mercredi, 01 avril 2020
Le Covid vu par une Française en Inde - 01.04
- Nombre de cas en France : 56 989 (4 032 morts)
- Jour de confinement : 15
- Nombre de cas en Inde : 1 964 (38 morts)
- Jour de confinement à Gurgaon : 10 / National : 8
Un torticolis carabiné m’a plus ou moins pourri ma journée. Journée qui s’est écoulée doucement.
Ma nounou crache ses poumons le matin, et mon fils aussi. Après une semaine de gargarismes, mon Indien préféré a décidé de s'en mêler. Un ami docteur ayurveda l'aide à distance et pour l’instant, il recommande un jour de jeun ou plus exactement de diète liquide (pour que le corps passe l’énergie de digestion à autre chose), eau chaude citronnée, massage des pieds à l’huile et à l’ail, potion à base de gingembre-poivre noir-miel, etc. Heureusement, il n’a rien suggéré pour mon cou. Ne t'inquiète pas trop pour ma nounou ; quoi qu'elle ait, ce n'est pas carabinée, elle, parce qu’elle nous a demandé si elle pouvait aller courir dehors (et oui, j’ai une nounou marathonienne moi monsieur). Alors que moi je fais la baleine échouée dans mon lit.
Elle a également passé un peu de temps à faire des chapatis (voir le post du 31 mars) pour les pauvres et la collecte de nourriture a bel et bien eu lieu. Grâce à ma nounou. Espérons que cet élan de solidarité ne s’arrêtera pas là… D’ailleurs, j’ai vu que le Gouvernement français s’inspirait de celui de Modi et faisait appel aux donations ?! Les gens ont bien donné pour Notre-Dame tu me diras…
Les abeilles sont au rendez-vous. Les paons aussi. Et je te parle pas des moustiques ! (mais chuuut)
Et l’air n’a jamais été aussi peu pollué. (Là c'est jaune mais ça a été vert le 28 mars ! Alors okay, on n'est pas encore aux Andamans, mais on respire un petit peu mieux quand même.) On voit même beaucoup plus d'étoiles la nuit.
Sur ce, bonne nuit !
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20:00 Publié dans Covid19, Expatriation (en Inde et ailleurs), Histoires de Samouraï, IncredIble India | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, corona, coronavirus, virus, covid, épidémie, exode, migrants, aide, pollution | Imprimer | Facebook |
mardi, 31 mars 2020
Le Covid vu par une Française en Inde - 31.03
- Nombre de cas en France : 52 128 (3 523 morts)
- Jour de confinement : 14
- Nombre de cas en Inde : 1 397 (37 morts)
- Jour de confinement à Gurgaon : 9 / National : 7
Le lockdown (confinement) en Inde se fait dans la force – mais en même temps cet exercice est un tour de force à lui tout seul – et la douleur, sauf pour ceux qui ne sont pas tranquillement à la maison.
L’exode des migrants des grandes villes vers les campagnes se poursuit, les coups de bambous continuent de pleuvoir, certains groupes sont mêmes aspergés de désinfectant (source).
Mais il y a aussi des choses plus positives comme :
Un flic de Chennai qui fait une campagne « innovante » pour encourager les gens à rester chez eux. (source)
Des trains sont affrétés pour permettre soins et quarantaines dans les endroits les plus reculés. (source)
Des hôtels de luxe ont été réquisitionnés à Mumbai et Delhi dès mi-mars pour les voyageurs. Pareil au Tamil Nadu, pour les voyageurs et d'autres cas qui ont besoin de quarantaine mais ça fait moins de bruit parce que les hôtels sont "normaux". (source). Maintenant, le Gouvernement de l'Uttar Pradesh entend y loger son personnel médical en contact avec les malades du Coronavirus. (source)
Beaucoup d’Indiens se mobilisent, individuellement et collectivement et s’organisent pour trouver à manger et aider les pauvres. (source)
Ma nounou m'a fait passer un message pour une collecte de chapatis et de farine. Je l'ai relayé sur le groupe de ma résidence et tout le monde est trop content de mettre la main à la pate, et en nature en plus. Je sens ma nounou partie pour faire des galettes toute la nuit. En tout cas, elle a retrouvé le sourire.
C’est beau mais ça plombe quand même un peu l’ambiance non ? Désolée, j’ai rien trouvé qui fasse sourire sans être complètement déplacé dans le contexte. Voilà, le coronavirus, en Inde, c’était au début une maladie de riches (qui avaient l’argent pour voyager) avec un remède de riches (le confinement) et c’est encore les pauvres qui vont trinquer. Et maintenant, les riches (du monde entier) semblent découvrir les pauvres (notamment indiens) sur le dos desquels ils ont (souvent) bâti leur fortune (sciemment ou pas). Parce que pour les pauvres qui marchent dans les rues indiennes, ce n’est qu’une galère de plus. Leur vie de tous les jours n’est pas un long Gange tranquille. Et ce n’est pas nouveau, mais là, avec la situation actuelle, c’est devenu difficile à ignorer. Qui s'intéresse d'habitude au 340 000 d'Indiens qui meurent de la tuberculose ? Maintenant, ne vas pas te dire que ta dépression liée au confinement est injustifiée. Certes, tu fais sans doute partie des chanceux qui ont un toit et à manger, mais tes émotions sont réelles et proportionnées à ta situation. Sur ce, je me tais !
