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jeudi, 02 janvier 2014

Moi, déesse...

En visite à Madurai, dans le Tamil Nadu, alors que mon collègue m’attachait une guirlande de jasmin dans les cheveux, je lui demandais si la trace rouge sur le front de son commercial signifiait qu’il avait fait sa prière (voir ma note sur le bindi ici). Il me répondit par l’affirmative, ajouta que c’était pour porter bonheur, et que d’ailleurs lui aussi avait l’habitude de faire ça mais qu’il avait cessé depuis qu’il était devenu dieu. Devenu dieu ???? 

Bah oui, maintenant qu’il est devenu manager, que des gens travaillent pour lui et que donc il les fait vivre, il est un peu comme dieu pour eux. D’ailleurs moi aussi je suis déesse si je veux. Et notre general manager aussi. C’est d’ailleurs pour ça qu’à chaque meeting nos gars le soulèvent et dansent, avec lui dans les airs. Il vénère leur dieu…

Voilà, et le reste de l’année il lui pète les couilles à dieu !!

Enfin on est quand même loin de la haine du patron rencontrée dans d’autres contrées !

dimanche, 22 décembre 2013

Interview pour Internations.org

Mon blog a été mis en avant sur Internartions.org (une bonne plateforme pour rencontrer d’autres expatriés partout dans le monde). Et voici ce que j'avais à leur dire !

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 Parle-nous un peu de toi. Qui es-tu, d'où viens-tu, quand es-tu arrivée en Inde, etc.  

Je suis une (jeune) trentenaire parisienne. J’ai débarqué en Inde en 2006 ; c’était pas trop un choix. Mon choix c’était de travailler un bout de temps à l’étranger et je n’ai trouvé d’option qu’en Inde une fois terminée mon école de commerce. Et quelle aventure depuis lors ! J'ai changé de boîte, de job, de ville et tout kiffé ! Je suis actuellement basée à Mumbai. 

Quand et pourquoi t’es-tu mise à bloguer tes expériences ? 

J'ai commencé mon blog le jour que j'ai atterri en Inde. Initialement, l’idée était de partager mes expériences avec ma famille et mes amis et finalement mon blog est devenu une espèce de « thérapie » : écrire m’aide à réfléchir et comprendre certaines situations, échanges, bref tout ce qui me fait halluciner dans ce pays incroyable. 

As-tu des notes de ton blog que tu recommenderais ? 

J'ai quelques notes qui ont fait pas mal réagir et reçu pas mal de commentaires. Certaines qui font rire comme celle-ci Quand Jane rencontre Tarzan... ; certaines qui surprennent comme Quand Superman sauve IndianSamourai et, enfin certaines qui intéressent comme Pourquoi en Inde. 

En quoi ta nouvelle vie en Inde est-elle différente de celle en France. As-tu eu des difficultés à t’adapter à ton pays d’accueil ? As-tu vécu le « choc culturel » ? 

J'ai eu un « atterrissage » plutôt en douceur parce que j'ai rencontré un Indien quelques semaines après mon arrivée et il a m’a aidée à comprendre beaucoup de choses. J'ai eu quelques difficultés avec mon premier patron indien qui ne m’a pas rendu la vie facile. J'ai bien eu des chocs par-ci par-là – comme les trois semaines après mon premier retour en France après huit mois en Inde (j’étais pas au top et je ne mangeais que des chips ou des frites !). Mais de manière générale, je fais un beau voyage... 

Penses-tu que tu étais préparée à ce qui t’attendait en Inde ? Si tu le pouvais, changerais-tu certaines décisions/préparations ? 

J'ai voyagé en Inde (et dans d’autres pays en développement) depuis mon plus jeune âge ; j’avais donc une idée de là où j’allais mettre les pieds. A part ça je n'étais pas vraiment préparée. Mais aussi je dois dire que je n’avais aucune attente (bonne ou mauvaise) et je pense que ça m’a beaucoup aidée : je ne risquais pas trop d’être déçue. 

Tout expatrié a des anecdotes hilarantes et expériences drôles. Pourrais-tu en partager avec nous ?  

J'en ai tellement ! Peut-être que vous pouvez consulter cette liste sur mon blog, qui se réfère à ma vie quotidienne ici.: Histoires de Samourai. 

Si tu devais donner trois conseils aux futurs expatriés qui pensent tenter l’aventure en Inde ?  

