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lundi, 15 janvier 2024

Carnets de Tanzanie - 3. Lake Natron

Le lendemain, nous nous payâmes six heures de route et de piste pour arriver à Lake Natron. Je me félicitai de ne pas avoir loué de voiture : aurions-nous osé franchir la rivière qui traversait le chemin par endroits ? Evidemment, il y avait un prix à payer pour arriver dans ce bout du monde, et c’était celui du taxi, et puis les frais d’entrée qui ressemblaient à du racket – et qui peuvent être négociés, suivant la tolérance que l’on a pour la corruption : payer 300$ pour 3 nuits avec reçu ou 150$ qui vont dans la poche du gardien.

Nous nous installâmes dans un nouveau lodge eco-friendly – j’étais bien contente d’avoir emmené notre énorme power bank solaire car les batteries de téléphone se vident vite pendant les safaris (et les prises dans les jeeps ne fonctionnent pas toujours) et les hôtels soucieux de l’environnement ne proposent pas, ou peu, de prises dans les chambres. Et puis se posa la question des activités.

A commencer par le volcan, Ol Doinyo Lengaï. J’avais lu que son ascension était un « challenge » et il n’en avait pas fallu plus pour me convaincre de la faire. Je fis la sourde oreille à toutes les descriptions que notre chauffeur nous en fit et m’inscrivit. Après tout, j’avais bien escaladé l’Etna. Mon Indien préféré arguant d’un genou fatigué et de l’appréhension à laisser notre fils seul toute une nuit, je la ferais seule, avec un guide, Osward, qui me fut immédiatement antipathique.

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Lever de soleil sur Lake Natron

Le jour J, nous nous levâmes à 5h30 pour marcher jusqu’au lac. En saison sèche, à mesure que l’eau s’évapore, les niveaux de salinité augmentent au point que les micro-organismes amateurs de sel commencent à se développer ; parmi eux, une cyanobactérie possède un pigment photosynthétique rouge qui colore les eaux du lac dans des tons allant de l’orange au carmin suivant la profondeur des eaux. A cause des pluies, le lac n’était pas aussi rouge que prévu. En revanche, les flamands roses nains étaient au rendez-vous. J’avais craint qu’ils soient ailleurs mais je n’avais en fait pas de souci à me faire : dans cette région non septentrionale, ils ne migrent pas, et le lac abriterait 75% des 3,2 millions de flamands dans le monde. Ces derniers se nourrissent de la cynobactérie, toxique pour le reste de la faune, qui rend d’ailleurs leur plumage plus rouge que celui des cinq autres espèces de flamand. J’avais également regardé si nous aurions la chance d’être là pendant la saison de la reproduction – Lake Natron étant leur lieu de prédilection pour cette activité – mais je n’avais pas trouvé d’informations concrètes, si ce n’est qu’elle commence « en général » entre octobre et décembre. Mais a posteriori, j’imagine qu’on ne voit pas grand-chose… On ne peut pas s’approcher de trop près car ils ne sont pas tout au bord du lac qui est très peu profond mais l’Homo sapiens ne peut pas y mettre les pieds. (La prochaine fois, j’irai les voir au Little Rann of Kutch dans le Gujarat, pendant la saison des pluies.)

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Sur les rives de Lake Natron

Notre petite marche de 6h00 à 8h30 nous laissa un peu sur les genoux, notamment à cause du soleil qui tapait de manière inédite pour une heure aussi matinale. Les girafes que nous découvrions au détour de tel ou tel acacia n’auront distrait mon petit samourai qu’un moment et il refusa de rentrer à pied. Qu’à cela ne tienne, son père (béni soit-il), via notre guide maasaï, fit venir deux motos « picki-picki ». A trois sur chaque engin, nous roulâmes à fond de balle sur un sol sableux et instable, tellement tape-cul que cela me remit en place le nerf alvéolaire supérieur qui me turlupinait depuis un an ou deux – une dent de la mâchoire supérieure me fit souffrir le martyre pendant quelques minutes et puis plus rien, le massage africain semble avoir fait des miracles. Et puis quelle sensation de liberté de zigzaguer ainsi entre les girafes, les zèbres et les maasaïs !

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Les maasai giraffes de Lake Natron - c'est autre chose de se balader entre ces animaux en liberté que de les voir depuis la jeep !

Après une sieste d’un quart d’heure, nous déjeunâmes et firent une promenade de deux heures pour aller nous baigner sous une cascade – rien de bien endurant physiquement, mais ça tirait quand même un peu dans les jambes.

Je me reposai ensuite pendant deux heures, ne trouvant le sommeil que quelques minutes. J’avalai alors mon dîner vers 21h30 et, armée des indispensables lampe torche, bâton et deux litres d’eau, j’étais dans la jeep à 22h30, prête pour une heure de route pour rejoindre le pied du volcan Lengaï.

lundi, 08 janvier 2024

Carnets de Tanzanie - 2. Safaris

Nous arrivâmes à notre guest-house à Arusha à 21 heures après 22 heures de voyage, porte à porte. Décalqués étions-nous. Malgré tout, pressés par le temps, nous devions, dès le lendemain, être sur pied à 6h pour aller voir le Tarangire. J’avais peur de ne jamais réussir à me réveiller, mais le martellement de la pluie sur la tôle, les chiens hurleurs, le muezzin puis les cloches de l’église se chargèrent de me tirer du lit dès 5 heures du matin, étonnamment fraîche. Nous roulâmes deux heures jusqu’à l’entrée du parc, avec un seul stop, dans un bar qui nous servit du café africain, à savoir un café au lait et au… gingembre.

