonde se noyant dans des lueurs dorées, ces rondeurs où la flamme des bougies mettait des reflets de soie ; [avec]sa croupe et sa cuisse de cavale, dans les renflements charnus creusés de plis profonds.

J’ai trouvé sur un site qui traite de l’anorexie mentale ces chiffres : au 18ème siècle, l'idéal du poids féminin tournait autour des 80-90 Kg (ah, le bon temps!) et selon Playboy, depuis les années 59 à 89 le poids moyen des femmes aurait chuté d'environ 10 Kg.

Donc ne nous énervons pas, les Indiennes ne vont pas tarder à mélanger les pilules pour blanchir la peau et celles pour maigrir, et tout ira très bien…

C’est comme ça que le diktat de la silhouette est en train de s’imposer en force. Les salles de sport se multiplient comme des petits pains (les photos des profs sont trop marrantes). Les mecs DOIVENT être bodybuildés à mort et les filles coachées pour mincir. Mais ça les empêchera pas de prendre la voiture pour faire les 100 mètres de chez elles à la salle de sport…

Enfin moi jdis ça, jdis rien…

Si, un truc, c'est des montages ces photos (ci-dessous), c'est pas possible!! Ils ont volé la tête de Mickael Jackson!!

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mercredi, 06 février 2008

Le 3ème sexe sur le sous-continent indien: les hijras

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Qui sont-ils/elles ?

Ni homme ni femme, une hijra est une âme féminine dans un corps masculin. Les hijras sont en général des hommes et des hermaphrodites (nées avec les deux sexes) mais il y aurait également quelques femmes.

Comme les hijras utilisent le pronom féminin pour parler d’elles et s’habillent en sari, j’utiliserai le féminin. Donc.

Si l’homosexualité et le changement de sexe sont tous deux présents et accepté dans la mythologie, l’Inde moderne a complètement rejeté l’homosexualité ; en revanche, elle a accepté le concept de « troisième sexe », peut-être pour suppléer à un manque de catégorisation de certaines personnes… Ca n’explique sans doute pas tout, mais c’est quand même curieux que l’Inde (avec le Pakistan et le Bangladesh) soit le seul pays où cette pratique persiste aujourd’hui – les hijras seraient un million aujourd’hui en Inde, mais le chiffre n’est absolument pas fiable.

Alors, quel sexe ? et quel genre de rapport sexuel ?

En général, les hijras sont appelées « eunuques » (dérivé de l’anglais) mais peu (pas de chiffres officiels) ont subi des modifications génitales (même si certains considèrent que seuls les castrés sont de vraies hijras). Donc il y a des hijras avec un pénis, d’autres avec juste un trou pour uriner, et d’autres avec des vagins (en plastique).

Les hijras couchent avec des hommes (ou d’autres hijras). Le plus souvent, elles ont des relations anales – sauf quand elles optent pour la vaginoplastie, mais le coût est encore très prohibitif en Inde. Les hommes qui les fréquentent sont hétérosexuels, et fréquemment mariés ; et les prostituées hijras sont meilleur marché que les prostituées femmes.

Certaines hijras se marient (avec des hommes) même si le mariage n’est en général reconnu ni par la loi ni par la religion.

Des transsexuels ? Des travestis ?

Au contraire des transsexuels occidentaux, les hijras ne veulent pas en général se faire passer pour des femmes. Elles ne sont ni femmes, ni hommes.

Elles ne sont pas non plus des travestis au sens où on l’entend, puisque les travestis occidentaux couchent avec des femmes.

Comment devient-on hija ?

Bon, déjà, on ne devient pas hija, on naît hija. Et puis il faut savoir que les hijras vivent en communauté, dont elles « deviennent » membres. Pour être consacrée hijra c’est tout un processus de socialisation. La hijra est considérée comme chela (étudiant) dans un rapport avec le gourou (professeur) qui l’amène à assumer sa féminité. Chaque gourou vit avec au moins 5 chelas, qu’il considère comme de son lignage (avec le même nom de famille). Les chelas doivent donner leur revenu au gourou, qui gère le ménage. Ces « familles » sont très fermées.

