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mardi, 20 mai 2008

Hijras - Le 3ème sexe en Inde - Suite

Le monde est fou… Voilà ce que j’ai pensé en lisant un article à propos du mariage à Mexico (pourtant très conservateur) de Mario et Diana Guerrero, anciennement et respectivement Maria et Jose. Une femme devenue homme épouse un homme devenue femme. Comment faire simple quand on peut faire compliqué ?? C’est donc un mariage transexuel ("transgender wedding" dans la presse - voir définitions en bas de page) qui a eu lieu…
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Ce qui m’a rappelé mon article sur les hijras en Inde (voir la rubrique docs à gauche) et j’ai décidé de me remettre à la page. Une petite recherche et je vous annonce avec joie que l’horizon à l’air de s’éclaircir pour le 3ème sexe… Voici pour vous la traduction de 2 articles du Times of India (datés des 13 avril 2008 et 22 janvier 2006) :

« On les repère au feu rouge grâce à leur maquillage, leurs saris aux couleurs pétantes et leurs fleurs dans les cheveux, raillant et exigeant quelques roupies. On ne les voit que là et lors de rassemblements où elles viennent demander de l'argent. Le troisième sexe en Inde est une communauté mal comprise souffrant du stigmate social et qui a longtemps été marginalisée.

Mais les temps changent. Aujourd'hui, elles sont actrices de série et mannequins pour calendrier, elles ont des permis de conduire, elles se présentent aux élections, elles travaillent dans des call centers. Le troisième sexe en Inde sort lentement du placard et se dé-marginalise.

Elles obtiennent enfin l’appui (tardif) du gouvernement et des ONG. Le gouvernement du Tamil Nadu, en effet, a récemment décidé de leur accorder un statut officiel et de leur donner des tickets d'alimentation (ration cards = tickets distribués par le gouvernement qui permet aux plus pauvres de se nourrir).

Rose – animatrice télé : est le premier membre du troisième sexe à présenter une émission de débats, sur une chaîne Tamoul, témoigne : « je voulais défier la société, je voulais que les gens comprennent qui je suis réellement. » […] Rose fait partie des membres du troisième sexe qui ouvrent la voie. Rahul Singh, un activiste de la fondation Naz, indique que plusieurs de ses amies appartenant à cette communauté travaillent dans des call centers et gèrent leurs propres entreprises. Les familles acceptent peu à peu ces transformations. Il rappelle l’histoire de cette une famille de la classe moyenne qui non seulement a accepté le statut transsexuel de son enfant mais a également accepté son mariage. Elle était allée à l'école et l'université en tant que mâle. Ca a été un choc pour la famille quand elle a décidé de suivre son coeur mais ses parents l’ont acceptée maintenant.

D'autres comme elle trouvent également des partenaires pour la vie en dehors de leur communauté. Padmini – mariée : elle a épousé son petit ami Prakash et a été accepté par ses beaux-parents. Selon Lakshmi Bai, directeur de projet de l'initiative d’une association contre le SIDA du Tamil Nadu (TAI), « il est très important qu’elles prennent conscience de leur talent. Récemment, certains de nos membres du troisième sexe ont participé à un concours régional. Impressionné par leur performance, le présentateur lui-même a reconnu que c'était la première fois que quelqu'un avait répondu bon à toutes les questions. Les gens ont été stupéfiés et les ont applaudies. En fait, cela a même permis aux familles de faire le premier pas et se réconcilier avec elles. 

« Faire du mannequinat ou de la politique, danser... leurs horizons s’ouvrent comme jamais. Alors que Shabnam Mausi de Bhopal est devenue le 1er membre du troisième sexe à gagner un siège à l’Assemblée il y a quelques années, Sridevi de Bangalore fait des vagues dans le monde du mannequinat. Récemment, elle a posé pour un calendrier réalisé par le photographe K Venkatesh, qui l'a rencontrée dans la rue et a été tellement frappé qu’il lui a proposé de poser pour lui. Le succès de la récente exposition de ses photographies permet à Sridevi d’être excitée à l’idée de perspectives futures. Comme elle, Padmini, 27 ans, transsexuelle, a été acceptée dans le monde artistique en tant que danseuse de Bharatanatyam (danse classique indienne originaire du Sud de l’Inde – voir photo : Narthaki danseuse transgendre également). Elle danse sur scène à Mumbai et à Chennai et jouera bientôt dans une série aux côtés de la 1972244386.jpgstar Tamoul Khushboo. « On m’a dit que mon rôle ne sera pas l'un de ces rôles typiquement réservés aux membres du troisième sexe mais celui d’un élément de la société traditionnelle. ».

