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lundi, 03 août 2015

Si tu vas à Delhi…

N’oublie pas de te préparer !

Mumbai-Delhi. Deux villes qui font chacune dix fois la taille de la Slovénie. Deux mille bornes. Deux heures d’avion. Deux trentaines de vols directs par jour. Rien d’insurmontable !! Sauf qu’il faut un peu d’anticipation. Si les retards ne sont plus ce qu’ils étaient il y a quelques années, ils restent fréquents entre ces deux mégalopoles : quand c’est pas le brouillard de Delhi c’est la pluie à Mumbai… 

Pour un rendez-vous à 16:15, j’avais donc prévu large. Arrivée à 13:10 + un imprévu (1 heure de retard d’avion) + 40 minutes de taxi + un imprévu (n’importe quoi sur la route qui nous bloquerait 30 minutes) et j’avais encore 45 minutes de battement… 

 

Sauf que… Alors qu’il n’avait pas plu depuis plus de trois semaines, les éléments se sont déchaînés la nuit précédent mon départ ! Naïvement, je croyais encore pouvoir prendre un rickshaw mais sur les conseils avisés de mon Indien préféré je pris la précaution de réserver un Uber (une première !), et de prévoir un peu de marge.india,mumbai,delhi,gurgaon,vol,pluie,mousson Il n’y avait qu’une grosse voiture de disponible, et bien m’en a pris de la réserver : le niveau d’eau était tel que seule cette voiture pouvait se frayer un chemin dans certains passages, là où les chauffeurs de rickshaws, bloqués au milieu de la rue avec de l’eau jusqu’à la taille, étaient obligés de pousser leurs engins sur le côté. Et nous, tandis que de l’eau filtrait sous la portière, nous avancions, poussant l’eau comme un tractopelle la neige !! Ce qui me permit de 1. Arriver à l’aéroport et 2. Arriver à l’aéroport à l’heure, et même un peu en avance. Assez en avance pour prendre le temps de rappeler le chauffeur après avoir réalisé que j’avais oublié mon parapluie dans sa voiture – comme on n’a pas le droit de sortir de l’aéroport après le check-in en Inde, c’est le garde qui a dû aller me le chercher, le chauffeur ayant quelques difficultés à me localiser derrière la porte en verre ! Et assez en avance pour acheter un chargeur de téléphone, le mien étant introuvable. Ca y est, j’étais parée pour le vol !! 

 

Une heure de retard à l’embarquement… Comme je me félicite de ma prévoyance !! 

 

Deux heures de retard au décollage… Mais pourquoi je n’ai pas réservé le vol précédent ?? Bon, ne paniquons pas. Il y a encore une petite chance que les bouchons sur la route Delhi-Gurgaon ne soit pas énormes en début d’après-midi et qu’il n’y ait pas d’incidents majeurs…  

 

Arrivée à Delhi. Je saute dans un radio-taxi. Nous fonçons à Gurgaon et nous y sommes en 25 minutes !! J’ai quinze minutes d’avance, juste le temps de faire pipi, pomper un peu de lait, me refaire une beauté, enfiler ma veste. Je me fais quand même annoncer, histoire de faire savoir que je suis dans le coin… Un employé vient à ma rencontre et m’entraîne à sa suite. Avant d’avoir le temps de comprendre, je me retrouve dans mon meeting (affamée, la vessie pleine, échevelée, craignant l’engorgement mammaire, la chemise qui dépasse de partout, bref complètement à la rue !!). 

 

Mes consignes étaient strictes pour ce rendez-vous : quoi qu’il arrive, être à l’heure – ils rigolent pas avec le temps les Suisses-allemands. J’en avais conclu qu’avec les 75 minutes max prévues, j’aurais terminé à 17h30 et pouvais prendre un vol retour à 19h45. Quelle ne fut pas ma surprise de sortir de la pièce à 17h55 !! Mais pas de panique, vu le retard du matin, il n’y avait aucune chance que mon avion soit à l’heure !  

