vendredi, 20 mars 2020
Le Covid vu par une Française en Inde - 20.03
- Nombre de cas en France : 10 995 (372 morts)
- Nombre de cas en Inde : 236 (4 morts)
Je me demandais hier soir si je publierai un post aujourd’hui. Après tout, faut pas en faire des caisses non plus.. Mais le Premier Ministre indien a parlé. Et comme cette nouvelle de bon matin nous a valu, à mon mari et moi-même, une de nos rares disputes, ce serait dommage de ne pas en parler.
Alors voilà, Modi a lancé le Janta Curfew (ou Couvre-feu Janta, Janta signifiant le peuple). Et alors là, tiens-toi bien, les mesures sont à l’échelle du problème. Ou pas.
- Dimanche 22, un couvre-feu auto-imposé a été lancé. Tout le monde est « invité » à rester chez soi de 7 à 19 heures.
- Le 22 mars, les Indiens sont invités à se mettre à leur balcon et applaudir pendant 5 minutes pour tous ceux qui ouvrent à nous sauver.
- Il est recommandé aux résidents indiens de pratiquer la distanciation sociale.
- Il est recommandé aux vieux de rester chez eux.
- Il est recommandé de ne pas aller à l’hôpital pour des trucs de routine ou pas grave ou pas urgent.
- Une force d’intervention économique va être mise en place.
- Ne cédez pas à la tentation de stocker et d’acheter sous la panique.
- Les riches doivent aider les pauvres. Par exemple, si vous demandez à votre chauffeur de rester chez lui, payez-lui quand même son salaire.
- N’écoutez pas les rumeurs.
- Faites circuler le message à au moins 10 personnes – le téléphone arabe (oops ça plairait pas à Modi ça) sur les réseaux sociaux fonctionne mieux que ses annonces télévisées.
Ce qui circule encore plus vite sur whatsapp, c’est une note expliquant l’intérêt du couvre-feu de dimanche : Comme le virus ne survit que 14 heures sur des surfaces pas humaines, paf, une journée à la maison et on n’en parle plus. M’est-avis que c’est une petite machination du Congress ce message, une pique visant à décrédibiliser le parti au pouvoir. C’est quand je me suis insurgée contre cette idée – un peu agressivement peut-être, j’y peux rien, la connerie ça m’énerve – que mon Indien préféré a réagi.
À part ça, j’ai pu lire que ce couvre-feu était davantage une « expérience sociale » que quelque chose de médical. Histoire de voir si les Indiens peuvent rester chez eux, quand ils ont un chez-eux. Bonne idée de le faire un dimanche en plus, quand les gens (de la classe moyenne) en général restent déjà chez eux (à part un petit resto ou un petit film ou un petit tour au mall). Comme ça on va avoir des résultats bien probants.
Quant au point 4, c’est un point délicat en Inde où les grands-parents vivent encore majoritairement à demeure chez leurs enfants. C’est pratique pour garder les enfants quand l’école ferme mais dans ce cas présent, il semblerait que cela les mette à risque.
Bref, ce Janta Curfew, c’est un peu une blague. C’est histoire de dire « on ne parque pas les gens chez eux » (mais ils sont assez matures pour décider de le faire tout seul) mais on ne fait pas rien non plus, comme les collègues iraniens. Et puis ils grattent la corde sensible des Indiens : leur émotionalité. Tapons dans les mains, chantons Om et tout ira bien. Mais bon, à défaut de pouvoir faire mieux vu les circonstances (d’hygiène, de pauvreté, de surpopulation, d’insuffisance hospitalière), on se contentera de ça !
