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jeudi, 22 avril 2021

Et de deux… - Le Covid vu par une Française en Inde 22.04

  • Nombre de cas en France : 5 374 288 (101 881 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 15 930 965 (184 672 morts) 

L’apparition divine de lundi soir – notre femme à tout faire qui vit à la maison – a fini par m’avouer hier soir qu’elle avait perdu le goût depuis 2 jours. Et elle tousse, pas énorme mais quand même. Illico presto je l’ai isolé dans la 2ème chambre d’amis. (Oui j’ai la chance extraordinaire de vivre dans une grande maison où chacun peut se mettre en quarantaine.)

Du coup hier soir, j’ai arrêté de pleurer – le contre-coup du choc de la nuit précédente et le manque de sommeil. J’ai demandé à mon père comment il pensait que je pouvais tenir le coup comme ça 17 jours. Et puis j’ai rigolé. Je me suis marrée toute seule. Et j’ai commencé à m’organiser.

C’est donc à 7h30 que je me suis levée – sache que c’est très inhabituel – et que j’ai préparé des jus de fruit frais pour tout le monde, des décoctions immondes de poivre noir, gingembre et curcumin et des œufs. Une fois tout le monde servi, j’ai arrosé mon (petit) jardin et nettoyé ma (petite) piscine qui devient verte et un centre d’élevage de moustiques en moins de 48 heures si personne ne s’en occupe. Oui oui je sais j’ai de la chance dans mon malheur avec ma maison. Dans la foulée j’ai préparé le déjeuner, des lentilles (dal), c’est des protéines et facile à digérer. Et je vais essayer de m’arranger pour commander à des voisines au moins le déjeuner. Enfin, notre robot-aspirateur est arrivé aujourd’hui, au grand dam de mon chat qui est lui aussi un peu chamboulé !

Il a bien fallu faire une sieste après tout ça ! Et gérer mon Petit Samourai, ce qui est peut-être le plus compliqué pour moi dans toute cette histoire. Lui il est aux anges d’avoir sa mère pour lui tout seul 24 heures sur 24 et il ne sait pas (encore) s’occuper tout seul. Il est désormais en formation.

L’état de mon Indien préféré a l’air stable. Je ne sais que ce qu’il me dit, maudite porte d’isolement… Mais j’ai entendu de la musique ce soir, j’imagine que c’est bon signe.

La nounou a fait le test ce matin et moi aussi. J’avais un petit mal à la gorge ce matin, que j’ai atomisé avec mes décoctions, des gargarismes et du miel au citron vert. J’ai du mal à imaginer comment je vais passer entre les gouttes avec la tousseuse qui ne m’a rien dit pendant 2 jours mais je reste positive !

À Delhi/Gurgaon, il semblerait que les lits soient pleins. Mais que des hôpitaux ont signé des partenariats avec des hôtels qui apportent un minimum de suivi. Le pays est à court d’oxygène. D’ailleurs notre ambassadeur fait appel aux entreprises françaises pour aider les Indiens à s’approvisionner. Beau geste. Mais pour ce qui est d’aider les ressortissants français en galère en Inde, walou.

Merci à tous pour vos bonnes pensées, on tient le bon bout même si on ne relâche pas la pression, cette saloperie semble être pleine de surprises pas terribles…

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mercredi, 21 avril 2021

Voyage au bout de la nuit - Le Covid vu par une Française en Inde 21.04

Je dormais depuis un bon quart d’heure la nuit dernière – mais alors très profondément – quand mon téléphone a sonné. Mon Indien préféré. J’ai bondi dans le lit. Et oui, les nouvelles n’étaient pas bonnes.

La pharmacie avait livré un et il était bloqué à 70 – sachant que tu hospitalises à 85. J’ai essayé avec mon doigt et j’étais au-dessus de 95. Il a réessayé, 70 à nouveau. Nous avons téléchargé une appli sur mon iPhone mais rien de conclusif, à part que je suis toujours en pleine santé.

Là, nous avons commencé à beaucoup moins rigolé. Et voici la liste des gens qui ne répondent pas au téléphone à 2 heures du matin :

  • - Le service d’urgence de l’ambassade de France (appelé à 3 reprises).
  • - Notre ami chirurgien orthopédique – qui nous a sauvé la vie lors de la circoncision de notre fils et qui nous aide actuellement comme personne – dont la femme a aussi le Covid.
  • - La cellule de soutien de notre résidence, qui est censée garder des bonbonnes d’oxygène – le seul type des 3 responsables que nous avons réussi à joindre nous a dit que les-dites bonbonnes étaient parties pour recharge.

Maintenant, voici qui répond au téléphone à 2 heures du matin :

  • - Tous les hôpitaux de Gurgaon, pour te dire qu’ils sont pleins.
  • - Un ange tombé du ciel, une médecin française mariée à un Indien, que j’ai rencontrée virtuellement via mon blog. On ne s’est jamais vues mais sans elle je ne sais pas comment j’aurais pu arriver au bout de la nuit. Elle a partagé tout un tas de contacts pour nous essayer à trouver un lit et des bonbonnes d’oxygène.
  • - Un de ses contacts a répondu ; malheureusement, il ne savait pas où trouver un lit et a un peu craqué au téléphone : il venait de perdre son frère au Covid. La nuit s’annonçait très longue.
  • - Un autre de ses contacts nous a dit d’aller à un campement militaire (DRDO) monté pour l’occasion et qui accueille les civils.