  • Soyez patient – il faut des années pour commencer à comprendre l'Inde, et il n’y a pas de fin – on découvre tous les jours quelque chose qui vient tout remettre en question... (J'aime ce dicton : « si vous avez de la patience, l’Inde vous la fera perdre, si vous n'avez pas patience, l’Inde vous l’apprendra. » Je pense que c'est vrai, et aussi que c’est un cercle vicieux !)
  • Être ouvert d'esprit (souvent plus facile à dire qu'à faire quand on vit ici croyez-moi !).
  • Toujours essayer de comprendre pourquoi les Indiens font ce qu'ils font (surtout au travail), sinon ils vous rendront fou et les choses n’avanceront pas pour autant. 

Comment est la communauté des expatriés en Inde ? As- tu trouvé difficile de trouver des personnes partageant les mêmes idées ou des expatriés? 

J'ai toujours eu 3-4 très bons amis expats, pour la plupart français, mais je ne connais pas vraiment la communauté des expatriés. Il est relativement facile d’en trouver (via Internations.org ou writers.com) même si nous sommes relativement peu nombreux en Inde... Cependant, je ne trouve pas si facile de trouver des personnes qui partagent les mêmes intérêts – le fait que les étrangers restent le plus souvent un ou deux doit jouer, surtout que l’on évolue beaucoup par rapport à la culture locale après ce seuil des 2 ans en Inde.  

Comment pourrais-tu résumer ta vie d'expatriée en Inde en une phrase simple et accrocheuse ? 

Vivre en Inde, c'est probablement le défi plus difficile et le plus enrichissant que j’aurais jamais connu !

lundi, 18 novembre 2013

Quand Jane rencontre Tarzan…

Ma pote le sait maintenant, il faut être un aventurier pour voyager avec un samouraï ! Après la rencontre avec les terroristes Naxalites à Bastar (Chattisgarh), avec les rhinocéros et les moines danseurs d’Assam, je lui proposai cette fois-ci une plongée au cœur de la jungle du Karnataka…  

Bonne âme, elle me fait confiance et ne se penche pas trop sur la destination. Bonne âme, elle ne fait pas de commentaire quand nous arrivons dans notre maison d’hôtes à une heure du matin, après une heure et demie de vol et cinq heures de route sur un chemin plus que cabossé. Moins bonne âme, elle me réveille au milieu de la nuit en hurlant : « Je suis terrorisée !! Je veux partir !! » Et je la vois, assise dans le lit, son portable à la main, tentant de battre l’obscurité la plus totale et d’éclairer le lit dans lequel une bête semble s’être invitée. Prudente, avant d’allumer la lumière je lui demande si elle pense que c’est un rat. Prudente elle aussi – elle sait que si elle répond par l’affirmative je serais dehors en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et elle n’aurait plus qu’à se débattre seule avec le monstre – elle répond qu’elle pense que non. J’allume donc la lumière. Samouraï jusqu’au bout de la nuit… Et je dégage bravement le fautif : un oreiller. Si si ! L’oreiller lui pesait sur les pieds et suivait ses mouvements à elle, imitant sournoisement un serpent. Ou un rat. 

 

inde,karnataka,mojo plantation,rainforest retreat,coorg,madikeri,tarzan,george de la jungleAprès une nuit donc un peu agitée, quelle récompense en ouvrant la porte au petit matin : des hibiscus, des bananiers, des plantes en veux-tu en voilà ! Et des papillons. Et des libellules. Et des araignées. Et des insectes tout droit sortis d’Alice Au Pays des Merveilles. Et là, en pleine observation faunique, nous tombons en arrêt devant un mâle de plus belle espèce… Euh allo ?? Mais questufoulà Gael* ?? Epoustouflant !! C’est donc là, dans le trou du cul du Karnataka, que se cachent les beaux gosses… Qui l’eût cru ?? 

 

Nous entrons rapidement dans le vif du sujet avec le spécimen chilo-italo-belgio-basque français en question : dans la jungle, pas de place pour les faux-semblants. Nous les filles sommes fringuées comme des camionneuses, avec le bronzage qui va avec (dû à un coup de soleil méchant pendant la première balade), et poilues, les camionneuses !! (Les poils semblent inspirés par la luxuriance de la végétation et qui dit jungle dit pas d’électricité dit pas d’épilation et avec l’humidité on ressemble vite plus à Cheetah qu’à Jane !). Et notre Apollon passe ses journées à jardiner, torse nu, avec des sangsues collées entre les doigts de pied, des toiles d’araignée dans la barbe, de la peinture sous les ongles et un maillot de bain qui le gratte. Ce ne serait que ça, on pourrait faire fi ! Mais non. Après un mois et demi de travaux manuels (et de solitude) dans la jungle, il est tellement content de trouver des compatriotes (et des filles, seules et jeunes) qu’il se livre tout entier, et impossible de l’arrêter.  

