dimanche, 09 août 2015
Porno ou pas porno??
Après un démarrage en douceur (l’interdiction du film Fifty Shades of Grey) en mars, le Gouvernement indien est passé à la vitesse supérieure en interdisant carrément le porno. Tout au moins en bloquant sa diffusion sur Internet. L’intention était bonne – lutter contre le porno impliquant des enfants – mais l’exécution a laissé à désirer : ils s’y sont carrément pris comme des manches. Ils n’ont consulté personne et du jour au lendemain ont black-listés 857 sites, dont certains n’ont rien de sexuel ; et plus 857 c’est rien du tout par rapport aux milliers de sites en vogue. L’interdiction serait plus ou moins levée aujourd’hui : l’ordre a été donné mais il est pas clair…
Quand on lit (source) que plus de 50% des enfants en Inde sont victimes d’abus sexuels – un petit 223 millions de gosses quand même – (et une bonne moitié par la famille), on se dit que le Gouvernement n’attaque que la partie émergée de l’iceberg en ciblant la pornographie enfantine, et en continuant à ne pas mettre en place de programmes d’éducation sexuelle dans les écoles... Y a du boulot.
Mais tout n’est pas complètement noir ! Il y a les gens comme moi qui parlent mais ne font rien, ceux qui ne parlent pas et ne font rien et les autres… Citons par exemple Kranti, une ONG qui bosse avec les enfants de Kamathipura, le ‘red-light district’ de Mumbai, grâce à laquelle des filles de ce milieu voient d’autres horizons s’éclairer : Sheetal, Pinky et Shweta sont parties aux Etats-Unis, l’une pour étudier la batterie, l’autre pour un summer camp autour des arts et la dernière pour se former à la psychologie. (source) Certaines d'entre elles reviennent et deviennent porte-paroles de l'éducation sexuelle...
Et puis il y a le Sexpert du journal Mumbai Mirror. Non ne rigolez pas ! Lui aussi apporte sa pierre à l’édifice de la connaissance !! Dr Watsa, un papi de 91 ans, est chroniqueur depuis plus de 50 ans, et depuis très récemment auteur d’un livre It’s Normal… Après avoir commencé dans des revues féminines à donner des avis médicaux, il commença à recevoir des lettres de femmes de la campagne, abusées par des oncles et inquiètes de ne pas pouvoir se marier sans un hymen intact.
En plus de sa rubrique qui fait rire en plus d’éduquer et qui ne va pas forcément de soi (ses éditeurs ont fait face à la censure, les menaces etc.), il a travaillé pour le Family Planning Association of India (FPAI) et le Council of Sex Education and Parenthood International (CSEPI). Pour lui le porno est un problème, mais pas pour les mêmes raisons que le Gouvernement (qui pense que ça 'donne des idées'). Parce que les hommes consacreraient plus de temps à en mater qu’à besogner leurs femmes dont la frustration finirait par un divorce. (Source ; PDF)
Quelques perles pour la route :
- Q: Il y a deux jours, j’ai fait l’amour sans protection avec ma copine. Pour éviter qu’elle ne tombe enceinte on a acheté la pilule du lendemain. Mais dans l’excitation du moment, je l’ai avalée à sa place. Est-ce que ça peut me créer des complications ?
- R: La prochaine fois utilise un préservatif s’il te plaît et surtout ne l’avale pas aussi.
- Q (une question hyper récurrente): Est-ce que mon pénis va rapetisser si je me masturbe fréquemment ?
- R : Tu parles beaucoup, et pourtant est-ce que ta langue rapetisse ?
- Q (sur la masturbation féminine, questions qui émergent de plus en plus, un signe d’émancipation féminine) : Mon amie pense que ses seins grossissent à cause de la masturbation. Est-ce possible ?
- R : Elle croit que son clitoris est une pompe à air ??