Nous voilà partis dans les rues vides – pour cause de couvre-feu –, les rares voitures de flics ne nous arrêtant pas. J’ai d’ailleurs réussi à éviter de m’emplafonner un camion de poulets sur l’autoroute. Des poulets à manger.

Et bien ce centre qui vient de rouvrir est plein. Les admissions sont fermées. Ils ne prennent que les patients à moins de 40 d’oxygène. Il nous restait l’option de la crise de l’étrangère qui perd les pédales – mais si je sentais un peu de curiosité, pas vraiment d’empathie de leur part. Ou de filer des biftons, que nous n’avions pas et en plus mon Indien préféré et moi on ne sait pas vraiment faire ça et enfin il y avait des militaires partout, qui arroser pour passer cette porte cadenassée?

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Sur le chemin du retour, mon Indien préféré s’est mis à faire des exercices de respiration – sachant que c’est un peu son dada quand même, le yoga, la respiration, la méditation. Et le taux d’oxygène a commencé à remonter en flèche. Et la pression à retomber. Tout doucement. Nous sommes donc rentrés à la maison.

Au matin, tout le monde répondait au téléphone. Un ami du mari de l’ange sus-mentionnée nous a envoyé un saturomètre de marque – en refusant que nous le payons, j’en ai pleuré, mais à ce stade, je te le dis, je pleure pour rien ; j’ai réussi à ne pas trop craqué la nuit dernière, et je peux difficilement faire mieux. Et bien si tu compares les 2, le nouveau saturomètre est stable, même pour les battements du corps, et monte à 98.

Il a fait une radio des poumons de bon matin qui est plutôt bonne.

Il passe ses 4 heures par jour sur le ventre, fait des étirements, essaye de marcher dans sa chambre. Nous avons reçu tout un tas d’exercices à faire pour se maintenir. C’est viral sur les réseaux, puisqu’il faut bien survivre à la maison désormais.

Merci à tous ceux qui nous aident, d’une manière ou d’une autre. Et qui m’ont aidée à aller au bout de cette grande nuit de solitude…

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mardi, 20 avril 2021

Quand le Covid s’invite chez toi… - Le Covid vu par une Française en Inde 20.04

  • Nombre de cas en France : 5 296 222 (101 180 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 15 321 089 (180 550 morts) 

Je fanfaronnais un peu samedi, en écrivant mon post pendant que mon Indien préféré dormait à l’étage. Couvant tranquillement son corona. Quand nous avons détecté de la fièvre dans la soirée, je lui aurais bien donné un doliprane et au lit mais monsieur est parti s’isoler dans la chambre de mon fils – pour des raisons de travaux nous n’avons que 2 clims qui marchent, dans cette chambre et celle d’amis.

Le dimanche après-midi, quelqu’un est venu faire le test au black. Oui au black. A 2 fois le prix normal. Parce que les centres de test sont tellement pleins qu’ils ne font presque plus de tests et encore moins de collecte à la maison. Mais en Inde, tout marche par réseau – on appelle ça aussi de la corruption, mais peu importe.

Dimanche soir, j’avais transféré serviette, brosse à dents etc. à mon mari et je commençais un peu à paniquer. Le voir (à très longue distance) avec ses yeux qui étaient dans le brouillard et ne pas pouvoir m’en occuper à cause de la porte entre nous m’a collé une grosse dose de stress.

Et puis il y a Petit Samourai qui, du haut de ses 6 ans, réclame beaucoup (beaucoup) d’attention. Et les repas – ne va pas croire qu’un Indien, même malade et sans le goût va manger des pâtes 3 fois par jour. Personne d’ailleurs, sauf moi peut-être ! Lundi, j’ai passé ma journée à essayer de régler le problème du frigo et des clims, et acheté un robot aspirateur, avant que le résultat du test ne tombe et que la résidence nous barricade. Et surtout avec mon fils, que j’ai aidé à faire des œufs au petit déjeuner, donné un bain à ses peluches, joué aux cartes, sorti tous les playmobiles etc. Il ne m’a pas pourtant pas laissée finir une conversation au téléphone et j’ai explosé. C’est à ce moment-là que la porte d’entrée s’est ouverte et qu’une apparition quasi divine a franchi le seuil : notre nounou / cuisinière / lavandière. Qui, en connaissance de cause, venait se confiner avec nous. J’ai pleuré. Je te jure, j’ai pleuré. Pas des larmes de crocodile mais quand même.

Dans la nuit, les résultats sont tombés. Mon Indien préféré est positif, je suis négative. Au Covid en tout cas…

Ma belle-sœur et ma belle-mère au Kerala ont le Covid, une très bonne amie aussi, et le propriétaire de la maternelle. Le nombre de cas dans ma résidence explose. Il est partout ce truc…

L’Inde a annoncé ouvrir la vaccination aux plus de 18 ans. Et c’est de notoriété publique que le pays manque de lits et d’oxygène. Touchons du bois pour que nous n’en arrivions pas là…

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