 

india,mumbai,delhi,gurgaon,vol,pluie,moussonMalgré la taille des bouchons (c’est carrément impressionnant ces chais-pas-combien-de-voies pleines de voitures), j’arrive à 18h45 à l’aéroport, tout pile une heure d’avance… Sauf que je suis au téléphone avec un collègue et il n’en finit pas de parler. Pas pratique quand je dois montrer mon e-ticket au garde pour pouvoir rentrer… Dix minutes plus tard, je raccroche enfin et me fais signifier que je suis au mauvais terminal !! J’avais complètement zappé que les vols Jet Airways ne sont pas opérés avec les autres vols intérieurs… Ça commence à bien faire cette journée !  

 

Un passager me propose alors d’utiliser sa voiture, offre qui me laisse un peu perplexe. Il m’assure que ce n’est pas un problème, c’est la voiture de son bureau et je ne trouverai pas de taxi au hall des départs… Le temps que je me remette de la proposition et le garde me dit « tiens regarde un taxi fonce ». Je repère une voiture blanche quelconque qui est sur le point de partir et l’arrête. Je demande si c’est un taxi, et si il peut m’emmener au terminal 3. Pas de problème !! Ne voyant pas de compteur, je sens venir une addition salée, mais l’important c’est de rentrer à Mumbai. Je lui demande quand même quel genre de taxi c’est et la réponse est bizarre : des taxis réservés en ligne par des entreprises, surtout pour les étrangers. Bref. Vingt minutes plus tard je suis à bon port, et pas encore en retard, mon vol ayant été annoncé à 20h30. Quand je demande au chauffeur combien je lui dois, il me répond – tiens-toi bien – « rien, c’était mon plaisir de te conduire ». Bah ??? Attends attends attends. On est bien à Delhi là ?? Cette ville à la réputation terrible ?? Et deux hommes offrent de m’aider dans la même journée ?? Trop belle ma vie !  

 

J’atterris à Mumbai avec heure de retard. Trouve un taxi et rentre chez moi en un temps acceptable vu les conditions météorologiques. Il est 23h et je suis décalquée… Paye ton déplacement en Inde !

lundi, 06 juillet 2015

Ré-humaniser le 'rickshaw-boulot-dodo'

En Inde, que l’on soit un touriste ou un local, on est amené à prendre beaucoup de taxis et/ou de rickshaws (« touktouk » pour les touristes, « auto » pour les autres). C’est pas cher, ils sont partout, ça permet d’éviter d’avoir à galérer pour se garer ou pour trouver son chemin. Y pas à tortiller, c’est pratique. Pas forcément bon pour le dos mais pratique.

LE problème c’est que les conducteurs des dits taxis ou rickshaws sont souvent perçus comme des voleurs. Qu’ils refusent de lancer le compteur, qu’ils oublient de le remettre à zéro, qu’ils vous baladent autour de la ville, ils ont mauvaise réputation. D’ailleurs il n’y a à peu près qu’à Mumbai que les « autos » mettent le compteur, voire ont un compteur pour commencer ; dans les autres villes, on est supposé connaître la distance à parcourir et le tarif approximatif, ce qui induit une discussion préalable à la course. L’exercice peut se révéler frustrant, irritant, et peut même conduire à décider de ne finalement pas sortir de chez soi ce jour-là. Pour toutes ces raisons, on a tendance à traiter les chauffeurs desdits véhicules comme des sous-hommes, des machines (prolongement de leur levier de manœuvre), dont on n’attend rien d’autre qu’une bataille (sur la route à prendre, sur le montant à donner) et une bonne dose de tape-cul. Les chauffeurs de taxi sont considérés comme encore plus roublards, d’où la croissance exponentielle du nombre de radio-taxis (rien que pour le plaisir de ne pas avoir à se prendre le pif).

 

Dans le quotidien rickshaw-boulot-dodo, c’est un peu comme dans le métro : les yeux pas en face des trous, on fait la gueule à l’arrière du l'auto. Le chauffeur, dont on a à peine identifié les traits (pas besoin, c’est une machine), ne pose pas les questions dont il régale d’habitude les touristes (« Tu viens d’où ? Tu fais quoi ? Tu aimes l’Inde ? »). Avec le code de politesse indien, on peut même zapper en toute quiétude les politesses d’usage : pas besoin de bonjour, de s’il-vous-plaît, de merci, et encore moins de sourire. Indiquer l’adresse au départ et lancer « baas » (assez, stop) à l’arrivée, et un balancement de la tête pour remercier suffisent.

