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mardi, 10 mars 2015

Interview Aux Cinq Coins du Monde - Un an après

En décembre 2013, j’ai été interviewée par Sara pour son site Aux Cinq Coins du Monde, qui regroupe des témoignages et interviews de francophones partis vivre aux quatre coins du monde, sur les cinq continents. Et voilà qu’on a remis ça en janvier 2015 : l’ « interview un an après » !

L'interview en PDF.

Aux cinq coins du monde - Un an après.jpg

Il y a un an, tu partageais avec nous tes impressions sur ta vie en Inde (interview 2013). Y habites-tu toujours ? (raconte un peu si tu as changé de ville, de pays, si tu es retourné(e) dans ton pays d’origine, etc). 

Oui je n’ai pas bougé ! Même ville, même job, même appart ! J’attaque maintenant ma 9ème année en Inde ;)

Si je n’ai pas connu en 2014 de grands bouleversements dans ma vie professionnelle (en dépit de sacrés tumultes et de beaucoup d'apprentissage !), je ne peux pas en dire autant de ma vie privée : je me suis mariée en juin avec mon Indien préféré et notre petit garçon est né en décembre. 

Qu’y fais-tu aujourd’hui (est-ce que ta situation professionnelle a évolué) ? 

Au fil des ans, j’ai occupé différents postes, au sein de la même entreprise. Aujourd’hui je gère l’équipe commerciale du sud de l’Inde, pour le plus grand bonheur des chats et chiens indiens (nous sommes dans la croquette ! 

Aujourd’hui, qu’est-ce qui te plait dans ta vie à l’étranger, et qu’est-ce qui te plait moins ? Penses-tu t’être habitué(e) aux choses qui te gênaient il y a un de cela ? 

Malgré une routine comme je pourrais avoir en France, chaque journée en Inde est pimentée (c’est de circonstance ;) ) d’évènement(s) incongru(s) ; j’adore ça !

Ce qui me gêne le plus c’est la pollution sonore, voire la pollution tout court, et le manque d’activités à Mumbai. Et cette situation n’est malheureusement pas prêt de changer… 

As-tu découvert d’autres choses qui te plaisent dans ce pays ? Et qui ne te plaisent pas ? 

J’ai découvert un système médical plutôt performant et un réseau de femmes qui partagent le même type d’expérience (mariées à des Indiens et vivant à Mumbai) – un sacré soutien quand on fonde une famille à 7 000 bornes de chez soi !

Et je n’ai rien "découvert" de déplaisant… 

Est-ce qu’un an de plus te donne l’impression d’être encore davantage intégrée ? 

Fonder une famille est un grand pas ! Que ma famille soit franco-indienne, je ne sais pas si ça participe de mon intégration mais certainement de mon ouverture aux coutumes et de mon ancrage dans ce pays… 

Quel est ton bilan général de cette année passée ? 

2014, une année millésimée comme on n’en fait pas beaucoup !!

lundi, 02 mars 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 7. Après la piscine

On finit donc par me sortir de l’eau pour de bon. Et là, je nageais (je file la métaphore de l’eau, c’est beau) alors en plein surréalisme.

 

Imagine-toi. Depuis toujours, je suis la première à dire, comme plus de 80% des Françaises (2), que si jamais j’accouche, c’est la péridurale direct. Avec mon argument massue : quand tu vas chez le dentiste, tu fais bien une anesthésie non ? et ben là c’est pareil.

Et voilà que j’étais en train de souffrir le martyre et que je ne disais rien. Rien de rien. Pas un mot. Je souffrais EN SILENCE. Juste une voix dans ma tête qui hurlait « mais filez-moi un-euh putain de péridural-euh »). Tu parles d’un Samouraï !

 

Et là baboom, une anesthésiste se matérialisa, presque désolée d’être là : tout le monde semblait archi-persuadé que je voulais une naissance naturelle (sans doute parce que j’avais opté pour la piscine) et que par conséquent j’étais contre les antidouleurs. Je dus donc écouter le sermon de mon docteur qui m’expliqua qu’il n’y avait pas de honte à accepter de réduire la souffrance, que j’avais déjà beaucoup donné et qu’elle-même avait donné naissance à des jumeaux par césarienne. En plein surréalisme je nageais, je te dis !

 

Je refusai de sniffer du gaz et mais acceptai une rachianesthésie (pas de temps pour la péridurale). Soulagement immédiat !

