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lundi, 08 mai 2017

Dépression, suicide et autres joyeuseries en Inde

Je m’apprête à écrire quelques mots sur la dépression et voilà que Nostalgie me balance N’importe quoi de Florent Pagny, j’en pleurerais.  

Dis-moi, pourquoi t'es comme ça,
Pourquoi ça va pas,
Pourquoi t'essaies pas,
Pourquoi tu veux pas.

Dis-moi, pourquoi tu souris
Et pourquoi tu pleures,
Pourquoi t'as envie,
Et pourquoi t'as peur.

Dis-moi, pourquoi tu dis ça,
Pourquoi t'y crois pas,
Pourquoi t'y crois plus,
Pourquoi tu sais plus.

Dis-moi, pourquoi tu fais ça,
Pourquoi t'arrête pas.
Tu te fous en l'air.
Ça a l'air de t'plaire.

Pourquoi, pourquoi tu comprends pas
Que c'est pas vrai tout ça,
Que tu reviendras pas
Si tu t'en vas par-là ?

Le Premier Ministre indien s’est récemment exprimé au sujet d’un problème (apparemment indépendant du manque de toilettes et de la corruption) complètement tabou et pas franchement drôle : la dépression.

Apparemment l’OMG aurait publié un rapport sur la dépression en Asie du Sud-Est en 2015 (source), puis l’Inde (le National Institute of Mental Health and Neuro Science) a fait une étude publiée en 2016 (source).

S’il y avait dans le monde en 2015 plus de 300 millions de personnes souffrant de dépression (soit 4.6% de la population*), 56 millions vivaient en Inde (soit 4.5% des Indiens, pile dans la moyenne globale !). Il y a en plus toutes les autres maladies mentales, ce qui fait que 15% des adultes auraient en fait besoin d’aide.

Mais le truc c’est qu’en Inde, les soucis mentaux sont hyper stigmatisés. On va pas chez le psy (c’est pour les fous (d’ailleurs il y aurait genre 2 psychiatres par millions d’habitants, soit moins de 3 000 en tout ! (source)), on cache, on tait, on ignore. Ça aide pas à aller mieux.

Dans la même veine, il y a un paquet de suicidés en Inde. En moyenne 134 419 par an entre 2010 et 2014, soit 10.6 pour 100 000 personnes (source). Je ne mettrai pas de rang des pays, ça varie trop d’une source d’information à l’autre mais ce taux est lui aussi aligné sur les statistiques mondiales de 10.7 pour 100 000 personnes en 2015 (source). « Chaque année, près de 800 000 personnes meurent en se suicidant. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans. » (source)

Ce qui fait du bruit en ce moment en Inde, c’est après avoir beaucoup parlé des suicides de fermiers, on s’intéresse maintenant aux jeunes (avec un taux de suicide parmi les plus élevés du monde selon le Lancet 2012), avec près de 9 000 étudiants qui se seraient supprimés en 2015. Les raisons exposées sont la pression pour la réussite scolaire et professionnelle, la peur d’échouer et de ne pas être à la hauteur, ainsi que les difficultés à communiquer avec les parents (source). Avec une société qui évolue super vite, des parents qui se sont saignés pour se sortir de la pauvreté et en attendent de même de leurs enfants, des familles élargies où la communication sur les sujets sensibles peut souvent passer à la trappe, un gap générationnel qui devient abyssal entre parents et enfants, et les stigmas sociaux, c’est pas facile pour beaucoup de jeunes ici !

* En France, 2 à 3 millions de personnes souffriraient de dépression, soit 5 à 8% (source), ce qui nous place dans la norme mondiale avec 4.5% de la population.

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lundi, 04 novembre 2013

La couleur ne fait pas l’Indien !!

Ca fait tout drôle quand ton chauffeur de rickshaw se fait insulter par une jeune Indienne en tenue de joggeuse bien moulante, et ce avec le plus pur accent américain ! Moment d’hébétude suivi d’un élan de solidarité avec le chauffeur : mais qu’est-ce qu’elle fait là celle-là ?? Et pourquoi elle s’énerve comme ça juste parce qu’on a failli l’écraser ?? Puis petit moment de solitude : réactions indiennes de la Blanche, réactions pas-indiennes de la pas-Blanche… C'est le monde à l'envers !

De fait, je découvre ces derniers temps une nouvelle espèce : les Indiens qui ont grandi à l’étranger. Et c’est en espèce qui semble se développer carrément exponentiellement ; j’en rencontre de plus en plus de ces « fraîchement débarqués ». Ils sont marrants. Ils ont des accents pas possibles (pas indiens donc) et sont parfois complètement perdus ici (autant, de fois plus, que des étrangers d’origine pas indienne sauf que ça fait bizarre parce que ça ne colle pas à leur couleur de peau). 