- Q: J’ai un petit pénis et j’ai l’impression de ne pas satisfaire ma copine. Mon astrologue m’a recommendé de le tirer tous les jours pendant 15 minutes en récitant une prière. Je fais ca depuis un mois mais ca n’aide pas. Que dois-je faire ?
- R : Si il avait raison, la plupart des hommes auraient un pénis qui leur descendrait au genou. Dieu n’aide pas les hommes crédules qui gobent n’importe quoi. Va voir un sexpert à la place qui t’enseignera l’art de faire l’amour.
Et une définition toute indienne du masochsime:
Et une petite vidéo satyrique sur l’éducation sexuelle dans les écoles en Inde pour finir !
08:00 Publié dans IncredIble India | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, sexe, éducation sexuelle, interdiction, gouvernement, abus, viol, kamathipura, porno, pornographie, sites pornos, sexpert | Imprimer |
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lundi, 02 mars 2015
Bébé Samouraï made-in-India – 7. Après la piscine
On finit donc par me sortir de l’eau pour de bon. Et là, je nageais (je file la métaphore de l’eau, c’est beau) alors en plein surréalisme.
Imagine-toi. Depuis toujours, je suis la première à dire, comme plus de 80% des Françaises (2), que si jamais j’accouche, c’est la péridurale direct. Avec mon argument massue : quand tu vas chez le dentiste, tu fais bien une anesthésie non ? et ben là c’est pareil.
Et voilà que j’étais en train de souffrir le martyre et que je ne disais rien. Rien de rien. Pas un mot. Je souffrais EN SILENCE. Juste une voix dans ma tête qui hurlait « mais filez-moi un-euh putain de péridural-euh »). Tu parles d’un Samouraï !
Et là baboom, une anesthésiste se matérialisa, presque désolée d’être là : tout le monde semblait archi-persuadé que je voulais une naissance naturelle (sans doute parce que j’avais opté pour la piscine) et que par conséquent j’étais contre les antidouleurs. Je dus donc écouter le sermon de mon docteur qui m’expliqua qu’il n’y avait pas de honte à accepter de réduire la souffrance, que j’avais déjà beaucoup donné et qu’elle-même avait donné naissance à des jumeaux par césarienne. En plein surréalisme je nageais, je te dis !
Je refusai de sniffer du gaz et mais acceptai une rachianesthésie (pas de temps pour la péridurale). Soulagement immédiat !
Bref, je finis par accoucher… Allongée sur une table, les jambes écartées, avec mon Indien préféré, trois gynécos, deux pédiatres, une anesthésiste, une sage-femme, et six infirmières dans la pièce. Et je m’en foutais royal !! Pire, je me marrais en repensant à l’accouchement ‘intime’ que j’avais prévu !! Au temps pour moi !
Et voilà Bébé Samourai était là ! Sur ma poitrine ! A me pisser dessus ! C’est là d’ailleurs qu’on se rendit compte que c’était un garçon : les médecins avaient oublié de vérifier…
En Inde, la détermination du sexe du fœtus est interdite, les Indiens ayant abusé de cette technologie pour avorter de filles – qui coûtent cher, avec la dot. L’Inde a d’ailleurs un déficit de filles et dans certains Etats ça pose de sacrés problèmes. (Cf mes notes sur le sujet)
Et le mot de la fin : Bébé Samourai déteste les bains, ça n’étonnera personne… ;-)
(2) Les Françaises sont apparemment plus douillettes que les Britanniques vu que seulement 30% de ces dernières optent pour une anesthésie (Sources : http://www.liberation.fr/vous/2011/10/18/70-d-accouchements-avec-peridurale_768628 ; http://www.babycentre.co.uk/a542571/epidural)
(Fin)
08:00 Publié dans Expatriation (en Inde et ailleurs), Histoires de Samouraï, Petit Samourai | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : inde, grossesse, bébé, nourrisson, accoucher, accoucher dans l’eau, césarienne, fertilité, contraception, stérilisation, gynécologue, épidurale, isolement, coutumes, sexe, accouchement, sage-femme, couche, massage, emmailloter, langer, allaitement | Imprimer |
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samedi, 28 février 2015
Bébé Samouraï made-in-India – 6. Dans la piscine
A 6h nous nous mîmes en branle pour la salle d’accouchement pour assister au remplissage – il paraît que le bruit qui coule a lui-même un effet apaisant pour le corps et dilatant pour le col de l’utérus. Et tout d’un coup j’étais très loin de l’idée que je me faisais de la naissance dans l’eau. Oui, curieusement, malgré cette vidéo affreuse, j’avais encore des images romanesques de la chose.
