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lundi, 22 janvier 2024

Carnets de Tanzanie - 4. The mountain that broke me

A 23h30, mon guide et moi entamâmes l’ascension sous une nuit sans lune. J’avais retenu que nous devrions être au sommet en 3-4 heures et nous partîmes d’un bon pas. Même mon guide peu bavard me fit la remarque que la cadence était bonne. J’étais contente de le savoir parce que, malgré la fraîcheur de la nuit, je transpirais comme un veau et je peinais à rythmer ma respiration. Malgré tout, j’avançais, sur une pente que je trouvais quand même bien raide et à une vitesse bien élevée.

Une demi-heure après le départ, Osward, me demanda un mouchoir. Il me fit savoir qu’il serait derrière le buisson (« just around the bush »), ce qui doit surtout tenir de l’expression parce qu’il n’y a pas vraiment de végétation sur les flancs de ce volcan, et qu’il ne s’éloigna que de trois mètres avant de baisser son pantalon. Je me gardai bien de regarder dans sa direction, préférant me perdre dans un ciel étoilé de toute beauté. Je regardai aussi vers le sommet, mais sûrement nous n’allions pas affronter cette masse noire qui se profilait ? Il y aurait moyen de faire des zig-zags. Ou pas…

Mais je ne pus m’empêcher d’entendre ses pets, et la petite Parisienne policée qui sommeille encore un peu en moi s’offusqua. Tant pis pour elle. Nous reprîmes la marche, et comme cela arrive toujours à cheval – quand la bête de devant se met à flatuler, les autres suivent rapidement –, je me mis à avoir des gaz. Le repas ne passait pas. C’était bien ma veine.

2 heures et demi plus tard, nous atteignîmes le « premier camp » pour une grosse pause. Je pensais être presque au bout de mes peines mais mon guide refusa de me dire combien de temps il restait. C’est alors que passa un groupe qui se félicita d’avoir terminé la moitié de l’ascension. La moitié ?? Mais j’étais déjà morte moi ! J’essayai de reprendre des forces en buvant un jus et en fermant les yeux, mais, rapidement les ronflements d’Osward réveillèrent tout le monde, et nous nous reprîmes la route. Mon guide s’arrêta de nouveau pour déféquer. Ceci eut le mérite d’annihiler toute retenue quand, peu après, je me mis à vomir devant lui. Même si je déteste gerber, c’était ça ou arrêter l’ascension : mon corps n’avait pas l’énergie de digérer ET de marcher. D’habitude, je mets trois jours à me remettre d’un tel évènement gastrique. Là, je fus sur pattes au bout de trois minutes, priant pour que ce soit bien un signe de protestation de mon estomac et non pas le mal des montagnes ou bien mon cœur qui tirait trop sur la corde. Pourquoi n’abandonnai-je alors pas ? Je ne le saurai jamais… Osward attribua mes renvois au climat et ne se fit pas plus de souci que ça.

Sur la deuxième partie du trajet, la pente s’accentua, et il ne fut pas rare que je dusse me hisser à la force des bras. Quand j’atteignis le « deuxième camp » à 5 heures du matin, je me mis doucement à pleurer d’épuisement, et, transie de froid, je réussis à somnoler, ou peut-être même à m’endormir profondément. A 6 heures, il fallut se remettre en route pour une demi-heure de marche. C’est alors qu’Osward me demanda si j’avais des gants. Non pas. Des chaussettes alors ? C’est qu’à partir de maintenant, il allait falloir monter façon babouin, non plus debout mais parallèle à la paroi. Heureusement que j’étais trop fatiguée pour avoir peur, parce qu’un pied qui dévisse, et tu es probablement mort… Je fis la remarque à mon guide que ce passage était quand même un peu dingue et il me dit alors que oui. Il ajouta qu’il n’avait qu’un seul but : m’emmener au sommet. Ah. Et me ramener à la base ? Non parce que c’était bien beau tout ça, mais comment pensait-il que j’allais redescendre, hein ? J’étais à bout de forces moi…