Rahul Singh indique que les employeurs dans des grandes villes commencent à accepter d'avoir des employés transsexuels. Akkaamma de Bangalore, née Jagdish, indique que quand elle était à l'université, la discrimination était telle qu’elle a dû arrêter ses études parce qu'il n'y avait aucune aide et personne à qui s’adresser. Mais maintenant, 10 ans plus tard, avec des ONG soutenant notre cause, les gens comme nous sentent renaître l’estime de soi. Ils sont prêts à reprendre le combat pour se faire accepter. »

Le nombre d'incidents de discrimination au travail et à la maison contre les membres de cette communauté au travail a également diminué ces dernières années. « Jusqu'à très récemment nous recevions environ 100 cas de discrimination par mois mais maintenant seulement 10-12 » témoigne Akkaamma, qui travaille avec Sangama, une ONG qui agit en faveur du sexe marginalisé. Elle a le sentiment que le mouvement du gouvernement du Tamil Nadu aura des répercussions en offrant à la communauté de vivre dans la dignité.

D’avoir un statut officiel leur permet d’obtenir des permis de conduire, des tickets d'alimentation et des passeports. Revathi de Bangalore est l'une des rares à avoir un permis, acquis avec beaucoup de difficulté. Elle conduit maintenant un scooter pour aller travailler. Comme Rose témoigne : « maintenant, avec le succès de mon émission, appréciée par tous les segments de la société, ma famille m'a peu à peu acceptée. Beaucoup de gens m'appellent pour me dire que « je veux être comme vous ». Article_Times of India_From the shadows_130408.pdf

Les filles de Lucknow, de Patna, d'Ahmedabad, de Jaipur et de Ludhiana, selon une enquête sur le sexe réalisée par un important magazine hebdomadaire, perdent leur virginité bien avant (15-18 ans) les filles des grandes villes. Les femmes à Ahmedabad et à Jaipur demandent plus de variété dans le sexe. Les gens de Patna sont ceux qui matent le plus de pornographie. On entend beaucoup d’histoires de jeunes mariées lesbiennes à la campagne, de changement de sexe d'un instituteur de village du Bengale occidental, de groupes de filles chopées à mater des films de cul dans des cybercafés... La révolution du sexe a-t-elle vraiment touché l’Inde des petites villes ?

« Aujourd'hui faites attention un samedi soir. À Bombay, des hommes en sueur, torse nu, dansent avec d’autres hommes au Voodoo, le premier bar (ouvertement) gay du pays. Dans la ville méridionale de Bangalore, comme dans beaucoup de plus petits centres, des couples qui se trouvent par petites annoncent commencent discrètement des parties d’échangisme. De plus en plus Indiens ont décidé qu'ils ne se satisferont pas d’aperçus ou de rêves, et un genre de révolution sexuelle se fait sentir – cela ne fait que s’ajouter aux autres inévitables changements sociaux en cours. » Ceci est extrait d'un rapport du Times au sujet de la révolution sexuelle de l'Inde paru en 1996. Clairement, nous avons parcouru un long trajet ces 10 dernières années. La petite ville a dépassé la grande. L'histoire du changement de sexe de Mafatlal ne nous amuse plus. Les riches et les célébrités ont les moyens d'avoir de telles prérogatives. On n’en a pas fait un foin quand le Metro de Mumbai a annoncé l’ouverture d’un espace libre appelé le Drop-In Centre où les communautés lesbienne, gay, bisexuelle et du transgendre peuvent passer du temps sans être poursuivie ou condamnée.

