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samedi, 26 avril 2014

Le mariage indien pour les nuls - 7.En bref

Le document qui résume toutes mes notes sur ce thème :pdf

Sur ce, longue vie aux mariés!!

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jeudi, 24 avril 2014

Le mariage indien pour les nuls - 6. Quand les choses se gâtent

Le « mariage indien » (je devrais dire le mariage hindou pour être exacte) a déjà fait couler beaucoup d’encre, fait l’objet de beaucoup de films, occasionné nombreux voyages en Inde. Bref c’est une institution. Je m’efforce ici d’y comprendre quelque chose !!

A peine 1% de divorces, les Indiens détiendraient-ils les « clés » d’un mariage réussi ? Le mariage arrangé ?

Pour finir donc sur le thème du mariage, le divorce !! Mais oui mais oui !!

Alors en effet, les chiffres sont ridiculement bas : 1.1% (source)

Il faut savoir que ce n’est que depuis 1955 que le divorce pour les Hindous est légal en Inde – soit 86 ans après les Chrétiens, avant même la législation rétablissant le divorce en France en 1884 ! (En Inde, les règles dépendent de la religion et y a même un texte de 1969 spécial pour les Indiens qui ont épousé un non-Indien.)

Et puis divorcer en Inde n’est pas chose aisée. Les époux (hindous) ne peuvent demander le divorce que par consentement mutuel (pour des motifs bien particuliers, comme l’adultère, la cruauté, la désertion pendant deux ans, une conversion religieuse, un désordre mental, une maladie vénérienne et la lèpre) et seulement après avoir vécu séparés pendant un an. De plus, il y a une période de réflexion obligatoire de six mois après le dépôt des dossiers. Au terme de laquelle le juge doit estimer que les époux ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour résoudre leurs problèmes (source).

Après faut pas croire que tous les problèmes sont réglés une fois le divorce prononcé : il n’y a pas de régime de communauté de biens en Inde, chaque chose retourne donc à son propriétaire (souvent l’homme). Et puis pour la pension, déjà pas élevée, la femme doit prouver les revenus de son mari et l’administration fiscale estime que seulement 3% de la population déclare des revenus ! (source)

Y en a un paquet qui doivent regretter de ne pas être née au Kerala (dans les communautés Nairs, Ezhavas et Warriers) ou dans une tribu du Meghalaya : ce sont de (rares) sociétés matrilinéales où la descendance et l’héritage se fait par la femme – dans le Meghalaya, c’est la cadette qui hérite des biens et de la charge de s’occuper de ses parents vieillissants et de ses frères et sœurs célibataires ! (source 1 et source 2

Au-delà des violences (très fréquentes) et des adultères, l’ « incompatibilité » est de plus en plus fréquemment la cause des séparations. Et cette incompatibilité fait en général référence à une mésentente avec la belle-famille et/ou l’ego qui semble prendre de plus en plus de place à mesure que l’Occident exerce son influence (source) et/ou une certaine incompatibilité sexuelle.

Je n’entends quasiment qu’histoires de mariage sans sexe autour de moi (en Inde), et le plus souvent l’homme est fautif, obligeant mes copines à se lancer corps et âmes dans la course à pied pour vider leur frustration !! Ou à prendre un amant intérimaire – une fois en 10 ans avec son mari, y a des circonstances atténuantes…

Déjà que le sexe avec quelqu’un que tu aimes ça s’entretient, j’imagine ce que ça peut donner avec quelqu’un qui ne t’attire pas particulièrement… Surtout quand c’est un tabou, donc pas moyen d’en parler à tes copines et de te rassurer, voire de te décomplexer – les femmes, va comprendre, ont toujours tendance à croire que tout est de leur faute… alors que des fois non ! Je suis d’ailleurs convaincue que beaucoup d’hommes vont voir ailleurs (témoin mon ex-boss, mon proprio, son beau-père, mes commerciaux) et avec qui iraient-ils voir ailleurs qu’avec des femmes mariées ? Bah pas grand monde ! Il y aurait donc une espèce de rééquilibrage naturel entre un mariage sexuellement mort et des liaisons pour la santé (et le moral) !!

