Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 28 septembre 2015

Ganapati, des fanfares... éléphantesques!

Ça faisait 9 ans que j’en prenais plein la vue avec le festival de Ganesh (voir précédentes notes) ; maintenant j’en prends surtout plein les oreilles !

Voici typiquement le spectacle musical pour rentrer chez moi, et j’ai d’ailleurs le même une fois chez moi, l’insonorisation n’étant pas le point fort des appartements indiens.

Chaque année c’est des millions d’idoles de Ganesh, le dieu à tête d’éléphant, qui sont mises à la mer, emportant avec lui les pêchés des pauvres mortels. Lesquels dépensent des fortunes (oui oui même les pauvres. Surtout les pauvres en fait.) pour avoir le plus beau Ganesh du quartier. Et pour le faire savoir – et le plus sûr moyen étant d’investir dans une sono fantastique et de jouer de la techno à FOND.

En plus de choquer les oreilles, le festival me fait un peu mal au cœur, personnellement. Une catastrophe écologique, ces tonnes de plâtre de Paris (qui ne se dissout pas du tout en 24 heures, contrairement à de l’argile (source)) et peinturlurées de produits toxiques balancées à la mer chaque année…

Mais soyons positifs ! Il y a des initiatives sympas, porteuses d'espoir. L’immersion dans des bassins au lieu de la rivière. La statue en chocolat immergée dans du lait et distribuée aux pauvres. Le Ganesh fabriqué en bouffe pour poissons avec des colorants naturels à base d’épices. Alors évidemment ça pose des problèmes métaphysiques, et les experts religieux débattent du devenir des Ganesh une fois immergés. Finir dans une décharge ou dans le bide de poissons ou de petits miséreux, est-ce bien religieusement correct ? Je n’ai évidemment aucune expertise théologique mais finir en déchet rejeté par la mer c’est pas franchement plus glamour !

Sources:http://indianexpress.com/article/cities/pune/pune-all-fiv...; http://www.sakaaltimes.com/NewsDetails.aspx?NewsId=569081... ; http://www.storypick.com/ganesh-idols/; http://www.dnaindia.com/mumbai/report-chocolate-ganesh-creates-a-buzz-on-social-media-2126669

lundi, 14 septembre 2015

Une histoire de mariage, cheveux, rugby et bibine

Toute ressemblance avec des personnes existantes est fictive. Ou pas. 

Notre petite famille a récemment effectué son pèlerinage annuel au Kerala, organisé de sorte à pouvoir assister à un mariage. (Des fiançailles en vrai mais ça aurait pu aussi bien être un mariage alors on fera comme ci.) Je n’étais pas sûre sûre que ce soit une bonne idée : j’avais, en toute modestie, peur que mon petit samouraï et moi-même ‘volions la vedette’ à la mariée (le ‘blanc’, surtout quand c’est la première fois qu’on le voit, a une fâcheuse tendance à attirer l’attention). J’ai eu tort. Personne ne pouvait vraiment voler la vedette à la mariée, tout simplement parce que tout le monde s’en tape, ils ne pensent qu’à bouffer (dixit mes amis malayalis).   

 

Je suis arrivée, un peu angoissée parce que j’avais oublié de mettre du déo. Or je ne sors JAMAIS sans déo. A fortiori dans un endroit où il fait 35 degrés et 110% d’humidité. J’ai bien essayé d’en acheter à la pharmacie mais dans les intérieurs du Kerala, t’oublies le déo. Là encore, j’ai eu tort de m’en faire : pas plus tôt arrivée, une tante m’alpagua et me mit direct dans l’ambiance. Elle refoulait à cinq mètres la transpi qui a bien macéré !! Elle commença par essayer de dessaper mon bébé, habillé en petit Indien pour l’occasion, sous prétexte qu’il avait trop chaud. Sans bien sûr me demander mon avis. C’est sûr qu’elle, elle devait avoir bien chaud pour sentir comme ça ! Pas ébranlée de sa défaite (je ne la laissais pas aller plus loin que le min gilet sans manche), elle enchaîna – elle était en forme ! – avec un agréable commentaire quelque peu homérique « ta coupe de cheveux, c’est moche. » Estomaquée, je ne trouvai rien à répondre, et m’éloignai. Venant de sa part, c’était un peu l’hôpital qui se moque de la charité : le cheveu se raréfiant, sa maigre tignasse était rassemblée en une queue bien pathétique et surtout dégoulinant d’huile. Alors ça je ne comprends pas. Huiler les cheveux pour les nourrir, ok. Mais sortir avec les cheveux gras ?? Ptêt qu’ils trouvent ca beau quand ça luit ? Comme des chaussures bien lustrées ? Inutile de préciser que le cheveu gras, c’est ma hantise, au même niveau que des aisselles odorantes… 