Intéressons-nous à l'histoire d'Unnimaya, 23 ans, et de Sheela, 21 ans, deux lesbiennes du Kerala. Après le meeting de l’International Lesbian and Gay Law Association à Toronto l'année dernière, E J Graff, un thésard au Centre de Recherches des Etudes des Femmes Brandeis a écrit un article au sujet des jeunes mariées lesbiennes en Inde. « Vers la vingtaine, ces femmes se rencontrent et tombent amoureuses ; une fois que la menace d’un mariage arrangé se fait sérieuse, elles s’enfuient loin de leurs parents et font leurs propres cérémonies de mariage dans des temples hindous, échangeant des guirlandes et s’oignant le front l’une de l’autre avec des points rouges. En réponse, chaque couple de parents accuse l'autre femme d'avoir enlevé leur fille et envoie la police pour ramener les femmes de force. Mais par rapport à il y a trois ans, la fin de l'histoire change. Alors que les femmes se suicidaient, elles sont maintenant soutenues devant le tribunal par des groupes de femmes locales ou des groupes lesbiens en ligne – et les juges locaux, incroyablement, se mettent du côté des femmes. Quand les familles harcellent les femmes, les juges ordonnent réellement la protection de police. Les journaux indiens, naturellement, aiment ce genre d’histoires juteuses, pleine de désobéissance, de romance, et de sexe illicite entre femmes (qui n'est pas illégal, puisque la section 377 ne s'applique qu’aux hommes).

Ainsi, chaque couple de mariées inspire plus de femmes dans cette vaste nation. »

La révolution sexuelle a-t-elle donc vraiment touché Inde des petites villes ? Oui. Les opérations de changement de sexe ont eu lieu dans un village au Gujerat, déjàen 1987. Tarulata/Tarun Kumar est passé de l’état femelle à l’état mâle et a épousé Lila en 1989. Le père de Lila a fait passer une pétition à la Haute Cour du Gujerat prétextant que c’était un mariage lesbien et stipulant que le mariage devait être annulé. La pétition citait que « Tarun Kumar ne possède ni l'organe masculin ni n'importe quel mécanisme normal de cohabitation, de rapports sexuels et de procréation des enfants ». L'adoption de mécanisme artificiel ne crée pas la virilité et donc Tarun Kumar n'est pas un mâle. La pétition a réclamé  une action criminelle sous la section 377.

Dans un article intitulé La loi et l'homosexualité en Inde, Sriniketan écrit : « le concept de la famille se rapporte à un établissement universel, permanent et dominant caractérisé par l'accès à la sexualité et la reproduction socialement approuvés, à une résidence commune, à des services domestiques et à une coopération économique. Laissez-moi citer 2 exemples de système alternatif de mariage tels qu’ils existent en Inde. Parmi la communauté de Nayar en Inde Du sud, qui a suivi le système matriarcal de descendance, plusieurs hommes pourraient avoir accès à une femme à travers les rites de Tali et les unions Sambandham. La chaîne de Tali et le cadenas portés autour du cou sont attachés par un homme d’une certaine sous-caste qui a la capacité d’accomplir le rite, et ceci lui donne des droits sexuels sur la femme. Ces droits sont automatiquement étendus à n’importe quel homme d’une sous-caste supérieure (mais toujours dans la même caste), en général Nambudiri, qui est attiré par la femme et que celle-ci juge acceptable. Les hommes qui ont eu des relations Sambandham n'ont aucun droit exclusif en tant que mari ou père; la femme pourrait retirer l'accès sexuel qui leur a été donné à tout moment si elle le souhaitait. Elle a reçu le droit sur sa progéniture dans son Tarawad (foyer de la famille matriarcale). Dans le NayarNambudiri Sambandham, l’homme n’a pas le droit de diner avec son épouse ou enfants, et encore moins de partager les corvées domestiques ou toute activité économique.

Dans un petit village Angaar au Gujerat, au sein de la communauté Kutchi, un mariage ritualiste transgendre est exécuté pendant la période du festival de Holi. Ce mariage qui est célébré chaque année depuis 150 ans est peu commun parce qu'Ishaak, le jeune marié, et Ishakali, la jeune mariée, sont deux hommes. »

Ainsi,  tous ces actes « explicites » de sexualité ont eu lieu depuis des décennies, des siècles. Le Kamasutra a ses origines dans ce pays... On ne peut pas nier que le tabou et les restrictions en matière de sexe, de préférences et habitudes sexuelles se sont allégés aujourd’hui. Aujourd’hui, même dans l’Inde des petites villes. […] Article_Times of India_Sex revolution in small town_220106.pdf

Définitions (Wikipédia) :

Transidentité ou transsexualisme = situation dans laquelle une personne a la conviction qu'elle est du genre sexuel opposé à celui qui lui a été assigné, à sa naissance, en fonction de l'apparence de ses organes sexuels externes. Le transsexualisme n'a aucune incidence sur l'orientation sexuelle d'un être humain.

