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lundi, 30 octobre 2017

La guerre des boutons (Fin)

inde,acné,boutons,recettes maison,bon sens populaire,citron,saffran,ayurvedaEn ce qui concerne l’alimentation, si ma nounou pense que c’est le beurre et le chocolat qui sont responsables de mon acné (1), docteur Google se permet d’avoir un avis contraire et suggère d’arrêter le riz blanc et le lait (les deux sacro-saints éléments de la diète de ma nounou, t’aurais vu sa tronche quand je lui ai dit qu’ils étaient les coupables, elle a cru que je me moquais d’elle) et les pâtes et le pain (l’ayurvéda y ajoute le sucre et le café) – bref il ne me restait plus qu’à manger de la salade. Et ça tombait bien, c’était la saison !

Je refusai le traitement radical de mes jeunes années (le Roacutane) suggéré par ma mère ; je vérifiai ma thyroïde (normale) ; j’appliquai un masque (jus de citron et miel après s’être lavé le visage avec une serviette très chaude) après le scrub sus-mentionné deux fois par semaine ; je jetai la solution pour se laver le visage de l’Occitane (de toute façon je n’ai jamais vraiment compris comment cette mousse avait le quelconque pouvoir contre la poussière indienne) et commandai du savon de Marseille à ma mère ; je réduisis le riz, arrêtai le Nutella et le café (remplacé pendant un temps par du décaf) et introduisis du granola presque tous les matins ; le temps changea avec l’été écrasant l’hiver ; je pris des vacances en Europe. Et au bout de trois mois, je disais (presque) adieu (ou du moins au-revoir) à mon acné (pas si) juvénile – sans avoir la moindre idée de ce qui a fonctionné !!

Sauf qu’évidemment, peu après mon retour, tout le monde reprit ses bonnes habitudes, y compris mes chtars.

En désespoir de cause, je réessayai un traitement ayurveda. Une potion absolument infame à boire deux fois par jour. Un truc vraiment abominable. Qui n’eut même pas l’effet foudroyant du premier traitement entrepris quelques mois après notre débarquement à Gurgaon. Ça allait un peu mieux mais vraiment rien de fantastique. Tous les deux jours je devais me mettre une pâte à base d’une concoction qui pue sa mère ; mon fils épouvanté criait partout que je m’étais transformée en gorille ! Le tout se solda par une énorme crise de foie, l’interruption de ce traitement et un nouveau médicament (vachement moins dégueu) pour me remettre d’appoint. A ce niveau-là, la peau de mon visage était devenue le cadet de mes soucis…

Pour la fête des mères, mon mari m’offrit… un savon et une huile ayurvédique… pour acné.. qui puent... Pas de cadeaux inutiles chez nous !!

Et puis tout doucement, les choses ont commencé à aller un peu mieux, au bout de sept mois… Quelques semaines en France ont beaucoup aidé aussi. De là à conclure que ma peau était devenue allergique à Gurgaon, il n’y avait qu’un pas ! Que je n’ose pas encore franchir ! Et pourtant chaque retour au bercail indien ne se fait pas sans une petite fête des boutons. Ainsi va la vie…

 

(1) Dans la même veine, je me mis à ‘vérifier’ les théories ‘populaires’ de ma nounou. Et y en a un paquet !

Ne pas mélanger le lait et le poisson. Au-delà du fait que cette association me semble étrange, je n’avais jamais entendu parler de cet interdit. D’ailleurs en y réfléchissant je n’ai jamais entendu parler d’interdits quant au mariage des aliments. Est-ce à dire que cette ‘science’ s’est perdue quelque part (pour moi en tout cas) ? Ou qu’elle est différente en France ? J’ai trouvé une recette de cabillaud au lait. Et puis j’ai également trouvé que c’est une ‘science’ juive. Et qu’enfin il n’y a pas de risque allergique ou toxique mais plutôt digestif.

Ne pas mélanger viande et poisson. « Parce que y en a qui vivent dans l’eau et d’autre sur la terre » dixit ma nounou. Enfin on peut mélanger poisson et poulet parce que « le poulet ça vole, ça vit pas vraiment sur terre ». Histoire de s’autoriser un petit riz sauté au poulet et aux crevettes ! Mais alors quid de la paella ?? Là encore je trouve des références juives sur la question, c’est quand même marrant.