Le Tarangire tint ses promesses : des éléphants, des lionnes, des girafes, des gazelles, des zèbres, des gnous, mais surtout une nature incroyablement verte en cette saison. Une amie m’avait demandé si c’était bien la saison pour y aller et j’avais envoyé balader sa question d’un haussement d’épaules. C’était l’occasion d’y aller, puisque ma famille se retrouverait ensuite à Zanzibar pour Noël. Saison ou pas saison, nous y serions ! J’avais quand même essayé de glaner quelques informations sur internet sans vraiment trouver rien de probant. Sur place, j’ai pu vérifier que de novembre à février, il n’y a quasiment personne dans cette partie de la Tanzanie. Deux raisons à cela : on ne peut pas voir la migration des gnous et il pleut. Ma priorité étant de montrer des animaux à mon jeune fils, je me remettrai de ne pas voir des milliers d’herbivores d’un coup. En plus, le hors-saison, pluvieux, est ma période préférée à Goa. D’autant que la pluie ne tombe pas non plus en continu, juste assez pour rafraîchir, peindre le paysage en vert, et faire fuir les touristes.

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Le Tarangire, "paradis des éléphants"

Nous passâmes la nuit dans un lodge (eco-friendly et socialement responsable) à quelques kilomètres de Karatu, perché sur une colline dans un environnement stupéfiant : la fraîcheur apportée par les arbres qui recouvrent des allées de terre rouge, les caféiers poussant ici et là, etc. Décidément, la nature était splendide.

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Dans notre lodge, à Karatu

Le Ngonrongoro non plus ne nous déçut pas : des lions en veux-tu en-voilà, deux rhinocéros dans le lointain, des hippopotames immergés, une hyène et deux chacals louvoyant une carcasse de gnou dévorée par un lion qui veillait au grain avec le fœtus de sa proie entre les mâchoires, des autruches, un élan au loin. Et puis surtout une nature magnifique.

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Lion du Ngorongoro

lundi, 01 janvier 2024

Carnets de Tanzanie - 1. Partir

Si les voyages forment la jeunesse, les empreintes qu’ils laissent sont plus ou moins indélébiles. Je devais avoir une dizaine d’années quand mes parents m’emmenèrent en Tanzanie. Je n’étais alors pas encore habituée à bourlinguer à l’étranger et quel choc se fut… Les éléphants passant entre les tentes la nuit ; l’odeur indéfinissable des maasaïs ; les touristes un peu cons qui tentent la balade digestive après le dîner et qui, dans la nuit noire, se font cerner par des hyènes dont ils ne discernent que le reflet de la lampe dans les yeux, lesquels se révèleront appartenir à… des gazelles apeurées. Ce voyage fut tellement fort que, une fois rentrée en France, je me payai une semaine de nostalgie, pleurant tous les soirs à la pensée des girafes qui me manquaient tant.

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Quand surgit l’idée de passer Noël en famille à Zanzibar – le déplacement se révélant moins onéreux que Goa –, je sautai sur l’occasion de prolonger le séjour et faire vivre une expérience hors-normes à mon fils de 9 ans. Mais préparer un voyage en Tanzanie n’est pas une mince affaire… Faire des safaris, oui, évidemment. Mais lesquels ? Les joyaux (Tarangire, Manyara, Ngorongoro, Serengeti) ou d’autres plus petits, moins connus mais aussi moins chers ? Louer une voiture, utiliser un tour opérateur ou organiser moi-même avec les hôtels ? Dormir dans les parcs nationaux ou en lisière ?

Pour commencer, j’éliminai le saint des saints, le plus beau parc animalier du monde selon National Geographic, le Serengeti (qui devient le Masai Mara dans sa partie kenyane). Très onéreux et trop loin de l’aéroport le plus proche – pour ceux qui ne peuvent pas se payer l’atterrissage sur la piste du parc et qui doivent rouler plus de six heures. A la place, j’optai pour une version miniature du dit parc, le Tarangire, qui a de commun avec son célèbre voisin les plaines interminables, la savane, les baobabs, etc. Ne lui manquent que les léopards et les cheetahs. Nous saurions nous en consoler, j’en étais sûre. Et puis zapper le Serengeti nous permettrait de visiter un autre bijou, le cratère du Ngorongoro – Ngoro-ngoro, le bruit des cloches des vaches maasaïs, un des rares noms de lieu que je n’ai jamais oublié… Là, point d’arbres mais une faune abondante dans un cadre totalement unique.

Cette solution nous laisserait aussi trois jours pour voir un peu de la Tanzanie « hors des sentiers battus ». Je trouvai deux options : Lushoto et Lake Natron. Lushoto, c’était la promesse de forêts, de montagnes, de couchers de soleil magnifiques, de randonnées et de cascades. Mais c’était aussi huit heures de route depuis les parcs et six heures de plus pour rejoindre Dar Es Salaam. Quant à Lake Natron, il promettait, après un trajet éprouvant pour y arriver, une plongée en pays maasaï, un lac rouge et parsemé de flamands roses, les plus vieilles empreintes humaines, et un volcan en activité à escalader. Mon fils étudiait alors les « premiers hommes » et les volcans à l’école, alors Lake Natron l’emporta. Et puis je décidai d’organiser les transports avec les hôtels et sur place. Certes, conduire nous-même nous aurait rendu autonome et fait économiser du temps à trouver des chauffeurs et à négocier, et puis aussi de l’argent – je calculais que, théoriquement, nous économiserions 30% du budget déplacements terrestres. Mais je nous voyais mal négocier les pistes dans les parcs, même accompagnés de rangers. Et puis nous n’avions que six jours sur place, à peine le temps de nous mettre dans la bain que nous aurions à rendre la voiture.