Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Madhya Pradesh

Une histoire de mariage, cheveux, rugby et bibine

Toute ressemblance avec des personnes existantes est fictive. Ou pas. 

Notre petite famille a récemment effectué son pèlerinage annuel au Kerala, organisé de sorte à pouvoir assister à un mariage. (Des fiançailles en vrai mais ça aurait pu aussi bien être un mariage alors on fera comme ci.) Je n’étais pas sûre sûre que ce soit une bonne idée : j’avais, en toute modestie, peur que mon petit samouraï et moi-même ‘volions la vedette’ à la mariée (le ‘blanc’, surtout quand c’est la première fois qu’on le voit, a une fâcheuse tendance à attirer l’attention). J’ai eu tort. Personne ne pouvait vraiment voler la vedette à la mariée, tout simplement parce que tout le monde s’en tape, ils ne pensent qu’à bouffer (dixit mes amis malayalis).   

 

Je suis arrivée, un peu angoissée parce que j’avais oublié de mettre du déo. Or je ne sors JAMAIS sans déo. A fortiori dans un endroit où il fait 35 degrés et 110% d’humidité. J’ai bien essayé d’en acheter à la pharmacie mais dans les intérieurs du Kerala, t’oublies le déo. Là encore, j’ai eu tort de m’en faire : pas plus tôt arrivée, une tante m’alpagua et me mit direct dans l’ambiance. Elle refoulait à cinq mètres la transpi qui a bien macéré !! Elle commença par essayer de dessaper mon bébé, habillé en petit Indien pour l’occasion, sous prétexte qu’il avait trop chaud. Sans bien sûr me demander mon avis. C’est sûr qu’elle, elle devait avoir bien chaud pour sentir comme ça ! Pas ébranlée de sa défaite (je ne la laissais pas aller plus loin que le min gilet sans manche), elle enchaîna – elle était en forme ! – avec un agréable commentaire quelque peu homérique « ta coupe de cheveux, c’est moche. » Estomaquée, je ne trouvai rien à répondre, et m’éloignai. Venant de sa part, c’était un peu l’hôpital qui se moque de la charité : le cheveu se raréfiant, sa maigre tignasse était rassemblée en une queue bien pathétique et surtout dégoulinant d’huile. Alors ça je ne comprends pas. Huiler les cheveux pour les nourrir, ok. Mais sortir avec les cheveux gras ?? Ptêt qu’ils trouvent ca beau quand ça luit ? Comme des chaussures bien lustrées ? Inutile de préciser que le cheveu gras, c’est ma hantise, au même niveau que des aisselles odorantes… 

 

Passé cette petite mise en jambe, il fallut faire face à une autre situation : en Inde, un bébé perd son statut de personne et devient un ballon de rugby. Dès qu’ils voient un bébé, les bras se tendent, ils l’attrapent et se le font passer. Je ne dois pas être un très bon demi de mêlée : à la vue de ces veilles, une avec des dents pourries, l’autre avec une barbe et encore une autre sans dent et avec une moustache, je ne lâchai pas le ballon. Pour être honnête, je ne le lâchai à personne, même à celles qui faisaient pas peur. Juste parce que les trois paires de bras tendus qui nous accueillirent me renvoyèrent dans mes cages, fuyant ce que je ressentais comme une agression. Alors qu’il s’agirait en fait d’une « politesse » de demander à porter les bébés, politesse que j’étais sensée retourner en donnant mon enfant. Et ben je vais te dire, passer pour une connasse malpolie rien à taper !! En bref, j'ai complètement pris le contre-pied, ça arrive...

D’autant que mon petit jouait le jeu et refusait de quitter mes bras. Bien sûr loin de moi l’idée de vouloir en faire un asocial. Non, je voulais juste lui laisser le temps de s’habituer à toutes ces nouvelles têtes avant de le jeter dans la mêlée !   