Parfois ce processus prend fin avec la « renaissance », qui prend ici la forme de l’émasculation (on enlève le pénis, les testicules et le scrotum – ça fait mal rien que d’y penser, pas vrai les mecs ??! – mais attendez, c’est pas tout : c’est fait au couteau et sans anesthésie (seulement de l’alcool et des drogues)…). Entrons un peu dans les détails (si si !). Lorsque tout est ôté, on place une plaquette de fer ou de bois avec un petit trou pour uriner et on place pardessus des herbes pour aider à la cicatrisation. Les pures et dures doivent s’asseoir sur une pierre tranchante jusqu’à ce que l’anus saigne ; les gouttes de sang sont alors recueillies et les premières règles célébrées…

Histoire

Les eunuques existent depuis le 9ème siècle avant J.C. Le mot vient du grec « gardien du lit » parce que c’étaient en général les hommes castrés qu’on envoyait garder les harems royaux. Le phénomène aurait commencé en Chine... le dernier eunuque chinois ayant rendu l’âme en 1996.

Dans la mythologie hindoue, il n’est pas rare que les dieux prennent des formes humaines d’un autre sexe ; le phénomène remonte donc à loin ! Ainsi, si les hijras sont aussi bien (voire plus) musulmanes que hindous. Chez les Hindous, elles forment une caste spéciale, et en général adorent Shiva et/ou la déesse Bahuchara Mata. Tous les ans elles se réunissent dans le Tamil Nadu pour y rejouer une scène de la Mahabharata, un des deux contes de l’Inde (ce rassemblement est également l’occasion d’un concours de beauté, de plus en plus reconnu par les pontes de la mode). Pendant une bataille, deux frères durent sacrifier un guerrier pour battre leurs cousins. Leur conseil de guerre choisit Aravanan, un des fils du héros épique Arjuna. Aravanan accepta de mourir pour la bonne cause, mais il émit le souhait de se marier avant, souhait qui posa un énorme problème : quelle femme accepterait d’épouser un homme condamné ? Pour régler ça, le Dieu Krishna prit la forme de Mohini, une très belle femme, et épousa Aravanan.

Depuis le règne des Anglais qui ont vu dans ce phénomène une déviance sexuelle qu’ils ont essayé d’éradiquer, leur rôle a changé : de servants royaux, confidents et amis, ils sont devenus « quelque chose » qui effraie. Personne ne veut être accosté par eux. Les hijras vivent de l’embarras qu’elles provoquent aujourd’hui.

En 1993, un transsexuel américain, Anne Ogborn, est devenue la première hijra occidentale ; elle a créé une école pour hijra.

Quelle place dans la société aujourd’hui ? Quel mode de vie ?

Leur principale source de revenu aujourd’hui vient de leur apparition dans les mariages et les naissances (où elles dansent, chantent etc.). Elles apporteraient bonheur et fertilité, et, même si elles ne sont généralement pas invitées (ni les bienvenues), l’hôte leur donne un peu d’argent (sous peine d’être maudit et insulté). La fertilité qu’on leur prête viendrait du fait qu’étant considérées comme asexuées, elles n’auraient pas d’activité sexuelle, et accumuleraient, stockeraient ainsi une énorme énergie sexuelle (un sacré pouvoir !) qu’elles utiliseraient pour bénir ou maudire. Lors des naissances, leur venue est signe que le bébé ne sera pas hijra (et si il naît eunuque ou hermaphrodite), elles l’emportent en général, pour l’élever comme un des leurs.

