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lundi, 09 octobre 2017

Infertilité, fertilité, conceptions médicalement assistées et tourisme médical en Inde

image1.jpgRécemment une Indienne vint à mon bureau me parler infertilité et allaitement. Curieuse, je demandais presque immédiatement comment l’Inde se place dans les rangs mondiaux à ce sujet – sachant que c’est un business plus que bourgeonnant, je vois des ‘Infertility centers’ partout.

Sa réponse m’interpela : selon elle, les premières places des pays touchés par l’infertilité sont occupées par le Japon et l’Allemagne. J’aurais pas cru… D’ailleurs j’ai pas cru.

Je découvris bien vite qu’il est quasiment impossible de trouver une réponse claire à ma question ; ne serait-ce que parce que les critères d’infertilité varient d’un pays à l’autre, rendant quasiment impossible tout classement mondial et parce que les recensements doivent être loin d’être exhaustifs – tous ceux qui ne se reproduisent pas ne vont pas nécessairement se faire examiner.

Alors à quoi faisait-elle référence avec son Japon et son Allemagne ? Peut-être confondait-elle taux d’infertilité (ou nombre de personnes qui ne peuvent pas concevoir d’enfant) et taux de fertilité (ou nombre de naissance par femme) ?

L’Inde est un pays où la femme ne justifie sa présence au monde, ne se ‘réalise’ qu’en devenant mère – c’est encore le cas très fortement et c’est pour ça qu’on y voit des presque grabataires devenir mères (source). Donc il ne serait pas surprenant que pour elle, si une femme n’a pas d’enfant c’est qu’elle ne peut pas, non qu’elle ne veut pas.

Ceci-dit même si le Japon est mal classé, il n’est pas le premier, ni l’Allemagne des pays les moins fertiles (voir le tableau ci-dessous).

Là où le Japon est premier, en revanche, c’est en nombre de naissances utilisant ART (Artificial Reproductive Technology). Peut-être confondit-elle infertilité et recours à la procréation assistée ?

On peut en effet imaginer que des parents en mal d’enfant dans un certain pays (comme le Japon) recourent davantage à une aide médicale que dans d’autres contrées, ce n’est pas nécessairement parce qu’ils sont médicalement infertiles, mais parce qu’ils n’ont pas relations sexuelles (pas le temps, pas l’envie (source)), ou parce que c’est financièrement abordable, ou d’autres raisons. J’émets cette hypothèse parce que si le Japon championne le nombre de procréations assistées, ses taux d’infertilité semblent même moins élevés qu’ailleurs (voir le tableau ci-dessous). Bref, rien n’indique que les Japonais aient davantage de difficultés à concevoir mais tout indique que le recours à une assistante médicale est devenu monnaie courante.

Mais revenons à nos moutons indiens. Les chiffres que j’ai rassemblés laissent à penser que 45% des couples souffrent d’infertilité en Inde (source) mais que moins d’1% des couples atteints rechercheraient un avis médical (source).

Et pourtant je vois des panneaux à presque tous les coins de rue, faisant l’annonce d’une clinique spécialisée en traitement de l’infertilité. Et presque tous les gynécos se targuent d’être des spécialistes de la FIV.

Bref, il est quasiment impossible de dire s’il y a de plus en plus de procréations médicalement assistées en Inde parce que 1. Il y a un nombre croissant de couples infertiles en Inde – une hypothèse liée aux taux d’urbanisation, d’obésité, de femmes ayant des carrières professionnelles croissants et émise par les médias ; 2. Les Indiens font de plus en plus fi du stigma social lié à l’état d’infertilité et acceptent de rechercher une aide médicale officielle (car je suis sûre qu’il y a beaucoup de cas non répertoriés, on sait déjà que 60% des ‘médecins’ en Inde n’ont pas de diplôme de médicine (source)); 3. Les docteurs ont trouvé une manne et investissent dessus – les moins éthiques n’hésitant pas à inséminer ou implanter un embryon des couples indiens malheureux en sexe plutôt de que de les conseiller, les autres se focalisant sur la patientèle internationale qui vient de plus en plus se faire implanter vu que ça coûte trois fois moins cher en Inde qu’aux Etats-Unis (voir le tableau ci-dessous) ; Ou si c’est un mélange de tous ses facteurs.