Toutes les bonnes femmes (et quelques bons hommes) ayant essuyé des revers, on finit par nous laisser tranquille. J’en profitais pour laisser le petit samouraï se dégourdir les jambes. Et il n’eut pas plus tôt les pieds posés au sol qu’un ‘uncle’ identifia une ouverture et se saisit du bébé ! Qui finit par tourner dans les bras de quatre femmes même pas de la famille de mon mari…  

 

Le mariage en lui-même se déroule dans une salle des fêtes ou dans une salle d'un temple. Les fiancés sont sur une scène dont ils ne décolleront pas. La cérémonie dure une dizaine de minutes, pendant laquelle les gens regardent – si ça dure plus longtemps, il se peut qu’ils aillent vaquer à leurs occupations en attendant la fin. Ensuite le buffet est annoncé ! (Pour l’occasion à 5 heures de l’après-midi.) C’est un peu le challenge ce repas : non seulement y a une queue monumentale avec les 500 personnes qui se jettent dessus, mais une fois que tu as attendu que tout le monde ait fini pour prendre ton plat, et ben les 500 autres qui sont passés à la digestion viennent te parler ! Tu te retrouves donc à être présentée à des ‘uncles’ et ‘aunties’ (formules de politesse pour adresser des aînés, surtout dans le nord de l’Inde), la bouche pleine et les doigts trempant dans le curry. Pas évident de rester classe. Donc quitte à être malpolie, au grand dam de mon mari, je décidai d'ignorer une ou deux personnes qui me furent présentées et me concentrai sur mon plat, histoire d’en finir au plus vite avec cette épreuve, et aller récupérer mon petit.  

 

Une fois que tu as fini de boustifailler, tu dois aller sur scène prendre une photo avec les mariés. Sinon les gens oublieront que tu es venu et te le reprocheront plus tard. (Je rigole.) C’est également une distraction bienvenue pour le couple qui est sinon obligé de taper tout seul des pauses bollywood pour le photographe. (Je rigole pas.) 

 

Voilà, c’est à peu près tout ce qui se passe dans un mariage hindou au Kerala… A 18 heures c'est bouclé et chacun regagne ses pénates. Ou se planque derrière la salle des fêtes pour picoler. Entre hommes. Et en cachette. Même si tout le monde le sait*. Les autres rentrent chez eux, tout contents d’avoir un nouvel évènement à commenter ! Même si il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, à part la nourriture et la coupe de cheveux de l’étrangère (qui a fait sensation, même pas dans le bon sens j’en ai peur). 

 

Moralité : je serai éternellement reconnaissante à mon Indien préféré de m’avoir épargné ça et d’avoir fait de notre mariage un évènement qui restera dans les annales. Et j’attends avec impatience d’assister à un mariage en France pour avoir son point de vue !! 

 

 

* Les statistiques montrent que les Indiens boivent moins que les Européens (4,3 versus 12,5 litres par an) sauf qu’il faudrait retirer les femmes (qui n’ont pas le droit de boire), les hommes pieux (qui ne boivent pas par conviction religieuse), et tous ceux qui boivent de l’alcool maison, qui tue en silence, sauf quand il tape un grand coup et fait plus d’une centaine de morts (comme c’est arrivé en juin à Mumbai). Les Kéralais sont à un petit 10,2 litres par an, assez loin derrière les gars de l’Andhra Pradesh (35 litres). Toujours est-il que dans de nombreux Etats indiens, les taxes sur l’alcool représentent près du quart des revenus de l’Etat (22% au Kerala) ; quand on est à moins d’1% en France. Ça complique pas mal de choses quand les Etats se mettent en tête de réduire les ventes d’alcool, comme c’est le cas régulièrement un peu partout. Seul le Gujarat tient bon, mais le marché noir explose. Augmenter les taxes (déjà à plus de 100%) ou rendre l’alcool illégal c’est bien beau mais ça ne résout pas grand-chose…  