 

Alors qui sont-ils ? Des « cerveaux » qui reviennent ? Des « cerveaux » qui s’en viennent ? Des « moitié-de-cerveaux » qui s’en viennent (cf la dernière anecdote ci-dessous pour plus de clarté) ?

 

Il n’aura échappé à personne que depuis les années 60 beaucoup de « cerveaux » indiens ont « fui » aux Etats-Unis  en Europe (surtout au Royaume-Uni). Le rêve américain quoi. Alors même si 11,4 millions ça fait beaucoup de monde qui part (1)), il n’empêche que ça représente seulement 4,3% de la population avec une éducation tertiaire indienne (3,5% pour la France). (2)

 

Or on parle maintenant d’un retour des cerveaux, et de circulation des cerveaux. En 2010, 100 000 Indiens seraient rentrés au bercail et on a crié au loup ! (3) Pourtant, de là à parler d’un rapatriement des cerveaux…. 

 

Déjà 100 000 sur les 10 millions de citoyens indiens vivant hors d’Inde (1), ça fait pas bésef.

Ensuite, la même année, plus de 150 000 étudiants indiens seraient partis étudier à l’étranger (4) ! Faut dire que même si l’Inde a fourni un vrai effort en matière d’éducation (5), il n’y a quand même pas assez de places et le niveau de qualité est sujet à débats. Et puis comme près de la moitié des places sont réservées aux castes inférieures (qui représentent la même proportion de la population) (6), de très bonnes notes ne garantissent pas l’accès à l’université.

Témoin la jeune fille que j’ai rencontrée dans la queue du consulat et qui allait faire ses études de médecine aux Etats-Unis parce qu’avec les quotas en Inde, elle était sûre de ne pas trouver de place. Après c’est pas le même budget… Du coup beaucoup d’étudiants restent après leurs études pour pouvoir rembourser leur prêt (avec un salaire américain).

 

Il n’y a pas vraiment d’étude ni de données gouvernementales sur le retour des Indiens à la mère patrie. Toutefois certains estiment que la majorité (80%) des Indiens qui rentrent ont moins de 35 ans. (7) Ce qui corrobore les dires des « nouveaux Indiens » que je rencontre : Abhishek, la trentaine, né à Dubai, est venu tenter sa chance dans le cinéma et ses parents sont limite « horrifiés » à l’idée qu’il puisse vivre en Inde : « On s’est cassé le c… pour que notre famille puisse vivre ici et toi tu veux y retourner ! C’est crade, ça pue, c’est le bordel, blablabla ». Y comprennent pas… Et quand il en chie trop, lui aussi se demande ce qu’il fabrique ici !

Faut dire que les « cerveaux » qui sont partis il y a plusieurs décennies ont bien fait leur beurre : le million d’Indiens aux Etats-Unis qui représente 0,1% de la population indienne gagnerait l’équivalent de 10% du revenu national indien. (8) Donc pas trop envie de rentrer…

 

En revanche la génération suivante, celle de leurs enfants nés hors d’Inde et celle des Indiens qui ont émigré il y a moins d’une décennie, montre une réelle curiosité pour l’Inde. Qui s’explique par l’incertitude économique dans les pays d’accueil et des opportunités de croissance en Inde.

 

Dans la génération des étrangers d’origine indienne, on trouve des « cerveaux » et des gens « normaux ». J'en ai rencontré pas mal dernièrement, presque tous dans la trentaine et tous en Inde depuis moins d'un an. Il y a Jesh, un Américain dans les assurances qui est venu en Inde parce que sa mère y est retournée, malade (elle n'avait plus personne aux Etats-Unis) et il déteste l'Inde. Il y a Tosh, un banquier anglais très riche envoyé par sa boîte avec des conditions d'expatriés et qui n'envisage même pas de jamais monter dans un rickshaw et que l'Inde dégoûte. Il y a Bob qui a passé 10 ans aux Etats-Unis et que son entreprise d'équipements médicaux a envoyé en Inde pour s'occuper du marché asiatique et qui a parfois des réactions très indiennes, et parfois très américains. Il y a Suchi qui est venue en vacances en Inde, s'est fait une amie et est revenue monter avec elle un business de décoration d'intérieur. Il y a Naveed qui a bossé quelques années à Dubai avant de venir tenter sa chance comme acteur à Bollywood. Et il y a tous les autres qui sont venus et ont pris des jobs « normaux » en attendant une meilleure opportunité (ou de monter leur boîte).  