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Une petite digression pour conclure : l’Inde semble bel et bien un hub de la maternité. Quand ce n’est pas le tourisme médical de la fécondation, c’est celui de l’adoption ou encore le business des mères porteuses. L’Inde est à ce sujet connu à l’étranger depuis 2007, quand une émission d’Oprah mit en scène un couple occidental mettant les voiles pour l’Inde et sa pléthore de mères porteuses. Vu que ça a pris des proportions trop importantes – les étrangers (et les Indiens) faisant leur shopping et les mères porteuses étant payées des cacahuètes (les agents et les médecins empochant eux le jackpot), le Gouvernement a mis le holà fin 2016. Et quand le Gouvernement met le holà, il interdit, purement et simplement*. C’est plus facile que de mettre en place des contrôles. Ce qui fait que le marché noir se développe, et les mères porteuses sont encore plus exploitées.

C’est un peu ce qui s’est passé avec l’adoption. Jusqu’aux années 70, les Indiens étaient peu enclins à adopter – en raison du stigma social, et puis de l’appréhension à faire venir dans la famille quelqu’un dont on ne sait rien, et à cette époque on ne mélangeait pas trop les torchons avec les serviettes, castes oblige (source). Les étrangers eux avaient moins de complexes. Ce qui a évidemment conduit à certaines dérives, comme le vol et le recel de gosses par des Indiens mal intentionnés. Suite à ces scandales dans les années 90, l’Inde a durci ses lois et rendu toute adoption difficile, même pour les Indiens. Cependant il semblerait que le Gouvernement relaxe un peu les règles liées à l’adoption depuis 2015.

* D’après la nouvelle loi (source) seul un couple indien ayant essayé sans succès d’avoir un enfant pendant plus de cinq ans peut avoir recours à une mère porteuse, qui doit être de la famille, et dont ils ne paieront que les frais médicaux.

Sources : http://www.prsindia.org/billtrack/the-surrogacy-regulatio...? ; https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbo... ; https://www.palashivf.com/2017/02/21/ivf-treatment-market... ; http://www.ey.com/Publication/vwLUAssets/EY-call-for-acti... ; http://www.dailyo.in/lifestyle/infertility-on-the-rise-in... ; http://www.who.int/reproductivehealth/topics/infertility/... ; http://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/... ; http://www.ijsr.net/archive/v4i7/SUB156201.pdf ; http://www.aurumequity.com/ivf-india/ ; https://www.researchgate.net/publication/236005514_Adopti...  

lundi, 02 octobre 2017

Contradictions indiennes (2)

Suite des contradictions indiennes: http://www.indiansamourai.com/archive/2017/08/28/contradictions-indiennes-5973719.html

Source: De Sailesh Gopalan: http://untoldstory.in/art/funny-indian-comics-brown-paper...

Comic1.jpg

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lundi, 25 septembre 2017

Pourquoi en Inde personne ne porte de noir?

Indian colours.jpg

Holi-2.jpgEn Inde, c’est la valse des couleurs, partout, tout l’temps. Pas besoin d’attendre Holi, le festival où chacun se balance des poudres colorées et des bombes à eau, pour voir du rouge, du jaune, du violet, du rose qui chatoient sous le soleil quasi-quotidien. Les Indiens, les couleurs, ils les portent sur eux, et ça leur va bien. Surtout les Indiennes.

Mais pourquoi tant d’arc-en-ciel mais pas de noir ? Parce qu’ils voient la vie en rose ? Parce que le noir attire les rayons de soleil ? Si c’était la raison, serait-ce à dire que les femmes musulmanes dans des pays désertiques qui portent des niqabs ou des burqas noirs sont masos ? main-qimg-8d0f1199d8c3a02549019784d53b1a75.pngApparemment le Coran dit que le noir n’est pas imposé, faut juste que ça soit moche, ou tout du moins, « passe-partout » dans le sens où ça n’attire pas le regard (concupiscent) des hommes – c’est raté dans les pays européens, on les repère et les mate vite quand elles portent la burqa, le niqab ou même juste le voile, le hijab ! Alors pourquoi préférer se couvrir de noir ? Selon certains, sous un vêtement foncé, comme cette couleur absorbe la chaleur, on a tellement chaud qu’on transpire, ce qui rafraichit ; c’est également l’explication à la consommation de thé chaud dans les pays brûlants. En Inde, la théorie pour le thé a été adoptée, mais pas celle de se couvrir de noir.