 

inde,kerala,mariage,bébé,alcool

 

(1) En Inde : http://indianexpress.com/article/india/india-others/kerala-increases-tax-on-liquor-beer-and-wine/#sthash.PNIRO4yJ.dpuf ; http://articles.economictimes.indiatimes.com/2015-05-16/news/62239496_1_total-prohibition-vm-sudheeran-kerala-government ; http://www.thehindubusinessline.com/economy/the-alcohol-economy/article5436924.ece ; http://www.thehindu.com/opinion/blogs/blog-datadelve/article6344654.ece

 

(2) En France : http://www.alcool-info-service.fr/alcool/consommation-alcool-france/culture-alcool-consommation-vin#.VfZl8Jf3aJ8 ; http://www.insee.fr/fr/themes/comptes-nationaux/tableau.asp?sous_theme=3.2&xml=t_3203 ; http://next.liberation.fr/vous/2011/02/17/quels-sont-les-pays-qui-consomment-le-plus-d-alcool-dans-le-monde_715595

Lire la suite

lundi, 14 septembre 2015 | Lien permanent | Commentaires (2)

Langues indiennes

Et toi, tu parles Indien ? Mais bien sûr…

 

En bref

 

En il faut bien se représenter que l’Inde qui ne connaît une unité territoriale que depuis 61 ans (Indépendance) n’a jamais connu d’unité linguistique. C’est juste plein de petits territoires. Et donc plein de langues… Le sanskrit, le persan puis l'anglais furent donc successivement et concurremment les langues de pointe du sub-continent qui, tardivement, et de l'extérieur, fut nommé Inde.

 

Le sanskrit et le tamil sont les langues classiques de l’Inde d’après le Gouvernement : la littérature sanscrite (dans le Nord de l’Inde) remonterait à 5 000 ans avant J.-C.* et le Tamil à 3 000.

Vers 5 000 ans avant J.-C. apparaît donc le sanskrit, la langue du védisme, la religion ancêtre de l’hindouisme. Le sanscrit, la plus vieille langue écrite de l’Inde (dans les années 400 avant J.-C., le grammairien Panini a écrit une description très détaillée du Sanskrit classique), va se développer comme la langue des brahmanes, réservée à une élite et ne sera jamais une langue d’usage ; mais c’est aussi la base de nombreuses langues modernes, y compris l’Hindi et l’Urdu.

Puis vers le 10ème siècle commence le déclin du sanscrit, au profit du persan. Le persan, une langue cousine du sanskrit mais modernisée et pénétrée d'influences arabes, s’est imposé avec la domination moghole. C’est d’ailleurs demeuré la langue officielle de « l'empire des Indes » jusqu'en 1947 et continue à jouir d'un grand prestige, même en Inde indépendante. Dorénavant, les sultans musulmans – parfois des convertis – sont au pouvoir.

Et puis l’anglais, comme on sait…

 

Les langues parlées aujourd’hui

 

Il y a aujourd’hui, en Inde :

-          22 langues officielles, et plus de 1 000 langues parlées (1 652).

-          D’après un recensement en 2001, 29 langues maternelles étaient parlées par plus d’un million de gens, 122 par plus de 10 000.

-          L’article 343 de la Constitution indienne reconnaît l’Hindi et son script Devanagari comme la langue officielle du gouvernement central de l’Inde.

-          Pour assurer une continuité, la Constitution permet l’usage de l’Anglais pour des communications officielles.

-          L’article 345 stipule la reconnaissance constitutionnelle aux « langues officielles » de l’union : toute langue adoptée par la législation d’un Etat est reconnue langue officielle de l’Etat.

