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mercredi, 06 mai 2020

Déconfinement à l’indienne, les premières photos - Le Covid vu par une Française en Inde - 06.05

  • Nombre de cas en France : 132 967 (25 531 morts)
    • Jour de confinement : 51
  • Nombre de cas en Inde : 49 391 (1 694 morts) 
    • Jour de confinement à Gurgaon : 46 / National : 44

Pour rebondir sur mon dernier post et la supposée « exception indienne » dans la gestion du coronavirus, je voudrais noter que la courbe des cas et des décès, même si elle est bien inférieure à d’autres pays, surtout en proportion de la population, reste en augmentation constante – pas encore de plateau, ou alors je ne sais pas bien lire une courbe :

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Nous en sommes à J+2 du début du déconfinement en Inde. Les résultats ? Étant confinée dans mon cocon, je m’en tiendrai à ce qu’on me dit et à ce que je lis :

  1. C’est encore la guerre au sujet des maids, chauffeurs, jardiniers etc., le Gouvernement ayant choisi de ne pas se prononcer sur cette catégorie professionnelle et laissant le choix aux individus et gérants de résidence pour régler la situation. Dans ma résidence c’est le pugilat. Certains ont sorti un argument massue en faveur du retour des maids : à les payer à rien faire, on va les rendre paresseuses, donc il est impératif qu’elles reviennent travailler.

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Les maids qui font la queue pour aller bosser. (Source: Getty images)

  1. Le Gouvernement essaye de rendre obligatoire l’utilisation de l’appli tracking Aarogya Setu. C’est une condition pour laisser entre les maids dans notre résidence (mais pas les jardiniers) et les résidents s’insurgent, beaucoup de maids n’ayant pas de smartphone. Par ailleurs, j’ai découvert l’expression anglaise « French hat » pour qualifier un « hacker éthique ». L’un deux aurait trouvé une faille de sécurité. Le Gouvernement a nié. (source) Euh… Y en a vraiment qui croient que personne ne va utiliser les données de cette appli ? Sinon, la vie dans les bureaux reprend son cours, tout doucement.

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Reprise dans l'administration publique, avec 30% des effectifs. (Source: PTI)

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La circulation à la frontière Delhi Uttar Pradesh le 5 mai. (Source: Anil Shakya EPS)

  1. C’est la cohue pour l’accès aux wine shops. Certains respectent à peu près la distanciation sociale, d’autres pas du tout. D’ailleurs, la municipalité de Mumbai a choisi de les fermer à nouveau (ainsi que d’autres magasins de biens non essentiels). Et celle de Delhi a imposé une surtaxe de 70% sur l'alcool, le "special corona fee" ; sachant que les taxes sur l'alcool représente entre 15 et 25% des recettes fiscales des États indiens (source). On ferait bien de commencer par se demander pourquoi l'alcool ne fait pas partie des biens essentiels de consommation ?

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La queue pour acheter de l'alcool. (Source: Parveen Negi EPS)

  1. Depuis le 1er mai, des trains sont affrétés pour les « migrants » qui veulent rentrer chez eux, dans un autre État indien de celui où ils travaillent. (Il y a eu un tollé parce que ce service n’était pas gratuit (800 Rs le ticket), ce qui apparemment a été changé.) Apparemment, ils veulent vraiment rentrer, quitte à se planquer dans des bétonneuses. Apparemment, 860 000 migrants ont demandé à quitter le Punjab (soit 600 trains). (source) Alors que l’agriculture et les industries réouvrent progressivement, ça risque d’être compliqué de redémarrer si les ouvriers sont rentrés chez eux à 20 heures de train.Le Karnataka a d'ailleurs interdit à ces "trains de migrants" de circuler, pour les garder dans le coin. Certains seraient partis à pied, non mais.

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Des migrants rentrent chez eux en train. (Source: Amit Dave Reuters)

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  1. Le Gouvernement prévoit un rapatriement massif (15 000) d’Indiens bloqués à l’étranger : ‘Operation Samudra Setu’ (Pont Aérien). Au risque d’importer de nouveaux cas ? Et pourquoi maintenant ?
  1. Il commence y avoir des rumeurs d’agressivité de gens qui sortent faire leurs courses par des Indiens qui ont faim.

À suivre donc…

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lundi, 23 septembre 2019

Maid-in-India: un mal nécessaire

Récemment, j’ai, par inadvertance, entendu la conversation de deux Indiennes d’un certain âge. La première rentrait tout juste de quarante ans aux États-Unis et la deuxième avait un fils qui y vivait et qui lui demandait instamment de le rejoindre.

  • La première : Comme je suis contente d’être rentrée ! D’ailleurs, vous savez ce qui m’a le plus manqué là-bas ?
  • La première (sans laisser à l’autre le temps de répondre) : Les domestiques !!
  • La deuxième : Ah ben je veux bien vous croire ! D’ailleurs c’est surtout pour ça que je ne veux pas y aller. Ici j’ai deux personnes à temps plein chez moi, je ferais comment moi là-bas ?

Un peu estomaquée je fus. Que leur cercle social, leur famille leur manque, okay. Mais leurs femmes de ménages ? C’est Inde,india,maids,domestiques,employés de maison,chauffeur,femme de ménage,cuisinièred’ailleurs la raison pour laquelle ma voisine dont le mari a été muté à San Francisco refuse de le rejoindre. Elle est avocate et l’idée de devoir faire le ménage, la cuisine et conduire sa fille à l’école, non merci !

Le plus paradoxal dans cette histoire, c’est le comportement de ces maîtresses de maison avec celles dont elles ne peuvent apparemment pas se passer. Elles les payent le minimum (entre 100 et 300€) quitte à parfois aller les chercher mal dégrossies (texto) dans des villages, leur donnent 2 jours de congé par mois, et les traitent comme si elles étaient invisibles (au mieux) ou des esclaves (au pire). Elles s’étonnent ensuite de la rotation du personnel qui ne reste guère chez elles. C’est peut-être moins vrai à la campagne, ou dans la classe moyenne, mais c’est assez flagrant dans la société aisée urbaine, qui ne sait plus à quel saint se vouer pour se faire apporter son verre d’eau en paix.

Quant aux employeuses, elles ont leur conscience tranquille : elles créent de l'emploi, offrent des opportunités, et n'ont souvent pas grand-chose en retour : les femmes de ménage mettent rarement du coeur à l'ouvrage, parfois volent et rentrent à leur village (où vit leur famille) à la moindre occasion, les laissant dans la panade pile quand elles ont besoin d'elles pour préparer le thé aux invités.

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Il y a d’ailleurs des petits malins qui ont pensé à monter des agences de maids. Et la plupart sont de vrais filous. Les employées travaillent correctement un mois, le temps que l’agence touche sa com, et puis ça devient n’importe quoi. Une tâche non aisée donc, de gérer du personnel de maison en Inde. D’autant que faire la poussière quotidiennement est nécessaire, que la cuisine (indienne) prend un temps non négligeable, et qu’on préfère envoyer le chauffeur chercher les enfants à l’école plutôt que de passer soi-même deux heures dans les bouchons.

Les besoins en aide sont donc certainement plus élevés en Inde qu’en Europe ou aux États-Unis, et couplés, bien heureusement, avec une main d’œuvre encore bon marché. Mais si devoir faire son lit le matin est le prix à payer pour respirer un air qui n’a pas 286 μg/m3 de PM10 (contre une moyenne mondiale de 71, et ça c'était en 2010), ça vaut quand même le coup d’y réfléchir !

Un livre sur le sujet : Maid in India