D’abord celle de la naïade qui s’ébat dans sa source d’eau chaude, ses longs cheveux couvrant sa poitrine dénudée (pudique, la naïade), les oiseaux pépiant joyeusement dans les arbres alentour. Et plouf, un petit cri, et son bébé nageur est là, faisant des clapotis à ses côtés. Un accouchement naturel que je me disais, retour aux sources (d’eau chaude). Quand j’y repense, j’avais occulté que la plupart des accouchements se passent la nuit – tout de suite moins romantique la sortie dans la jungle en pleine nuit – et que je devrais sans doute remonter à la préhistoire (et encore) pour me trouver une ancêtre qui ait tenté l’expérience, donc pas si « nature » comme accouchement.
Autre image que j’avais, plus ‘moderne’ celle-là, était celle d’une baignoire de grand hôtel, version jacuzzi, avec sels de bain, bougies parfumées, musique d’ambiance et verre de vin blanc. Limite j’avais hâte d’aller accoucher !!
Mais là, tandis que tout le monde s’affairait et que l’horreur de la situation me frappait en pleine face – j’allais devoir entrer dans cette piscine et souffrir – je n’osai pas crier au malentendu (« STOOOOP !! Arrêtez tout !! J’avais pas tout compris !! Je vais sur la table, je veux la péridurale ! »). Non, au lieu de ça, j’ôtai l’horrible robe de chambre de l’hôpital et m’apprêtai à entrer dans la piscine gonflable. A ce moment-là, la sage-femme proposa d’aller chercher mon tee-shirt. J’avais déjà tellement mal que je m’en foutais d’accoucher en soutif, tant pis, c’était trop d’effort de me changer. Elle offrit également de brancher mon MP3 mais soudain j’étais incapable d’entendre le moindre son (c’était bien la peine d’avoir téléchargé des musiques de relaxation exprès !).
Une fois dans l’eau, la gynéco me demanda si j’avais moins mal. Visiblement elle attendait une réponse positive et ne voulant pas la décevoir, j’acquiesçai. « Et oui c’est toujours comme ça ! », elle était contente. En fait j’étais tellement pétrie de douleur que je ne pus que me ratatiner, assise dans un coin, espérant que ça passerait si je ne bougeais pas un muscle. Au bout d’une heure, pour faire plaisir à la sage-femme, je changeais de position. Et passais l’heure suivante ratatinée dans un autre coin, mais accroupie.
Je restais ainsi 3 heures dans la flotte. Petites parenthèses quand on me sortait de l’eau pour me faire pisser dans des toilettes portables (malgré les encouragements de l’équipe médicale, je ne pus me résoudre à pisser dans la piscine), et autres joyeuseries. Finalement ma gynéco capitula : il n’y avait rien à faire, mon utérus refusait d’aller plus vite que la musique et l’eau chaude n’accélérait en rien sa dilatation.
(A suivre…)
08:00 Publié dans Expatriation (en Inde et ailleurs), Histoires de Samouraï, Petit Samourai | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inde, grossesse, bébé, nourrisson, accoucher, accoucher dans l’eau, césarienne, fertilité, contraception, stérilisation, gynécologue, épidurale, isolement, coutumes, sexe, accouchement, sage-femme, couche, massage, emmailloter, langer, allaitement | Imprimer |
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