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samedi, 21 mars 2020

Le Covid vu par une Française en Inde - 21.03

  • Nombre de cas en France : 14 459 (562 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 329 (7 morts)

Je ne sais pas chez vous, mais en Inde, le coronavirus est une maladie de riches. Et amène donc à devoir gérer des problèmes de riches. Par exemple, rester chez soi, ok – les riches ont des endroits agréables où vivre – mais se passer des femmes de ménage, des cuisinières, des chauffeurs, des promeneurs de chiens, des nounous, des jardiniers ? Faudrait pas pousser mémé dans les lotus non plus. Et pourtant, on y vient doucement, chaque jour voyant une nouvelle règle auto-imposée (par les riches Indiens ou leurs copropriétés). Aucun confinement n’a été exigé du Gouvernement et pourtant des vidéos circulent déjà de gens à leur balcon qui chantent. Comme s’ils n’attendaient que cette occasion de faire un peu de bruit (il y a déjà des messages expliquant que les vibrations émises facilitent la circulation sanguine et redonnent le moral – de toute façon, à part les chants et les prières, ou un coup de bol monstrueux, y a rien pour les sauver).

Pourtant, dans ma copropriété, les riches s’excitent. Il faut maintenant se déclarer si on a reçu des visiteurs étrangers ou si on a soi-même voyagé, ou bien dénoncer ses voisins. Dans certains endroits, les portes sont taguées, histoire de forcer les gens à rester chez eux (ça me fait flipper). C’est là qu’on découvre que tous les riches parents indiens sont en train de rapatrier leurs enfants étudiants des quatre coins de la planète. Et qu’ils sont assez responsables pour suivre la quarantaine. Mais pas sans leur bonne. Faut dire que leur enjeu est de taille : ils ont souvent leurs vieux à la maison et ils ne font pas confiance au système hospitalier indien – pour les gros bobos ils préfèrent aller se faire traiter aux États-Unis, et ils peuvent puisqu’ils sont riches. Sauf que là, cette porte de secours n’est pas vraiment une option.

C’est une maladie de riches parce qu’elle se transmet par des gens qui ont voyagé (et donc les moyens de prendre l’avion pour l’étranger) ou qui ont des amis qui ont voyagé. Une chanteuse de Bollywood a pas attendu deux jours après son retour de Londres pour faire une teuf, juste avant d’être admise à l’hôpital, victime du virus. La presse s’inquiète de la centaine d’invités de marque (dont des hommes politiques) qui ont été exposés, comme si eux seuls pouvaient tomber malade. Quid des serveurs, des chauffeurs etc. ? Les hommes et femmes de l’ombre semblent être magiquement immunisés. Les riches bien-pensants clament donc être inquiets aujourd’hui de mettre à risque leur personnel. Mais pas quand même au point de leur demander de rester chez eux. Après tout, s’ils ont résisté jusqu’à présent aux nombreuses merdes qui traînent*, c’est pas une petite grippe qui va les avoir.

Enfin ça, c’est ce que pensent les riches. Ils sont encore dans la désillusion qu’ils sont les seuls à pouvoir se payer le coronavirus. Ils font l’autruche quoi, parce qu’ils sont pas cons les riches – encore que – mais ils savent que si ça se répand chez les autres (la grosse grosse majorité des Indiens), ça va être une catastrophe.

En attendant, tout le monde en Inde se prépare dans la bonne humeur au couvre-feu de demain (Janta Curfew), et fait briller ses casseroles pour faire du bruit à 17 heures.

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* Si on en croit les statistiques de 2010-2013, voilà à peu près de quoi décèdent 57% des 9 millions d’Indiens qui trépassent chaque année (je n’ai pas mis les décès liés aux naissances ni aux accidents par exemple) : (source). C’est fait un taux brut de mortalité de 7,25 en Inde (7,25 morts pour 1 000 Indiens) contre 9,30 en France (sans doute à cause de la pyramide des âges).

  • Tuberculose : 3,7% i.e. 343 000 morts
  • Maladies de diarrhée : 5,1% i.e. 473 000 morts
  • Malaria : 2% i.e. 185 000 morts
  • Infections respiratoires – qui se communiquent : 3,9% i.e. 362 000 morts
  • Infections respiratoires – qui ne se communiquent pas : 7,6% i.e. 705 000 morts
  • Fièvre d’origine inconnue : 3,2% i.e. 297 000 morts
  • Problèmes cardiovasculaires : 23,3% i.e. 2 160 000 morts
  • Diabète mellitus : 2,3% i.e. 213 000 morts
  • Cancer : 6,1% i.e. 566 000 morts

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