Sources : http://www.masantenaturelle.com/chroniques/chroniques2/acne.php ; http://www.elephantjournal.com/2015/02/the-complete-anti-acne-diet/  ; http://easyayurveda.com/2014/08/04/ayurvedic-treatment-for-pimple-cause-herbs-home-remedies/ ; http://noskinproblems.com/lemon-juice-for-acne-and-acne-scars/  ; http://www.acne.org/lemon-juice-applied-topically-reviews-73/?&filters%5Breviews_per_page%5D=10&filters%5Bsort_by%5D=date+DESC&filters%5Brating%5D=1  ; http://www.torah-box.com/question/melange-viande-poisson-et-lait-poisson_357.html ; http://www.myjewishlearning.com/article/ask-the-expert-meat-and-fish/  

lundi, 23 octobre 2017

La guerre des boutons (Début)

Inde,acné,boutons,recettes maison,bon sens populaire,citron,saffranMi-janvier, je me suis mise à avoir des boutons sur le visage. Pas de panique, un ou deux chtars au moment des règles, y a pas de quoi en faire un fromage. Sauf que les salauds se sont multipliés jusqu’à devenir un truc bien vilain. Dépitée, je continuais de laver ma peau soigneusement et appliquer un peu de Kailash Jeevan (une crème ayurvédique magique qu’on trouve à Mumbai et qui soigne tous les bobos ; tu peux même la manger pour guérir les indigestions !). Mais ça empirait. Alors quand ma nounou me parla de son remède magique pour la troisième fois, je finis par l’écouter. Selon elle, il suffit de se faire un petit scrub maison, à base de gros sucre, sel et jus de citron. Pas convaincue et profitant de toute façon d’une accalmie, je laissais filer, jusqu’à ce que de nouveaux pustules apparaissent et qu’elle me mette d’autorité les ingrédients dans les mains. Après tout me dis-je, peut-être s’agit-il de cette bonne vieille ‘sagesse populaire’ (ou connaissance ? croyance ? bon sens ?) que l’on a (presque) perdu dans nos sociétés occidentales ? J’appliquais donc le scrub deux-trois jours d’affilée, me sentant une peau plus nette. Un séjour à Mumbai m’obligea à interrompre mon ‘traitement’ pendant 3 jours.

Séjour au cours duquel je profitai d’une pause pour saluer mon ancienne nounou, que je n’avais pas vue depuis un an. Elle me salua cash :

- Mais Madame, qu’est-ce que c’est ça sur votre tronche ? Mais c’est moche, il faut faire quelque chose ! 

- Oui oui, je sais bien, j’essaye un scrub avec du sucre, du sel, du citron.

- Quoi du citron ? Mais ça va pas la tête ?? Non non, il faut faire une pâte avec du safran et de la farine de pois chiche et ça va assécher les boutons direct. C’est connu, dès qu’on a une blessure on met du safran, ça a de vraies propriétés antiseptiques, même toi tu sais. Mais fais-le, hein, parce que là c’est vraiment affreux.

Le tout devant sa nouvelle employeuse que je rencontrais pour la première fois. Heureusement ça fait longtemps que je n’ai plus honte de grand-chose ! Une tronche d’adolescente bourgeonnante en pleine trentaine, t’as intérêt à assumer.

Dans le taxi du retour, je ‘vérifiai’ sur internet ce que la ‘science’ a à dire de la sagesse populaire de ma noInde,acné,boutons,recettes maison,bon sens populaire,citron,saffranunou. Rien sur ce scrub en particulier mais un message : « éviter les scrubs » vu qu’ils agressent la peau qui est suffisamment traumatisée (plus précisément, en agressant la peau, ils l’obligent à produire du sébum pour se protéger, or le sébum est déjà produit en excès et obstrue les pores, conduisant à des infections). Pas con… Ce que ma nounou avait d’ailleurs évité de me dire c’est que quand ça lui est arrivé à elle, la tronche calculatrice, elle s’est scrubée le visage avec tellement d’énergie – que dis-je, de violence – qu’elle se l’ait à moitié arraché. Alors évidemment les boutons sont partis avec le reste de la peau. Des fois, elle m’inquiète.

Et puis voilà-t-y pas qu’à l’aéroport, la militaire qui me tripote pour vérifier que je ne cache rien sous mes vêtements se fend d’un « mais vous avez quoi sur le visage ? c’est la varicelle ? ». Non mais d’abord c’est quoi cette manie chez les Indien(ne)s de te faire un commentaire sur ton physique comme ça ?! On n’a quand même pas élevé les cochons ensemble bon sang !

