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lundi, 14 septembre 2015

Une histoire de mariage, cheveux, rugby et bibine

Toute ressemblance avec des personnes existantes est fictive. Ou pas. 

Notre petite famille a récemment effectué son pèlerinage annuel au Kerala, organisé de sorte à pouvoir assister à un mariage. (Des fiançailles en vrai mais ça aurait pu aussi bien être un mariage alors on fera comme ci.) Je n’étais pas sûre sûre que ce soit une bonne idée : j’avais, en toute modestie, peur que mon petit samouraï et moi-même ‘volions la vedette’ à la mariée (le ‘blanc’, surtout quand c’est la première fois qu’on le voit, a une fâcheuse tendance à attirer l’attention). J’ai eu tort. Personne ne pouvait vraiment voler la vedette à la mariée, tout simplement parce que tout le monde s’en tape, ils ne pensent qu’à bouffer (dixit mes amis malayalis).   

 

Je suis arrivée, un peu angoissée parce que j’avais oublié de mettre du déo. Or je ne sors JAMAIS sans déo. A fortiori dans un endroit où il fait 35 degrés et 110% d’humidité. J’ai bien essayé d’en acheter à la pharmacie mais dans les intérieurs du Kerala, t’oublies le déo. Là encore, j’ai eu tort de m’en faire : pas plus tôt arrivée, une tante m’alpagua et me mit direct dans l’ambiance. Elle refoulait à cinq mètres la transpi qui a bien macéré !! Elle commença par essayer de dessaper mon bébé, habillé en petit Indien pour l’occasion, sous prétexte qu’il avait trop chaud. Sans bien sûr me demander mon avis. C’est sûr qu’elle, elle devait avoir bien chaud pour sentir comme ça ! Pas ébranlée de sa défaite (je ne la laissais pas aller plus loin que le min gilet sans manche), elle enchaîna – elle était en forme ! – avec un agréable commentaire quelque peu homérique « ta coupe de cheveux, c’est moche. » Estomaquée, je ne trouvai rien à répondre, et m’éloignai. Venant de sa part, c’était un peu l’hôpital qui se moque de la charité : le cheveu se raréfiant, sa maigre tignasse était rassemblée en une queue bien pathétique et surtout dégoulinant d’huile. Alors ça je ne comprends pas. Huiler les cheveux pour les nourrir, ok. Mais sortir avec les cheveux gras ?? Ptêt qu’ils trouvent ca beau quand ça luit ? Comme des chaussures bien lustrées ? Inutile de préciser que le cheveu gras, c’est ma hantise, au même niveau que des aisselles odorantes… 

 

Passé cette petite mise en jambe, il fallut faire face à une autre situation : en Inde, un bébé perd son statut de personne et devient un ballon de rugby. Dès qu’ils voient un bébé, les bras se tendent, ils l’attrapent et se le font passer. Je ne dois pas être un très bon demi de mêlée : à la vue de ces veilles, une avec des dents pourries, l’autre avec une barbe et encore une autre sans dent et avec une moustache, je ne lâchai pas le ballon. Pour être honnête, je ne le lâchai à personne, même à celles qui faisaient pas peur. Juste parce que les trois paires de bras tendus qui nous accueillirent me renvoyèrent dans mes cages, fuyant ce que je ressentais comme une agression. Alors qu’il s’agirait en fait d’une « politesse » de demander à porter les bébés, politesse que j’étais sensée retourner en donnant mon enfant. Et ben je vais te dire, passer pour une connasse malpolie rien à taper !! En bref, j'ai complètement pris le contre-pied, ça arrive...

D’autant que mon petit jouait le jeu et refusait de quitter mes bras. Bien sûr loin de moi l’idée de vouloir en faire un asocial. Non, je voulais juste lui laisser le temps de s’habituer à toutes ces nouvelles têtes avant de le jeter dans la mêlée !   

Toutes les bonnes femmes (et quelques bons hommes) ayant essuyé des revers, on finit par nous laisser tranquille. J’en profitais pour laisser le petit samouraï se dégourdir les jambes. Et il n’eut pas plus tôt les pieds posés au sol qu’un ‘uncle’ identifia une ouverture et se saisit du bébé ! Qui finit par tourner dans les bras de quatre femmes même pas de la famille de mon mari…  

 

