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vendredi, 23 avril 2021

J6 de symptomes, on tient bon - Le Covid vu par une Française en Inde 23.04

  • Nombre de cas en France : 5 408 606 (102 164 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 16 555 849 (188 984 morts) 

Je m’organise. Une voisine de la résidence a proposé sur notre groupe whatsapp de cuisiner pour les familles en galère – je ne la connais pas, mais je ne me le suis pas fait dire deux fois. Elle propose même de faire deux repas par jour et je n’ai pas l’impression qu’elle veuille me faire payer. Qu’elle soit bénie !

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La nounou continue de tousser. Dans la soirée, elle m’a dit « Mam, I am elargy ». Mon cœur a sauté dans ma poitrine, mais bon sang qu’est-ce que c’est ? Faut aller à l’hôpital ?? Une allergie… J’ai tout de suite pensé à une respiration coupée etc. mais mon Indien préféré est descendu de son perchoir pour lui prendre la température et l’oxygène et tout va bien. Elle a de fait quelques plaques sur les bras. Et elle a reçu ses médicaments dans la foulée. Je ne pense pas qu’elle se soit jamais fait dorloter comme ça.

Mon Petit Samourai m’avait promis de s’occuper tout seul. Il a tenu 10 minutes et puis finalement il préfère me suivre partout. Encore pire que quand il était bébé. J’imagine que c’est le stress, alors que je n’en fais pas des tonnes. Sauf quand il envoie sa voiture télécommandée dans la piscine, ou explose le sac du déjeuner qui se déverse en partie sur le sol, ni même quand il s’assoit sur notre nouveau robot aspirateur après avoir fait faire un tour à ses peluches… Je respire… (Le soir, il me prépare aussi une grenadine, et coupe parfois les légumes, et ça me touche comme c'est pas permis. Comme quand il attend que je sois coincée sur les toilettes pour venir me dire qu'il m'aime...)

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Et surtout, l’état de mon Indien préféré est stable. Je ne peux rien demander de plus. Paraît que les prochains jours seront critiques, nous serons le 7ème jour demain. Je respirerai ensuite.

Hier soir, avant de me coucher, j’ai pris une grande leçon : « Ne va jamais sur les médias sociaux avant de dormir – même si c’est le seul moment de la journée que tu as pour le faire. » L’horreur de la situation, avec des médecins malades qui ne trouvent pas de lit dans leur propre hôpital, des gens sur des brancards qui meurent dans la rue, les gros titres « le système s’effondre », le nombre de morts covid déclarées versus le nombre de crémations etc. Pas une bonne idée avant de dormir. Heureusement j’étais terrassée de fatigue.

À chaque jour suffit sa peine, aujourd’hui ça a été. Merci encore de tous vos messages de soutien, ça me touche et m’aide beaucoup !

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jeudi, 22 avril 2021

Et de deux… - Le Covid vu par une Française en Inde 22.04

  • Nombre de cas en France : 5 374 288 (101 881 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 15 930 965 (184 672 morts) 

L’apparition divine de lundi soir – notre femme à tout faire qui vit à la maison – a fini par m’avouer hier soir qu’elle avait perdu le goût depuis 2 jours. Et elle tousse, pas énorme mais quand même. Illico presto je l’ai isolé dans la 2ème chambre d’amis. (Oui j’ai la chance extraordinaire de vivre dans une grande maison où chacun peut se mettre en quarantaine.)

Du coup hier soir, j’ai arrêté de pleurer – le contre-coup du choc de la nuit précédente et le manque de sommeil. J’ai demandé à mon père comment il pensait que je pouvais tenir le coup comme ça 17 jours. Et puis j’ai rigolé. Je me suis marrée toute seule. Et j’ai commencé à m’organiser.

C’est donc à 7h30 que je me suis levée – sache que c’est très inhabituel – et que j’ai préparé des jus de fruit frais pour tout le monde, des décoctions immondes de poivre noir, gingembre et curcumin et des œufs. Une fois tout le monde servi, j’ai arrosé mon (petit) jardin et nettoyé ma (petite) piscine qui devient verte et un centre d’élevage de moustiques en moins de 48 heures si personne ne s’en occupe. Oui oui je sais j’ai de la chance dans mon malheur avec ma maison. Dans la foulée j’ai préparé le déjeuner, des lentilles (dal), c’est des protéines et facile à digérer. Et je vais essayer de m’arranger pour commander à des voisines au moins le déjeuner. Enfin, notre robot-aspirateur est arrivé aujourd’hui, au grand dam de mon chat qui est lui aussi un peu chamboulé !

Il a bien fallu faire une sieste après tout ça ! Et gérer mon Petit Samourai, ce qui est peut-être le plus compliqué pour moi dans toute cette histoire. Lui il est aux anges d’avoir sa mère pour lui tout seul 24 heures sur 24 et il ne sait pas (encore) s’occuper tout seul. Il est désormais en formation.

L’état de mon Indien préféré a l’air stable. Je ne sais que ce qu’il me dit, maudite porte d’isolement… Mais j’ai entendu de la musique ce soir, j’imagine que c’est bon signe.