Certaines hijras se prostituent, beaucoup mendient. Si le passant ne leur donne pas, elles le ridiculisent, l’insultent, et n’hésitent pas à soulever leur sari pour montrer leurs parties émasculées. Parfois, quand elles sont en colère, elles frappent leurs mains fortement pour effrayer la population (une explication qui vaut ce qu’elle vaut dit que le claquement des mains rappellent le claquement des corps durant un rapport sexuel – quoi qu’il en soit, c’est flippant !). En général, les gens donnent…

Les hijras seraient employées par le Gouvernement comme collecteurs d’impôts dans les villages – c’est la méthode la plus efficace ! Des histoires circulent également selon lesquelles les hijras seraient également employées par les banques pour récupérer l’argent…

Pour ceux que ça tenterait, attention, c’est pas tous les jours drôles : la plupart vivent en marge de la société. Peu acceptent de les employer, elles sont souvent victimes de moqueries (notamment dans les films Bollywood) et pire, de violences et discrimination en tout genre (même si certaines ont réussi à accéder à d’assez hauts postes politiques – elles ont le droit de vote depuis 1995). Par exemple, soigner une hijra peut poser un problème à l’hôpital où on soigne différemment (pièce différente, sexe du docteur différent) les hommes des femmes – or elles ne sont ni l’un ni l’autre.

Et puis, pour fournir, d’après une légende, le corps de la hijra, à sa mort, serait fouetté et passé par un trou fait dans le toit plutôt que par la porte pour s’assurer que son âme ne se réincarne pas à nouveau dans une hijra (une fois ça suffit !).

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Galerie photos: http://www.pbase.com/maciekda/hijras / Témoignages de hijras :http://www.bmezine.com/ritual/A00227/rithijra.html ; http://www.columbia.edu/~blw2102/ / Sur le concours de beauté : http://www.thewe.cc/contents/more/archive/aruvani.html / Sur l’école pour hirjas : http://pragatischool.org/community.php / Plus de détails croustillants sur l’émasculation : www.eunuch.org

Merci!

mardi, 22 janvier 2008

Beloved Daughters - Suite

On va dire que j’insiste avec mes histoires de femmes mais tant pis. Et puis ça veut pas dire que je n’aime pas l’Inde, mais simplement qu’il y a certains aspects culturels qui ne sont pas acceptables (même pas peur de dire ça ;)). Et puis d’ailleurs la violence contre les femmes n’est pas caractéristique de l’Inde, elle existe bien partout (selon les chiffres publiés dans une étude par la Délégation aux victimes, rattachée à la Direction générale de la police nationale, «168 personnes sont décédées en France en 2006, victimes de leur compagnon ou compagne», soit une femme tous les trois jours. Cette violence s'exerçant dans le cadre familial, 11 enfants ont également été victimes de violences mortelles exercées par le compagnon sur la mère», relève la Délégation ») ; simplement, ici, il y a encore plus de raisons d’être à cette violence (dot, caste etc. etc.). Pas de chiffres, je pense qu’ils ne reflèteraient aucune réalité, compte tenu des tabous…

Voici un article intéressant sur les conséquences (encore actuelles) de mariages inter-castes : viols, violences, séquestration, meurtres, chacun y trouve son compte… Et alors attention, pas seulement les fautifs (le garçon et la fille qui font un mariage d’amour envers et contre tout) mais également leurs parents: Article_Sunday the Indian_Forbidden love_220108.pdf

L'article fait état d'un abri pour femmes battues, Nari Niketan. Il suffit de taper le nom sur google pour trouver pléthore d’histoires de ce genre…

Dans le même magazine (dont je ne peux pas trop confirmer le sérieux), j’ai trouvé un autre article, exposant que le Maharashtra est devenue un lieu de prédilections pour les agresseurs de femmes. Et pas seulement dans les villes (certains politiciens prétendent que les « tenues modernes » des femmes seraient responsables de cette « tendance »), mais aussi dans les campagnes (où, visiblement, ils sont pas mal amateurs des tournantes). Je vous épargne l’article...