08:00 Publié dans Covid19, Expatriation (en Inde et ailleurs), Histoires de Samouraï | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, corona virus, coronavirus, covid-19, janta curfew | Imprimer | Facebook |
jeudi, 19 mars 2020
Le Covid vu par une Française en Inde - 19.03
- Nombre de cas en France : 10 995 (372 morts)
- Nombre de cas en Inde : 198 (4 morts)
Ce matin je me suis réveillée avec cette impression étrange d’émerger d’un cauchemar. Je visionnais des rues vides et un sentiment oppressant m’envahissait. J’ai aussi rêvé de pénis découpés en rondelles. Tu crois que je perds les boules ?
Une collègue de Mumbai a des symptômes du Coronavirus. Sa famille aussi. Ils sont d’ailleurs allés à l’hôpital ce week-end – sachant que la plupart des Indiens feront tout ce qu’ils peuvent pour éviter d’y aller, craignant de revenir avec plus de merdes qu'ils n'en avaient au départ – et ils ont été renvoyés chez eux, en quarantaine. Pas de test. Pourtant ils revenaient de voyage, et ces cas sont testés en priorité. Du coup, ils testent qui ?? La rumeur dit que l’Inde a la capacité de faire 5 000 tests par jour et n’en fait que 60… Tremblez pauvres mortels… Cette fille prend un train bondé deux fois par jour, va au bureau et a une vie sociale active. Mais ne paniquons pas, le Gouvernement semble resté convaincu que la maladie ne se transmet pas localement et de fait on ne mentionne que les cas d'Indiens voyageurs infestés.
De fait, soyons réalistes. On ne peut ni confiner (comme en Europe) ni tester (comme en Corée du Sud) 1,3 milliard d’indisciplinés (l'Indien n'est pas le Chinois ; d'ailleurs, comparer Indiens et Chinois c'est un peu comme comparer myrtilles et petits pois : y en a beaucoup dans un pot mais ils n'ont ni la même couleur ni le même goût). Que les plus forts survivent, et moins on comptera moins on paniquera.
En attendant, ma nounou s’est prise de passion pour le savon et passe sa journée à demander à mon fils de se laver les mains. Je ne peux que l’encourager. Mais qu’elle aille ensuite passer sa journée dans le métro et des sites comme le Lotus Temple, je comprends pas…
Il y a quand même de quoi rire (jaune) un peu dans ce pays de fou :
- Des médecins ont été arrêtés pour avoir vendu des médicaments soignant le coronavirus (source) – d’ailleurs les prescriptions ayurvédiques et homéopathiques vont bon train sur les groupes whatsapp, véhiculés y compris par des babas millionnaires comme le fondateur de Patanjali, Baba Ramdev (source). Sache quand même qu’en Inde, un gros paquet de docteurs n’ont pas de diplôme mais les Indiens leur font confiance.
- Un type suspecté d’avoir le virus se serait suicidé à l’hôpital (source).
- Un type autoproclamé « le baba du corona virus » a été emprisonné ; il vendait une amulette qui protège du coronavirus (source).
- Tout est chance de business. Au moins 3 lignes de faux gels hydrauliques ont été démasquées, à Pune, Mumbai, Gurgaon et Srinagar (source).
- Certains Indiens se gavent d’urine de vache, un remède imbattable contre le corona (source). La vache est sacrée et puis c'est tout ; même ce qui sort de son anus ou de sa vessie est sacré, pas que ce qui vient du pis. C'est pas nouveau-nouveau non plus, mon collègue allait chercher tous les matins de l'urine fraîche pour sa belle-mère qui se battait contre le cancer.
Pour finir, ce soir, petite bière chez les voisins, en regardant passer les joggers et les promeneurs. Les gens de notre résidence (y compris nous-mêmes) ne sont jamais autant sortis de chez eux (dans le cadre de notre résidence) que depuis qu’ils sont confinés. Honnêtement, nous sommes pour l’instant dans une petite bulle. Quand je demande à mon petit samourai si cette situation ne le perturbe pas trop, il me répond que non, mais qu’il a hâte de pouvoir jouer avec ses amis sans leur mettre des paillettes dessus – il a bien compris cette vidéo qui explique le virus via la métaphore des paillettes ! (Il a de la chance de pouvoir encore jouer avec eux, ça ne devrait pas durer.)