(PS : L'histoire aurait été différente si le monde se payait aujourd'hui une épidémie de Nipah, ce virus qui vient de la chauve-souris hôte naturel), se transmet à l'homme par l'absorption de fruits contaminés ou par contact avec d'autres animaux infectés (humains ou porcins surtout) et entraîne des encéphalites graves et des maladies respiratoires. Nous l'avons notamment échappé belle en juin 2018 quand Nipah a fait 17 morts au Kerala. Des cas sont détectés quasiment chaque année.)
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08:00 Publié dans Covid19, Expatriation (en Inde et ailleurs), Histoires de Samouraï, IncredIble India, Les insolites de l'Inde en photo, Les insolites de l'Inde en vidéo | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : inde, corona, coronavirus, virus, covid, épidémie, exode, migrants, aide, nipah | Imprimer | Facebook |
dimanche, 29 mars 2020
L'exode des migrants (les travailleurs journaliers indiens) - Le Covid vu par une Française en Inde - 29.03
- Nombre de cas en France : 40 174 (2 606 morts)
- Jour de confinement : 12
- Nombre de cas en Inde : 979 (25 morts)
- Jour de confinement à Gurgaon : 7 / National : 5
Modi a voulu la jouer fine en ordonnant l’arrêt des transports avant le confinement. L’idée étant que les Indiens infectés aillent pas répandre ça sur tout le territoire. Si l’idée était bonne, c’était sans compter que 1. Les gens essaieraient quand même de rentrer chez eux (pas de travail, pas de nourriture et pas de toit) et que 2. Ça se ferait dans le chaos et sans la distanciation sociale.
Dans le calme, la bonne humeur et l'entassement à la station de bus d'Anand Vihar (vidéo)
J’ai croisé un groupe de « migrants » (ceux qui viennent d’un État (surtout Bihar, Uttar Pradhesh, Jharkhand) et qui vont travailler dans d’autres États au fur et à mesure qu’ils trouvent de l’emploi) dans notre micro-rue hier. Je les aurais plutôt imaginés sur une grosse artère. Mais ma voisine m’a expliqué que les flics les y attendent et les tabassent. Alors non seulement ils ont des centaines de kilomètres à se taper, mais en plus ils doivent le faire via les chemins de traverse (voir les photos et une vidéo). Ce qui les énerve un peu, ces gens-là, c'est la fierté et surtout l'argent que l'Inde a affiché dans le rapatriement de milliers de leurs compatriotes de Chine, Italie, Iran, Israel (même si y en a encore pas mal coincés ici et là), tandis que pour des millions d'entre eux qui ont jamais pu se payer l'avion, et ben c'est le bâton.
Mais tout n’est pas noir. Certains se mettent en quatre pour au moins leur trouver à manger, d’autres pour leur trouver un transport (comme Spicejet qui aurait proposé au Gouvernement de mettre des avions à leur disposition pour ramener les gens de Mumbai et Delhi au Bihar (source). Les ONG ont commencé à appeler pour débloquer des fonds, voire à whatsapper quand leur anglais n’est pas bon à l’oral. Le Premier Ministre fait même du crowdfunding pour un fonds d’aide d'urgence PM-Cares (source) ! Certains ministres ont déjà déposé leur salaire, certains ministères ont collecté quelques millions, des industriels et des personnalités de Bollywood ont également promis de contribuer. Même si d'autres disent que les fonds seraient mieux redistribués via des organisations non gouvernementales.
Mumbai aussi n’a jamais été aussi belle que depuis que ses rues se sont vidées.
Photo de Ram Gopal Varma sur twitter
D’ailleurs, toute l’Inde se transforme. Voir ces photos.
Pendant que les maids font de la randonnée pour rentrer chez elle, leurs employeuses passent la serpillère et organisent des chorales de balcon pour chanter et vibrer ensemble sur le Gayatri Mantra. Confinées dans leurs appartements, j’entends qu’ils sont nombreux à ne plus oser sortir même prendre l’air - appuyer sur le bouton d’ascenseur comporte trop de risques. Et puis attention, si ils toussent l, leur porte se pourrait bien se retrouver marquée. La délation a la cote par ici en ce moment. J’entends aussi des histoires de Françaises femmes d’expatriés qui se font harceler voir agresser en allant faire leurs courses. Je bénis mon Indien préféré d’avoir choisi l’option maison en résidence il y a 4 ans. Du coup je prends des photos – si j’ai le temps dans les semaines qui viennent, j’aimerais bien m’y mettre – parce que la nature gurgaonite est incroyable en ce moment, et le ciel n’a jamais été aussi bleu et pur.
Bonne fin de week-end depuis Gurgaon ! Toutes mes photos ici.
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08:00 Publié dans Covid19, Expatriation (en Inde et ailleurs), Histoires de Samouraï, IncredIble India | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : inde, corona, coronavirus, virus, covid, épidémie, migrant, exode | Imprimer | Facebook |