 

Passé cette petite mise en jambe, il fallut faire face à une autre situation : en Inde, un bébé perd son statut de personne et devient un ballon de rugby. Dès qu’ils voient un bébé, les bras se tendent, ils l’attrapent et se le font passer. Je ne dois pas être un très bon demi de mêlée : à la vue de ces veilles, une avec des dents pourries, l’autre avec une barbe et encore une autre sans dent et avec une moustache, je ne lâchai pas le ballon. Pour être honnête, je ne le lâchai à personne, même à celles qui faisaient pas peur. Juste parce que les trois paires de bras tendus qui nous accueillirent me renvoyèrent dans mes cages, fuyant ce que je ressentais comme une agression. Alors qu’il s’agirait en fait d’une « politesse » de demander à porter les bébés, politesse que j’étais sensée retourner en donnant mon enfant. Et ben je vais te dire, passer pour une connasse malpolie rien à taper !! En bref, j'ai complètement pris le contre-pied, ça arrive...

D’autant que mon petit jouait le jeu et refusait de quitter mes bras. Bien sûr loin de moi l’idée de vouloir en faire un asocial. Non, je voulais juste lui laisser le temps de s’habituer à toutes ces nouvelles têtes avant de le jeter dans la mêlée !   

Toutes les bonnes femmes (et quelques bons hommes) ayant essuyé des revers, on finit par nous laisser tranquille. J’en profitais pour laisser le petit samouraï se dégourdir les jambes. Et il n’eut pas plus tôt les pieds posés au sol qu’un ‘uncle’ identifia une ouverture et se saisit du bébé ! Qui finit par tourner dans les bras de quatre femmes même pas de la famille de mon mari…  

 

Le mariage en lui-même se déroule dans une salle des fêtes ou dans une salle d'un temple. Les fiancés sont sur une scène dont ils ne décolleront pas. La cérémonie dure une dizaine de minutes, pendant laquelle les gens regardent – si ça dure plus longtemps, il se peut qu’ils aillent vaquer à leurs occupations en attendant la fin. Ensuite le buffet est annoncé ! (Pour l’occasion à 5 heures de l’après-midi.) C’est un peu le challenge ce repas : non seulement y a une queue monumentale avec les 500 personnes qui se jettent dessus, mais une fois que tu as attendu que tout le monde ait fini pour prendre ton plat, et ben les 500 autres qui sont passés à la digestion viennent te parler ! Tu te retrouves donc à être présentée à des ‘uncles’ et ‘aunties’ (formules de politesse pour adresser des aînés, surtout dans le nord de l’Inde), la bouche pleine et les doigts trempant dans le curry. Pas évident de rester classe. Donc quitte à être malpolie, au grand dam de mon mari, je décidai d'ignorer une ou deux personnes qui me furent présentées et me concentrai sur mon plat, histoire d’en finir au plus vite avec cette épreuve, et aller récupérer mon petit.  

 

Une fois que tu as fini de boustifailler, tu dois aller sur scène prendre une photo avec les mariés. Sinon les gens oublieront que tu es venu et te le reprocheront plus tard. (Je rigole.) C’est également une distraction bienvenue pour le couple qui est sinon obligé de taper tout seul des pauses bollywood pour le photographe. (Je rigole pas.) 

 

Voilà, c’est à peu près tout ce qui se passe dans un mariage hindou au Kerala… A 18 heures c'est bouclé et chacun regagne ses pénates. Ou se planque derrière la salle des fêtes pour picoler. Entre hommes. Et en cachette. Même si tout le monde le sait*. Les autres rentrent chez eux, tout contents d’avoir un nouvel évènement à commenter ! Même si il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, à part la nourriture et la coupe de cheveux de l’étrangère (qui a fait sensation, même pas dans le bon sens j’en ai peur). 