C’est ainsi que je me suis retrouvée en moins d’un mois avec deux amoureux éperdus de la dernière catégorie, un Sikh de Buenos Aires et un Kéralais de Manchester, qui en plus de m’inonder de whatsaps débiles m’ont envoyé des photos de leur torse. C'est des malaaaaaades !!

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 (1) L'Inde ne reconnaît toujours pas la double nationalité, donc beaucoup d'Indiens qui ont émigré ont abandonné leur nationalité indienne. Ceux qui ont émigré mais ont gardé leur nationalité sont appelés NRI (Non Résident Indien) et ils seraient 10 millions (alors qu'on compterait entre 40 et 100 millions de personnes d'origine indienne éparpillés dans le monde entire). Mais l'Inde a mis en place des systèmes pour reconnaitre ces personnes: la carte PIO (Person of Indian Origin) pour n'importe qui qui a des parents d'origine indienne (jusqu'à 4 generations) ou un époux d'origine indienne) et la carte OCI (Overseas Citizenship of India). Les 12 millions détenteurs de ces cartes peuvent séjourner et travailler en Inde (15 ans pour les PIO, à vie pour les OCI) et acheter des proprieties (sauf agricoles dont ils ne peuvent qu'hériter) mais ils ne peuvent pas voter ni avoir de passeport. 

Sources: http://www.nri-worldwide.com/; http://www.immihelp.com/nri/pio-vs-oci.html; Ministry of Overseas Indian Affairs: http://moia.gov.in/writereaddata/pdf/NRISPIOS-Data%2815-06-12%29new.pdf;  http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs40320-012-0002-3/fulltext.html 

(2) En 2000 ; source : http://wdi.worldbank.org/table/6.13

(3) Dont 60% d’actifs ; source : http://www.rotaryclubofbombay.org/Article.aspx?articleid=0906d154-6b98-4d44-b856-037684af38eb

(4) Quand même 3 fois moins que la Chine mais trois fois plus qu’en 2000 ; source http://www.studyabroad.careers360.com/brain-drain-boon-developed-countries-bane-india

(5) 500 universités et 26,000 « colleges » avec un total de 13,6 millions d’étudiants en 2012 ; source : http://www.unom.ac.in/asc/Pdf/Higher%20Education-1.pdf

(6) Seulement 16% des Indiens ont accès  au système éducatif tertiaire (55% dans les pays développés, 11% dans les pays en voie de développement ; source : http://www.india-eu-migration.eu/media/CARIM-India-2012%20-%2004.pdf ; http://www.ugc.ac.in/oldpdf/pub/report/12.pdf

Scheduled Castes (SC) and Tribes (STREAM) constitute approximately 22.5% of the country’s population. Accordingly, a pro-rata reservation of 22.5% (SC 15% and ST 7.5%) has been made for them in educational institutions which come under the administrative control of the Ministry of Human Resource Development and other Central Ministries. Seats are also reserved for other categories of the backward community (OBC). The Government of India implemented the following recommendations in 1990 leading to violent protests: the reservation of 27% of the seats in all scientific, technical and professional institutions run by the Central as well as State Governments for other backward communities (OBCs). Source: http://examcrazy.com/Education-System/India/Indian-Education-Reservation-Quota-System.asp

(7) http://www.kauffman.org/uploadedfiles/americas_loss.pdf

(8) http://www.india-eu-migration.eu/media/CARIM-India-2012%20-%2004.pdf            

 

lundi, 08 septembre 2008

Rock on!!

J’ai vu un film formidable hier. A tous les Français de Pune qui me lisent, n’hésitez pas à vous fendre de 100 roupies. Même si c’est en hindi… C’est l’histoire de 4 jeunes qui forment un groupe de musique, se séparent et se retrouvent dix ans plus tard. La musique est super et c’est bien fait (très loin du strass bollywoodien). Alors comme il ne faut pas mettre de musique piratée, voici un extrait :

Mais attention, rock on but don’t rock on too much… Les flics ont arrêté 26 étudiants étrangers à Pune (dont 13 filles) – la nationalité n’est pas précisé. Les charges : état d’ébriété, possession de liqueur étrangère sans permis, refus de se soumettre à la police (une fille aurait même mordu une flic), matage de films porno sur la terrasse. Tout ce petit monde a été embarqué au poste pour la nuit peu après minuit. Perso, je voudrais bien savoir ce qu’ils ont vu sur les ordis pour appeler ça « films porno » ? Un clip de Shakira ? Ah j’te jure… Déjà que tous les bars ferment à 23heures, si en plus on peut plus faire la fête chez soi… Tu comprends Marie pourquoi je fais ma relou ??!

Article_TOI_Foreign students_080909.pdf