La nounou a fait le test ce matin et moi aussi. J’avais un petit mal à la gorge ce matin, que j’ai atomisé avec mes décoctions, des gargarismes et du miel au citron vert. J’ai du mal à imaginer comment je vais passer entre les gouttes avec la tousseuse qui ne m’a rien dit pendant 2 jours mais je reste positive !

À Delhi/Gurgaon, il semblerait que les lits soient pleins. Mais que des hôpitaux ont signé des partenariats avec des hôtels qui apportent un minimum de suivi. Le pays est à court d’oxygène. D’ailleurs notre ambassadeur fait appel aux entreprises françaises pour aider les Indiens à s’approvisionner. Beau geste. Mais pour ce qui est d’aider les ressortissants français en galère en Inde, walou.

Merci à tous pour vos bonnes pensées, on tient le bon bout même si on ne relâche pas la pression, cette saloperie semble être pleine de surprises pas terribles…

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mercredi, 21 avril 2021

Voyage au bout de la nuit - Le Covid vu par une Française en Inde 21.04

Je dormais depuis un bon quart d’heure la nuit dernière – mais alors très profondément – quand mon téléphone a sonné. Mon Indien préféré. J’ai bondi dans le lit. Et oui, les nouvelles n’étaient pas bonnes.

La pharmacie avait livré un et il était bloqué à 70 – sachant que tu hospitalises à 85. J’ai essayé avec mon doigt et j’étais au-dessus de 95. Il a réessayé, 70 à nouveau. Nous avons téléchargé une appli sur mon iPhone mais rien de conclusif, à part que je suis toujours en pleine santé.

Là, nous avons commencé à beaucoup moins rigolé. Et voici la liste des gens qui ne répondent pas au téléphone à 2 heures du matin :

  • - Le service d’urgence de l’ambassade de France (appelé à 3 reprises).
  • - Notre ami chirurgien orthopédique – qui nous a sauvé la vie lors de la circoncision de notre fils et qui nous aide actuellement comme personne – dont la femme a aussi le Covid.
  • - La cellule de soutien de notre résidence, qui est censée garder des bonbonnes d’oxygène – le seul type des 3 responsables que nous avons réussi à joindre nous a dit que les-dites bonbonnes étaient parties pour recharge.

Maintenant, voici qui répond au téléphone à 2 heures du matin :

  • - Tous les hôpitaux de Gurgaon, pour te dire qu’ils sont pleins.
  • - Un ange tombé du ciel, une médecin française mariée à un Indien, que j’ai rencontrée virtuellement via mon blog. On ne s’est jamais vues mais sans elle je ne sais pas comment j’aurais pu arriver au bout de la nuit. Elle a partagé tout un tas de contacts pour nous essayer à trouver un lit et des bonbonnes d’oxygène.
  • - Un de ses contacts a répondu ; malheureusement, il ne savait pas où trouver un lit et a un peu craqué au téléphone : il venait de perdre son frère au Covid. La nuit s’annonçait très longue.
  • - Un autre de ses contacts nous a dit d’aller à un campement militaire (DRDO) monté pour l’occasion et qui accueille les civils.

Nous voilà partis dans les rues vides – pour cause de couvre-feu –, les rares voitures de flics ne nous arrêtant pas. J’ai d’ailleurs réussi à éviter de m’emplafonner un camion de poulets sur l’autoroute. Des poulets à manger.

Et bien ce centre qui vient de rouvrir est plein. Les admissions sont fermées. Ils ne prennent que les patients à moins de 40 d’oxygène. Il nous restait l’option de la crise de l’étrangère qui perd les pédales – mais si je sentais un peu de curiosité, pas vraiment d’empathie de leur part. Ou de filer des biftons, que nous n’avions pas et en plus mon Indien préféré et moi on ne sait pas vraiment faire ça et enfin il y avait des militaires partout, qui arroser pour passer cette porte cadenassée?

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Sur le chemin du retour, mon Indien préféré s’est mis à faire des exercices de respiration – sachant que c’est un peu son dada quand même, le yoga, la respiration, la méditation. Et le taux d’oxygène a commencé à remonter en flèche. Et la pression à retomber. Tout doucement. Nous sommes donc rentrés à la maison.

Au matin, tout le monde répondait au téléphone. Un ami du mari de l’ange sus-mentionnée nous a envoyé un saturomètre de marque – en refusant que nous le payons, j’en ai pleuré, mais à ce stade, je te le dis, je pleure pour rien ; j’ai réussi à ne pas trop craqué la nuit dernière, et je peux difficilement faire mieux. Et bien si tu compares les 2, le nouveau saturomètre est stable, même pour les battements du corps, et monte à 98.

Il a fait une radio des poumons de bon matin qui est plutôt bonne.

Il passe ses 4 heures par jour sur le ventre, fait des étirements, essaye de marcher dans sa chambre. Nous avons reçu tout un tas d’exercices à faire pour se maintenir. C’est viral sur les réseaux, puisqu’il faut bien survivre à la maison désormais.

Merci à tous ceux qui nous aident, d’une manière ou d’une autre. Et qui m’ont aidée à aller au bout de cette grande nuit de solitude…

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