vendredi, 03 juillet 2020
Le mendiant masqué - Le Covid vu par une Française en Inde - 03.07
- Nombre de cas en France : 164 801 (29 861 morts)
- Jour de déconfinement : 53
- Nombre de cas en Inde : 627 168 (18 225 morts)
- Jour de déconfinement national : 33
Ma maid a tombé le masque… Elle est venue avec un masque high-tech le premier jour (sans doute fourni par un de ses autres employeurs), le lendemain elle avait un masque à usage unique et le troisième elle était sans masque. Je ne lui ai pas fourni de tenue particulière – même si je réfléchis au sujet, pas à cause du Covid mais de l’odeur de curry qu’elle trimballe dans la maison (ce qui est inhabituel chez elle).
En revanche, puisque j’en suis au sujet des masques, j’ai eu un micro-choc hier. En revenant du poney-club, le soir, sur une route où la circulation était de moitié ce qu’elle est d’habitude, je me suis arrêtée au feu rouge. Un vieux papi brinquebalant a tendu la main. Si voir des personnes âgées mendier me remue toujours, le voir avec un masque m’a retournée. (Voir les enfants mendier n’est pas gai non plus, mais on entend tellement d’histoires de mafias qui utilisent les petits qu’on nous recommande de ne pas donner pour ne pas encourager ce système. Mais les vieux, eux, ils sont livrés à eux-mêmes…) Je n’ai eu ni le réflexe ni l’envie de prendre ce mendiant en photo.
Source : BBC
Corona, coronavirus, virus, covid, covid-19, Inde
08:53 Publié dans Covid19 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, corona, coronavirus, virus, covid, épidémie, masques, maids, domestique, femme de ménage, mendiant | Imprimer | Facebook |
mercredi, 01 juillet 2020
La maid masquée - Le Covid vu par une Française en Inde - 01.07
- Nombre de cas en France : 164 801 (29 843 morts)
- Jour de déconfinement : 50
- Nombre de cas en Inde : 585 712 (17 410 morts)
- Jour de déconfinement national : 30
Pour commencer juillet du bon pied, nous avons rappelé la femme de ménage. Quitte à rester à la maison jusqu’en novembre, autant avoir les pieds propres. Nous nous sommes attelées à la tâche tous les deux jours avec la nounou depuis le 22 mars mais ça ne suffit pas vraiment, surtout avec les vents chargés de poussière qui balayent l’été indien.
Les femmes de ménage ont été autorisées à travailler depuis plusieurs semaines, non sans remue-ménage. Notre résidence a mis en place des SOPs (Standard Operating Procedures), les premières étant assez drastiques. Tout employé de maison devait filer à la douche en entrant dans la maison, mettre une tenue propre, des gants et des protège-pieds et un masque. Et se laver les mains toutes les 20 minutes. Et télécharger l’appli de tracking du Covid (Aarogya setu). Le Gouvernement voudrait bien que tout le monde ait cette appli d’ailleurs. Après quelques tergiversions – la plupart des riches employeurs et patrons refusant d’équiper tout leur staff de smartphones – il a été décidé que les pauvres seraient exemptés (source). Et on se retrouve donc dans une situation où ce sont les riches qui sont "traqués". (Je simplifie un peu, ma femme de ménage a un smartphone par exemple, mais les statistiques nous donnent quand même seulement un Indien sur 4 qui possède un tel appareil (source). D’après le consulat français, il n’est pas obligatoire d’avoir cette appli. On peut aussi remplir un formulaire papier et imprimer la loi (voir la directive pour l’aéroport). Et aussi prévoir plusieurs heures d’âpres négociations pour aller au bureau, à la banque ou à l’aéroport… Même si depuis fin mai, cette appli ne semble plus obligatoire sauf cas exceptionnels (source), les employés qui font du zèle ne sont jamais rares.
Bref ma femme de ménage est là, aussi peu bavarde que d’habitude – alors que j’aurais mille questions à lui poser, peut-être plus tard… Elle porte un masque. Elle est penchée sur l’aspirateur – elle a bien essayé d’attraper le balais mais mon mari l’a arrêtée à temps, autant (re)commencer avec de bonnes habitudes. Elle transpire, il fait chaud et humide, rien qu’assise dans la clim je transpire et elle travaille sans ventilo ni clim qui font voler la poussière. Et elle porte un masque. C’est écrit que c’est obligatoire dans le formulaire de la résidence. Je n’arrive pas à comprendre qu’elle doive en porter un et pas nous. Parce qu’elle est obligée de sortir pour aller travailler, est-elle alors plus à risque d’attraper le virus et ensuite de nous contaminer ? Mais nous sortons aussi un peu, pour les courses, pour voir les voisins etc. Est-ce que ça la protège elle alors ?