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Quelques secondes plus tard, Osward me fit remarquer l’odeur de soufre, qui provoque apparemment des vomis chez beaucoup de randonneurs. Personnellement, me trimballant cette odeur dans la gorge et les narines depuis déjà 5 heures, ça ne me secoua pas plus que ça. Et puis, au détour d’une coulée de lave digne d’un Jules Vernes, le sommet était là, le fameux cratère en activité ! Avec mon allure escargot, j’avais loupé le lever de soleil mais le temps était nuageux de toute façon. Et je pus voir la lave noire gicler ici et là des petits monts dans le cratère. Mais je n’eus pas le temps de profiter de la vue très longtemps, parce qu’il allait falloir redescendre vite, afin d’éviter le soleil – en général, les grimpeurs sont de retour à la voiture vers 10-11 heures. Je ne dis rien mais n’en pensai pas moins : j’arriverai quand j’arriverai… si j’arriverai…

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Le cratère du mont Lengaï

Pour descendre les plaques de lave grimpées comme un singe, je dus faire l’araignée : assise sur les fesses, je prenais appui sur les mains – d’où l’utilité des gants car la roche n’est pas tendre, j’avais les mains complément griffées – et j’avançais les pieds. Puis je levais le derrière, poussais le bassin vers le bas et m’asseyais quelques centimètres plus loin. C’était marrant au début, avant que les rares muscles de mon corps qui n’avaient pas travaillé jusqu’à présent se mirent à râler.

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Et puis il y avait cette vue… Certes magnifique, avec les magiques plaines de la vallée du rift, rendues vertes par la pluie. Mais également complètement flippante : j’étais sur un à-pic, une pente vertigineuse de 80 degrés au moins, et la descente qui s’ouvrait sous mes pieds était inconcevable. (D’où l’intérêt, en plus d’éviter la chaleur, de faire l’ascension de nuit : de l’accord général, si tu voyais où tu allais, tu ne monterais certainement pas.) J’avançais néanmoins, m’arrêtant ça et là quand mes jambes me faisaient trop souffrir. J’atteignis très péniblement ) le « premier camp », sans jamais me plaindre (à haute voix), et ne laissant les larmes (d’épuisement) couler que quand j’étais seule. Il était midi. J’avais trois heures de retard. Et heureusement que les nuages étaient de la partie ce jour-là ou bien j’aurais été carbonisée.

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C’est alors qu’Osward me fit savoir :

  • Bon, maintenant, il faut accélérer le rythme et plus de pauses jusqu’à la voiture.
  • Pardon ?
  • Hein ?
  • Tu peux répéter ?
  • Maintenant, plus de pauses jusqu’à la voiture.

Sachant que le trajet depuis le parking jusqu’à ce camp nous avait pris 2h30 à l’aller, comment croyait-il que je pourrais faire tout ça sans m’arrêter ? Je ne voyais pas la fin de la pente, j’en avais marre. J’aurais plus lui cracher toute la haine que j’avais pour le volcan mais je me contentai de lui asséner :

  • Tu n’as qu’à te dépêcher de rentrer si tu veux. Et tu seras gentil d’aller trouver mon Indien préféré et de lui dire de venir me chercher. Moi je vais faire des pauses si je veux. Non mais oh.

Sur ce, mue par une colère indicible, je partis comme une flèche. En tout cas c’était l’idée. Dans la réalité, mes jambes refusèrent de me suivre et une tortue de trois cents kilos aurait rigolé de mon allure. Néanmoins mon guide comprit le message et s’élança derrière moi !

  • T’énerve pas Mama !

Si, Mama était très énervée – contre son idée stupide d’escalader cette montagne alors qu’elle était arrivée en vacances épuisée et que les derniers jours passés n’avaient pas été de tout repos, et contre son opiniâtreté qui l’avait empêchée d’abandonner à mi-chemin. Mais je ne fus pas capable de lui dire tout ça et soudain, je débranchai. Je fondis en larmes et, entre deux sanglots :

  • Mais je suis à bout de forces, moi. J’en peux plus ! Tu crois que ça m’amuse de faire des pauses ? J’ai pas kiffé une seule minute sur les douze dernières heures, je suis crevée, j’ai rien pu avaler, j’en ai marre !
  • Ok, Mama, je suis désolé, je n’avais pas conscience que ça n’allait pas. T’inquiète pas, on va y arriver. Pole pole… On va faire autant de pauses dont tu as besoin et ça va le faire.
  • Va chercher mon Indien préféré s’il te plaît…
  • Et il va faire quoi ? T’envoyer un avion ?
  • Peut-être juste une girafe pour me porter ?
  • Dis pas n’importe quoi… Tiens, regarde où est la voiture !