Mosquito.jpgMais pourquoi ? Pourquoi est-ce que dans la spiritualité et la superstition le noir est une couleur néfaste (1) ? Serait-ce tout simplement parce que ça attire les moustiques, comme le veut la croyance populaire – ou en tout cas celle de ma nourrice et de ma voisine ? CNN dit que c’est un mythe ceci-dit. Mais l’expert, dans l’interview, dit aussi que ce qui attire les moustiques c’est le dioxyde de carbone rejeté par le corps et la chaleur corporelle. Ça va dans le sens des théories musulmanes : on sue plus sous un vêtement noir, et par conséquent la peau produirait plus de dioxyde de carbone ; en plus on produit définitivement plus de chaleur vu que le noir l’absorbe. Donc ce n’est peut-être pas complètement un mythe. CQFD. En plus, mythe ou pas mythe, j'ai remaruqé que les moustiques se posent davantage sur les pièces sombres (portes, dessus de lit, miroir) que sur mes murs blancs - et moi qui ai toujours cru que c'était une technique de camouflage! (PS : Le saviez-vous ? Les moustiques se nourrissent de nectar de plante et n’ont besoin de sang que pour leur apport en protéine lié à la reproduction ; les vampires sont donc toutes femelles !)

black1.jpg(1) Le noir est la couleur du mal, de la négativité et de l’inertie ; il symbolise la colère, les ténèbres et est associé à l’absence d’énergie, la mort sans toutefois être la couleur du deuil. En tant que représentation du mal, il est aussi utilisé pour combattre ce dernier – prendre la forme de l’ennemi pour le vaincre – comme on peut le voir dans le point noir appliqué sur le visage des tout petits.

Le blanc, c’est l’absence de couleur ; c’est la ‘non-couleur’ portée aux funérailles et par les veuves tout au long du reste de leur vie, en signe de renoncement aux plaisirs/couleurs de la vie.

Le rouge symbolise la violence, le feu qui brûle et donc aussi la pureté – en Inde le feu a des vertus purificatrices. C’est la couleur de prédilection pour les saris des mariées. Le rouge a également des connotations de sensualité, fertilité et prospérité. Les femmes portent un point rouge sur le front (plus d’explications sur le sindoor, le tilak et le bindi ici). Les piments préférés sont rouges. La terre super fertile est rouge dans certaines régions. L’orange, ou le safran, est la vraie couleur du feu et de la pureté ; quand il est porté, il indique une renonciation du monde et une quête du sacré.

Le jaune du curcumin symbolise la sainteté, le bleu est associé au dieu Krishna, le vert représente le renouveau et la joie. En creusant un peu plus, chaque couleur est associée à un certain dieu ou déesse et représente ses principales qualités.

Pendant Holi, « les pigments qu’ils se jettent ont une signification bien précise : le vert pour l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l’amour » (source : Wikipedia)

Un autre est le code couleur vestimentaire à respecter pendant Navratri (du 21 au 29 septembre cette année). Chacun des 9 jours du festival est dédié à l’une des formes de la déesse Durga.

  • Jour 1 – Pratipada, déesse ‘fille des montagnes et femme de Shiva – Rouge pour l’action et la vigueur
  • Jour 2 – Brahmacharini, en dispensatrice de bonheur et prospérité – Bleu nuit pour une énergie calme mais puissante
  • Jour 3 – Chandraghanta, la déesse avec une demi-lune sur le front représente la beauté et le courage de celle qui se bat contre les démons – Jaune, la couleur qui réchauffe les cœurs
  • Jour 4 – Kushmanda, qui a créé l’univers, vert de végétation – Vert
  • Jour 5 – Skand Mata, qui tient le nourrisson Karthik dans ses bras – Gris pour la vulnérabilité de la mère (qui peut se transformer en tempête de nuages pour protéger son petit)
  • Jour 6 – Katyayani, quand elle se fit renaître comme la fille du sage Kata qui en avait fait le vœu – Orange pour le courage
  • Jour 7 – Kalratri, noire comme la nuit et très en colère – Blanc comme son vêtement, et pour la paix et la prière
  • Jour 8 – La déesse est habillée de rose et détruit tous les péchés de tous les temps – Rose pour un nouveau départ et le renouveau
  • Jour 9 – Siddhidatri avec des pouvoirs surnaturels de guérison – Bleu clair, comme le ciel sans nuages

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 Sources : http://www.sensationalcolor.com/color-meaning/color-aroun... ; https://www.theindusparent.com/significance-of-colours-in...

https://www.nbcnews.com/health/why-some-people-are-mosqui... ; http://edition.cnn.com/2014/07/04/health/mosquito-bites-m...