Transgenre = terme plus global pour désigner la situation d'un individu dont l'identité sexuelle est en conflit avec celle traditionnellement attribuée aux personnes de même sexe. Mais cette utilisation du mot « transgenre » est trompeuse, car il est aussi utilisé pour désigner des personnes qui sont dans une dynamique très différente de celles des personnes transsexuelles, à savoir celle de personnes qui n'entreprennent pas (et ne veulent surtout pas entreprendre) d'opération de réattribution de sexe.

Il est donc important de distinguer les personnes dites « transsexuelles » — pour qui le fait de « restaurer » leur corps (de le mettre en conformité avec le genre auquel elles s'identifient) — des personnes « transgenres » — qui ne ressentent pas ce besoin et dont l'identité de genre est souvent beaucoup plus complexe que celle des personnes transsexuelles. 

jeudi, 15 mai 2008

Le sexe est le prix que les femmes paient pour se marier. Le mariage est le prix que les hommes paient pour avoir du sexe.

Citation en titre d'Allan Pease (Extrait de Pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ) / METTEZ LE SON POUR CETTE NOTE!

 

A votre avis, pourquoi est-ce si important en Inde que les filles restent vierges jusqu’au mariage (quitte à leur couper toute vie sociale, limite les séquestrer et leur imposer un mari)? Ben ptêt pasqu’en tout Indien sommeille un Michel Fourniret… Flippant (Extrait du Monde, le 14.05.2008):

« Il reconnaît qu'il "reste un individu dangereux". Il date cette dangerosité de sa rencontre avec Annette, sa première épouse, dont il a découvert la non-virginité au soir de leurs noces en 1966. Fourniret en aurait conçu une déception dont il ne s'est jamais remis. "Dans les diverses étapes de mon parcours, tant que je n'ai pas eu la réponse à la question que je m'étais posé à mon premier mariage [la quête de la virginité], je suis devenu quelqu'un de dangereux", a-t-il indiqué. A l'en croire, si ce soir-là Michel Fourniret avait – ainsi qu'il en rêvait – défloré sa jeune épouse, son existence en eût été autre. "Je me connais suffisamment pour savoir que pour moi ça aurait été le jour et la nuit. Ça aurait tout changé", estime-t-il, sûr de lui.

Pendant son périple meurtrier, Michel Fourniret a cru "faire [l'expérience de la virginité] avec Céline Saison", tuée de ses mains en mai 2000, mais il a eu un "doute dès qu'[il] a redémarré". A ce jour et selon lui, Fourniret n'en a toujours pas terminé avec son obsession. »

521783860.jpgCe qui nous amène tout naturellement à parler sexualité indienne et surtout virginité (de la femme).

D’abord il faut savoir que si près de 63% des Indiens s’attendent à épouser des vierges, 49% ont eu des relations pré maritales avec une prostituée (comme au temps de mon grand-père en somme) et 37% ont eu une expérience homosexuelleSource : Indianpad.com citant India Today magazine 2006.

Les Indiens (enfin surtout les Indiennes) attendent donc le W-Day pour consommer. Résultat, les Indiens perdent leur virginité en moyenne à 22.9 ans ; seuls les Malaysiens les battent (23 ans) – Source : Times of India (05.07.07) – ce serait 17,5 ans pour les FrançaisSource : lci.fr (05.06.03).

Mais comment savoir si la mariée est vierge ?? Facile…

Soit on fait le test « Kukari ki Rasam » (le rituel de la cordelette) : on utilise un espèce d’écheveau pour détecter la présence de l’hymen intact. Il y a aussi le test « Paani ki Dheej » (pureté par l’eau) : la femme doit retenir son souffle sous l’eau pendant qu’une autre personne descend 100 marches ; si elle craque, elle n’est pas vierge. Et enfin le test « Agnipariksha » (le test du feu) : la mariée doit marcher sur du fer chaud sur les mains avec juste une pâte faite de feuilles et de farine pour se protéger les mains de la chaleur ; si elle se brûle les mains, elle est impure. Ils ont de l’imagination ces Indiens… Et pourquoi croyez-vous qu’ils ont inventé ses douces formes de torture qui auraient épargné bien du souci à Michel Fourniret ?? Hormis le plaisir d’une bonne raclée et d’une humiliation publique de la fille, les maris de femmes impures s’offrent un bon pactole : ils obligent les épouses à révéler (ou inventer) le nom de leurs amants (si y en a qu’un c’est pas drôle) et vont leur taxer du fric, après avoir racketté les beaux-parents pour leur avoir refilé une traînée – Source : Webster.edu Article_Expressindia_Virginity tests torment woman in Raj_151200.pdf