A travers mes larmes, je ne vis rien. Ou bien est-ce parce que ma vision d’Occidentale tient plus de celle de la poule que du faucon maasaï ? Enfin, si, il y avait des points ici et là, tous très très loin. Alors mes larmes redoublèrent. Ce fut l’une des rares fois de ma vie où je me défis de ma pudeur et que j’avouai ma faiblesse. En toute honnêteté, je n’avais aucune idée de comment continuer, mes jambes n’en pouvaient plus. J’en avais jamais chié autant, même pas pendant mon accouchement.

Osward me débarrassa alors de mon sac et j’avançais, pas à pas, en pleurant d’anxiété à chaque fois que je pensais à mon fils – que j’imaginais ne plus jamais revoir – et que je m’adressais mentalement à mon Indien préféré. Je lui faisais me dire des mots d’encouragement qu’il saurait me donner. De temps à autre, je réactivais mes données sur le téléphone, espérant capter du réseau pour l’appeler – même si je redoutais qu’il m’engueule d’être aussi bornée et de ne pas avoir fait demi-tour, je savais qu’entendre sa voix me donnerait du courage.

Avec la fatigue, je n’arrivais presque plus à ne pas glisser et le choc fut encore pire pour les genoux. J’atterris plusieurs fois sur les fesses et envisageai de rester là. Mais à chaque fois, je me relevais, et continuais, non sans envisager de finir à quatre pattes, en rampant, voire en me faisant tirer par les cheveux ou les mains. A un moment donné, Osward m’attrapa par le bras avec une force incroyable, et malgré la chiasse qui l’avait fait se vider trois fois, il me soutint. Décidément, notre duo n’était vraiment pas de choc.

Lors d’une énième pause, mon guide me fit savoir que Peter, notre chauffeur, qui m’était aussi sympathique qu’Osward m’était antipathique, venait à notre rencontre. Il ne pouvait pas le reconnaître bien sûr, mais il n’y avait pas de vaches alentour, alors ça ne pouvait pas être un maasaï en goguette. J’en pleurai de gratitude. Oh Peter ! Il offrit de me porter sur son dos mais vu comme nous dérapions, je préférai encore m’asseoir et attendre d’aller mieux…

Alors Osward et Peter me prirent chacun un bras, avec force, et me soutinrent pendant les deux heures restantes – je leur rendais parfois la pareille, les retenant quand c’était eux qui trébuchaient le long du chemin. Je m’asseyais parfois sans préavis, surtout si je croisais un petit acacia ombragé – à midi, le soleil était sorti et il brûlait fort. Je m’assis même à l’ombre d’un nuage, qui eut la cruauté de se dissiper aussitôt mes fesses au sol. Souvent, je m’allongeais dans la poussière, même si mon guide m’enjoignait à ne pas m’endormir. Mon corps risquait de se détendre. Je promettais de ne pas dormir. Une fois, je me mis à rêver, encore éveillée. Quasiment immédiatement, Osward et Peter me tirèrent manu militari pour me remettre debout, à moitié dans les vapes – ils avaient dû percevoir la secousse annonciatrice du sommeil. Peter m’encourageait, « pole pole, tara tibou, doucement doucement, slowly slowly ». Je l’aurais embrassé. En revanche, je détestais quand Osward se mettait à lui parler, rien que d’entendre sa voix me pompait de l’énergie.

Ici et là, sûre d’arrivée inconsciente, je faisais promettre à Peter d’aller chercher mon Indien préféré dès que nous serions au lodge. Et de ne pas oublier de lui dire que j’avais besoin d’eau. Car, pour ajouter à la difficulté, je n’en avais plus, et mon guide non plus. J’avais essayé de manger un pancake et des bouts de chikki pour me donner de l’énergie mais mon estomac protestait, et ce genre de nougat indien m’avait asséché le palais. Je pleurais souvent, d’épuisement et d’inquiétude. Et puis j’arrêtais, quand je n’avais même plus l’énergie de produire des larmes. Rassembler suffisamment de forces pour baisser mon pantalon et faire pipi me prit cinq heures. J’envisageai même sérieusement de m’uriner dessus, heureusement que l’envie n’était pas trop pressante. Finalement, incapable de continuer, je demandai à Peter si sa proposition de me porter tenait toujours. Très galamment il me demanda mon poids, avant d’ajouter que ce n’était pas possible. Mais je n’avais pourtant pas rêvé sa proposition !