Et puis de toi à moi, c’est une vaste blague cette histoire de masques. En Inde, il est obligatoire d’en porter un dès qu’on sort de chez soi. Même pour aller faire une balade où on ne va croiser personne. C’est sûr que si on commence à faire la liste des cas où c’est vraiment utile et les autres cas, on ne va pas s’y retrouver. Mais on ne s’y retrouve déjà pas. Personne n’a lu les recommandations de l’OMS (voir ci-dessous) sur le port du masque qui elles-même changent régulièrement. Les masques sont portés n’importe comment, ils sont quasiment tous rafistolés, surtout les masques à usage unique qui sont mis et remis depuis des semaines, ils sont sales. Quand ils sont là. Dans le village où nous allons monter à cheval, à 20 minutes de chez nous, personne ne porte de masque. L’autre jour je suis sortie pour amener du pain à une voisine. Au bout de 20 mètres, je me dis « Tiens mais il manque pas quelque chose ?? » J’étais sortie sans masque, et ça me faisait tout bizarre. À quelle vitesse certaines habitudes se prennent… En attendant, ce sera toujours utile contre la pollution !
Dessins masqués de Priya Kuriyan
Corona, coronavirus, virus, covid, covid-19, Inde
09:28 Publié dans Covid19, Expatriation (en Inde et ailleurs) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, corona, coronavirus, virus, covid, épidémie, aarogya setu appli, masques, maids, domestique, femme de ménage | Imprimer | Facebook |
lundi, 23 septembre 2019
Maid-in-India: un mal nécessaire
Récemment, j’ai, par inadvertance, entendu la conversation de deux Indiennes d’un certain âge. La première rentrait tout juste de quarante ans aux États-Unis et la deuxième avait un fils qui y vivait et qui lui demandait instamment de le rejoindre.
- La première : Comme je suis contente d’être rentrée ! D’ailleurs, vous savez ce qui m’a le plus manqué là-bas ?
- La première (sans laisser à l’autre le temps de répondre) : Les domestiques !!
- La deuxième : Ah ben je veux bien vous croire ! D’ailleurs c’est surtout pour ça que je ne veux pas y aller. Ici j’ai deux personnes à temps plein chez moi, je ferais comment moi là-bas ?
Un peu estomaquée je fus. Que leur cercle social, leur famille leur manque, okay. Mais leurs femmes de ménages ? C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ma voisine dont le mari a été muté à San Francisco refuse de le rejoindre. Elle est avocate et l’idée de devoir faire le ménage, la cuisine et conduire sa fille à l’école, non merci !
Le plus paradoxal dans cette histoire, c’est le comportement de ces maîtresses de maison avec celles dont elles ne peuvent apparemment pas se passer. Elles les payent le minimum (entre 100 et 300€) quitte à parfois aller les chercher mal dégrossies (texto) dans des villages, leur donnent 2 jours de congé par mois, et les traitent comme si elles étaient invisibles (au mieux) ou des esclaves (au pire). Elles s’étonnent ensuite de la rotation du personnel qui ne reste guère chez elles. C’est peut-être moins vrai à la campagne, ou dans la classe moyenne, mais c’est assez flagrant dans la société aisée urbaine, qui ne sait plus à quel saint se vouer pour se faire apporter son verre d’eau en paix.
Quant aux employeuses, elles ont leur conscience tranquille : elles créent de l'emploi, offrent des opportunités, et n'ont souvent pas grand-chose en retour : les femmes de ménage mettent rarement du coeur à l'ouvrage, parfois volent et rentrent à leur village (où vit leur famille) à la moindre occasion, les laissant dans la panade pile quand elles ont besoin d'elles pour préparer le thé aux invités.
Il y a d’ailleurs des petits malins qui ont pensé à monter des agences de maids. Et la plupart sont de vrais filous. Les employées travaillent correctement un mois, le temps que l’agence touche sa com, et puis ça devient n’importe quoi. Une tâche non aisée donc, de gérer du personnel de maison en Inde. D’autant que faire la poussière quotidiennement est nécessaire, que la cuisine (indienne) prend un temps non négligeable, et qu’on préfère envoyer le chauffeur chercher les enfants à l’école plutôt que de passer soi-même deux heures dans les bouchons.
Les besoins en aide sont donc certainement plus élevés en Inde qu’en Europe ou aux États-Unis, et couplés, bien heureusement, avec une main d’œuvre encore bon marché. Mais si devoir faire son lit le matin est le prix à payer pour respirer un air qui n’a pas 286 μg/m3 de PM10 (contre une moyenne mondiale de 71, et ça c'était en 2010), ça vaut quand même le coup d’y réfléchir !
Un livre sur le sujet : Maid in India
08:00 Publié dans Expatriation (en Inde et ailleurs), IncredIble India | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : inde, india, maids, domestiques, employés de maison, chauffeur, femme de ménage, cuisinière | Imprimer | Facebook |