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lundi, 13 novembre 2017

IndianSamourai chez le dermato

inde,dermatologie,dermatologue,tourisme médical,acné,boutons,ayurvédaDepuis plusieurs semaines, un grain de beauté me cause de l’inquiétude. Par mesure de sécurité, la première chose à faire est évidemment de consulter un dermatologue. Evidemment. Je m’adressai donc à mes réseaux d’étrangères à Delhi pour une recommandation – ma peau blanche (type 1) n’est pas une peau indienne (type 4) et j’aimerais autant montrer mon truc à quelqu’un qui s’y connait un peu en peaux type 1 – mais rien. Je m’en remis donc à Google, ou plutôt à Practo, un Tripadvisor de la médecine. Constat numéro un : il y a pléthore de dermatos à Gurgaon. Constat numéro deux : il y a pléthore de dermatos bien notés. Constat numéro trois : y en a pas beaucoup qui ont étudié ou pratiqué en Europe/Etats-Unis – c’est ptêt pas une spécialité qui bénéficie de ce genre d’expérience à l’étranger. Avec cette histoire de types de peau, la dermatologie n’est certainement pas le fleuron ni la manne du tourisme médical en Inde…

inde,dermatologie,dermatologue,tourisme médical,acné,boutons,ayurvédaBref, je trouvai un profil sympa. Beau gosse. Mais surtout ayant étudié à Londres. Et d’après les commentaires, le genre de médecin à creuser un peu et chercher la cause du problème au lieu de se ruer sur le traitement. Genre ça existe ! Ni une ni deux je pris rendez-vous. Une gravure de mode le type, grand, baraqué, des yeux de cocker qui font fondre, un Apollon type 4 à croquer ! Qui brisa le charme vite fait bien fait – non pas en attaquant cash sur mon acné faciale qui me tracasse depuis plusieurs mois mais de la façon suivante :

- Lui : Dites-moi, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?

- Moi : J’ai un grain de beauté qui m’inquiète.

- Lui : Ah oui ? Et vous auriez une photo ??

- Moi (comme deux ronds de flan) : Euh… nan… Mais si vous voulez je peux vous montrer !

inde,dermatologie,dermatologue,tourisme médical,acné,boutons,ayurvédaIl a regardé le truc de loin (c’était même pas entre mes cuisses mais au-dessus de mon nombril), sans lampe ni loupe. Sans toucher bien entendu – on est loin de l’épisode de Savita Bhabi chez le docteur. Et de conclure qu’il valait mieux que j’aille voir son boss. Je me payais ainsi une demi-heure de voiture supplémentaire pour atterrir dans le genre de cabinet dermato que je cherchais tout à fait à éviter : très indien, tout glauque, spécialisé dans le laser et la repousse de cheveux (le grand complexe indien, la calvitie, et un énorme business avec le changement de qualité de vie). Ça doit être mon karma !

Quant à mon acné – je me décidai à poser la question au beau docteur, j’étais là, tant qu’à faire – il fit exactement le contraire de ce que j’espérais. Il a commencé par me dire que j'avais pas beaucoup de boutons ; et il sait de quoi il parle au vu de ses cicatrices d'acné (le comble pour un père dermato), flatteur mais pas franchement aidant. S’il avait voulu chercher le pourquoi du comment avant de soigner, il aurait pu m’interroger sur mes niveaux d’hormones, la qualité de ma digestion, que sais-je encore (au moins depuis combien de temps ça durait). Et bien non, il décréta que c’était à cause du soleil et me prescrit… de la crème solaire ! Le soleil !! Non seulement mes boutons ont commencé leur danse en janvier quand on se caillait les miches dans le brouillard hivernal mais encore en été, le soleil est tellement fort, que mon taux de Vitamine D dégringole : on se cache du soleil ici ! Bref, j’ai trouvé un vrai champion…

lundi, 09 octobre 2017

Infertilité, fertilité, conceptions médicalement assistées et tourisme médical en Inde

image1.jpgRécemment une Indienne vint à mon bureau me parler infertilité et allaitement. Curieuse, je demandais presque immédiatement comment l’Inde se place dans les rangs mondiaux à ce sujet – sachant que c’est un business plus que bourgeonnant, je vois des ‘Infertility centers’ partout.

Sa réponse m’interpela : selon elle, les premières places des pays touchés par l’infertilité sont occupées par le Japon et l’Allemagne. J’aurais pas cru… D’ailleurs j’ai pas cru.

Je découvris bien vite qu’il est quasiment impossible de trouver une réponse claire à ma question ; ne serait-ce que parce que les critères d’infertilité varient d’un pays à l’autre, rendant quasiment impossible tout classement mondial et parce que les recensements doivent être loin d’être exhaustifs – tous ceux qui ne se reproduisent pas ne vont pas nécessairement se faire examiner.

Alors à quoi faisait-elle référence avec son Japon et son Allemagne ? Peut-être confondait-elle taux d’infertilité (ou nombre de personnes qui ne peuvent pas concevoir d’enfant) et taux de fertilité (ou nombre de naissance par femme) ?

L’Inde est un pays où la femme ne justifie sa présence au monde, ne se ‘réalise’ qu’en devenant mère – c’est encore le cas très fortement et c’est pour ça qu’on y voit des presque grabataires devenir mères (source). Donc il ne serait pas surprenant que pour elle, si une femme n’a pas d’enfant c’est qu’elle ne peut pas, non qu’elle ne veut pas.