Et puis enfin, nous étions à la voiture. Cette fois, je pleurai de soulagement. Je pleurai tellement que, allongée sur la banquette arrière, je n’arrivai pas à trouver le sommeil, malgré les 15 heures de marche, l’indigestion, le manque de sommeil, de nourriture et d’eau. Je savais que nous ne n’en trouverions pas sur notre route dans ce désert, et, ayant connu de sévères déshydratations en Inde, je paniquai un peu des conséquences.

C’est alors que la jeep s’arrêta et que j’entendis une voix familière. Mon Indien préféré était là ! Je me débattis avec la portière qui ne s’ouvrait que de l’extérieur en ne cessant de répéter « Chéri ! T’es là ? Oh chéri !!! Mais t’es vraiment là ? ». Mes yeux étaient en crue, inondant mes joues de larmes de gratitude. Il était là ! J’étais sauvée ! Il était venu à ma recherche en picki-picki, sur la moto de Willie, et il avait de l’eau. Je suis revenue à la vie en trois minutes. Envolée la fatigue des jambes… Alors que dix minutes plus tôt, j’étais persuadée que je ne pourrais plus jamais marcher et qu’il faudrait me porter de la voiture à mon lit, j’eus la force d’aller chercher mon certificat d’ascension et même de sourire pour une photo.

Arrivée au lodge, je traversai l’immense pelouse pour trouver mon fils et le serrer dans mes bras – encore en pleurant –, puis dans l’autre sens pour prendre une douche et me débarrasser de la sueur, du vomis, de l’urine – toujours en pleurant. Le lendemain, j’avais presque arrêté de pleurer quand une touriste vint me féliciter de mon exploit. Elle me demanda si ça allait, je lui dis que ça avait été horrible et que je n’aurais jamais dû me lancer dans un truc pareil. Elle me fit alors remarquer que je pouvais être fière et, dans la foulée, que la montagne m’avait cassée. Et c’est exactement ça, le Lengaï m’a cassée… En mille morceaux.

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Ol Doinyo Lengaï : la montagne de Dieu, sacrée pour les maasaïs, un lion, 2 960 mètres d’altitude, seul volcan au monde en activité à émettre de la natrocarbonatite qui confère à la lave, par ailleurs très fine, une teinte noire lorsqu’elle est en fusion et blanche quand elle refroidit. La dernière éruption eut lieu entre 2007 et 2008. L’aller-retour fait un peu plus de onze kilomètres – sur à peu près douze heures –, et on monte de 1600 mètres sur cinq kilomètres, ce qui signifie que l’on grimpe deux kilomètres à la verticale pour atteindre le sommet. Un guide, qui a éclairé le chemin pour cinquante groupes, a dû faire demi-tour dans plus de la moitié des cas (trente fois). Une Allemande qui, prise d’une panique d’attaque, refusa de descendre, dut payer 800$ pour être portée du sommet à la base par quinze hommes qui la portaient à tour de rôle, deux minutes chacun. Dieu sait si j’aurais tenté l’ascension si j’avais lu ce blog avant…

mercredi, 17 janvier 2024

S'aimer en Inde - Interview de FemmExpat

Merci à FemmExpat pour leur intérêt ! L'interview : ici

Le livre S'aimer en Inde - La révolution du sexe et de l'amour, est désormais disponible en France et en Inde. Pour plus d'infos : www.emilieanand.com

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lundi, 15 janvier 2024

Carnets de Tanzanie - 3. Lake Natron

Le lendemain, nous nous payâmes six heures de route et de piste pour arriver à Lake Natron. Je me félicitai de ne pas avoir loué de voiture : aurions-nous osé franchir la rivière qui traversait le chemin par endroits ? Evidemment, il y avait un prix à payer pour arriver dans ce bout du monde, et c’était celui du taxi, et puis les frais d’entrée qui ressemblaient à du racket – et qui peuvent être négociés, suivant la tolérance que l’on a pour la corruption : payer 300$ pour 3 nuits avec reçu ou 150$ qui vont dans la poche du gardien.