 

L’étranger met également un point d’honneur à ne pas laisser de pourboire, vu que ce sont déjà des voleurs. Il peut donc perdre un sacré paquet de temps (en oubliant, c'est pratique, que  le temps c'est de l’argent) pour une roupie ou deux. C’est une question de PRIN-CI-PEEUUUH. Et puis l’étranger blâme tous les autres blancs qui ne suivent pas ses PRIN-CI-PEEUUUH, donnant de ‘mauvaises habitudes’ aux chauffeurs indiens, leur inculquant l’idée qu’il est un dollar sur pattes à qui il est facile d’extorquer plus que le nécessaire. Il est donc d’autant plus nécessaire d’appliquer ses PRIN-CI-PEEUUUH strictement.

 

J’étais comme ça pendant longtemps. J’ai fait de ces scènes pour cinq roupies ! Et puis un jour, j’en ai eu assez, j’ai recommencé à dire « merci » aux chauffeurs, et à arrondir les montants (bon, sauf dans les cas où ils me font chier pour une raison ou une autre), voire même à leur sourire… Et si je ne suis pas trop fatiguée, j’essaye même un peu mon Hindi ! Plus souvent dans les taxis car les courses sont en général plus longues qu’en rickshaw. Et j’entends souvent des histoires assez dingues !

 

C’est pour cette raison que j’ai voulu partager cette note de ‘Humans of Mumbai’. J’ai découvert ce groupe un jour que je me baladais avec Junior dans le porte-bébé ; ils ont souhaité m’interviewer mais j’étais malheureusement dans un très mauvais jour et j’ai préféré décliner. Quoi qu’il en soit, je lis avec plaisir leurs notes quotidiennes, qui ré-humanisent un peu tout le monde… Y compris les chauffeurs !!

 

Humans of Mumbai.jpg 

« L’autre jour un mec bourré s’est assis dans mon taxi et a commencé à me balancer des insultes à la tronche. Je n’ai pas bronché et je l’ai ramené chez lui sain et sauf à 4 heures du mat, mais j’étais très énervé parce que ça me prouvait à nouveau à quel point mon job est sous-apprécié. J’étais tellement dégouté que j’ai pensé tout laisser tomber et retourner à Chandigarh.

A ce moment-là, un autre client est monté et m’a demandé de l’emmener à l’aéroport. Même si il était tôt, il m’a demandé mon nom, d’où je venais et où je vivais à Bombay. A la moitié du trajet il a ouvert une boîte de sandwiches et m’en a offert un et quand il est descendu, il m’a souri et m’a donné 50 roupies de plus parce que 2 ou 3 chauffeurs de taxi avant moi avaient refusé de le prendre. C’est ça Bombay ; il y a tellement de mondes à l’intérieur que même si tu veux partir, tu ne peux pas. »

 

https://www.facebook.com/pages/Humans-of-Bombay/188056068070045?fref=ts  

lundi, 29 juin 2015

Les samourais des ordures

Après trois mois d’absence…

Non je n’ai pas disparu ! J’avais pensé (bien naïvement) que ma grossesse ou mon congé maternité me permettrait de souffler un peu et « faire mes trucs », comme écrire. Que nenni !!

Et comme si ça ne suffisait pas d’être hagarde de fatigue, bourrée d’hormones (paraît que c’est normal avec l’allaitement), avec le cerveau flasque (incapable de se rappeler où j'ai mis la bouteille d’eau attrapée deux minutes plus tôt – ah bah dans le placard. Normal), j’ai dû reprendre le boulot, dans un contexte pas facile facile… Et le yoga (de 6 à 7 (du matin !!))… Mais je ne suis pas un Samouraï pour rien hein ;)

Ma bonne résolution de la reprise de mes activités est donc de me remettre à blogguer, en postant tous les lundis, au lieu de tous les deux jours ! Au plaisir de vous retrouver, chers lecteurs…

Et pour commencer, une petite vidéo pour se rappeler que certains Indiens n'ont pas la tâche facile tous les jours...