 

Les langues indiennes appartiennent à 4 familles (les 2 premières étant les plus importantes : 98%) :

-          Indo-européenne** (les 54 langues de ce groupe sont surtout parlées dans les régions Nord et Centre à 75% de la population indienne les parlent),

-          Dravidienne (les 20 langues de ce groupe sont surtout parlées dans le Sud à 23% de la population indienne les parlent : tamoul dans le Tamil Nadu, kannada dans le Karnataka, telugu dans l’Andrah Pradesh, malayalam dans le Kerala),

-          Mon-Khmer ou austrio-asiatique (les 20 langues de ce groupe sont surtout parlées dans les régions Est),

-          Sino-tibétaine ou tibéto-birmane (les 98 langues de ce groupe sont surtout parlées dans les régions himalayennes, au Nord).


Population selon la langue parlée (en 2000) : hindi 337 millions, bengali 69 millions, telugu 66 millions, marathi 16 millions, tamoul 53 millions, urdu 43 millions, gujarâtî 40 millions, kannada 32 millions, malayalam 30 millions, oriya 30 millions, punjabi 23 millions, assamais 13 millions et sindhi 2 millions.

 

Une petite histoire du sanscrit (extrait de :  Une histoire de l'écriture et de la littérature sanscrites_Michel Angot_Avril 2002.pdf)

 

Le sanskrit : une langue raffinée qui n'a jamais été une langue d'usage

Le nom du sanskrit, contrairement à ceux des autres langues, n'est en rien lié à un peuple ou un État déterminés. Le persan, l'anglais, le français, furent d'abord le nom de la langue régionale parlée par un certain peuple avant de devenir, de gré ou de force, les langues parlées dans un certain État et même d'être exportées selon des modalités diverses dans quelques parties du monde. Or il n'y a jamais eu un « peuple sanskrit » ni un « État sanskrit », ni un État ayant porté un autre nom mais où le sanskrit aurait été la langue nationale ou la langue prépondérante. Quand ce mot fut employé en l'appliquant à cette langue, le « sanskrit » avait déjà un long passé anonyme : le terme est ignoré du Veda et même des fondateurs de la grammaire. Et, quand elle fut adoptée, cette épithète signifiait seulement que la langue en question était soumise, plus rigoureusement que d'autres, aux lois de la grammaire. Samskritam dont nous avons fait « sanskrit », ou « sanscrit » selon certains dictionnaires, signifie en effet « raffiné, achevé » et ce raffinement était fonction de la manière dont ses utilisateurs brahmanes se représentaient cette langue. Il faut attendre l'époque contemporaine pour qu'un certain nationalisme indien imagine le sanskrit comme langue nationale de l'Inde. Ce trait doit être souligné car il constitue un caractère essentiel du sanskrit et explique une partie de sa spécificité : le sanskrit n'a jamais été soumis aux pressions de l'usage comme le furent et le sont le français ou l'allemand.

 

Une langue fixe, pérenne et sacrée au seul usage des brahmanes

Il faut nécessairement comprendre ce que furent les brahmanes, les créateurs et principaux utilisateurs du sanskrit. Que ce soit la langue védique, alias le sanskrit « archaïque », ou la langue « classique », le sanskrit est demeuré attaché à cette infime minorité de la population. Le sanskrit, tant védique que classique, fut d'abord la langue des brahmanes, ces êtres qui, dans la hiérarchie des créatures, jouissent d'un statut supérieur, les seuls qui soient réputés être pleinement des hommes.