Nous nous installâmes dans un nouveau lodge eco-friendly – j’étais bien contente d’avoir emmené notre énorme power bank solaire car les batteries de téléphone se vident vite pendant les safaris (et les prises dans les jeeps ne fonctionnent pas toujours) et les hôtels soucieux de l’environnement ne proposent pas, ou peu, de prises dans les chambres. Et puis se posa la question des activités.

A commencer par le volcan, Ol Doinyo Lengaï. J’avais lu que son ascension était un « challenge » et il n’en avait pas fallu plus pour me convaincre de la faire. Je fis la sourde oreille à toutes les descriptions que notre chauffeur nous en fit et m’inscrivit. Après tout, j’avais bien escaladé l’Etna. Mon Indien préféré arguant d’un genou fatigué et de l’appréhension à laisser notre fils seul toute une nuit, je la ferais seule, avec un guide, Osward, qui me fut immédiatement antipathique.

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Lever de soleil sur Lake Natron

Le jour J, nous nous levâmes à 5h30 pour marcher jusqu’au lac. En saison sèche, à mesure que l’eau s’évapore, les niveaux de salinité augmentent au point que les micro-organismes amateurs de sel commencent à se développer ; parmi eux, une cyanobactérie possède un pigment photosynthétique rouge qui colore les eaux du lac dans des tons allant de l’orange au carmin suivant la profondeur des eaux. A cause des pluies, le lac n’était pas aussi rouge que prévu. En revanche, les flamands roses nains étaient au rendez-vous. J’avais craint qu’ils soient ailleurs mais je n’avais en fait pas de souci à me faire : dans cette région non septentrionale, ils ne migrent pas, et le lac abriterait 75% des 3,2 millions de flamands dans le monde. Ces derniers se nourrissent de la cynobactérie, toxique pour le reste de la faune, qui rend d’ailleurs leur plumage plus rouge que celui des cinq autres espèces de flamand. J’avais également regardé si nous aurions la chance d’être là pendant la saison de la reproduction – Lake Natron étant leur lieu de prédilection pour cette activité – mais je n’avais pas trouvé d’informations concrètes, si ce n’est qu’elle commence « en général » entre octobre et décembre. Mais a posteriori, j’imagine qu’on ne voit pas grand-chose… On ne peut pas s’approcher de trop près car ils ne sont pas tout au bord du lac qui est très peu profond mais l’Homo sapiens ne peut pas y mettre les pieds. (La prochaine fois, j’irai les voir au Little Rann of Kutch dans le Gujarat, pendant la saison des pluies.)

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Sur les rives de Lake Natron

Notre petite marche de 6h00 à 8h30 nous laissa un peu sur les genoux, notamment à cause du soleil qui tapait de manière inédite pour une heure aussi matinale. Les girafes que nous découvrions au détour de tel ou tel acacia n’auront distrait mon petit samourai qu’un moment et il refusa de rentrer à pied. Qu’à cela ne tienne, son père (béni soit-il), via notre guide maasaï, fit venir deux motos « picki-picki ». A trois sur chaque engin, nous roulâmes à fond de balle sur un sol sableux et instable, tellement tape-cul que cela me remit en place le nerf alvéolaire supérieur qui me turlupinait depuis un an ou deux – une dent de la mâchoire supérieure me fit souffrir le martyre pendant quelques minutes et puis plus rien, le massage africain semble avoir fait des miracles. Et puis quelle sensation de liberté de zigzaguer ainsi entre les girafes, les zèbres et les maasaïs !

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Les maasai giraffes de Lake Natron - c'est autre chose de se balader entre ces animaux en liberté que de les voir depuis la jeep !

Après une sieste d’un quart d’heure, nous déjeunâmes et firent une promenade de deux heures pour aller nous baigner sous une cascade – rien de bien endurant physiquement, mais ça tirait quand même un peu dans les jambes.

Je me reposai ensuite pendant deux heures, ne trouvant le sommeil que quelques minutes. J’avalai alors mon dîner vers 21h30 et, armée des indispensables lampe torche, bâton et deux litres d’eau, j’étais dans la jeep à 22h30, prête pour une heure de route pour rejoindre le pied du volcan Lengaï.