Ah au fait, j'aillais oublier ! Psychose ou changement de temps ? Depuis 2 jours que ma gorge menace de début d’angine, je me gave de miel – à défaut d’une grippe je vais attraper du surpoids – de citron vert et de gingembre. C’est aussi qu’aujourd’hui je fête officiellement l’été : c’est le premier jour où nous mettons en marche les ventilos et dépassons les 30 degrés en journée. Or c’est bien connu (en Inde) : il faut faire attention au changement de saison, le corps prend cher.
Bon je te laisse, mon fils crache ses poumons dans son lit...
Corona, coronavirus, virus, covid, covid-19, Inde
20:00 Publié dans Covid19, Expatriation (en Inde et ailleurs), Histoires de Samouraï | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, expatriation, santé, corona, coronavirus, journal, covid-19 | Imprimer | Facebook |
mercredi, 18 mars 2020
Le Covid vu par une Française en Inde - 18.03
- Nombre de cas en France : 9 134 (264 morts)
- Nombre de cas en Inde : 170 (3 morts)
Aux grands petits virus les grands remèdes : je vais faire le plein de courses. Au moins, en Inde, les pâtes et le PQ ne viendront pas à manquer – j’adore cette photo qui s’insurge contre la pénurie de papier toilette : « Coronavirus, c’est des complications respiratoires, par une diarrhée explosive » ! D’ailleurs, j’entends des rumeurs d’Occidentaux ayant remplacé le PQ par du papier journal. Ça va pas la tête non ?? C’est dégueulasse – va savoir où il est passé ce journal, et l’encre et tout. Utilisez de l’eau bon sang, et lavez-vous les mains !
En loucedé je remplis le caddie de thon en boîte et de chocolat importé – produits de première nécessité s’il en est. Mon mari se moque de moi mais ne la ramène pas trop, au moins il n’aura pas à me consoler ce soir. (Depuis notre mariage il y a bientôt 7 ans, nous mangeons très bien, des plats locaux ou des salades avec nos propres légumes, alors acheter une boîte avec 10 sardines à 5 euros, ça le rend dingue !)
Trois magasins plus tard, le bilan est établi : les Indiens ne se sont pas encore rués pour stocker de la bouffe – en tout cas pas ceux qui en ont les moyens – et ils ont surtout acheté du gel pour les mains, du thé et des gâteaux. Plusieurs Indiens m’ont regardée différemment : les Caucasiens sont les nouveaux Français d’origine chinoise vu que sur 137 cas, 25 viennent d’hors d’Inde. Ça fait un peu bizarre de dégringoler de mon piédestal comme ça ! M’enfin, je n’ai pas noté d’agressivité non plus. Faut dire je ne suis pas allée dans les coins touristiques, juste faire mes courses.
Je commande des livres et des puzzles. Je suis prête !!
Alors que les Français en sont au jour 2 de confinement, je m’y mets par solidarité – et par bon sens. Je me demande quand même que faire de ma femme de ménage ? Et comment font-ils dans les prisons ? Annule-t-on les cours d’équitation (où on ne touche personne à part le cheval) ?
Ce soir, nous fêtons l’anniversaire de mon frère par skype : mes parents en Normandie, mon petit frère chez lui, et mon frère dans l’appart parisien familial avec sa copine. C’est chouette de les voir, même si ça me rappelle que je suis loin. Foutrement loin.
Supermarché à Gurgaon, le 18/03/2020
Livraison Amazon à Gurgaon, le 18/03/2020
Corona, coronavirus, virus, covid, covid-19, Inde
08:02 Publié dans Covid19, Expatriation (en Inde et ailleurs), Histoires de Samouraï | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, expatriation, santé, corona, coronavirus, journal, covid-19 | Imprimer | Facebook |