Le mariage en lui-même se déroule dans une salle des fêtes ou dans une salle d'un temple. Les fiancés sont sur une scène dont ils ne décolleront pas. La cérémonie dure une dizaine de minutes, pendant laquelle les gens regardent – si ça dure plus longtemps, il se peut qu’ils aillent vaquer à leurs occupations en attendant la fin. Ensuite le buffet est annoncé ! (Pour l’occasion à 5 heures de l’après-midi.) C’est un peu le challenge ce repas : non seulement y a une queue monumentale avec les 500 personnes qui se jettent dessus, mais une fois que tu as attendu que tout le monde ait fini pour prendre ton plat, et ben les 500 autres qui sont passés à la digestion viennent te parler ! Tu te retrouves donc à être présentée à des ‘uncles’ et ‘aunties’ (formules de politesse pour adresser des aînés, surtout dans le nord de l’Inde), la bouche pleine et les doigts trempant dans le curry. Pas évident de rester classe. Donc quitte à être malpolie, au grand dam de mon mari, je décidai d'ignorer une ou deux personnes qui me furent présentées et me concentrai sur mon plat, histoire d’en finir au plus vite avec cette épreuve, et aller récupérer mon petit.  

 

Une fois que tu as fini de boustifailler, tu dois aller sur scène prendre une photo avec les mariés. Sinon les gens oublieront que tu es venu et te le reprocheront plus tard. (Je rigole.) C’est également une distraction bienvenue pour le couple qui est sinon obligé de taper tout seul des pauses bollywood pour le photographe. (Je rigole pas.) 

 

Voilà, c’est à peu près tout ce qui se passe dans un mariage hindou au Kerala… A 18 heures c'est bouclé et chacun regagne ses pénates. Ou se planque derrière la salle des fêtes pour picoler. Entre hommes. Et en cachette. Même si tout le monde le sait*. Les autres rentrent chez eux, tout contents d’avoir un nouvel évènement à commenter ! Même si il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, à part la nourriture et la coupe de cheveux de l’étrangère (qui a fait sensation, même pas dans le bon sens j’en ai peur). 

 

Moralité : je serai éternellement reconnaissante à mon Indien préféré de m’avoir épargné ça et d’avoir fait de notre mariage un évènement qui restera dans les annales. Et j’attends avec impatience d’assister à un mariage en France pour avoir son point de vue !! 

 

 

* Les statistiques montrent que les Indiens boivent moins que les Européens (4,3 versus 12,5 litres par an) sauf qu’il faudrait retirer les femmes (qui n’ont pas le droit de boire), les hommes pieux (qui ne boivent pas par conviction religieuse), et tous ceux qui boivent de l’alcool maison, qui tue en silence, sauf quand il tape un grand coup et fait plus d’une centaine de morts (comme c’est arrivé en juin à Mumbai). Les Kéralais sont à un petit 10,2 litres par an, assez loin derrière les gars de l’Andhra Pradesh (35 litres). Toujours est-il que dans de nombreux Etats indiens, les taxes sur l’alcool représentent près du quart des revenus de l’Etat (22% au Kerala) ; quand on est à moins d’1% en France. Ça complique pas mal de choses quand les Etats se mettent en tête de réduire les ventes d’alcool, comme c’est le cas régulièrement un peu partout. Seul le Gujarat tient bon, mais le marché noir explose. Augmenter les taxes (déjà à plus de 100%) ou rendre l’alcool illégal c’est bien beau mais ça ne résout pas grand-chose…  

 

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(1) En Inde : http://indianexpress.com/article/india/india-others/kerala-increases-tax-on-liquor-beer-and-wine/#sthash.PNIRO4yJ.dpuf ; http://articles.economictimes.indiatimes.com/2015-05-16/news/62239496_1_total-prohibition-vm-sudheeran-kerala-government ; http://www.thehindubusinessline.com/economy/the-alcohol-economy/article5436924.ece ; http://www.thehindu.com/opinion/blogs/blog-datadelve/article6344654.ece

 

(2) En France : http://www.alcool-info-service.fr/alcool/consommation-alcool-france/culture-alcool-consommation-vin#.VfZl8Jf3aJ8 ; http://www.insee.fr/fr/themes/comptes-nationaux/tableau.asp?sous_theme=3.2&xml=t_3203 ; http://next.liberation.fr/vous/2011/02/17/quels-sont-les-pays-qui-consomment-le-plus-d-alcool-dans-le-monde_715595

lundi, 31 août 2015

Une journée dans le Maharashtra

6h30, gare de Dadar, Mumbai

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 Quelque part en route, dans la campagne maharashtrienne 

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7 heures plus tard, en gare d'Aurangabad 

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Boulot, boulot 

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22h, sur le tarmac de l'aéroport d'Aurangabad 

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dimanche, 09 août 2015

Porno ou pas porno??