Sur ce, je testai donc la seconde recette. En l’ ‘améliorant’, autrement dit en utilisant du citron pour lier le safran et la farine – sur l’insistance de ma nounou qui veut ABSOLUMENT que je me mette du citron sur la peau (à ce sujet, un article intéressant avec des avis très variés sur l’usage du citron sur la peau, qu’apparemment la science réprouve). Alors ça a eu un effet formidable. Sur les draps du moins ; quand mon fils a attrapé la coupelle et a renversé la poudre dessus : le safran, c’est magique, ça part pas. A part ça, j’ai continué de l’appliquer tous les soirs, pendant trois jours, jusqu’à ce que j’oublie.

J’avais déjà essayé un médicament ayurvédique qui avait marché du tonnerre, assainissant le sang ou un truc comme ça. Mais ce docteur, comme tous les dermatos que j’ai rencontrés, ne font que soigner les symptômes sans chercher à comprendre d’où ça vient ? L’alimentation et la digestion ? Le manque de sommeil avec Bébé Samourai qui se (me) réveille deux-trois fois par nuit ? Un déséquilibre hormonal ? La pollution ? Le temps ? La poussière ? Le stress ? Autre chose ?

(A suivre)

 

lundi, 16 octobre 2017

Quand les Indiens ré-inventent la créativité

On me demande souvent de décrire les Indiens. Tâche impossible si il en est. Mais il y a un trait de caractère que j'oublie souvent et qui pourtant explique tellement de choses : c'est le jugaad. Évidemment c’est tellement unique qu’il n’y a pas de traduction française ni même anglaise. Mais je traduirais ça par "démerde". Les Indiens sont des démerdeurs. En puissance. À côté d’eux, MacGyver est un manchot débilitant.

Voici quelques exemples pour illustrer.

BL05_THINK1_RUPEE_3113206f.jpgQuand Modi, le premier ministre, a lancé sa ‘démonétisation’ fin 2016, il pensait que 70% des Indiens n’oseraient pas déposer leur argent noir à la banque et préfèreraient le détruire, de peur de représailles (amendes, honte, prison etc.). C’était mal connaître ses compatriotes qui ont trouvé des moyens de déposer plus de 99% de tous les billets (source https://www.ft.com/content/7dbe0e14-8d8a-11e7-a352-e46f43c5825d). Notamment en distribuant aux pauvres alentour – genre tu déposes 250 000 roupies (la limite pour ne pas attirer l’attention) pour moi et quand tout est fini, je récupère ca et je te donne 10 000.

5137.jpgUn autre exemple : en décembre 2016 la Cour Suprême a prononcé un jugement : interdiction (elles aiment ça, l’interdiction, les autorités indiennes) de vendre de l’alcool dans un rayon de 500 mètres d’une artère principale (autoroutes nationales ou locales). C’est le résultat d’une campagne de 4 ans d’un accidenté de la route – ironiquement le type a fait une sortie de route en espérant voir un léopard et il s’est attaqué au problème de l’alcoolisme au volant. Il y a bien un problème en Inde, mais l’alcool reste la 3ème cause d’accident après le dépassement de vitesse et le téléphone.

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Mais passons. L’objectif de la Cour suprême était de réduire l’alcoolisation des automobilistes. Résultat : 80% des restaurants de notre quartier ont mis la clé sous la porte, du jour au lendemain. Mais il y a des malins qui ont réussi à détourner l’entrée du restaurant, genre tu dois faire deux fois le tour du pâté d’immeubles pour rentrer, soit parcourir les 500 mètres légaux ! Une règle un peu bizarre quand même : 500 mètres ne suffisent pas à dessoûler, que je sache. Le 23 août 2017, la Cour Suprême est revenue sur sa décision et limité cette interdiction en-dehors des villes, sans doute dans l’esprit de limiter l’alcoolisation des chauffeurs routiers, qui, on s’en doute, ne vont pas se souler la tronche dans les « pubs » mais picolent de l’alcool de plastique dans les bouges locaux. Logique ou pression liée aux pertes des restaurants qui ont dû mettre la clé sous la porte et la réduction des impôts sur l’alcool collectés ?

Inde,jugaad,démonétisation,alcool,route,accidentsVa expliquer le Jugaad et ses bienfaits à des Suisses… Pour qui la règle est la règle, même si la règle est stupide…

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Source : http://www.indiatimes.com/news/meet-wheelchair-bound-harm... ; https://www.theguardian.com/world/2017/apr/25/alcohol-rul... ; http://economictimes.indiatimes.com/news/politics-and-nat... ; http://www.thehindubusinessline.com/opinion/measuring-impact-of-demonetisation-in-india/article9459507.ece