 

Bref, je finis par accoucher… Allongée sur une table, les jambes écartées, avec mon Indien préféré, trois gynécos, deux pédiatres, une anesthésiste, une sage-femme, et six infirmières dans la pièce. Et je m’en foutais royal !! Pire, je me marrais en repensant à l’accouchement ‘intime’ que j’avais prévu !! Au temps pour moi !

 

Et voilà Bébé Samourai était là ! Sur ma poitrine ! A me pisser dessus ! C’est là d’ailleurs qu’on se rendit compte que c’était un garçon : les médecins avaient oublié de vérifier…

En Inde, la détermination du sexe du fœtus est interdite, les Indiens ayant abusé de cette technologie pour avorter de filles – qui coûtent cher, avec la dot. L’Inde a d’ailleurs un déficit de filles et dans certains Etats ça pose de sacrés problèmes. (Cf mes notes sur le sujet)

 

Et le mot de la fin : Bébé Samourai déteste les bains, ça n’étonnera personne… ;-)

 

(2) Les Françaises sont apparemment plus douillettes que les Britanniques vu que seulement 30% de ces dernières optent pour une anesthésie (Sources : http://www.liberation.fr/vous/2011/10/18/70-d-accouchements-avec-peridurale_768628 ; http://www.babycentre.co.uk/a542571/epidural)

 

(Fin)

samedi, 28 février 2015

Bébé Samouraï made-in-India – 6. Dans la piscine

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A 6h nous nous mîmes en branle pour la salle d’accouchement pour assister au remplissage – il paraît que le bruit qui coule a lui-même un effet apaisant pour le corps et dilatant pour le col de l’utérus. Et tout d’un coup j’étais très loin de l’idée que je me faisais de la naissance dans l’eau. Oui, curieusement, malgré cette vidéo affreuse, j’avais encore des images romanesques de la chose.

D’abord celle de la naïade qui s’ébat dans sa source d’eau chaude, ses longs cheveux couvrant sa poitrine dénudée (pudique, la naïade), les oiseaux pépiant joyeusement dans les arbres alentour. Et plouf, un petit cri, et son bébé nageur est là, faisant des clapotis à ses côtés. Un accouchement naturel que je me disais, retour aux sources (d’eau chaude). Quand j’y repense, j’avais occulté que la plupart des accouchements se passent la nuit – tout de suite moins romantique la sortie dans la jungle en pleine nuit – et que je devrais sans doute remonter à la préhistoire (et encore) pour me trouver une ancêtre qui ait tenté l’expérience, donc pas si « nature » comme accouchement.

Autre image que j’avais, plus ‘moderne’ celle-là, était celle d’une baignoire de grand hôtel, version jacuzzi, avec sels de bain, bougies parfumées, musique d’ambiance et verre de vin blanc. Limite j’avais hâte d’aller accoucher !!

 

Mais là, tandis que tout le monde s’affairait et que l’horreur de la situation me frappait en pleine face – j’allais devoir entrer dans cette piscine et souffrir – je n’osai pas crier au malentendu (« STOOOOP !! Arrêtez tout !! J’avais pas tout compris !! Je vais sur la table, je veux la péridurale ! »). Non, au lieu de ça, j’ôtai l’horrible robe de chambre de l’hôpital et m’apprêtai à entrer dans la piscine gonflable. A ce moment-là, la sage-femme proposa d’aller chercher mon tee-shirt. J’avais déjà tellement mal que je m’en foutais d’accoucher en soutif, tant pis, c’était trop d’effort de me changer. Elle offrit également de brancher mon MP3 mais soudain j’étais incapable d’entendre le moindre son (c’était bien la peine d’avoir téléchargé des musiques de relaxation exprès !).

 

Une fois dans l’eau, la gynéco me demanda si j’avais moins mal. Visiblement elle attendait une réponse positive et ne voulant pas la décevoir, j’acquiesçai. « Et oui c’est toujours comme ça ! », elle était contente. En fait j’étais tellement pétrie de douleur que je ne pus que me ratatiner, assise dans un coin, espérant que ça passerait si je ne bougeais pas un muscle. Au bout d’une heure, pour faire plaisir à la sage-femme, je changeais de position. Et passais l’heure suivante ratatinée dans un autre coin, mais accroupie.

 

Je restais ainsi 3 heures dans la flotte. Petites parenthèses quand on me sortait de l’eau pour me faire pisser dans des toilettes portables (malgré les encouragements de l’équipe médicale, je ne pus me résoudre à pisser dans la piscine), et autres joyeuseries. Finalement ma gynéco capitula : il n’y avait rien à faire, mon utérus refusait d’aller plus vite que la musique et l’eau chaude n’accélérait en rien sa dilatation.

 

(A suivre…)