Qu'est-ce qui à l'époque – rappelons que nous ne sommes ni en train de décrire la société indienne d'aujourd'hui ni la façon dont le sanskrit est considéré de nos jours – assurait aux brahmanes leur supériorité sans cesse affirmée dans les textes ? Ce n'est pas leur fonction religieuse d'officiants, de « prêtres » dirait-on, car ils n'ont pas le monopole de cette fonction et, à la différence de nos prêtres, ils sont choisis par ceux qui les emploient et les payent. D'ailleurs ils ne sont officiants que pendant la durée de la cérémonie. Ils n'ont pas non plus, loin s'en faut, le monopole du religieux, une dimension qui est diffuse dans tout le corps social. Les brahmanes n'ont pas accès par statut aux pouvoirs politique ou économique. Ils ne sont pas comparables aux scribes de l'Égypte antique : le sanskrit n'est écrit que tardivement et plutôt contre la volonté des brahmanes pour qui toujours la connaissance est parole et qui réservent les grises nuances du monde à la noirceur de l'écrit. Les brahmanes ne forment pas non plus, comme les mandarins de l'Empire chinois, un corps d'administrateurs au service de l'État. Ces deux fonctions, scribes et administrateurs, étaient réservées à une caste spécifique dont le statut fut toujours inférieur à celui des brahmanes même si certains de ces derniers pouvaient participer, à titre de conseillers, à l'exercice du pouvoir.

Non ! Ce qui assurait leur prééminence c'était le privilège qu'ils avaient d'énoncer en sanskrit, de transmettre par la voix et de garder en mémoire les normes du monde et des hommes ; ils étaient en position d'énoncer des normes pures, de dire le vrai c'est-à-dire ce qui, condamné à ne pas exister, devait être mis à l'abri pour demeurer à jamais la source du réel changeant. Cette distance entre le vrai qu'ils énoncent et le réel qu'ils inspirent caractérise les brahmanes pour le principal et donne sa saveur à la langue sanskrite qu'ils utilisent à cette fin. C'est ainsi qu'on peut expliquer les trois caractères majeurs de la langue des brahmanes : comme les normes sont fixes, appartiennent à tous les temps et doivent se tenir à distance de l'histoire, la langue qui les énonce se doit d'être fixe, pérenne et sacrée. Adoptant la vieille langue védique archaïque, les brahmanes l'ont adaptée à leurs besoins spirituels et intellectuels et ont ainsi créé le sanskrit qu'ils ont fixé, pérennisé et sacralisé. Il fallait bien que cette position des brahmanes soit fondamentalement acceptée par tous ou par une majorité et, même si elle a été discutée par certains, les bouddhistes notamment, les opposants ont eux-mêmes constitué une classe d'érudits qui a finalement adopté le sanskrit pour discuter avec les brahmanes ; souvent ces érudits étaient d'origine brahmanique.

 

Début d'un lent déclin

Vers le 10ème siècle, commence un lent déclin : une nouvelle religion s'installe brutalement dans la plaine indo-gangétique et avec elle la langue de culture des nouveaux arrivants : le persan, une langue cousine du sanskrit mais modernisée et pénétrée d'influences arabes ; le persan est demeuré la langue officielle de « l'empire des Indes » jusqu'en 1947 et continue à jouir d'un grand prestige, même en Inde indépendante. Dorénavant, les sultans musulmans – parfois des convertis – sont au pouvoir. En 1565, le dernier grand Empire hindou disparaît. Tout cela a évidemment un impact important sur le sanskrit. Notamment, même si les brahmanes n'ont pas été totalement écartés des cercles du pouvoir, même s'ils ont appris le persan et ont été associés à la gestion des différents sultanats musulmans, ils ont cessé de fait d'occuper dans la société la place qui était la leur jusque-là. Ils n'ont pas vaincu l'islam comme ils avaient vaincu le bouddhisme et en Inde même, ils ont été sur la défensive. Les circuits économiques se détournent d'eux. Or ils ne pouvaient se consacrer à l'étude des lettres sanskrites que parce que des rois hindous et vainqueurs, en leur octroyant régulièrement des terres, leur permettaient d'avoir des revenus. Dès lors que les rois hindous sont systématiquement vaincus, qui va entretenir les brahmanes ? Comment vont-ils survivre ? Cela les fait dépendre plus étroitement qu'auparavant de la générosité des fidèles, de la société civile. Par ailleurs, avec le persan, arrivent d'autres lettrés, en liaison directe avec l'espace arabo-musulman, lequel brille alors de tous ses feux. De nouveaux savoirs, de nouvelles pensées se font jour. Le quatrième millénaire de l'histoire du sanskrit est celui d'une lente décadence : confite dans sa perfection, la langue sanskrite n'est plus au service d'une pensée neuve ou novatrice ; les ouvrages oscillent entre résumés ou exposés didactiques et commentaires prodigieux d'érudition mais quelque peu vains. Même le domaine du religieux échappe peu à peu au sanskrit : les grandes œuvres sont traduites, ou plutôt adaptées dans les langues vernaculaires. Le Râmâyana sanskrit de Vâlmîki est ainsi la source principale de l'Irâmâvatâram, « L'avatâr de Râma », de Kamban (entre le IXe et le XIIe siècle), considéré comme le chef-d'œuvre de la littérature tamoule, au sud de l'Inde. De même, le Râmcaritmânas, « Le lac spirituel de la geste de Rama », écrit en hindî par le brahmane Tulsî-Dâs (1532-1623). Dans l'Inde d'aujourd'hui, quand on parle du Râmâyana, on fait référence à ceux de Kamban, de Tulsî-Dâs, ou à d'autres adaptations qui ont été parfois totalement réécrites dans les langues indiennes. Les ouvrages proprement religieux rédigés en sanskrit sont alors doublés par leurs traductions en hindî, en tamoul… aujourd'hui certains religieux ont même oublié l'original et sont tout surpris quand ils apprennent que le texte qu'ils tiennent pour l'original est en fait une traduction ou une adaptation du sanskrit.