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Après un démarrage en douceur (l’interdiction du film Fifty Shades of Grey) en mars, le Gouvernement indien est passé à la vitesse supérieure en interdisant carrément le porno. Tout au moins en bloquant sa diffusion sur Internet. L’intention était bonne – lutter contre le porno impliquant des enfants – mais l’exécution a laissé à désirer : ils s’y sont carrément pris comme des manches. Ils n’ont consulté personne et du jour au lendemain ont black-listés 857 sites, dont certains n’ont rien de sexuel ; et plus 857 c’est rien du tout par rapport aux milliers de sites en vogue. L’interdiction serait plus ou moins levée aujourd’hui : l’ordre a été donné mais il est pas clair…

Quand on lit (source) que plus de 50% des enfants en Inde sont victimes d’abus sexuels – un petit 223 millions de gosses quand même – (et une bonne moitié par la famille), on se dit que le Gouvernement n’attaque que la partie émergée de l’iceberg en ciblant la pornographie enfantine, et en continuant à ne pas mettre en place de programmes d’éducation sexuelle dans les écoles... Y a du boulot.

Mais tout n’est pas complètement noir ! Il y a les gens comme moi qui parlent mais ne font rien, ceux qui ne parlent pas et ne font rien et les autres… Citons par exemple Kranti, une ONG qui bosse avec les enfants de Kamathipura, le ‘red-light district’ de Mumbai, grâce à laquelle des filles de ce milieu voient d’autres horizons s’éclairer : Sheetal, Pinky et Shweta sont parties aux Etats-Unis, l’une pour étudier la batterie, l’autre pour un summer camp autour des arts et la dernière pour se former à la psychologie. (source) Certaines d'entre elles reviennent et deviennent porte-paroles de l'éducation sexuelle...

Et puis il y a le Sexpert du journal Mumbai Mirror. Non ne rigolez pas ! Lui aussi apporte sa pierre à l’édifice de la connaissance !! Dr Watsa, un papi de 91 ans, est chroniqueur depuis plus de 50 ans, et depuis très récemment auteur d’un livre It’s NormalInde,sexe,éducation sexuelle,interdiction,gouvernement,abus,viol,kamathipura,porno,pornographie,sites pornos,sexpertAprès avoir commencé dans des revues féminines à donner des avis médicaux, il commença à recevoir des lettres de femmes de la campagne, abusées par des oncles et inquiètes de ne pas pouvoir se marier sans un hymen intact.

En plus de sa rubrique qui fait rire en plus d’éduquer et qui ne va pas forcément de soi (ses éditeurs ont fait face à la censure, les menaces etc.), il a travaillé pour le Family Planning Association of India (FPAI) et le Council of Sex Education and Parenthood International (CSEPI). Pour lui le porno est un problème, mais pas pour les mêmes raisons que le Gouvernement (qui pense que ça 'donne des idées'). Parce que les hommes consacreraient plus de temps à en mater qu’à besogner leurs femmes dont la frustration finirait par un divorce. (Source ; PDF)

Quelques perles pour la route :

  • Q: Il y a deux jours, j’ai fait l’amour sans protection avec ma copine. Pour éviter qu’elle ne tombe enceinte on a acheté la pilule du lendemain. Mais dans l’excitation du moment, je l’ai avalée à sa place. Est-ce que ça peut me créer des complications ?
  • R: La prochaine fois utilise un préservatif s’il te plaît et surtout ne l’avale pas aussi.
  • Q (une question hyper récurrente): Est-ce que mon pénis va rapetisser si je me masturbe fréquemment ?
  • R : Tu parles beaucoup, et pourtant est-ce que ta langue rapetisse ?
  • Q (sur la masturbation féminine, questions qui émergent de plus en plus, un signe d’émancipation féminine) : Mon amie pense que ses seins grossissent à cause de la masturbation. Est-ce possible ?
  • R : Elle croit que son clitoris est une pompe à air ??
  • Q: J’ai un petit pénis et j’ai l’impression de ne pas satisfaire ma copine. Mon astrologue m’a recommendé de le tirer tous les jours pendant 15 minutes en récitant une prière. Je fais ca depuis un mois mais ca n’aide pas. Que dois-je faire ?
  • R : Si il avait raison, la plupart des hommes auraient un pénis qui leur descendrait au genou. Dieu n’aide pas les hommes crédules qui gobent n’importe quoi. Va voir un sexpert à la place qui t’enseignera l’art de faire l’amour.

Et une définition toute indienne du masochsime:

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Et une petite vidéo satyrique sur l’éducation sexuelle dans les écoles en Inde pour finir !