Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 20 juillet 2020

Les Indiens, champions de lecture!

inde,lecture,lire,statistiques,tradition orale

Les Indiens sont ceux qui lisent le plus au monde! Selon cet article, les Indiens passeraient 10h42 à lire par semaine, loin devant les Français, 6èmes, avec 6h54. Loin de moi l’envie de cracher dans la soupe mais ces données sont fausses et archi-fausses. D’ailleurs, on n’arrive pas bien à savoir d’où elles viennent…

Les Indiens ne lisent pas, à part le journal (avec à peu près 400 millions de lecteurs (source) soit 39% des Indiens de plus de 12 ans (source) contre 95% en France (source) .

Au début de mon mariage, quand ma belle-mère est venue nous rendre visite et que j’ai vu qu’elle s’ennuyait (puisque nous n’avons pas la télé), je lui ai passé un livre. La tronche qu'elle a tiré ! Maintenant elle amène un magazine avec elle, dans sa langue.

Quand j’ai voulu publier un livre illustré pour enfants pour expliquer le métissage ou multi-culturalisme, un éditeur a été plutôt clair : ça ne marchera dans la catégorie des 3-7 ans parce que les parents ne lisent pas à leurs enfants, s’ils leur achètent des livres c’est pour les occuper et avoir la paix. Ces livres sont certes parfois publiés mais ils ne se vendent pas. (Par ailleurs, le métissage n’est pas un sujet qui passionnera les Indiens vu leur culture de reproduction encore majoritairement endogame.)

Un des auteurs indiens contemporains les plus lus s’appellent Chetan Bhagat. Rien de bouleversant côté littérature, mais j’ai noté avec intérêt un de ses commentaires lors d’un interview : « Je n’écris peut-être pas de grands livres, mais je donne aux Indiens le goût de lire. » Il y a quand même de très bons auteurs et j’ai adoré quelques livres indiens – voir ma liste.

Certes, des livres sont publiés, et de plus en plus, apparemment. 90 000 nouveaux livres seraient publiés chaque année (source) ; contre 104 671 livres publiés en France en 2017 (moitié réimpressions moitié nouveaux titres (source)) et 430 millions de livres vendus. 90% des livres publiés en Inde se vendraient à moins de 2 000 copies par an (soit moins d’1 million de livres vendus), et moins de 1% dépasseraient les 10 000 copies (source). En France, le tirage moyen global par livre est de 5 000 exemplaires.

Surtout, plus de 70% des livres indiens publiés sont des manuels scolaires (source). En France, ce segment n'est que le 2ème en valeur, avec 14,2% des parts de marché. Le 1er est la Littérature (22,7%) et le 3ème la Jeunesse (12,8%).

En Inde, les livres en langue anglaise prédominent à 55% ou 24% selon les sources. Alors que moins de 10% de la population est anglophone. Une étude en 2009 a montré que 25% des Indiens entre 13 et 35 ans sont des lecteurs (source). D’après mon Indien préféré, il y a les livres imposés à l’école – imposés étant vraiment le mot – et ça s’arrête là. (À part peut-être pour certains Indiens éduqués à l’étranger, mais on parle de peut-être 3 ou 5% de la population.)

Tout ceci est certainement affaire de culture. L’Inde est encore dominée par la ruralité, 67% des Indiens vivant dans des villages. Et ils sont passés sans transition d’une tradition orale très riche et vivace (des chants, des histoires racontées autour du feu ou sous l’arbre du village) à la télévision, voire au smartphone. La transmission orale de la connaissance, notamment avec les mantras védiques, entre le gourou et l’élève (shishya-guru) qui existe depuis au moins l’époque védique a été quant à elle largement remplacée par un système scolaire inspiré du système britannique et se composant quasiment exclusivement d’apprentissage par-cœur et de recopiage de manuel scolaire. Est-ce à dire que la culture orale s’est éteinte ? Ce que les Indiens savent aujourd’hui de leur(s) religion(s), leurs mythes et légendes, leur est encore largement transmis oralement par leurs grands-parents – qui vivent encore sous le même toit, même si c’est un peu moins vrai en ville – d’où d’ailleurs des interprétations diverses et variées de chaque conte.