 

Sources :

http://www.dma.ens.fr/culturemath/histoire%20des%20maths/htm/Keller06_Inde/Keller_Inde.htm

http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/une_histoire_de_la_langue_et_de_la_litterature_sanskrites_1.asp

http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/04-05/conferences/01-05-langage/02-demoule-renfrew/index.htm

http://www.indianlanguages.com/main/index.php

http://pagesperso-orange.fr/compilhistoire/vedisme.htm

http://www.cs.colostate.edu/~malaiya/scripts.html

http://indiansaga.com/languages/index.html

 

* Les plus anciens textes que nous connaissons de l’Inde s’appellent les Védas ; ce sont des textes sacrés. La date de fixation des Védas (qui comme la Bible ou l’Odyssée sont formés d’une succession de textes oraux d’âge divers) est sujet à débat : la fourchette pour la fixation de ces poèmes va de 5 000 avant Jésus-Christ à 1 500 avant Jésus-Christ ; en général on coupe la poire en deux et on évoque environ 2 500 avant Jésus-Christ pour marquer le début de l’ère védique, qui succède à une civilisation dont nous avons les traces archéologiques mais dont nous ne savons pas grand chose, faute d’avoir déchiffré son écriture.

Vers 500 avant J.-C. naissent de nouvelles religions en réaction au védisme, il s’agit notamment du Bouddhisme et du Jainisme. Leurs premiers textes ne seront pas en Sanskrit, mais dans des langues régionales, «vernaculaires», le pali et le prakrit. Cependant, au fur et à mesure que des écoles de logique, de grammaire et de poétique se créeront au sein de ces religions et qu’elles en viendront à débattre avec leurs collègues hindous, les savants intellectuels issus de ces traditions religieuses se mettront aussi à produire des textes en sanskrit.

 

** Depuis la fin du 18ème siècle (1813 : naissance du terme « indo-européen »), on a reconnu l'existence en Europe et ailleurs d'une « famille » linguistique, dont les origines doivent remonter jusqu'à une époque préhistorique lointaine. La plupart des langues européennes actuelles, ainsi que l'iranien et un certain nombre de langues indiennes, sont membres de cette même famille, que l'on appelle « indo-européenne », et toutes présumées descendues d'une seule langue ancestrale.

Caractères.JPG

 

Lire la suite

mercredi, 17 septembre 2008 | Lien permanent | Commentaires (1)

Page : 1 2 3 4 5 6