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jeudi, 22 octobre 2009

La légende de Rama et Sita – Partie 3

Une belle histoire à raconter aux enfants pour qu’ils s’endorment… Extraits de Promenade avec les dieux de l’Inde de Catherine Clément.

 

Les multiples fins de l’épopée

 

Le prince Rama retourne avec son frère et son épouse dans la ville d’Ayodhya, il reprend ses sandales sur le trône, et l’on pourrait se dire que tout est bien qui finit bien. Et bien justement, pas du tout.

 

Dans les versions populaires, oui, on nous montre le retour triomphal de Rama et Sita dans leur bonne ville sous des pluies de roses, comme c’est montré à la télé. On ne va pas casser le mythe du couple amoureux.

La vérité textuelle est différente. Dès leur retour dans la ville d’Ayodhya, la discorde éclate entre les époux. Pourquoi ? « Dans le Ramayana de Valmiki, Rama accueille son épouse reconquise par de cruelles paroles de répudiation. « Un doute plane sur ta conduite et ta présence devant moi m’offusque aussi fort qu’une lampe devant un œil malade. Désormais va-t-en où bon te semblera. Je te congédie, ô fille de Janaka. Je n’ai plus à faire avec toi. Une femme qui séjourna dans la maison d’un autre, quel homme d’honneur et de bonne famille se laisserait égarer par la passion au point de la reprendre ? Ravana t’a souillée en te pressant contre son sein et en jetant sur toi des regards lascifs. Comment te reprendrai-je, moi qui me réclame d’une race illustre ? »

 

Bouleversée, Sita proteste de son innocence, puis elle demande au jeune frère de son mari de lui dresser un bûcher, seul remède à ses maux. Baissant la tête sous l’opprobre, Sita fait alors trois fois le tour de Rama, le tenant à sa droite en signe de dévotion, avant de pénétrer dans le brasier en évoquant le dieu du feu Agni. Et elle parle : « Comme mon cœur jamais ne se détacha de Rama, qu’ainsi le spectateur de l’univers (le dieu du feu) m’accorde son entière protection. » Le spectateur de l’univers, c’est le dieu du feu. » »

 

Agni rend à Rama son épouse en en se portant garant de sa pureté. Puisque sa chasteté à triomphé de l’épreuve du feu* (elle n’a pas cramé vivante en traversant le brasier), Rama finit par l’accepter.

 

Chaque année, en Inde, se déroule la fête de Diwali. Partout on allume des diyas (des bougies) pour montrer le chemin du retour à Rama. Franchement il a pas une attitude franchement glorieuse le Rama vis-à-vis de sa femme. Alors pourquoi en faire tout un foin ? Nan, décidément j’aime pas Diwali.

 

*Ca rappelle l’ordalie d’Iseult dans Tristan et Iseult.

mercredi, 21 octobre 2009

La légende de Rama et Sita – Partie 2

Une belle histoire à raconter aux enfants pour qu’ils s’endorment… Extraits de Promenade avec les dieux de l’Inde de Catherine Clément.

  Intervention divine de Hanuman

 Sita a disparu ! Rama et son frère quittent leur ermitage et la cherchent dans la bonne direction, car un faucon, qui s’est vainement opposé au rapt au prix de sa vie, a réussi à les prévenir avant de mourir. En chemin, les frères rencontrent les singes divins, Hanuman et Sugriva, qui décident de les aider. Hanuman n’est pas véritablement un dieu, c’est un singe divin. Mais beaucoup d’Indiens l’adorent comme un dieu. Hanuman a la force et l’intelligence. Sa force est tellement prodigieuse qu’il saute des rives de l’actuel Tamil Nadu sur l’île du Lanka, l’actuel Sri Lanka – autrefois Ceylan – en un seul bond.

Dans l’île du Lanka, il trouve Sita prisonnière, se débrouille pour pouvoir lui parler en échappant à la surveillance du démon et lui annonce sa libération. C’est alors que se produit un évènement étrange. Hanuman pourrait libérer Sita tout de suite. Il suffirait qu’il la prenne dans sous son bras et que du même bond prodigieux il retourne en Inde où se trouve Rama, et que se passe-t-il ? Sita refuse.