Ce qui est marrant c’est que les Occidentaux associent l’Inde au Kama Sutra et pensent que c’est carrément la fête du slip en Inde !! Alors qu’en fait pas du tout. Le Kama Sutra a été écrit il y a 1 500 ans et depuis il y a eu les Musulmans et les Britanniques et les Indiens sont devenus un peu coinços sur le sujet… 

* Les 10 jobs les plus populaires en 2008 n’existaient pas en 2004. Source : http://www.youtube.com/watch?v=x-9FaJPhFxQ

mardi, 22 avril 2014

Le mariage indien pour les nuls - 5. La vie avec la belle-famille

Le « mariage indien » (je devrais dire le mariage hindou pour être exacte) a déjà fait couler beaucoup d’encre, fait l’objet de beaucoup de films, occasionné nombreux voyages en Inde. Bref c’est une institution. Je m’efforce ici d’y comprendre quelque chose !!

Une fois toutes les cérémonies du mariage achevées, la femme va jusqu’au seuil de sa maison (dans laquelle se déroule traditionnellement le mariage) avec ses proches et balance une poignée de riz et de pièces par-dessus sa tête, symbolisant le « remboursement » de tout ce que ses parents ont fait pour elle ainsi que ses vœux de prospérité pour son ancien foyer. Similairement, la voiture dans laquelle elle s’assoit avec son mari est poussée par la famille et couverte d’argent pour éloigner le mauvais œil.

Après cela, elle devient membre de sa belle-famille à part entière : elle part vivre chez ses beaux-parents, elle est invitée à les appeler papa et maman (ce qui semble à peu près inconcevable à des Européens). Dans certaines communautés, elle change même de prénom pour en adopter  choisi par sa nouvelle famille, parfois même la version féminine du prénom de l’époux ! Histoire de bien être sûr qu’elle fait table rase du passé… Faut dire y a pas trop à oublier quand on sait que dans les villages (où vivent plus de 60% de la population), les filles sont mariées en moyenne à 16 ans.

La vie dans les joint families (familles élargies où plusieurs générations vivent sous le même toit et surtout (c’est le principe même) partagent nourriture, culte et propriété immobilière)) n’est pas toujours facile. C’est ainsi que ma pote (que j’interrogerai un jour), qui avait fait un très beau mariage, n’avait pas le droit de sortir non accompagnée après le coucher du soleil…

Il faut avouer que c’est bien pratique les joint families, moins de dépenses, des baby et papy-sitters à demeure etc, mais ça n’encourage pas franchement l’épanouissement personnel…

Le développement économique (avec par exemple la création de nouveaux jobs* qui font que les enfants ne reprennent pas l’activité paternelle et doivent être géographiquement mobiles, ou encore l’accès des femmes à l’éducation et à l’emploi) s’accompagne de changements socio-culturels, dont le déclin des joint families qui cèdent le terrain aux familles nucléaires (63% en ville et 59% à la campagne) (source).

Dans la joint family, la bru doit faire avec la belle-mère, saas, qui est une icône en Inde ; il vaut mieux ne pas trop en lire sur le sujet parce que ça fait juste peur ! La moitié des feuilletons tourne d’ailleurs autour de la tyrannie qu’elle exerce sur sa belle-fille, une espèce de revanche de ce qu’elle a elle-même subi de sa belle-mère et de tous les hommes de la famille ! (source)

De toute façon ça c’est si elles vivent ! Si leurs parents ne peuvent payer toute la dot promise, ça chauffe dans les chaumières… En 2012, plus de 8 000 femmes auraient été assassinées à cause de ça ; une technique prisée est l’arrosage à l’acide, ou encore un incendie accidentel dans la cuisine.

Et pour couronner le tout, même si la belle-fille et la belle-mère s’entendent bien, la première devra gérer les relations mère-fils, qui sont, en Inde, du même acabit que les mères juives ou italiennes. J’ai lu un jour que « les Indiennes ne pouvant épouser l’homme idéal, elles le font ». Bonjour les chevilles du gosse, Dieu sur terre ! Et bonjour la pression aussi !!