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vendredi, 28 novembre 2008

XY: 4. XY et l’amour

Attention, tout ce que je peux dire ci-dessous sur ma nouvelle colocataire – on l’appellera XY pour des raisons que j’expliquerai plus tard – ne prétend en rien la caricaturer en tant qu’indienne.

 

A PART son coté pète-couilles, nous sommes devenues les meilleures amies du monde ! En même pas 15 jours…

J’ai droit donc à ses petits secrets. Mais je ne les révèlerai pas, c’est pas cool. Même si Marie-Aymée aime chasser le détail croustillant !!

 

Ce que je dirai simplement ici, c’est que XY cherche les ennuis. Alors qu’elle protège le Saint-Graal, elle aime qu’on lui court après (normal, c’est une fille) et elle prend des risques. Son petit jeu, c’est comme promettre à un mec affamé des pates à la carbonara et lui retirer le bacon au dernier moment (j’ai faiiiiiiiiiiiim !).

Et c’est comme ça qu’elle se retrouve avec le surnom de XY…

Un type avec lequel elle a joué au chat et à la souris pendant 3 mois, avec week-ends romantiques dans les palais du Rajasthan et tout le toutim, a pété un câble quand, lassée, elle a dit stop. Le pauvre ne s’en est pas remis, il est devenu obsessif, elle a du porter plainte à la police et résultats, elle a du couper les ponts avec tous ses amis, avoir un blog anonyme (dans lequel elle parle de moi et des yeux noisettes de Shiv mais dont je n’ai pas encore trouvé l’adresse…).

 

XY est une femme d’intérieur. Pas tant pour le ménage ou la bouffe mais pour le plaisir d’être chez soi. Devant son ordinateur. Elle m’a tannée pour rencontrer mes amis, ça n’a pas « clické » avec un de mes potes, j’ai abandonné. Et là j’ai eu droit à la phrase qui tue : « je me sens seule, j’ai pas d’amis à Pune. Bon même si j’en avais je ne sortirais pas pour les voir, mais au moins j’aurais l’option. » Donc ça ne va « clicker » avec aucun de mes amis ça s’est sur…

 

L’autre jour, déprimée par son amoureux, elle m’a tannée pour sortir et faire la fête. J’ai donc prévu LE programme : séance coiffeur (elle refuse de sortir dans un bar sans être passée par la case coiffeur – j’ai compris plus tard pourquoi : ses sourcils n’étaient pas épilés !!), puis shopping, puis pot à Thousand Oaks (le bar où elle a le plus de chances de rencontrer des mecs de plus de 30 ans, son critère). Elle m’a plantée. Sans plus de formalités.

Et le dimanche, elle a refusé d’aller à la piscine pour aller chez le coiffeur/salon de beauté. Et quand je lui ai demandé comment s’était passée sa séance chez le coiffeur/salon de beauté, elle m’a dit qu’elle m’attendait pour y aller. Il lui manque une case où quoi ? J’y vais une fois par an chez le coiffeur !!

 

Et là j’entends Marie-Aymée sauter au plafond : t’as essayé de passer sous silence l’histoire de l’amoureux !! C’est juste que c’est pathétique. Elle est amoureuse d’un bloggeur doublé d’un obsédé sexuel (je passe les détails si si j’insiste). Elle ne l’a rencontré qu’une fois, il vit aux Etats-Unis et elle ne verra pas avant 9 mois. Et faut voir les horaires impossibles qu’elle tient pour pouvoir chater avec lui (et accessoirement se faire insulter). Enfin ça doit l’arranger vu que de toute façon elle sort pas…

J’ai été désignée officiellement sa « conseillère » mais mon conseil de laisser tomber n’a eu tellement d’écho. Elle est amoureuse alors…

 

Malgré toutes ces histoires, son rêve c’est de se marier au plus vite. A 20 ans (elle en a 24), elle a obligé ses parents à lui trouver un mari mais ça n’a pas marché. L’amour elle s’en fout, ce qu’elle veut c’est un foyer, avec des gens, du bruit, et un mec (plus de 30 ans, grand et de l’ambition) qui puisse la sécuriser, qui « fasse tout ce qu’elle veut ». Et oui, les mecs, elle est jolie. Des photos dès que je quitte l’appart !

 

Je joue les psys de base pour conclure qu’elle cherche à compenser un manque, vu qu’elle est en orphelinat depuis ses 10 ans…

Je crois que cette fille est juste très malheureuse et très seule. Faut voir comment par moments elle gueule sur la bonne et à d’autres elle la fait venir dans sa chambre pour papoter pendant des heures comme deux vieilles copines. Désespérée je vous dis.

D’ailleurs elle m’a expliqué que, de par sa nature, si elle avait le choix entre glander dans sa chambre toute seule ou discuter au salon, elle resterait dans son coin. Elle s’est elle-même qualifiée d’ « antisociale ». Et ça m’allait très bien !! J’étais contente : au moins elle me foutrait la paix. Faut croire que j’ai réussi à la socialiser : elle n’est JAMAIS dans sa chambre et toujours dans le salon…

mardi, 25 novembre 2008

XY: 3. Une nana exigeante

Attention, tout ce que je peux dire ci-dessous sur ma nouvelle colocataire – on l’appellera XY pour des raisons que j’expliquerai plus tard – ne prétend en rien la caricaturer en tant qu’indienne.