                Sita, en bonne princesse, décide que ce n’est pas à un singe de la délivrer, mais que son mari héroïque doit venir la délivrer en personne. Au passage, Sita précise qu’il ne suffit pas que son mari la délivre, non ! Il faut la plus complète victoire sur le démon. Hanuman fait donc le service minimum, mais pour bien marquer l’esprit de l’ennemi, il incendie la ville de Ravana, la capitale du royaume du Lanka. Puis il repart d’un même bond rendre compte aux deux frères de sa mission. Il n’y a plus qu’une seule solution, la bataille.

 La mort du démon

                 Toute la difficulté, pour le prince Rama, c’est qu’il est d’une caste de guerriers, inférieure à celle de son assaillant. Car Ravana a beau être un sorcier, un démon, un cannibale, c’est un brahmane. Or le brahmanicide est strictement interdit. Il n’y a qu’une seule solution. Il faut que le brahmane consente à sa propre mort, sinon, toute personne qui le tuera se rendra coupable d’un crime puni de mort. Il faut cerner l’ennemi brahmane cannibale, et l’obliger à se suicider. Ravana est finalement incendié.

 Chaque année, dans le nord de l’Inde, se déroule la fête de Dusserah. Sur les places publiques on dresse d’immenses pantins de carton peint. Ils sont couronnés et armés, généralement noir, rouge et or. Ces pantins sont bourrés à craquer de feux d’artifice et, le moment venu, quand on y met le feu, les pantins explosent et libèrent ces feux d’artifice. Ce pantin, c’est Ravana. Il a dix têtes et vingt bras et lorsqu’il brûle, ses dix têtes bien rangées basculent toutes ensemble au début de l’explosion.

 

mardi, 20 octobre 2009

La légende de Rama et Sita – Partie 1

Une belle histoire à raconter aux enfants pour qu’ils s’endorment… Extraits de Promenade avec les dieux de l’Inde de Catherine Clément. 

 

Mariage et exil de Rama

 

Le roi Dasaratha, souverain d’Ayodhya [situé très au nord de l’Inde], a trois femmes et pas d’enfant. [Il fait un sacrifice et se voit offert 4 enfants, dont Rama.] Un jour, le roi du Mithila, Janaka, décide qu’il donnera sa fille, Sita, en mariage à celui des prétendants qui parviendra à bander l’arc de Shiva.

                Rama se présente comme prétendant. On ne s’en étonne pas, Rama bande l’arc de Shiva sans difficulté, et épouse Sita facilement. C’est alors que se produit le drame.

                Au moment où le roi Dasaratha va proclamer son fils Rama son successeur, entre en scène une belle-mère de Ram qui menace de se suicider si Rama n’est pas exilé et destitué, et remplacé par son fils à elle. Comme la belle-mère est d’une case supérieure, le roi ne peut pas accepter son suicide : ce serait un brahmanicide.

                A l’aube, le cœur serré, il cède.

                Le prince Rama, l’héritier légitime destitué, part en exil avec un de ses frères et son épouse Sita, qui ne veut pas le quitter.

                Désespéré, le roi meurt. Conformément à sa promesse, Bharata, le fils de la méchante belle-mère, est appelé à lui succéder. Mais c’est un bon frère. Au lieu de se faire couronner, Bharata place sur le trône les sandales de son frère Rama. Et c’est à ces sandales qu’il va demander tous les jours des instructions pour assurer la régence du royaume.

 

Enlèvement de Sita

 

Pendant ce temps, Rama, son frère et Sita, vivent en exil dans le Maharashtra, près de Nasik. Quatorze ans. Mais même dans la forêt, Rama, qui devrait être un ascète, reste un guerrier.

Une horrible démone mangeuse d’homme tombe amoureuse de Rama. Elle prend la forme d’une fille pour le séduire. En vain. Pour finir, c’est radical. Le frère de Rama lui coupe le nez et les oreilles. Furieuse (il y a de quoi), elle va se plaindre à son frère, Ravana.

Ramayana_3.jpg
La démone déguisée en belle jeune fille...

 

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La démone avec sa forme normale...
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Ravana, le frère de la démone, le démon cannibale.

 

Mais au lieu de geindre, comme elle est maligne, est lui parle surtout de la beauté de Sita. Elle lui en parle tellement que Ravana tombe amoureux de Sita. Pour conquérir la belle, il lui tend un piège, la fait prisonnière dans son gynécée. Mais il ne veut pas la prendre de force. Pas question de violer la princesse ! Il veut qu’elle cède de bon gré. Or c’est une entreprise sans espoir. Et voilà ce démon qui se tortille aux pieds de la princesse fidèle.

 

Photos prises pendant une représentation de Katakali à Cochin en décembre 2007.