 

Il nous raconte donc par le menu la fréquence de ses douches (à savoir deux par semaine), sa frustration sexuelle (ou comment il a découvert le moyen de télécharger des photos pornos sur son ipod pour ses soirées en solitaire), ses difficultés liées à l’absence de papier toilette, son comportement de Don Juan qui se tape tout ce qui bouge, ses études ratées et son « école de la vie » indian-style, ses tendances macrophages avec les filles (se définissant lui-même comme un « champignon » qui phagocyte ses copines et s’épanouit grâce à elles), ses envies de courir tout nu dans notre chambre. Oui oui, nous aussi nous en sommes restées comme deux ronds de flanc… Surtout qu’il venait de préciser qu’il aimait bien les poils chez les femmes (message subliminal (confère ce que j’expliquais précédemment)??). Et qu’il aimerait bien passer la nuit entre nous deux ! Ah la fougue des jeunes mâles de 25 ans !!  

 

J’avais choisi l’endroit pour être au calme : pas de réseau téléphonique, pas d’internet, pas de télé, pas d’ordinateur, pas de rien du tout. Mais le destin en avait décidé autrement et m’imposa d’écouter les élucubrations de George de la Jungle, qui ne semblait pas avoir percuté du tout le concept du « sois beau et tais-toi ». Huit heures non-stop. J’avoue avoir commencé à perdre le fil après sa tirade sur la zoophilie… Et le pire, oui le pire, c’est qu’après ce déballage d’atrocités tu le regardes et tu te dis « mais qu’est-ce qu’il est beau » ! Va comprendre les nanas… 

 

Pendant nos parties de scrabble, ma pote et moi observions Georgie biner avec ferveur dans son jardin. Et entre deux parties, nous le regardions attraper des cafards pour nourrir ses scorpion et grenouilles, s’ébattre dans les rivières, transporter des bambous, répondre aux sourires des jeunes paysannes toute émoustillées…  Ah Georgie… Qui refusait d’ailleurs de répondre à ce doux surnom d’un « Tarzan raté » ! 

 

Rien de tel que des discours sur l’agriculture organique pour calmer des hormones en ébullition… J’avais en effet choisi la guesthouse d’une plantation organique gérée par un couple de chercheurs botaniques (lui Canadien d’origine indienne et elle Indienne) qui avaient fui leur labo de Delhi pour aller voir comment l’agriculture marchait dans la vraie vie… Nous avons ainsi appris que les monocultures extensives et les pesticides détruisent le sol, l’écosystème et nos organismes. Et que la prolifération des plantations de café dans la région menace l’habitat naturel des éléphants, les poussant à attaquer les champs et les villageois. Nous avons également parfait notre culture herpétologique et arachnoïdienne.  Ce qui n’empêcha pas les yeux de ma pote de jaillir de leurs orbites chaque fois qu’ils repéraient une énorme araignée poilue alors qu’elle bouquinait tranquillement au lit ! Ou d’appeler Georgie à la rescousse quand un criquet géant s’offrait une partie de trampoline sur le pieu ! Parce qu’en plus d’être beau, il se baladait partout avec son piège à filles, un petit filet avec lequel il attrapait les grenouilles… 

 

Notre beau mâle en rut fut obligé de se dépasser pour assouvir ses besoins sexuels – et il avait sacrément faim ! C’est ainsi qu’il nous invita à boire du rhum épicé autour d’un feu préparé par ses soins. Devant notre peu d'enthousiasme pour chanter des chansons paillardes, il eut la bonté de s'abstenir !  

Pour finir, il jeta son dévolu sur votre humble serviteur et… repartit bredouille. Comme je disais, va comprendre les nanas… ;) Enfin pas complètement bredouille non plus : je lui fis don de notre fin de rouleau de PQ pour éponger les souvenirs de ses soirées en solitaire!

 

On ne le remerciera jamais assez d’avoir pimenté notre séjour junglistique de 3 jours qui aurait autrement seulement consisté en treks matinaux, nourriture goûtue et saine (peut-être même un peu trop !), siestes, jeux de société et découverte de l’agriculture organique !  

 

*C’est un sosie de Gael Garcia Bernal.  

 

Coorg, Karnataka - Nov 2013

 

Je recommande vivement Mojo Plantation, Madikeri district, Coorg, Karnataka.

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