Ceci-dit même si le Japon est mal classé, il n’est pas le premier, ni l’Allemagne des pays les moins fertiles (voir le tableau ci-dessous).

Là où le Japon est premier, en revanche, c’est en nombre de naissances utilisant ART (Artificial Reproductive Technology). Peut-être confondit-elle infertilité et recours à la procréation assistée ?

On peut en effet imaginer que des parents en mal d’enfant dans un certain pays (comme le Japon) recourent davantage à une aide médicale que dans d’autres contrées, ce n’est pas nécessairement parce qu’ils sont médicalement infertiles, mais parce qu’ils n’ont pas relations sexuelles (pas le temps, pas l’envie (source)), ou parce que c’est financièrement abordable, ou d’autres raisons. J’émets cette hypothèse parce que si le Japon championne le nombre de procréations assistées, ses taux d’infertilité semblent même moins élevés qu’ailleurs (voir le tableau ci-dessous). Bref, rien n’indique que les Japonais aient davantage de difficultés à concevoir mais tout indique que le recours à une assistante médicale est devenu monnaie courante.

Mais revenons à nos moutons indiens. Les chiffres que j’ai rassemblés laissent à penser que 45% des couples souffrent d’infertilité en Inde (source) mais que moins d’1% des couples atteints rechercheraient un avis médical (source).

Et pourtant je vois des panneaux à presque tous les coins de rue, faisant l’annonce d’une clinique spécialisée en traitement de l’infertilité. Et presque tous les gynécos se targuent d’être des spécialistes de la FIV.

Bref, il est quasiment impossible de dire s’il y a de plus en plus de procréations médicalement assistées en Inde parce que 1. Il y a un nombre croissant de couples infertiles en Inde – une hypothèse liée aux taux d’urbanisation, d’obésité, de femmes ayant des carrières professionnelles croissants et émise par les médias ; 2. Les Indiens font de plus en plus fi du stigma social lié à l’état d’infertilité et acceptent de rechercher une aide médicale officielle (car je suis sûre qu’il y a beaucoup de cas non répertoriés, on sait déjà que 60% des ‘médecins’ en Inde n’ont pas de diplôme de médicine (source)); 3. Les docteurs ont trouvé une manne et investissent dessus – les moins éthiques n’hésitant pas à inséminer ou implanter un embryon des couples indiens malheureux en sexe plutôt de que de les conseiller, les autres se focalisant sur la patientèle internationale qui vient de plus en plus se faire implanter vu que ça coûte trois fois moins cher en Inde qu’aux Etats-Unis (voir le tableau ci-dessous) ; Ou si c’est un mélange de tous ses facteurs.

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Une petite digression pour conclure : l’Inde semble bel et bien un hub de la maternité. Quand ce n’est pas le tourisme médical de la fécondation, c’est celui de l’adoption ou encore le business des mères porteuses. L’Inde est à ce sujet connu à l’étranger depuis 2007, quand une émission d’Oprah mit en scène un couple occidental mettant les voiles pour l’Inde et sa pléthore de mères porteuses. Vu que ça a pris des proportions trop importantes – les étrangers (et les Indiens) faisant leur shopping et les mères porteuses étant payées des cacahuètes (les agents et les médecins empochant eux le jackpot), le Gouvernement a mis le holà fin 2016. Et quand le Gouvernement met le holà, il interdit, purement et simplement*. C’est plus facile que de mettre en place des contrôles. Ce qui fait que le marché noir se développe, et les mères porteuses sont encore plus exploitées.

C’est un peu ce qui s’est passé avec l’adoption. Jusqu’aux années 70, les Indiens étaient peu enclins à adopter – en raison du stigma social, et puis de l’appréhension à faire venir dans la famille quelqu’un dont on ne sait rien, et à cette époque on ne mélangeait pas trop les torchons avec les serviettes, castes oblige (source). Les étrangers eux avaient moins de complexes. Ce qui a évidemment conduit à certaines dérives, comme le vol et le recel de gosses par des Indiens mal intentionnés. Suite à ces scandales dans les années 90, l’Inde a durci ses lois et rendu toute adoption difficile, même pour les Indiens. Cependant il semblerait que le Gouvernement relaxe un peu les règles liées à l’adoption depuis 2015.

* D’après la nouvelle loi (source) seul un couple indien ayant essayé sans succès d’avoir un enfant pendant plus de cinq ans peut avoir recours à une mère porteuse, qui doit être de la famille, et dont ils ne paieront que les frais médicaux.

Sources : http://www.prsindia.org/billtrack/the-surrogacy-regulatio...? ; https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbo... ; https://www.palashivf.com/2017/02/21/ivf-treatment-market... ; http://www.ey.com/Publication/vwLUAssets/EY-call-for-acti... ; http://www.dailyo.in/lifestyle/infertility-on-the-rise-in... ; http://www.who.int/reproductivehealth/topics/infertility/... ; http://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/... ; http://www.ijsr.net/archive/v4i7/SUB156201.pdf ; http://www.aurumequity.com/ivf-india/ ; https://www.researchgate.net/publication/236005514_Adopti...