Alors pour éviter d’être battues, abandonnées, dévalisées ou encore tuées, que font les femmes impures – surtout les Indiennes britanniques (les coutumes indiennes s’exportent plutôt bien) ?? Facile…

Soit elles vont dans un farce-et-attrape acheter du faux sang (conseillé par des professionnels de la santé). Soit, si vraiment elles veulent pas prendre le risque de se faire choper et qu’elles ont les moyens, elles se font refaire l’hymen ! Ah bah attends… 24 réparations d’hymen au National Health Center – UK (2005/06) / La procédure à Londres coûte jusqu’à to 2,500€ - Source : BBC News : Article_BBC News_Asian Brides faking virginity_030308.pdf

Mais alors le plus « drôle » c’est que cette obsession de la virginité n’existait pas en Inde ancienne. Dans ces temps reculés, les jeunes femmes et hommes pouvaient avoir des relations « romantiques » sans craindre le scandale (voir les exemples donnés sur Lionbikash.sulekha.com/blog). Puis on a rendu les femmes obéissantes et soumises (il était temps vous me direz…) et on s’est mis à les marier jeunes pour être sûr qu’elles n’aient pas cédé à leurs irrationnelles impulsions inhérentes à leur condition de femme – Source : indian-history.suite101.com J’ai même lu que ce l’arrivée du christianisme et de l’islam auraient fortement contribué à l’implantation de cette coutume en Inde. Ca paraît pas débile.

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mercredi, 14 mai 2008

Histoire de poils - Suite

J’aimerais revenir sur un article écrit en début d’année sur la pilosité de nos amis indiens, et ce suite à la couverture d’hier dans le journal : Article_Times of India_Sisters & Hair-raising existence_130508.pdf

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Pour terminer sur le sujet des poils dans les oreilles : alors que je l’avais lu quelque part, je n’avais pas réussi à trouver en ligne que c’est une particularité génétique indienne. Voici maintenant des chiffres ! Il y aurait 26% de cas en Israël, 50% à Madras (Inde) et 10% au Bengale (Inde) – Hypertrichosis.com

Maintenant revenons à ces pauvres frangines. Là, je dois dire : pas d’bol. Il s’agit d’une maladie génétique (le chromosome 8q étant possiblement coupable) appelée « Congenital Hypertrichosis Lanuginosa », une maladie facile à identifier : le patient est velu de partout sauf des pieds et des mains. C’est une maladie hyper rare ; évidemment, pas de chiffres exacts : notamment dans les pays pauvres (et superstitieux – le pauvre gamin est souvent pris pour une réincarnation de Hanuman, le dieu Singe, même si il est plus souvent traité de monstre ou de goblin), on cache les gens atteints d’hypetrichose. Fut un temps où nous les exposions comme bêtes de foire pour gagner de l’argent (19ème siècle), mais maintenant que c’est dûment expliqué scientifiquement, qui paierait pour voir ça ?? Bref, selon les études, il y aurait un cas sur un million ou un cas sur 10 millions. Etant donné qu’à peine une centaine de cas est recensée dans le monde aujourd’hui, ça fait plutôt une chance sur 100 millions. En se basant sur ce chiffre-ci, statistiquement, l’Inde devrait avoir une dizaine de cas. Et ben voilà, rien que dans le petit village de Sangli, y en a 4 ! Dans la famille en photo, 3 sœurs sur 6 ont eu le problème ; total, quand on a marié l’aînée (avec une pilosité normale), on a planqué les frangines !

