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dimanche, 14 septembre 2008

Mumbai Meri Jaan

J’ai été cassée net dans mon élan de critique de cinema avec Rock On!! Mais je persiste et signe : il faut voir Mumbai Meri Jaan (2008, réalisé par Nishikant Kamat). Ceux qui comprennent que couic à l’hindi peuvent toutefois s’abstenir, ils pourraient se faire c…

Je voulais voir un Bollywood, encore raté. Mumbai Meri Jaan parle des attentats de Mumbai de 2006. Beaucoup de réalisme, notammMumbai Bombings locations 2006.JPGent dans les images d’explosion, et un jeu d’acteur formidable (si formidable j’insiste). Il y a :

*        La journaliste qui perd son fiancé dans les attentats,

*        Le type qui prend le train tous les jours, est sauvé in extremis mais développe une phobie du train, et pense d’ailleurs s’exiler aux Etats-Unis,

*        Les 2 flics, un véreux, l’autre moins,

*        Le vendeur de chaï qui se fait virer d’un mall sans raison et se venge en faisant croire à une alerte à la bombe,

*        Le mec hindou qui traîne au café toute la journée et suspecte et piste un mec musulman qui y traîne aussi mais disparaît après les accidents.

Et tout ça c’est très bien fait… Notamment sur la suspicion qui a suivi, les relations entre hindous et musulmans, comment la vie reprend son cours… Alors voici le trailer:

Comment Bollywood, et Hollywood, traitent-ils du terrorisme dans leurs pays respectifs ?

12 mars 1993 – Mumbai – 13 explosions – 250 morts et plus de 700 blessés à 9 ans plus tard : Black Friday (2004, Anurag Kashyap).

11 juillet 2006 – Mumbai – 7 explosions de trains (en 1ère classe) – 209 morts et plus de 700 blessés à 2 ans plus tard : Mumbai Meri Jaan.

NB : Les trains de Mumbai tout seuls, sans l’aide des terroristes, tuent plus de 4 000 personnes chaque année (soit 14 morts par jour, juste en voulant monter ou descendre du train).

Mumbai railway police report.JPG

 11 septembre 2001 – USA - 4 explosions d’avion (USA) – 2 973 morts et 24 disparus à 5 ans plus tard : Vol 93 (2006, Paul Greengrass), La Malédiction (2006, Robert Thorn) et World Trade Center (2006, Oliver Stone).

Comment Hollywood traite de ces attentats ?? S’agissant du 11 septembre (http://www.fluctuat.net/3321-Le-11-septembre-2001-au-cinema) : « Si l'on exclut les essais et documentaires (dont Fahrenheit 9/11 de Michael Moore et 11/9, l'exceptionnel film des français Jules et Gédéon Naudet, réalisé à la faveur du hasard en suivant des pompiers aux prises avec les Tours en flammes), un feuilleton télé (la série 911 qui raconte le quotidien de policiers et pompiers à New-York) et 11' 09'' 01, un film européen auquel participa un réalisateur américain, la presque totalité des fictions produites aux Etats Unis entre 2001 et 2005 le rejeta dans le hors champ. Aujourd'hui, le temps a passé et l'Amérique a entrepris son travail de deuil. Fidèle à son habitude, elle se lance maintenant dans la représentation de l'événement, avec Vol 93 (2006, Paul Greengrass), La Malédiction (2006, Robert Thorn) et World Trade Center (2006, Oliver Stone) comme premiers films hollywoodiens dans lesquels apparaissent les Tours en flammes. »

Pour finir, les trains n’ont pas été choisis au hasard à Mumbai/Bombay : les trains sont tellement bondés : 8 millions prennent le train à Mumbai quotidiennement… Ce sont vraiment les trains les plus bondés du monde : 500 personnes s’entassent dans des wagons prévus pour 200…

 Voici un extrait du très bon Bombay, Maximum City (2004, Suketu Mehta) sur le sujet : « « Aux périodes de plus grande affluence », les trains transporteraient 12 personnes au mètre carré. [Girish] fait un rapide calcul : « C’est plus. A l’heure de pointe, si je reste comme ça le bras collé le long du corps ce n’est pas la peine que j’essaye de le lever. » Dans ces conditions, les mouvements sont pour l’essentiel réflexes. On se laisse transporter, et pour peu qu’on soit léger on n’a même pas besoin de bouger les jambes. Les chiffres donnés par le gouvernement précisent qu’en 1990 un train de 9 voitures chargeait en moyenne 3 408 passagers aux heures de pointe ; en 10 ans ce chiffre est passé à 4 500.

 Les trains sont des ruches bourdonnantes d’activité. Des femmes vendent des sous-vêtements dans le compartiment pour dames, de gigantesques culottes montant haut sur le ventre, qui passent de main en main pour être inspectées et occasionnent, lorsqu’elles trouvent preneuse, une circulation d’argent en sens inverse. Des ménagères pèlent et hachent les légumes du dîner familial qu’elles mettront à cuire sitôt rentrées à la maison. Les affichettes publicitaires qui égaient les compartiments sont de la même veine que celles que l’on voit dans le métro de New York : elles traitent de problèmes personnels aussi peu avouables que les hémorroïdes, l’impuissance, l’odeur de pieds. Le passager fondu dans la masse anonyme les déchiffre sans crainte, réconforté par l’idée que ces maux universels affligent indistinctement les corps qui se pressent alentour. Eux aussi ont besoin de pilules, de potions, d’interventions mineures.

 Vous êtes en retard sur l’horaire pour aller travailler à Bombay, quand vous arrivez à la gare le train quitte le quai, vous courez pour rattraper les wagons bondés et des mains innombrables se tendent vers vous comme autant de pédales pour vous hisser à bord. Vous courez le long du train, des mains vous attrapent, des pieds s’écartent pour laisser aux vôtres quelques centimètres au bord de l’ouverture. Ensuite, à vous de vous débrouiller. Tout en vous retenant au cadre du bout des doigts, vous prendrez garde à ne pas trop vous pencher en arrière au risque d’être décapité par un poteau planté trop près des voies. Certes, mais réfléchissez à ce qui vient de se passer. Entassés dans des conditions jugées inadmissibles pour le bétail, leurs chemises déjà trempées de sueur dans le compartiment mal ventilé où ils sont comprimés depuis des heures, vos compagnons de voyage ont néanmoins compati à votre sort, compris que si vous ratiez ce train votre patron allait vous hurler dessus, retirer une journée sur votre paye, et ils ont réussi à faire de la place là où il n’y en avait pas pour prendre encore quelqu’un avec eux. A l’instant du contact, aucun n’a songé à se demander si la main qu’il fallait saisir appartenait à un hindou, un musulman ou un chrétien, à un brahmane, à un intouchable ; il importait peu que vous soyez un natif de la ville ou un immigrant débarqué le matin même, un résident de Malabar Hill, de New York ou de Jogeshwari – un Bombayite, un Mumbayite, un New-Yorkais. Vous vouliez aller dans la ville de l’or et seul cela comptait aux yeux de vos compagnons. Allez, monte, camarade. On va s’arranger. »

 Sources : http://marketplace.publicradio.org/display/web/2008/05/13/mumbai_trains/; http://thdblog.wordpress.com/2008/07/08/stat-of-the-day-mumbai-train-deaths/