 

Un autre jour, je me prépare un café. Je propose à chaque fois mais elle n’en boit jamais. Alors ce matin-là, je ne propose pas. Et bien elle se pointe à coté de moi et me sort « I want coffee also. » Alors déjà ma poulette, chez moi on dit « tu pourrais me faire un café s’il te plait ». Ok, ici on ne s’embarrasse pas de ce genre de tournure mais ce ton impératif, tu vas me le changer direct.

 

Je reçois d’autres ordres : embaucher une nouvelle bonne. Les problèmes avec toutes les précédentes et la qualité de leur travail m’a fait renoncer… Je préfère faire tout moi-même, de toute façon je lave déjà ma chambre et mes fringues. Ses vêtements, elle a qu’à les donner à laver au type qui passe tous les jours mais non she « needs a bhai ». Pas de problème, on en prendra une, mais je veux même pas en entendre parler…

Je dois aussi lui ouvrir une ligne de portable à mon nom (un vendeur lui pose des problèmes à cause de sa preuve de résidence et elle a la flegme d’en essayer un autre). Mais si c’est une terroriste cachée ?? Sur qui ça retombe ? Bibi… - euh oui, je suis pas mal orientée terrorisme en ce moment… J'ai donc esquivé la chose, mais mademoiselle est revenue à la charge en me disant qu'elle avait pas que ça à faire de trouver un autre vendeur de puces. Elle a beaucoup d'humour... Comme si moi j'avais que ça à faire....

 

Et puis il faut voir l’impatience de madame quand je réponds pas à ses questions comme elle veut. Son thème préféré : Shiv. Et ses questions du genre « mon endroit le plus romantique en Inde » , « la chose la plus sauvage que j’ai faite avec Shiv » (oui je suis SA référence en matière d’histoires de cœur, d’ailleurs le reste n’existe pas, à part la bouffe). Eh ben ce genre de questions, soit j’ai pas la réponse soit j’ai pas envie de la donner… Dans les deux cas, elle insiste pendant 10 minutes, me traite de relou et menace de ne plus me parler. Je retombe en enfance…

 

Ma revanche : mettre mes pieds sur le journal lui-même posé sur la table de la cuisine et refuser de les enlever en faisant la fille butée : « je ferai une prière à la déesse t’inquiète pas ». Je sens bien que ça la perturbe. Comme les maniaques qui ne supportent pas les coins de table et les cachent avec des torchons (j’en ai connu une comme ça récemment). La vue de mes pieds sur le journal, insupportable. En Inde, il est interdit de mettre ses pieds (impurs) sur toute forme de connaissance, y compris le Pune Mirror (la plus grosse merde journalistique jamais écrite).

 

On sent la fille unique ouhlala ! Je plains déjà son mari… D’ailleurs, on s’oriente là-dessus dans le prochain épisode ;)

samedi, 22 novembre 2008

XY: 2. La rencontre

Attention, tout ce que je peux dire ci-dessous sur ma nouvelle colocataire – on l’appellera XY pour des raisons que j’expliquerai plus tard – ne prétend en rien la caricaturer en tant qu’indienne.

 

Dimanche matin, 7 heures du matin. Je débarque plus tôt (d’une heure) que prévu de mon bus et la porte d’entrée est fermée à clé de l’intérieur. Ca m’énerve direct. Pour couronner le tout, XY a tout chamboulé dans l’appartement.  Voilà le deal au départ :

-          La chambre du fond : avec le balcon et les étagères mais un lit simple et pas d’eau chaude.

-          La chambre du milieu : avec lit double, armoire et eau chaude mais pas de balcon.

Et bien elle a choisi la première. Soit. Mais elle a échangé les lits, et heureusement que l’armoire était trop lourde pour elle… Elle exige le transfert. Je refuse immédiatement et catégoriquement de transporter l’armoire. Je fais quoi avec une chambre vide moi après ?

Là-dessus je vais me reposer...

 

Et à partir de midi et jusqu’à 23 heures, impossible de la faire taire ! J’ai eu droit à : ses courbatures (malgré son ramdam dans tout l’immeuble dimanche, elle n’a pas trouvé la bonne et s’est fait mal à force de nettoyer (c’est SUR c’est la première fois de sa vie qu’elle fait du ménage !!)) ; à ses sacs de dal et riz qui trainent dans la cuisine parce qu’elle ne sait pas cuisiner (et pourtant le dal-riz c’est le basique, comme mes pates…) ; à un caca nerveux pour que je sorte le téléphone fixe de ma chambre (pas de bol, y a un fil, et une seule prise pour ce fil !) etc.

Une chieuse…

 

Entre-temps nous sommes allées déjeuner. A pied. Pour lui montrer le coin. Ah ben j’en ai entendu parler des kilos qu’elle a perdus après avoir marché 10 minutes ! Et ce n’est que par politesse et parce qu’on ne se connait pas qu’elle n’a pas râlé (dixit elle-même) et pris un rickshaw. Ca promet… Et dire qu’elle veut maigrir…