 

Moralité : je serai éternellement reconnaissante à mon Indien préféré de m’avoir épargné ça et d’avoir fait de notre mariage un évènement qui restera dans les annales. Et j’attends avec impatience d’assister à un mariage en France pour avoir son point de vue !! 

 

 

* Les statistiques montrent que les Indiens boivent moins que les Européens (4,3 versus 12,5 litres par an) sauf qu’il faudrait retirer les femmes (qui n’ont pas le droit de boire), les hommes pieux (qui ne boivent pas par conviction religieuse), et tous ceux qui boivent de l’alcool maison, qui tue en silence, sauf quand il tape un grand coup et fait plus d’une centaine de morts (comme c’est arrivé en juin à Mumbai). Les Kéralais sont à un petit 10,2 litres par an, assez loin derrière les gars de l’Andhra Pradesh (35 litres). Toujours est-il que dans de nombreux Etats indiens, les taxes sur l’alcool représentent près du quart des revenus de l’Etat (22% au Kerala) ; quand on est à moins d’1% en France. Ça complique pas mal de choses quand les Etats se mettent en tête de réduire les ventes d’alcool, comme c’est le cas régulièrement un peu partout. Seul le Gujarat tient bon, mais le marché noir explose. Augmenter les taxes (déjà à plus de 100%) ou rendre l’alcool illégal c’est bien beau mais ça ne résout pas grand-chose…  

 

inde,kerala,mariage,bébé,alcool

 

(1) En Inde : http://indianexpress.com/article/india/india-others/kerala-increases-tax-on-liquor-beer-and-wine/#sthash.PNIRO4yJ.dpuf ; http://articles.economictimes.indiatimes.com/2015-05-16/news/62239496_1_total-prohibition-vm-sudheeran-kerala-government ; http://www.thehindubusinessline.com/economy/the-alcohol-economy/article5436924.ece ; http://www.thehindu.com/opinion/blogs/blog-datadelve/article6344654.ece

 

(2) En France : http://www.alcool-info-service.fr/alcool/consommation-alcool-france/culture-alcool-consommation-vin#.VfZl8Jf3aJ8 ; http://www.insee.fr/fr/themes/comptes-nationaux/tableau.asp?sous_theme=3.2&xml=t_3203 ; http://next.liberation.fr/vous/2011/02/17/quels-sont-les-pays-qui-consomment-le-plus-d-alcool-dans-le-monde_715595

lundi, 03 août 2015

Si tu vas à Delhi…

N’oublie pas de te préparer !

Mumbai-Delhi. Deux villes qui font chacune dix fois la taille de la Slovénie. Deux mille bornes. Deux heures d’avion. Deux trentaines de vols directs par jour. Rien d’insurmontable !! Sauf qu’il faut un peu d’anticipation. Si les retards ne sont plus ce qu’ils étaient il y a quelques années, ils restent fréquents entre ces deux mégalopoles : quand c’est pas le brouillard de Delhi c’est la pluie à Mumbai… 

Pour un rendez-vous à 16:15, j’avais donc prévu large. Arrivée à 13:10 + un imprévu (1 heure de retard d’avion) + 40 minutes de taxi + un imprévu (n’importe quoi sur la route qui nous bloquerait 30 minutes) et j’avais encore 45 minutes de battement… 

 

Sauf que… Alors qu’il n’avait pas plu depuis plus de trois semaines, les éléments se sont déchaînés la nuit précédent mon départ ! Naïvement, je croyais encore pouvoir prendre un rickshaw mais sur les conseils avisés de mon Indien préféré je pris la précaution de réserver un Uber (une première !), et de prévoir un peu de marge.india,mumbai,delhi,gurgaon,vol,pluie,mousson Il n’y avait qu’une grosse voiture de disponible, et bien m’en a pris de la réserver : le niveau d’eau était tel que seule cette voiture pouvait se frayer un chemin dans certains passages, là où les chauffeurs de rickshaws, bloqués au milieu de la rue avec de l’eau jusqu’à la taille, étaient obligés de pousser leurs engins sur le côté. Et nous, tandis que de l’eau filtrait sous la portière, nous avancions, poussant l’eau comme un tractopelle la neige !! Ce qui me permit de 1. Arriver à l’aéroport et 2. Arriver à l’aéroport à l’heure, et même un peu en avance. Assez en avance pour prendre le temps de rappeler le chauffeur après avoir réalisé que j’avais oublié mon parapluie dans sa voiture – comme on n’a pas le droit de sortir de l’aéroport après le check-in en Inde, c’est le garde qui a dû aller me le chercher, le chauffeur ayant quelques difficultés à me localiser derrière la porte en verre ! Et assez en avance pour acheter un chargeur de téléphone, le mien étant introuvable. Ca y est, j’étais parée pour le vol !! 