Cela mérite une petite remise à niveau sur la pilosité (sujet qui me dégoûte autant qu’il me fascine). Saviez-vous que chez l’homme, le développement des poils commence chez l’embryon. Au sixième mois, le fœtus est entièrement recouvert de poils très fins (le lanugo). Ce lanugo disparaît - Entre le septième mois de la vie embryonnaire et les premiers jours de la vie extra-utérine. Il est remplacé par des poils drus sur les sourcils, des cheveux sur le crâne et un duvet très fin sur le reste du corps. Ce n'est qu'à la puberté que le duvet fera place aux poils définitifs. En ce qui concerne le cheveu, il succède directement au lanugo à partir du septième mois. En cas d’hypertrichose congénitale, le lanugo ne tomberait pas… Des fois ça se résolve tout seul mais des fois pas. On ne sait pas pourquoi. Et quand ça persiste, la seule solution, c’est l’épilation. Mais on imagine bien que dans un village indien, le laser n’est pas à portée de bourse… Peut-être qu’elles pourraient vendre leur poil sur le site complètement délire de l’Association du Don du Poil ??

NB : La vitesse de croissance des poils varie avec l'âge et la longueur du poil. Pour un poil court, la vitesse moyenne de croissance est d'environ 2 cm par mois mais, pour un poil de 20 cm de long (cheveux), la vitesse de croissance est réduite de moitié. La plus forte vitesse de croissance s'observe chez les femmes de 16 à 24 ans. La forme et la couleur des poils sont des caractéristiques héréditaires. Les filles, sachez qu’en Inde, la fréquence d’épilation augmente drastiquement ! En voilà qui aiment le pays, c’est sûr : les poils. La chaleur dynamise la pousse, un truc de ouf.

 

349862447.jpgD’ailleurs, en Inde, le poil, et l’épilation sont traités différemment. Par exemple les filles (de la classe moyenne supérieure) s’épilent les bras. Résultat les esthéticiennes demandent à chaque fois si elles doivent nous épiler les bras et s’offusquent quand nous refusons (même chose pour la moustache !)… Ou encore elles détestent faire le maillot (nous avons recensé les rares spécimens de Pune assez téméraires pour s’y risquer) mais quand elles y vont, elles y vont : une copine s’est retrouvé avec un mini-maillot brésilien en moins de temps qu’il ne faut pour le dire ! Elles ont également une méthode marrante (et originaire d’Inde) pour épiler les sourcils : l’arrachage avec un fil de coton (voir la photo). La première fois que j’ai vu ça, j’ai trop rigolé : la nana qui se faisait épiler se prenait carrément au sérieux (rapport au maquillage, style vestimentaire et attitude générale) ; quand l’épilation des sourcils a été terminée, elle a levé les bras pour tenir le miroir et émettre son opinion et là… la forêt vierge sous les aisselles. Dégueu. Même si les Indiennes souvent ne s’épilent pas les aisselles (voir 487663715.jpgKarina Kapoor dans Tashan), j’ai quand même vu un mec se les faire raser chez le barbier du coin !

Rien à voir mais y a le mot poil alors… En mars, le dernier Poilu français est décédé. Saviez-vous pourquoi on appelait les soldats de la 1ère Guerre Mondiale des Poilus ? Wikipédia :

1. La signification du mot « poilu » désignait à l'époque dans le langage familier ou argotique quelqu'un de courageux (cf. par exemple l'expression plus ancienne « un brave à trois poils », que l'on trouve chez Molière), ou l'admiration portée à quelqu'un « qui a du poil au ventre [ou aux jambes]».

2. Dans un ouvrage du linguiste Alfred Dauzat datant de 1918, on trouve une histoire du mot intéressante : « Avant d’être le soldat de la Marne , le « poilu » est le grognard d’Austerlitz, « ce n’est pas l’homme à la barbe inculte, qui n’a pas le temps de se raser, ce serait trop pittoresque, c’est beaucoup mieux : c’est l’homme qui a du poil au bon endroit, pas dans la main ! »

3. Une version populaire de la signification prétend que le surnom fut donné pendant la Grande Guerre , du fait des conditions de vie des soldats dans les tranchées. Ils laissaient pousser barbe et moustache et, de retour à l'arrière, paraissaient tous « poilus ».

Prochain post : le poil dans la main chez les Indiens (on reste dans le thème ;) ). 

Sources : Hypertrichosis.com – Beauty-cosmetic-guide – eMedicine – hair-science-fr – MSN Encarta – Wikipédia