 

Une heure de retard à l’embarquement… Comme je me félicite de ma prévoyance !! 

 

Deux heures de retard au décollage… Mais pourquoi je n’ai pas réservé le vol précédent ?? Bon, ne paniquons pas. Il y a encore une petite chance que les bouchons sur la route Delhi-Gurgaon ne soit pas énormes en début d’après-midi et qu’il n’y ait pas d’incidents majeurs…  

 

Arrivée à Delhi. Je saute dans un radio-taxi. Nous fonçons à Gurgaon et nous y sommes en 25 minutes !! J’ai quinze minutes d’avance, juste le temps de faire pipi, pomper un peu de lait, me refaire une beauté, enfiler ma veste. Je me fais quand même annoncer, histoire de faire savoir que je suis dans le coin… Un employé vient à ma rencontre et m’entraîne à sa suite. Avant d’avoir le temps de comprendre, je me retrouve dans mon meeting (affamée, la vessie pleine, échevelée, craignant l’engorgement mammaire, la chemise qui dépasse de partout, bref complètement à la rue !!). 

 

Mes consignes étaient strictes pour ce rendez-vous : quoi qu’il arrive, être à l’heure – ils rigolent pas avec le temps les Suisses-allemands. J’en avais conclu qu’avec les 75 minutes max prévues, j’aurais terminé à 17h30 et pouvais prendre un vol retour à 19h45. Quelle ne fut pas ma surprise de sortir de la pièce à 17h55 !! Mais pas de panique, vu le retard du matin, il n’y avait aucune chance que mon avion soit à l’heure !  

 

india,mumbai,delhi,gurgaon,vol,pluie,moussonMalgré la taille des bouchons (c’est carrément impressionnant ces chais-pas-combien-de-voies pleines de voitures), j’arrive à 18h45 à l’aéroport, tout pile une heure d’avance… Sauf que je suis au téléphone avec un collègue et il n’en finit pas de parler. Pas pratique quand je dois montrer mon e-ticket au garde pour pouvoir rentrer… Dix minutes plus tard, je raccroche enfin et me fais signifier que je suis au mauvais terminal !! J’avais complètement zappé que les vols Jet Airways ne sont pas opérés avec les autres vols intérieurs… Ça commence à bien faire cette journée !  

 

Un passager me propose alors d’utiliser sa voiture, offre qui me laisse un peu perplexe. Il m’assure que ce n’est pas un problème, c’est la voiture de son bureau et je ne trouverai pas de taxi au hall des départs… Le temps que je me remette de la proposition et le garde me dit « tiens regarde un taxi fonce ». Je repère une voiture blanche quelconque qui est sur le point de partir et l’arrête. Je demande si c’est un taxi, et si il peut m’emmener au terminal 3. Pas de problème !! Ne voyant pas de compteur, je sens venir une addition salée, mais l’important c’est de rentrer à Mumbai. Je lui demande quand même quel genre de taxi c’est et la réponse est bizarre : des taxis réservés en ligne par des entreprises, surtout pour les étrangers. Bref. Vingt minutes plus tard je suis à bon port, et pas encore en retard, mon vol ayant été annoncé à 20h30. Quand je demande au chauffeur combien je lui dois, il me répond – tiens-toi bien – « rien, c’était mon plaisir de te conduire ». Bah ??? Attends attends attends. On est bien à Delhi là ?? Cette ville à la réputation terrible ?? Et deux hommes offrent de m’aider dans la même journée ?? Trop belle ma vie !  

 

J’atterris à Mumbai avec heure de retard. Trouve un taxi et rentre chez moi en un temps acceptable vu les conditions météorologiques. Il est 23h et je suis décalquée… Paye ton déplacement en Inde !